Pour le challenge Les classiques c’est fantastique !, le thème d’octobre est Balzac vs Flaubert (le logo de Moka est, comme à chaque fois, très beau). Il est possible de lire soit l’un des auteurs soit les deux, trois possibilités donc. Ayant chez moi l’intégrale de Balzac et l’intégrale de Flaubert, j’ai décidé de lire un titre de chacun mais ces deux titres ne pouvaient pas être trop longs sinon je n’aurais pas eu le temps et de les lire et de rédiger les billets. J’ai choisi un des trois contes, Un cœur simple de Gustave Flaubert et Gobseck d’Honoré de Balzac (vous aurez ma note de lecture demain).
Un cœur simple de Gustave Flaubert
Vous pouvez lire librement Un cœur simple sur Wikisource.
Il existe des éditions en poche comme celles de Folio classique, Hachette ou Librio, une centaine de pages, entre 2 et 3 €.
Genres : littérature française, conte, nouvelle.
Gustave Flaubert naît le 12 décembre 1821 à Rouen (Normandie). Il étudie le Droit à Paris mais mène une vie de bohème et se consacre à l’écriture. Il est considéré comme un des plus grands auteurs français de la deuxième moitié du XIXe siècle. Il a pourtant été moins prolifique que d’autres auteurs mais que de grands romans : Madame Bovary (1857), Salammbô (1862), L’éducation sentimentale (1869). Il meurt le 8 mai 1880 à Croisset (Normandie).
Flaubert écrit cette nouvelle de février à août 1876 en piochant dans ses souvenirs d’enfance et en s’inspirant des personnes avec qui il vivait à cette époque. Par exemple Félicité est Mademoiselle Julie (la servante de ses parents qui éleva le jeune Flaubert et passa 60 ans avec lui), Virginie sa jeune sœur Caroline (décédée) et Madame Aubain est inspirée d’une tante. Flaubert ayant des problèmes d’argent à cause du mari de sa nièce a dû vendre ses biens immobiliers… Il a aussi du mal à terminer Bouvard et Pécuchet (sa dernière œuvre). Il écrit Un cœur simple chez un ami à Concarneau. Cette nouvelle est publiée en 7 épisodes dans Le Moniteur universel (du 12 au 19 avril 1877). Ensuite l’éditeur de Flaubert, Georges Charpentier, publie Trois contes (Un cœur simple, La légende de Saint-Julien L’Hospitalier, Hérodias) en un recueil en avril 1877. Un cœur simple a été adapté en film en 2007-2008 par Marion Laine avec Sandrine Bonnaire, Marina Foïs et Pascal Elbé (vidéo ci-dessous).
Pont l’Évêque, Normandie. Félicité est la servante de madame Aubain. « Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, elle cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, – qui cependant n’était pas une personne agréable. » (p. 3). Après une déception amoureuse (Théodore a épousé une riche veuve pour échapper à la conscription), Félicité a quitté la ferme où elle travaillait depuis la mort de ses parents pour la ville où elle ne connaît personne. Elle est embauchée chez madame Aubain, une veuve désargentée, mère de Paul (7 ans) et Virginie (4 ans). La vie est simple, bucolique, et Félicité est heureuse avec les enfants. La famille va même aux bains à Trouville. « Dans ce temps-là, ils n’étaient pas fréquentés. » (p. 14). Lorsque Félicité emmène Virginie au catéchisme, elle découvre en même temps que la fillette « l’Histoire sainte » (p. 17), elle est éblouie et en garde « le respect du Très-Haut et la crainte de sa colère. » (p. 17). Alors qu’il ne lui reste plus que madame Aubain, Félicité reçoit un perroquet de la famille de Larsonnière qui déménage. « Il s’appelait Loulou. Son corps était vert, le bout de ses ailes rose, son front bleu, et sa gorge dorée. » (p. 34). À la mort de Loulou, « Elle pleura tellement que sa maîtresse lui : – Eh bien ! Faites-le empailler ! » (p. 37).
