Genres : bande dessinée, témoignage historique.
Art (Arthur) Spiegelman naît le 15 février 1948 à Stockholm, en Suède où ses parents ont trouvé refuge après la guerre. Ses parents, Władek Spiegelman, né en 1906, et Anja Zylberberg, née en 1912, sont des Juifs polonais, tous deux rescapés des camps nazis ; ils émigrent aux États-Unis avec leur fils unique puisque le premier né est mort vers l’âge de 3 ans durant la guerre. La famille vit à New York où Art Spiegelman étudie l’art et la philosophie. Il commence à dessiner très jeune et est publié alors qu’il n’a que 16 ans ; fanzines, bande dessinée underground, dessins de presse, il devient une figure emblématique et incontournable de la bande dessinée mondiale. Il est marié à Françoise Mouly, une éditrice française, et le couple a deux enfants : Nadja (1987), auteur et dessinatrice, et Dashiell (1991).
Maus, un survivant raconte – Tome 1 : Mon père saigne l’histoire d’Art Spiegelman.
Flammarion, Hors collection, 1987 (réédition novembre 1992 à la parution du tome 2), 164 pages, 15 €, ISBN 978-2-0806-6029-9. Maus (1973-1986) est traduit de l’américain par Judith Ertel.
Art (Artie) est dessinateur de bandes dessinées et voudrait dessiner l’histoire de ses parents, de la Pologne et de la guerre. Mais sa mère s’est suicidée lorsqu’il avait 20 ans et son père, remarié avec une survivante, n’est pas très causant. « Ma vie, il faudrait beaucoup de livres. Et qui veut entendre des histoires pareilles ? » (p. 14). Mais petit à petit, à force de questions et de confiance, il raconte, avec son langage à lui. « J’ai multiplié les visites chez mon père pour obtenir plus d’informations sur son passé. » (p. 45).
Vladek Spiegelman était un beau jeune homme convoité par de nombreuses filles mais c’est d’Anja Zylberberg dont il est tombé amoureux. « Elle est d’une intelligence ! Elle vient d’une famille riche… Gentille en plus ! » (p. 17), lui avait dit son cousin. C’est vrai que ça aide ! Les fiançailles (1936), le mariage (1937), le premier fils, Richieu (1938, important les années en 8 pour l’auteur, un signe de Dieu ?). Vladek a quitté Czestochowa, sa ville natale près de la frontière allemande, pour Sosnowiec, la ville de ses beaux-parents, plus au sud. Il travaille, gagne très bien sa vie, tout va parfaitement bien, c’est le grand bonheur. Mais, en août 1939, il est mobilisé en tant que soldat polonais.
Dans ce premier tome, la rencontre et la vie de famille, le front, la guerre, le camp de prisonniers, le camp de travail, la fuite, le retour dans la famille. « Bon, on devrait être heureux, on est tous ensemble et on a assez à manger. » (p. 78) mais il y a le rationnement, le marché noir (dangereux), la perte de leurs fabriques et de leurs entreprises, puis de leurs biens immobiliers, donc aucune rentrée d’argent pour vivre, les ghettos, et de plus en plus de Juifs (des familles entières) qui disparaissent et dont on n’entend plus jamais parler. La situation se dégrade rapidement et les conditions de vie empirent…
Les Juifs sont représentés par des souris, les Polonais par des cochons, les Allemands par des chats mais cela ne déshumanise pas du tout les humains et le drame qu’ils ont vécu, cela permet de reprendre son souffle car la lecture de Maus est réellement extraordinaire (c’est la 3e ou 4e fois que je lis ce titre) mais toujours aussi émouvante et éprouvante. Cependant Vladek, vieil homme malade et bourré de toc (troubles obsessionnels compulsifs), aime avoir le dernier mot : « Mourir, c’est facile. Mais il faut lutter pour rester en vie ! » (p. 124). Quelle philosophie, c’est épatant ! Et je pense que tout le monde le reconnaît (les survivants, les historiens…), les survivants ont survécu grâce à une part de chance non négligeable, c’est dingue !
Ce premier tome de Maus, c’est 8 ans de travail et le tome 2 est arrivé quelques années plus tard.
Maus, un survivant raconte – Tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commendé d’Art Spiegelman.
Flammarion, Hors collection, novembre 1992, 140 pages, 15 €, ISBN 978-2-0806-6618-5. Maus (1986-1991) est traduit de l’américain par Judith Ertel.
