Djibouti de Pierre Deram

DjiboutiDjibouti de Pierre Deram.

Buchet-Chastel [lien], collection Qui vive, août 2015, 120 pages, 11 €, ISBN 978-2-283-02844-5.

Genre : premier roman.

Pierre Deram naît en 1989 dans le Pas-de-Calais. Il vit et travaille à Paris mais il a séjourné en Afrique lors de ses études à Polytechnique.

« Oubliez la carte postale » nous dit l’éditeur ! Je n’ai jamais vu de cartes postales de Djibouti. « Du nord au sud, ce n’est qu’un grand paysage dévasté, où des champs de pierres volcaniques se disputent quelques pitons décharnés. Tout est mort. Le soleil écrase l’étendue silencieuse. » (p. 10). Le lieutenant Markus vient de passer six mois à Djibouti, « un bidonville terrassé par le khamsin où six cent mille hommes s’entassaient au milieu de détritus immondes » (p. 12). C’est sa dernière nuit ; demain il retourne à Paris. « D’un bout à l’autre de la place, la nuit tout entière grouillait de cette agitation secrète : taximen en conciliabule, képis blancs, touristes perdus, voleurs en chasse, patrouilles, putains, GI’s. Tout ce beau monde, caché dans les ténèbres, convergeait anonymement vers les dernières lumières de la ville. » (p. 30-31).

Djibouti, c’est une chaleur étouffante, le désert, les singes, les serpents, l’océan, les poissons, les raies et les coraux (quelques touristes qui viennent faire de la plongée), le vent (khamsin) aussi torride que les prostituées, l’alcool et le khat (drogue). Je n’ai pas réussi à m’intéresser aux blagues potaches, aux jeux débiles, aux beuveries et aux exploits sexuels des militaires (que font-ils là exactement ?) mais je dois dire que le roman est très bien écrit, à la fois lyrique et brutal. Les descriptions sont grandioses mais je n’irais pas vivre ou passer mes vacances à Djibouti ! « Ce pays est horrible, cria-t-elle. Je hais ce pays, je hais tous les déserts du monde et tous les serpents du monde. Parfois, je crois que je vais vraiment devenir folle, monsieur. Je me sens si seule maintenant. » (p. 51). 68-premieres-foisÇa, c’est mon passage préféré, le moment que Markus passe avec Thérèse, une épouse de colonel, qui vient de perdre son labrador, Snoopy, mordu par un serpent. « Vous n’avez jamais eu ce sentiment, madame ? Que ce monde était en faillite… que nous errions tous yeux bandés, perdus au fond d’une nuit d’ivresse ? » (p. 80). Cette phrase résume bien le roman : RentreeLitteraire2015cette dernière nuit de Markus à Djibouti est une nuit d’ivresse qui symbolise tous les jours et toutes les nuits passés ici, la solitude, le sexe, la violence, la bestialité même, tout ça dans un roman court, intense et brûlant de la chaleur du soleil, du désert, des corps. Pierre Deram est un auteur que je suivrai avec curiosité.

Ce roman est le sixième lu dans le cadre de 68 premières fois et il faut lui donner une note alors je dirais… 12/20. Il entre aussi dans le challenge 1 % de la rentrée littéraire 2015.

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