Les infortunes de la vertu de Sade

InfortunesVertuLes infortunes de la vertu de Sade.

Écrit en 1787, 143 pages.

Genres : conte philosophique, littérature érotique.

Le Marquis de Sade (Donatien Alphonse François de Sade) naît le 2 juin 1740 à Paris. Romancier, philosophe, homme politique, athée, il est plusieurs fois emprisonné ou interné pour ses écrits qui sont mis à l’index. Tout libertin qu’il est, il se marie et a des enfants (qui ont le titre de Comte). Il meurt le 2 décembre 1814 à l’hôpital d’aliénés de Charenton à Saint Maurice dans le Val de Marne.

Vers 1775. Juliette, 15 ans, et Justine, 12 ans, filles de bonne famille élevées au couvent, se retrouvent orphelines. Juliette est avenante, curieuse et coquette. Justine est délicate, pudique et timide. Ayant été expulsées du couvent, elles se retrouvent livrées au monde, un monde qu’elles ne connaissent pas, avec leurs cent écus d’héritage chacune. « Les deux sœurs se séparèrent donc sans aucune promesse de se revoir, dès que leurs intentions se trouvaient si différentes. Juliette qui allait, prétendait-elle, devenir une grande dame, […], et de son côté Justine voudrait-elle risquer ses mœurs dans la société d’une créature perverse qui allait devenir victime de la crapule et de la débauche publique ? Chacune chercha donc des ressources et quitta le couvent dès le lendemain ainsi que cela était convenu. » (p. 5). Juliette s’engage dans la maison de Madame du Buisson et profite des hommes qu’elle rencontre pour s’enrichir puis devenir comtesse de Lorsange, jeune veuve, riche et criminelle, et enfin, madame de Corville, l’épouse d’un conseiller d’État. « C’est la créature la plus douce et qui paraît la plus honnête… » (p. 11). Justine, rejetée par la couturière qui aurait pu lui donner du travail et par le curé dont la paroisse est surchargée, n’a pas le choix… « Cette vertu dont vous faites tant étalage, ne sert à rien dans le monde, vous aurez beau en faire parade, vous ne trouverez pas un verre d’eau dessus. » (p. 14). Quand ni le travail ni la religion ne vont, que reste-t-il, ma pauvre dame ? Le sexe ! Bien qu’elle s’en protégea autant qu’elle put… Et à quel prix… « Je ne pus tenir à l’horrible idée d’avoir enfin perdu ce trésor de virginité, pour lequel j’eusse cent fois sacrifié ma vie, de me voir flétrie par ceux dont je devais attendre au contraire le plus de secours et de consolations morales. » (p. 73).

UnGenreParMoisComment connaître le respect et la vertu si on ne s’en éloigne pas ? Comment faire face aux méchants et aux pervers si on est faible ? Pourquoi lutter contre le torrent ? Après tout, « il n’y a aucun mal dont il ne naisse un bien » ! Et on peut vivre librement sans être corrompu. Voici ce que pense le libertin Marquis de Sade. Deux orphelines, deux destins différents et en fait y a-t-il une justice ? Crimes, cruauté, violence, sadisme (néologisme créé au XVIIIe siècle d’après le nom de Sade), viols, orgies, sodomie, pédophilie, etc. Rien de nouveau sous le soleil… Ni avant l’époque de Sade ni après… J’ai fait l’effort de lire ce roman (court heureusement !) considéré comme un conte philosophique pour le challenge Un genre par mois (le genre pour février est romance, chick lit, érotique) et je me suis dit que je ferais d’une pierre deux coups pour le challenge Un classique par mois mais ce n’est vraiment pas ce que j’aime lire. Je me suis ennuyée et j’ai parfois lu les paragraphes trop longs en diagonale…

ChallengeClassiquesFaustSade a torché ce texte en quinze jours, entre le 23 juin et le 8 juillet 1787 alors qu’il est emprisonné dans la Tour de la Liberté à la Bastille, et il termine finalement en faisant l’apologie de la vertu et de la foi, comprenne qui pourra. Ce texte a été republié en 1791 sous le titre Justine ou les malheurs de la vertu avec encore plus de malheurs et de scènes érotiques… Et en 1799 sous le titre La nouvelle Justine ou les malheurs de la vertu, suivi de L’histoire de Juliette, sa sœur avec plus d’obscénités (Justine n’est plus la narratrice de ses malheurs et donc le récit n’est plus bridé par ses pudeurs et sa morale) et quarante gravures considérées comme obscènes (je pense que c’est le terme employé auparavant pour pornographique). J’ai donc lu le premier jet de ce roman, le plus soft des trois versions, et je ne chercherai pas à lire les deux jets suivants ! Pour ceux que ça intéresse, Les infortunes de la vertu est en lecture libre sur Wikisource, téléchargeable gratuitement sur ebooks gratuits et il existe plusieurs éditions (Flammarion, Folio, Librio…).

Le mois prochain, le genre choisi pour le challenge Un genre par mois est classique ou théâtre, ouf !

16 réflexions sur “Les infortunes de la vertu de Sade

  1. Une introduction à l’œuvre de Sade plus soft que d’autres, « Les 120 journées » par exemple, mais qui ressemble trop souvent à un catalogue de perversités diverses et (a)variées. Aujourd’hui la force primaire des images remplace celle des mots par des épigones qui ne l’ont probablement jamais lu et à qui il devrait déplaire souverainement. Ce qui lui conviendrait sans doute.
    Certains considèrent pourtant Sade comme le plus grand écrivain français…

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    • J’avais lu un peu de Sade à l’adolescence, c’est vrai que ça peut émoustiller, mais là, ça m’a vraiment ennuyée (pour ne pas dire gonflée) et s’il est le plus grand écrivain français, on peut jeter toute la littérature française à la poubelle (dixit mon cher et tendre).

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  2. Je me souviens que j’avais lu ce titre au lycée de ma propre initiative pensant y trouver 80% de philosophie et 20% d’érotisme, mais en fait ce fut l’inverse, et comment dire… je ne comprends pas l’engouement et l’enthousiasme que le marquis peut soulever chez certains lecteurs, car certes, le style est d’une grande qualité littéraire, mais certains passages sont à peine soutenables… et davantage quand on sait que ce n’est pas totalement une fiction mais que le marquis a bel et bien commis certaines atrocités décrites dans ses romans…

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  3. J’avais lu ce titre au lycée de ma propre initiative croyant y trouver 80% de philosophie et 20% d’érotisme… je ne m’attendais pas à ce que la proportion soit exactement l’inverse ni que certaines scènes soient aussi insoutenables…
    Je sais que certains lecteurs vouent un culte au divin marquis, et je ne lui dénigrerai pas la qualité littéraire de son écriture mais euh comment dire… les années qu’il a passées en prison ne lui ont pas arrangé les humeurs… surtout quand on sait qu’il a lui-même commis certaines atrocités !!!
    Bref, ce personnage et toute la polémique autour de lui m’interpelleront toujours… 🙂

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