Orages pèlerins de Fawaz Hussain.
Le Serpent à plumes, juin 2016, 176 pages, 17 €, ISBN 979-10-9468-069-8.
Genres : littérature kurde, littérature franco-syrienne.
Fawaz Hussain naît dans le nord-est de la Syrie. J’ai cherché le titre original et le nom du traducteur : il n’y en a pas car l’auteur, Kurde réfugié en France, écrit en fançais ! Il vit à Paris où il est auteur et traducteur de classiques français en kurde.
Quatre hommes kurdes (les orages pèlerins) décident de quitter leur pays et de s’exiler en France. Ils ne se connaissent pas mais vont se rencontrer à Paris.
Sino a dix-huit ans, il vit avec sa famille à Diyarbakir en Turquie. Après son bac, « il prit la décision de quitter la misère kurde, la violence de la Turquie et celle du Proche-Orient pour s’installer à Paris. » (p. 23).
Dara a bientôt trente ans, il vit avec ses parents à Taliké dans le Kurdistan irakien. Il rêve de vivre « dans un pays européen et de préférence dans une capitale comme Paris, il aspirait à mener une vie différente de celle qu’il avait toujours connue. » (p. 39).
Shérko vient de Mahabad, dans le nord-ouest du Kurdistan iranien, et il échappe de peu à la mort. « Dieu soit loué, vous vous réveillez. Un terrible séisme a secoué la ville de Bam et toute la région. On dénombre une trentaine de milliers de morts, la citadelle où on vous a trouvé évanoui est complètement détruite, rayée de la carte. » (p. 63).
Rustemé Zal, marié avec une cousine, a quatre enfants, et vit dans la ville d’Amoudé en Syrie mais « il était privé de ses droits civiques et il était considéré comme un étranger sur le sol où lui et ses ancêtres avaient vu le jour. » (p. 75).
Tous les quatre vont tout abandonner (leur âme aussi ? Je pense au Promeneur d’Alep de Niroz Malek) et partir, en quête d’une vie meilleure, mais Paris (et l’Europe en général) n’est pas le pays de cocagne, le paradis promis par les passeurs avides d’argent ! « Il était atrocement seul et si loin des siens. » (p. 104) : cette phrase concerne Rustemé Zal dans le roman mais elle convient aux quatre Kurdes qui vivent à Paris et en fait à tous ceux qui s’exilent par choix, par obligation ou charmés par les sirènes de bonimenteurs qui s’enrichissent sur leur dos… Fawaz Hussain trouve le ton juste et raconte avec pudeur – mais désillusion – l’histoire et l’exil tragique du peuple kurde, peu importe son lieu d’origine car on le voit ce peuple est déjà « éclaté » sur plusieurs pays, apatride…
Une très belle lecture que je mets dans le challenge Raconte-moi l’Asie #2 (Irak, Iran, Syrie, Turquie) et vous pouvez écouter l’auteur (très intéressant) sur :
Un autre roman fort sur les apatrides.
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Ah oui, très beau roman, mais triste.
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Je prends note, pour le jour où j’aurai plus de temps.
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Ah, c’est sûr que les listes et les piles à rallonge !!! 😛
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Le mythe de l’eldorado… le prix à payer est énorme pour la majorité des expatriés, et je n’ose imaginer ce qui se trouve dans la tête des rares qui ont officiellement réussi…
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Je ne sais pas… Mais il y a des exilés qui ont pu partir avec des biens, qui ont étudié, qui ont un métier et puis leurs enfants et petits-enfants peuvent profiter de l’éducation et de la liberté. Par contre, c’est vrai qu’il y a des exilés qui n’ont rien du tout, que leur propre vie qui souvent ne vaut pas grand chose dans les pays par lesquels ils transitent et parfois même dans les pays où ils échouent… Je viens de lire Que sur toi se lamente le Tigre d’Émilienne Malfatto paru chez Elyzad, un court roman de 80 pages seulement mais une grosse claque dans la gueule !!! Il y a des pays où l’honneur et la mort valent plus que la vie, particulièrement pour les femmes, symboliquement je publierai ma note de lecture le 8 mars.
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Je parle des seconds, bien évidemment et des attentes de ceux qui sont restés au pays en croyant que tout est bien rose de l’autre côté…
Que ne fait-on pas pour l’honneur ? Comme si les décisions de la vie privée d’un individu devaient être visées et validées par toute une communauté ?
=> https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/prix-litteraires/emilienne-malfatto-prix-goncourt-du-premier-roman-pour-que-sur-toi-se-lamente-le-tigre_4610763.html
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Ah ça non, ce n’est pas tout rose, ce n’est pas l’eldorado, ce n’est pas le paradis, même les premiers arrivants aux States, au Canada ou en Australie ont souffert… (la météo, la nature…). Tellement peu de gens démentent mais, en Afrique, il y a des voix de sages qui s’élèvent pour dire aux jeunes de rester au pays et de faire des choses pour améliorer la situation dans son pays parce qu’ailleurs, c’est comme l’enfer.
C’est ça, c’est la communauté qui décide (surtout pour les femmes) selon les traditions, la religion, c’est affreux… Merci pour le lien (par contre, ce n’est pas son frère qui la tue mais son beau-frère, le mari de sa sœur aînée qui elle aussi est enceinte de 5 mois mais légalement), j’avais de mon côté noté ce lien qui est une belle interview https://www.lokko.fr/2021/06/05/emilienne-malfatto-le-goncourt-du-premier-roman-ma-fait-basculer-dans-la-quatrieme-dimension/
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