Comme je le disais hier, j’ai eu deux claques littéraires en 2015. Voici la deuxième :
Les enfants de Dimmuvík de Jón Atli Jonassón.
Noir sur blanc, collection Notabilia, mars 2015, 90 pages, 11 €, ISBN 978-2-88250-381-7. Börnin i Dimmuvík (2013) est traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson.
Genres : littérature islandaise, novella.
Jón Atli Jonassón naît en 1972 à Reykjavík (Islande). Il est dramaturge et scénariste.
La narratrice est une vieille dame, elle n’est pas veuve mais son mari est dans un service de gériatrie depuis des années et ne se souvient plus d’elle. « Mais est-ce qu’une personne peut en porter une autre ? Et, si oui, pendant combien de temps ? » (p. 18). Aujourd’hui elle enterre son frère. « Le voyage jusqu’à ce petit village de la campagne sera bien le dernier que j’entreprendrai de ma longue vie. » (p. 14). Et les souvenirs remontent à la surface. Une crique, en 1930, elle avait douze ans. Dimmuvík, c’est le nom que les enfants donnaient à cette crique, ou Grimmuvík, la crique mauvaise. La vie est rude, le climat difficile, la lande parsemée de fissures et de crevasses, la faim fait gronder les ventres ; le frère de 10 ans Tómas et la sœur de 6 ans Hugrún souffrent de malnutrition et de rachitisme, le dernier petit frère meurt le jour de sa naissance et la mère se laisse dépérir, les moutons de la bergerie tombent malades et le père doit les abattre… « […] la bergerie. J’y entrai et contemplai le vide. C’était à présent le témoignage silencieux de notre situation sans espoir. » (p. 45).
Mes deux passages préférés
« Je ne savais pas grand chose, mais je savais quand même que la différence entre nous et les autres espèces animales ne pouvait pas être grande. […] Nous faisions partie d’un tout vivant. » (p. 40-41). Puis « Je ne sais pas grand chose sur les bêtes. Mais je pense qu’elles sont doués de sentiments tout comme nous. » (p. 42).
« Je pense que c’est notre souffrance qui suscite les questions qu’on se pose sur l’origine et la fin et la fin de la vie sur terre. Celui qui veut en savoir plus sur sa propre origine devra connaître l’origine de la vie sur terre. J’ai lu ça une fois, longtemps après être partie de la crique. Dans un livre que j’ai oublié. » (p. 64).
À la fin de ma lecture, je suis sous le choc… De cette vie rude et sans espoir avec ce terrible constat : « C’est la seule chose à avoir quelque valeur au bout du compte. Sa propre histoire. Quand on l’oublie, on s’est oublié soi-même du même coup. Comme mon mari. » (p. 78). Bien que court, ce récit est dense, intense, étouffant, il fait froid dans le dos ! Mais cette histoire de survie réjouit les amateurs de littérature islandaise !
Une lecture pour les challenges 1 % de la rentrée littéraire 2015 et Voisins Voisines.
Merci pour la découverte ! Je lis pas mal de romans islandais et j’étais passée à côté de celui-ci !
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Tu vas voir : court et intense 🙂
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Un gros coup de cœur pour moi aussi. Il y a tout ce que j’aime dans ce petit texte.
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D’accord avec toi, Jérôme, c’est un « petit » livre mais il est tellement profond et sensible 🙂
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Je t’ai tagué 🙂 je serais ravie que tu joue le jeu : https://sonfiljuliesuit.wordpress.com/2016/03/16/tag-book-fangirling-award-le-prix-de-laddict-lecture-2/
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Merci d’avoir pensé à moi Julie, je vais voir ça 🙂
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Une lecture étouffante ? Pas trop envie de cela en ce moment.
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En fait, c’est une lecture marquante, et qui reste, tu le liras peut-être plus tard ? Je pense qu’il peut te plaire 🙂
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J’étais passée à côté moi aussi. On oublie trop souvent à quel point la vie peut être rude, parfois pas si loin de chez nous (dans le temps et dans l’espace).
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Oui, l’Islande est un pays – une île – vraiment rude, même encore maintenant 😉
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Pour la littérature islandaise, je te conseille à mon tour l’énigme de Flatey de Victor Anar Ingolfsson. https://deslivresetsharon.wordpress.com/2015/03/25/lenigme-de-flatey-de-victor-anar-ingolfsson/
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Merci, il a l’air vraiment très bien effectivement, je le note avec joie 🙂
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