Ne parle pas aux inconnus de Sandra Reinflet.
JC Lattès, janvier 2017, 383 pages, 19 €, ISBN 978-2-7096-5937-6.
Genre : premier roman.
Sandra Reinflet, née en 1981, est voyageuse (elle a voyagé à travers l’Europe et a rencontré plus de 80 femmes de son âge), photographe (elle a publié des livres de ses photos de voyages), artiste (en 2014, elle a enregistré chaque mois une chanson avec un musicien différent) et romancière (Ne parle pas aux inconnus est son premier roman) : découvrez tout ça sur son site, Inventeuse d’histoires vraies.
Camille vient de réussir son bac, mention bien en plus. C’est la fête, soirée de folie, alcools et concert de Skin to Skin : la bassiste et chanteuse du groupe est Eva, une Polonaise, chérie de Camille depuis quelques mois. « Fêter. Profiter. S’éclater. » (p. 18). Au point de ne se rappeler de rien le lendemain ?… « Effacer. Zapper. Rembobiner. » (p. 31). Il faut dire que Camille étouffe avec sa famille (ses parents et sa jeune sœur Émilie, des ringards) dans cette ville triste et grise (Thionville). Les règles, toute une liste de « Ne pas… » que sa mère a érigée, les interdictions de sortir, ce n’est pas pour elle, et elle s’ennuie ferme, sauf lorsqu’elle est avec Eva. Les problèmes de Camille, c’est qu’elle a un an d’avance en classe (ça gêne vis-à-vis des autres), qu’elle n’est pas jolie et qu’elle n’est jamais habillée à la mode… Elle aimerait être dessinatrice et écrire des bandes dessinées, mais pour sa mère, c’est impossible, ce n’est pas un vrai métier et ça sert à quoi de rêver ? Heureusement, dans la vie de Camille, il y a Eva ! Mais c’est les vacances d’été et Eva ne répond plus, elle est partie sans prévenir avec ses parents… En Pologne, à Cracovie ? « À quoi ça sert d’aimer les gens si après ils disparaissent en te laissant encore plus seule qu’avant ? » (p. 69). Camille retrouvera-t-elle Eva ?
Voilà, ça c’est la première partie du roman et ça démarre pas mal, le style n’est pas très recherché, mais on parle d’une ado rebelle de 17 ans, donc c’est supportable. Ensuite, lorsque Camille fugue pour traverser l’Europe (Allemagne, Croatie, Serbie, Hongrie, Slovaquie, Pologne), le roman devient une road story (mais y a pas de mot pour road movie littéraire ?) et là, ça devient un peu du grand n’importe quoi, ça dérape légèrement et de plus en plus lourdement… Je comprends que l’auteur ait voulu prendre le contre-pied d’une des consignes maternelles « Ne pas parler aux inconnus » (Combien de fois a-t-on tous entendu cette petite phrase lorsqu’on était enfant, « Ne parle pas aux inconnus ! » ? Mais alors, comment on fait pour demander un renseignement ou pour lier connaissance avec les autres ?). L’auteur, donc, a voulu que Camille rencontre plein d’inconnus, des étrangers dans d’autres pays et qu’elle communique avec eux (malgré la barrière de la langue), le postulat de départ est intéressant mais il y a un hic : ils sont tous la gentillesse même, ils la transportent dans leur voiture ou leur camion, lui offrent à manger et des vêtements, l’hébergent gracieusement chez eux, lui achètent même des billets de bus, train et avion, ouah, ils ont le cœur sur la main, ces étrangers d’Europe de l’Est, et dépensent l’argent facilement, et tout cela sans rien demander en échange, même pas une petite partie de jambes en l’air, c’est que vu ce qui s’est passé durant la soirée de fête après le bac, Camille, elle s’en fout de ce qui lui arrive, une langue, un doigt, un sexe, qu’est-ce que ça peut faire, hein ? Elle est jeune, elle est libre, elle veut vivre comme elle l’entend mais finalement, il y a beaucoup d’insouciance, elle se laisse faire, elle ne décide pas vraiment, elle suit, elle subit et elle a bien de la chance dans son périple ! Un roman divertissant, sans plus, qui fait un peu réfléchir sur nos relations avec les autres, y compris avec sa famille, qui se lit bien mais qui n’a rien de spécial pour moi.
Mon passage préféré : « Lasha croit que le mur qui séparait l’Est de l’Ouest est maintenant autour de chacun de nous. Qu’il nous encercle. Plus haut, plus solide , plus perfide qu’avant parce qu’invisible. » (p. 231).
Je remercie l’équipe des 68 premières fois 2017 de m’avoir envoyé ce roman qui entre dans les challenges Défi Premier roman 2017 et Rentrée littéraire janvier 2017.
L’histoire d’une aventure idéale, quoi.
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Mais le livre n’est pas nul, j’ai quand même pris plaisir à le lire, simplement j’ai eu l’impression d’être dans un monde Bisounours où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil…
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Remarque, ça change de la vraie vie 😉
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Oui, ah ah ah, mais c’est tellement peu probable 😛 On va donc classer ce roman dans littérature de l’imaginaire 😉
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Intéressant, à découvrir peut-être! Merci pour ce billet.
Dans le cadre du Défi Premier roman, je m’en vais le relayer.
Bonne fin de semaine!
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Merci Fattorius, je vais encore lire quelques premiers romans cette année et j’espère faire de belles découvertes 🙂
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Tu es moins radicale que moi, mais guère beaucoup plus emballée… Espérons que nos prochains 68 nous combleront davantage !
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Je suis en train de lire La sonate oubliée (le deuxième que j’ai reçu) et j’aime beaucoup 🙂 Et toi ?
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