Ce que j’aime chez Flaubert – tout comme chez Balzac d’ailleurs – ce sont ses descriptions, non seulement des personnages mais aussi des lieux et en plus de la Nature environnante et des animaux (Balzac étant plus citadin, plus Parisien). Son style est réaliste et sa psychologie des personnages est profonde : le lecteur sent que Flaubert aime ses personnages quels que soient leurs défauts (ici, pour Félicité, la simplicité d’esprit, ce qui la rend forte et ouverte aux autres) mais il a un côté pessimiste indéniable. Quel destin tragique que celui de Félicité qui perdra tous ceux qu’elle aime ! Ses parents et la séparation d’avec ses sœurs, son futur mari (qui lui en préfère une autre), Paul qui part au collège à Caen, Virginie qu’elle aime tendrement et qui part au couvent des Ursulines à Honfleur, son neveu Victor (elle a retrouvé par hasard une sœur) qui part aux Amériques et meurt à Cuba, Madame Aubain (elles se sont finalement rapprochées) et surtout son perroquet Loulou… C’est trop pour une femme au cœur simple qui n’a sans doute pensé qu’aux autres durant toute sa vie. Un cœur simple est à la fois une nouvelle et un conte, triste, qui représente la vie de tant de femmes seules, pauvres, considérées comme simplettes mais avec un grand cœur et une grande abnégation envers les autres. À noter que Un cœur simple est vu comme le seul récit plus ou moins autobiographique de Flaubert puisqu’il y revisite son enfance, ses souvenirs et les proches qu’il a connus avec un fort côté nostalgique.
Par rapport au thème, Balzac vs Flaubert, quel lien entre Flaubert et Balzac ? Balzac est l’aîné (1799-1850) et Flaubert le considère comme son maître, son père littéraire.
En plus du challenge Les classiques c’est fantastique, je mets cette lecture dans Animaux du monde #3 (pour Loulou, le perroquet, très important), Cette année, je (re)lis des classiques #3 et Contes et légendes #2.
J’avais adoré ce texte.
Bises.
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Très beau texte, mais tellement triste… As-tu vu le film ? Moi, non.
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Non, je ne l’ai pas vu non plus. J’ai toujours peur d’être déçue avec la version cinématographique.
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Je comprends ; j’ai par exemple lu un commentaire horrifié parce que dans le film un cochon est tué, eh bien pas de trace de cochon dans ce conte de Flaubert ! Un taureau, deux chevaux, un âne et bien sûr Loulou le perroquet, mais aucun cochon 😉
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Voilà, voilà… 😉
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Eh oui, c’est pourquoi les films ne sont que des adaptations… Bon week-end 🙂
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Voui !
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😉
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Celui-là je le lirai!
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Tant mieux, bonne future lecture 🙂
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Ni vu le film, ni lu le livre, mais c’est une belle suggestion. Merci ! Et je découvre un challenge très intéressant par la même occasion 🙂
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Dommage qu’il soit bientôt fini, ce challenge ; mais peut-être qu’il reviendra pour une 2e édition ?
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La première année s’achèvera en mai… Et Fanny et moi songeons déjà aux thèmes qui seront au programme d’une 2e année !
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C’est génial et les logos sont tous très beaux 🙂
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Il ne faut pas hésiter à nous rejoindre: régulièrement ou ponctuellement d’ailleurs… Les thèmes sont ici: https://wp.me/p3voHc-59I
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Bien sûr ! Je n’ai raté que le premier thème, dommage j’ai l’intégrale de Zola… Par contre le thème de novembre « Histoires de famille(s) » ne me transporte pas… J’espère trouver une bonne lecture 😉
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J’aime beaucoup cette nouvelle / ce conte. Quelle femme que Félicité. Si j’avais eu le temps, j’aurais pu aussi relire ce titre et le chroniquer. Quel bon choix que tu as fait là.
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Merci Moka, ce n’est que « lecture remise » pour toi 😉
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Une nouvelle que j’ai beaucoup aimée.
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🙂 Bon courage, Alex, j’espère que tu auras du temps libre pour le sport et la lecture 🙂
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À chaque fois que je lis celles et ceux qui lisent Flaubert, je trouve toujours quelque chose qui pourrait me plaire, mais je garde tellement d’à priori d’ennui que j’ai du mal à me faire violence pour réitérer l’expérience, même des années plus tard 🙂 un jour peut-être…
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Je pense que tu te (re)lanceras lorsque tu en auras véritablement envie, lorsque tu seras prête et qu’il y aura eu un vrai déclic 😉
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Je l’ai lu il y a longtemps, au collège… J’ai autant envie de le relire que de pas le relire… Souvenirs d’ennui intense qui pourtant pourraient se transformer… Cette année peut-être!
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Essaie, ce n’est pas très long 😉 Je ne me suis jamais ennuyée avec Balzac, j’aime ses personnages, ses descriptions, l’univers et l’ambiance qu’il a créés 😉
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