La marche de l’incertitude de Yamen Manai

[Article archivé]

La marche de l’incertitude est un roman de Yamen Manai paru aux éditions Elyzad (Tunisie). D’abord paru en 2008 (Elzévir), ce roman est repris par Elyzad dans une « édition revue par l’auteur » en poche en novembre 2010 (162 pages, 6,70 €, ISBN 978-9973-58-029-0). Il a reçu le Prix Comar d’Or 2009 (Tunisie) et le Prix des Lycéens Coup de cœur de Coup de soleil 2010 (France).

Yamen Manai est né en 1980 à Tunis. Il a fait ses études en France et vit à Paris. Il est ingénieur (nouvelles technologies de l’information) et La marche de l’incertitude est son premier roman. Du même auteur : La sérénade d’Ibrahim Santos (2011).

Marie Rimbaud a 15 ans, elle est amoureuse d’un garçon de son collège qui ne lève pas la tête des livres, elle devient anorexique. « Elle fanait comme une fleur qui perdait chaque jour un nouveau pétale. » (page 11). Sa mère l’emmène consulter un marabout africain qui leur vend un œuf spécial. Mais l’œuf est mangé en omelette par le beau-père de Marie et la mère, désespérée, envoie sa fille dans un internat. Pour conjurer sa peur du surnaturel, de l’irrationnel, l’adolescente se lance à fond dans l’étude des mathématiques au point d’obtenir plusieurs diplômes et de grandes fonctions.

Christian, orphelin adopté par un colonel à la retraite, a fait des études scientifiques. S’il réussit dans ses recherches sur l’antimatière, il sera nobélisable, mais en attendant il a besoin d’aide. Son professeur lui donne le numéro d’une « brillante mathématicienne » qui pourra résoudre son équation.

Ne pensez pas que les mathématiques et les sciences rendent ce roman compliqué et rébarbatif ! Au contraire, tout coule de source ! Et l’auteur, qui se définit comme un humaniste raconte très bien, avec son écriture fine et délicate, l’histoire de chacun et comment elle interfère dans l’histoire des autres. Car si le hasard fait que Marie et Christian se revoient 11 ans après leur première rencontre, il touche aussi d’autres personnes qui leur sont proches ou pas (encore). Il y a le colonel Boblé qui a élevé Christian comme un fils sans savoir d’où il venait ; Marcel un ouvrier d’usine qui part à la retraite et qui va ouvrir un magasin de fleurs ; Rima qui vit seule depuis que Milan Maratka, un peintre tchèque ayant vécu à Paris dans les années 70, l’a abandonnée pour retourner dans son pays ; Moussa qui a 20 ans et quitte subitement Tunis pour Paris.

La marche de l’incertitude est un beau roman sur l’amour. Il met en avant le hasard qui fait les rencontres, les séparations et les retrouvailles. Marie, Christian et les autres vont de l’avant : ils marchent, mais ils ne se connaissent pas et ne connaissent pas leur avenir : ils sont dans une perpétuelle incertitude. Les relations qu’ils vont tisser les uns les autres vont rendre cette incertitude obsolète et l’amour possible.

D’ailleurs, j’aime beaucoup la couverture, avec ce point central bleu (les yeux de Marie) et ces itinéraires, ces vies, qui l’entourent, se croisent, se perdent et se retrouvent, un jour, quelque part, plus loin, ailleurs. « Il repensa longuement au regard bleu de l’amour. Oui, c’est dans un tel regard que la magie les mêle, c’est dans un tel regard que naît l’alchimie des mots. » (page 83).

Ayant pris du retard dans mes lectures et dans la rédaction de mes notes de lecture, je suis à vrai dire en retard pour poster celle-ci… Mais aujourd’hui, ça tombe bien car je peux annoncer un événement lillois (même si je suis très loin de Lille).

Ce soir, donc, à 18 h 30, à l’Auditorium du Palais des Beaux-Arts (Place de la République, Lille), une rencontre Écrire et éditer au Maghreb animée par Christine Marcandier (critique littéraire à Mediapart) en présence d’auteurs édités par Barzakh (Algérie) et Elyzad (Tunisie) dont Yamen Manai avec ses deux romans : La marche de l’incertitude et La sérénade d’Ibrahim Santos (dont je parlerai bientôt). La soirée organisée par Libfly sera retransmise sur Libfly.TV à partir du mercredi 15 février.

Je remercie Libfly pour les deux romans de Yamen Manai que j’ai reçus. Je remercie aussi Yomu pour sa gentillesse et sa patience (c’est que j’ai quand même du retard !). Une dernière chose : Libfly a publié une intéressante interview de l’auteur concernant son deuxième roman, La sérénade d’Ibrahim Santos.

PS : Je rajoute cette note de lecture dans le Défi Premier roman d’Anne.

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