La vraie vie d’Adeline Dieudonné

La vraie vie d’Adeline Dieudonné.

L’iconoclaste, août 2018, 270 pages, 17 €, ISBN 978-2-37880-023-9.

Genres : littérature belge, premier roman.

Adeline Dieudonné naît le 12 octobre 1982 en Belgique ; elle vit présentement à Bruxelles. Elle est nouvelliste (Amarula, sa première nouvelle, parue dans le recueil Pousse-café en 2017, remporte le Grand Prix du concours de la Fédération Wallonie-Bruxelles), dramaturge (Bonobo Moussaka, 2017) et romancière (La vraie vie, son premier roman, remporte le Prix Première Plume 2018 et le Prix du roman Fnac 2018). Plus d’infos sur son site officiel, http://www.adelinedieudonne.com/.

Première et deuxième pages, je suis horrifiée par ce père de famille chasseur qui pose fièrement sur les cadavres des animaux sauvages (souvent protégés) qu’il a abattus et qu’il a triturés pour avoir des trophées comme une défense d’éléphant par exemple. En plus, il garde les cadavres empaillés des animaux dans une chambre spéciale de sa maison. Le genre de sale type qu’on devrait buter d’office ou qui devrait se faire écrabouiller et bouffer par un des animaux qu’il chasse (si toutefois il est comestible…). Je ne donne pas cher de la peau de ce roman si l’autrice continue avec ce minable colérique qui n’aime que la chasse, « la télé et le whisky » et qui traite sa femme comme « un ficus » : « Ma mère, elle avait peur de mon père. » (p. 11)…

Et puis, je laisse emportée par ce roman ! La narratrice (on ne saura pas son prénom) est la fille de ce barbare, elle a 10 ans, et son petit-frère, Gilles, en a 6. « Il riait tout le temps, avec ses petites dents de lait. Et, chaque fois, son rire me réchauffait, comme une minicentrale électrique. […] Le rire de Gilles pouvait guérir toutes les blessures. » (p. 18). Mais, après un terrible accident, un été dans les années 90, Gilles n’est plus le même. « Le regard fixe et la bouche entrouverte, il m’a suivie comme un somnambule. » (p. 36). Gilles ne parle plus, ne mange plus… « J’essayais de le distraire. Il me suivait comme un robot docile, mais il ne vivait plus à l’intérieur. » (p. 47). La fillette rêve d’une machine à remonter le temps pour que tout ça n’ait pas lieu. Mais il n’est pas possible de créer une telle machine et Gilles va devenir un enfant cruel, « un serial killer. Le Jack l’Éventreur des chats […] » (p. 111). « Je crois qu’en réalité, il ne ressentait presque plus rien. Sa machine à fabriquer les émotions était cassée. Et le seul moyen d’en ressentir était de tuer ou de torturer. » (p. 161). Un jour, après une nuit horrible, la mère dit deux fois à sa fille « Gagne de l’argent et pars. » (p. 208 et 209).

J’ai lu en 2017 deux romans parus chez L’iconoclaste, tous deux parlent de l’enfance : Neverland de Timothée de Fombelle qui fut un coup de cœur et Ma reine de Jean-Baptiste Andrea que je n’ai pas du tout aimé (c’est pour ça que ma note de lecture a traîné…). La vraie vie – qui parle aussi de l’enfance – se situe, à mon avis, entre les deux : j’ai aimé mais ce n’est pas un coup de cœur. Plutôt un roman coup de poing car quelle histoire atroce ! Cinq ans d’horreur ! Mais, mieux vaut la fiction qu’une histoire réelle dans la vraie vie ! La vraie vie est un roman initiatique puissant, intense, avec une pointe de mystère voire de fantastique et de suspense, presque un conte macabre ; le style est maîtrisé, ciselé, subtil et je ne regrette pas d’avoir poursuivi ma lecture malgré la haine que j’éprouvais pour ce brutus des temps modernes. À lire mais âmes sensibles, s’abstenir !

Un roman pour 1 % Rentrée littéraire 2018, Challenge de l’épouvante (franchement, on peut facilement le mettre dans ce challenge !), Challenge de l’été 2018 et Voisins Voisines 2018 (Belgique).

15 réflexions sur “La vraie vie d’Adeline Dieudonné

Laissez un commentaire, merci !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.