« Je pense à mon livre… C’est tellement présomptueux de ma part. J’veux dire, je n’arrive même pas à comprendre mes relations avec mon père. Comment pourrais-je comprendre Auschwitz ? L’Holocauste ?… » (p. 14).
Entre la parution du premier tome et ce tome-ci, Art a vu mourir son père (1982) et naître sa fille, Nadja (1987).
Ce second tome est tout aussi prenant et angoissant, les camps de travail, c’était presque le paradis par rapport aux camps de la mort… Des dizaines de milliers, des centaines de milliers de Juifs ont perdu tous leurs biens et leur bien le plus précieux, la vie. Certains ont eu plus de chance que d’autres mais il y a en eux une très grande tristesse et la culpabilité d’avoir survécu. Vladek a eu la chance de survivre à Auschwitz et de retrouver son épouse bien-aimée qui elle aussi a survécu à Auschwitz-Birkenau (le camp des femmes) et ils ont pu avoir un autre fils, Art. Mais à quel prix ? « Mmm. Mais d’une certaine manière il n’a pas survécu. » (p. 90).
Tous ses souvenirs horribles, tout ce poids sur les épaules des survivants, tout cet épuisement, cette fatigue mentale (je pense que raconter fait du bien et enseigne les autres mais combien n’ont pas raconté, combien ont gardé tout ça enfoui en eux, ou sont mort avant de pouvoir raconter quoi que ce soit, combien avait tout perdu y compris leurs proches et se sont retrouvés seuls avec ce qui les hantait et leur désespoir d’être en vie ?). Comment raconter l’indicible dans une bande dessinée et comment survivre à l’indicible, se demande l’auteur, le fils de rescapé qui doit lui aussi survivre à ça.
Et encore le dernier mot pour Vladek : « Les Allemands, ils voulaient pas laisser une seule trace de tout ce qu’ils avaient fait. » (p. 69) mais nous sont parvenus des registres, des photos, des témoignages pour que tout le monde puisse voir les atrocités commises et espérer que « plus jamais » !
Je félicite Flammarion pour l’édition de ce chef-d’œuvre, Flammarion n’étant pas un éditeur de bandes dessinées au départ, mais Maus, c’est plus que de la bande dessinée, c’est de l’Art, c’est de la Littérature, c’est l’Histoire. D’ailleurs Maus a reçu le Prix Pulitzer en 1992. Une intégrale de 300 pages est parue en février 1998 (Flammarion) et a été rééditée en janvier 2012 pour les 25 ans (Flammarion), au prix tout à fait raisonnable de 30 € car c’est un chef-d’œuvre à avoir absolument sur ses étagères, à lire, à relire, à offrir.
Une lecture commune proposée par Noctenbule, pour La BD de la semaine et les challenges BD et Un max de BD en 2018.
Retrouvez les autres BD de la semaine chez Mo’ !
Lu et relu plusieurs fois. Et je pense qu’il y aura encore des relectures. Cet album est un pur bijou.
Par contre Pati, la « BD de la semaine » est un rendez-vous hebdomadaire qui se partage avec de nombreux lecteurs. C’est pour ça que c’est « sympa » de pouvoir aussi proposer un petit détour vers la personne qui accueille le rendez-vous pour que tout le monde puisse circuler entre les chroniques des uns et des autres. En l’occurrence, aujourd’hui, ça se passe chez moi : https://chezmo.wordpress.com/2018/03/28/emma-g-wildford-zidrou-edith/
Ça serait dommage de passer à côté des pépites recommandées par certains
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Tout à fait, Mo, j’ai rajouté ton lien en bas de mon billet (je m’étais rendue compte que j’oubliais de faire ça mais, en ce moment, je n’ai pas le temps de reprendre mes billets) et je vais autant que possible visiter les billets des autres participants soit par l’intermédiaire du récap soit par FB). Bon WE de Pâques 🙂
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Toujours pas lu et j’en ai un peu honte !
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Non, il ne faut pas avoir honte, Iluze, c’est une lecture qui peut être difficile et éprouvante (prévoir une boîte de mouchoirs) mais c’est sûr que cette lecture vaut le coup 🙂
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il faut vraiment, mais vraiment que je lise Maus
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Dès que tu seras prête, tu liras cette BD, ce chef-d’œuvre 😉
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Cette BD ne m’a pas laissée indifférente, j’ai même été « obligée » de faire des pauses car c’était vraiment prenant. Mais elle est essentielle! Un classique!
