Le matin est un tigre de Constance Joly.
Flammarion, janvier 2019, 156 pages, 16 €, ISBN 978-2-0814-4489-8.
Genres : littérature française, premier roman.
Constance Joly a étudié la littérature comparée et les lettres appliquées aux techniques éditoriales et à la rédaction professionnelle. Elle travaille dans l’édition à Paris ; Le matin est un tigre est son premier roman (et quel roman ! Une autrice à suivre).
Un roman qui commence avec des phrases de ce genre ne peut que m’intriguer : « C’est un jour blanc, éreinté, qui n’a envie de rien. » (p. 11). « L’aquarium de la journée qui commence. » (p. 13). En plus le titre est original et la couverture est jolie. Mais de quoi parle ce roman ?
Alma est bouquiniste, experte en livres anciens et Jean est comédien : un couple heureux et une fille adolescente. Mais, depuis six mois, depuis qu’elle a eu 14 ans, Billie, ne va pas bien du tout et les médecins ne savent pas ce qu’elle a… Alma appelle ce mal « le chardon » car Billie tousse comme si elle avait une vilaine plante dans la poitrine. Alma, mélancolique depuis l’enfance, angoissée et rêveuse, se sent responsable de l’état de sa fille : que lui a-t-elle transmis ? « Alma a l’impression que tout ce qui s’agite autour d’elle, et qu’on appelle la vie, lui échappe. » (p. 14). Billie passe dix mois à l’hôpital mais toujours aucune réponse… « De quoi souffre-t-elle exactement ? Personne ne sait le dire, et les grands spécialistes se succèdent à son chevet. Anorexie ? Dépression ? Psychose ? Syndrome de Leverrier-Gausseins ? Les médecins n’arrivent pas à cocher les cases d’une maladie spécifique. Il y a de tout cela, et pas seulement. » (p. 36). Pendant que Billie est hospitalisée, un gros chat roux élit domicile dans le jardin de leur maison (je comprends mieux l’illustration de couverture). « Le chat, ce hiéroglyphe incompréhensible qui vient rythmer leur vie depuis que la maladie de Billie l’a fait dévier de son chemin si clair. » (p. 52). Surtout Alma est persuadée qu’il ne faut pas opérer Billie, que c’est dangereux pour elle, mais « Personne ne veut écouter ses histoires de chardon à dormir debout. » (p. 107).
D’habitude, les romans avec maladie m’intéressent peu (pas du tout même !) mais celui-ci m’a vraiment attirée avec son titre et sa couverture. Et je n’ai pas été déçue : un roman magistral, poétique malgré le sujet, mais je ne peux vous en dire plus sans rien dévoiler. À part le style de l’auteur, à la fois élégant et aguerri, c’est pourtant un premier roman, à lire, oh oui à lire, vraiment, absolument ! Il a été sélectionné pour la 10e édition du Prix Françoise Sagan 2019 (site et FB) et il mérite le prix.
Une excellente lecture de la Rentrée littéraire janvier 2019.
Ça m’intéresse. Et vu ce que tu en dis, je vais aller voir ça de plus près.
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Une belle surprise que ce roman, un premier roman en plus !
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Magistral, carrément? Bon, je suis comme toi; pas fana des histoires de maladies mais ton billet est convaincant.
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Un premier roman comme ça, j’en réclame d’autres !!!
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Les histoires de maladies ne me tentent pas non plus, mais ce que tu dis de ce roman me fait noter son titre.
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En fait, il n’y a pas que la maladie, il y a la relation mère-fille, le couple, le corps médical circonspect, etc. Une grande maîtrise pour ce premier roman !
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Ta chronique donne vraiment envie de découvrir le roman, merci beaucoup !
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Ce premier roman est une grande réussite ; Constance Joly est à suivre indubitablement 🙂
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J’avais prévu de le lire cet été et… je ne l’ai pas fait.
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L’été dure jusqu’au 21 septembre 😉 Sinon tu le liras à l’automne 😉 En attendant, bon weekend 🙂
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