Terminus radieux d’Antoine Volodine

Terminus radieux d’Antoine Volodine.

Seuil, collection Fiction & Cie, août 2014, 624 pages, 22 €, ISBN 978-2-02-113904-4. Parution en poche : Points, août 2015, 576 pages, 8,60 €, ISBN 978-2-75785-470-9.

Genres : science-fiction, post-apocalyptique.

Antoine Volodine naît en 1950 à Chalon sur Saône et grandit à Lyon. Il étudie les Lettres, enseigne le russe, se lance dans l’écriture et la traduction de romans de science-fiction. Il fait partie du mouvement littéraire « post-exotisme » qu’il a créé dans les années 1990 (pour ne pas être classé en science-fiction). Il écrit aussi sous les pseudonymes d’Elli Kronauer ou Manuela Draeger (des romans jeunesse publiés principalement à L’École des loisirs) ou encore Lutz Bassmann (des livres plus sociaux chez Verdier comme Haïkus de prison ou Avec les moines-soldats). Terminus radieux, le premier de ses titres que je lis, a reçu en 2014 le Prix Médicis, le Prix de la Page 111 et fut finaliste du prix Femina.

« Les territoires vides n’hébergeaient ni fuyards ni ennemis, le taux de radiation y était effrayant, il ne diminuait pas depuis des décennies et il promettait à tout intrus la mort nucléaire et rien d’autre. » (p. 10). Après la chute de l’Orbise, envahie par l’ennemi capitaliste, Vassilissa Marachvili (ou Vassia) et ses deux compagnons d’armes, Kronauer et Iliouchenko, s’enfuient. Kronauer laisse ses amis affaiblis près de la voie ferrée et part chercher de l’aide. « Tu es dans la steppe, Kronauer, pensa-t-il. Faut pas regretter d’être ici pour la fin. C’est beau. Faut en profiter. C’est pas tout le monde qui peut avoir la chance de mourir dans la steppe. » (p. 32).

Terminus radieux est un kolkhoze au Levanidovo qui tient toujours debout deux cents ans après la Deuxième Union soviétique. Quelques habitants comme Mémé Oudgoul (la gardienne de la Pile nucléaire), Solovieï (poète contre-révolutionnaire) ou Hannko Vogoulian, Myriam Oumarik et Samiya Schmidt (ses trois filles) survivent dans ce monde inhospitalier, apparemment immunisés contre les radiations et paraissant immortels. « Il faut que tu nous aides. On en a plus qu’assez d’être au Levanidovo. On veut s’enfuir. Ici c’est ni une vie, ni une mort. On veut dire adieu à tout ça. » (p. 367).

Dans un monde tout nucléaire, il y a eu des pannes, des dérèglements, des accidents et des guerres, capitalistes contre nouveaux communistes. Tout est détruit, il n’y a plus de végétaux, plus d’animaux, plus d’humains à part quelques survivants hagards, parfois violents. Existe-t-il un état autre que la vie et la mort ? Oui, démontre Antoine Volodine dans Terminus radieux. Un terminus plus irradié que radieux !

Clin d’œil de l’auteur aux lecteurs et auteurs de science-fiction : « ses préférences allaient vers des fictions réalistes socialistes, post-apocalyptiques ou historiques, ou de benêtes histoires sentimentales. » (p. 159).

Le roman est à la fois un huis-clos effrayant (le terminus radieux avec Kronauer et les survivants du kolkhoze) et un road movie tout aussi inquiétant (le train qui avance dans la steppe avec Iliouchenko, quelques soldats encore armés et leurs prisonniers, comme pour dénoncer la futilité de ce monde). « La peur. Elle rôdait, elle s’effaçait, il la refoulait. Mais elle était là. » (p. 442).

Une lecture stupéfiante et imposante qui fait froid dans le dos mais aussi réjouissante (pour ne pas écrire jouissive) tant l’écriture de Volodine est extraordinaire que je mets dans le Challenge de l’épouvante, le Challenge de l’été, le Challenge Chaud Cacao (session 2, auteurs francophones), le Défi 52 semaines 2018 #30 (pour le thème sauvage), Littérature de l’imaginaire et Petit Bac 2018 (pour la catégorie Lieu).

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