Dernier printemps à Paris de Jelena Bačić Alimpić

Dernier printemps à Paris de Jelena Bačić Alimpić.

Serge Safran éditeur, août 2019, 336 pages, 23,50 €, ISBN 979-10-97594-25-1. Poslednje proleće u Parizu (2014) est traduit du serbo-croate par Alain Cappon.

Genre : littérature serbe.

Jelena Bačić Alimpić naît en 1969 à Novi Sad en Serbie ; elle est journaliste, directrice de la chaîne de télévision Pink et romancière : Dernier printemps à Paris est son premier roman traduit en français mais sa carrière littéraire commence en 2010. Plus d’infos sur son Instagram et sur sa page FB.

Paris. Olga était une pianiste de talent mais elle a abandonné la musique et elle est maintenant journaliste au Point. Son mari, Étienne Lachaise, issu de la bourgeoisie parisienne n’aime pas ce revirement… Leur fils, Jean, a 6 ans et Étienne pense qu’Olga devrait rester à la maison et s’occuper de lui. Lorsqu’Olga reçoit, par l’intermédiaire de son rédacteur au Point, une lettre d’une vieille dame russe qui vit depuis 30 ans au sanatorium Saint-Joseph à Toulon et qui veut « se confier avant de mourir » (4e de couverture), Olga décide de passer quelques jours à Toulon. Cette vieille dame aurait vécu en Union Soviétique « les crimes perpétrés dans les camps russes sous Staline. Cette rescapée, et on en comptait peu dans le monde, s’appelait Maria Koltchak. » (p. 13). Dans le train pour Toulon, Olga rencontre Louis Monnet qui lui donne son numéro de téléphone.

« Tu désires entendre mon histoire, Olga ? – Oui, je suis venue pour cela. […] – Tu auras la force d’écouter l’histoire de ma vie ? – J’ai pris une chambre à l’hôtel, nous ne manquerons pas de temps. – Tu ne m’as pas comprise, ma petite. La force, tu l’auras ? – La force… de quoi ? s’étonna Olga. – De témoigner de l’agonie d’une vieille femme. D’écouter la somme d’effroyables méfaits, de souffrances que des fauves humains sont capables d’infliger à un être innocent, de complots et de trahison entrelacés. D’écouter mon récit sur les souvenirs et les démons du passé. […] Il faut, dit-on, voir pour croire. Je te dis, moi, qu’il faut d’abord croire pour voir ensuite. » (p. 30).

« des fauves humains », j’aime beaucoup cette expression, je la trouve plus juste que « des barbares » car certains fauves humains ne sont pas des barbares mais des personnes instruites…

Alors jeune femme et enceinte de son fiancé, Viktor Fiodorov, Maria Romanovska est séparée de sa famille et envoyé dans un camp en Sibérie « dans la région de Krasnoïarsk […] la côte rouge. […] rouge sang. » (p. 62). Elle est en fait dans le camp de travail de Kraslager près du village de Kansk.

Une erreur qui m’a dérangée : son amie au camp s’appelle Sofia Koltchak et c’est comme ça qu’elle nomme sa fille. « Sofia est née le dernier jour du mois de mai 1940. […] Koltchak, répondis-je sans réfléchir. Sofia Koltchak. » (p. 88). Mais, dans les pages suivantes, sa fille devient Sonia ou Sonietchka… Et il en de même pour son amie, infirmière : Sofia devient parfois Sonia (pages 96 et 97 par exemple et pages suivantes) et redevient parfois Sofia… C’est une erreur qui gêne réellement la lecture et qui aurait dû être rectifiée par les correcteurs et l’éditeur !

« La justice n’existait pas sur cette terre morte. » (p. 130).

Lorsque Staline meurt et que les camps de travail sont fermés, Maria et les autres (du moins ceux qui ont survécu !) sont libérés et ramenés à Moscou : « c’était à la fin de l’année 1953. » (p. 140). Mais Maria Romanovska, devenue Maria Koltchak, n’est pas au bout de ses peines… !

Deux passages que j’ai appréciés : 1- « Je lisais énormément. Tout ce qui me tombait sous la main. Je m’étais inscrite à une bibliothèque, les livres étaient ma fenêtre ouverte sur le monde, la vie imaginaire que je ne vivais pas. » (p. 164). 2- « Ne fuis jamais ce que tu es, ce à quoi tu appartiens. » (p. 319).

Avec ses problèmes personnels, Olga aura-t-elle la force d’écouter Maria jusqu’au bout ? Et toi, lecteur, auras-tu la force de lire jusqu’au bout ? J’espère que oui parce que ce roman est admirable ! Même si j’avais deviné le fin mot de l’histoire. J’en ai lu des témoignages de camp et j’ai eu du mal à imaginer que celui-ci était fictif ! Que Jelena Bačić Alimpić s’est en fait inspirée d’un nom « Maria Koltchak » et d’une épitaphe « J’ai vécu avec des souvenirs, je suis partie avec des souvenirs. » qu’elle a vus, lors de son premier voyage à Paris, sur une tombe au Père Lachaise. Ce récit de vie et de camp paraît tellement réel ! Je pense que Maria représente toutes les femmes qui ont vécu des événements horribles, la trahison, la perte des proches, le désespoir, la vie dans un camp, la misère, la faim, le froid, les mauvais traitements, le vol d’un enfant…

Un roman émouvant, tellement émouvant !

Pour le Petit Bac 2020 (pour la catégorie Lieu avec Paris) et Voisins Voisines (Serbie).

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