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Je suis tout à fait d’accord avec toi, Enna, c’est pourquoi je l’ai relue 🙂
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Un chef-d’œuvre !
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Tout à fait 🙂 Et à lire absolument lorsqu’on est prêt pour cette lecture 😉
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Incontournable chef-d’œuvre…!
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Nous sommes vraiment nombreux à le dire !
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C’est une de mes BD préférées au monde. Ça a été une véritable claque quand je l’ai découverte…
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Comme pour moi, et la relecture a été tout aussi prenante.
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Un chef-d’oeuvre, ni plus ni moins. Et pourtant j’utilise très rarement ce qualificatif mais ici il n’y a pas d’hésitation possible.
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Non, aucune hésitation 😉
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Quel immense souvenir de lecture !! Lus à leur sortie et c’était tellement nouveau, différent, honnête. 😉
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Tout à fait car beaucoup de survivants ne parlaient pas, et n’ont jamais parlé… Tant de vies perdues et tant d’histoires perdues…
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Un album incontournable, qui me fait toujours autant d’effet.
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Pareil pour moi.
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Un classique, un indispensable ♥
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Tout à fait, je pense qu’il faut l’avoir dans sa bibliothèque, le lire, le relire et l’offrir.
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Une lecture indispensable.
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Une relecture indispensable aussi, surtout avec l’actualité…
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Cette série est dans ma pile de « classiques » à lire. Un incontournable…
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Tu nous diras quand tu l’auras lu Alice 😉
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Un incontournable de la BD 😉
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Eh oui, presque tout le monde est d’accord, indispensable, incontournable, chef-d’œuvre sont les mots qui reviennent le plus 🙂
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Tentée bien sûr !
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Si tu n’as jamais lu cette BD, effectivement Blandine, ce serait vraiment bien que tu la lises 🙂
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Une lecture qui ne t’a pas laissée indemne apparemment.
Qu’est ce qui te tente de lire pour la suite?? du noir ou du drôle?
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C’est toujours difficile pour moi, je veux dire certains thèmes comme l’Holocauste, la Shoah, les camps, entre autres…
Euh, en ce moment, j’enferme tout dans des cartons et des caisses et j’essaie de rattraper mon retard… de 5 semaines sur 6 de cours… dans le mooc théâtre du 17e siècle donc ce sera pour plus tard !
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Tu as trouvé un nouveau chez toi alors que tu fais cartons et caisses?
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Je n’ai pas encore trouvé mais j’emballe déjà le plus possible (et comme les livres n’étaient toujours pas rangés depuis mon emménagement il y a 19 mois…).
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Est-ce que tu voudrais lire Meta Maus? ou d’autres bd d’Art?
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Oui, pourquoi pas : pour MetaMaus, ce sera une relecture, et pour ses autres titres, ce sera des premières lectures (il me semble) mais plus tard (comme je te le disais, très occupée, empaquetage et mooc).
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Quand tu auras à nouveau du temps on reprendra nos LC 🙂
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Bien sûr ! 😉
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J’ai cette BD depuis 10 ans. Ou presque. Et je n’ai jamais osé. J’ai peur de souffrir, on dirait.
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Je comprends, peut-être pourrais-tu la lire en plusieurs fois, un chapitre après l’autre ? Je pense que tu sais déjà les choses horribles qui y sont racontées, mieux vaut voir des dessins que des photos. Tu me tiendras au courant si tu la lis ?
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Voilà une bd que je connais de nom et que je dois lire depuis des années !! Mais j’ai du mal avec tout ce qui touche la seconde guerre mondiale et l’holocauste, c’est toujours difficile… Mais je la lirai un jour, c’est sûr !
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Il ne faut pas se forcer, Nathalie, quand le moment viendra, tu l’ouvriras, peut-être la feuilleter pour commencer, puis lire les chapitres petit à petit ? Comme je le disais à Karine juste avant, mieux vaut voir des dessins que des photos. Je suis sûre que tu la liras lorsque tu seras prête. Bon weekend 🙂
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Jamais lu, la honte n’est-ce pas ? Ce n’est pas faute pourtant de l’avoir sous les yeux à la maison mais aussi au boulot… Mais je crois que j’attends le bon moment ! 😉
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Non, ce n’est pas la honte, Caro, beaucoup de lecteurs potentiels craignent d’être perturbés, choqués, horrifiés et je les comprends. Je me dis que des dessins sont plus « abordables » que des photos d’atrocités et c’est sûrement ce qu’on pensé Art et Vladek Spiegelman en témoignant 😉
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