Mauvaises herbes de Dima Abdallah

Mauvaises herbes de Dima Abdallah.

Sabine Wespieser, août 2020, 240 pages, 20 €, ISBN 978-2-84805-360-8.

Genres : littérature franco-libanaise, roman.

Dima Abdallah naît en 1977 à Beyrouth (Liban). Sa famille arrive à Paris lorsqu’elle a 12 ans (1989). Elle étudie l’archéologie et se spécialise en antiquité tardive. Mauvaises herbes est son premier roman.

Beyrouth, Liban, 1983. La fillette rentre à la maison avec son père, « le géant ». Elle n’a pas peur et ne pleure pas car « Il est fort et il est très intelligent. » (p. 11). Mais « C’est peut-être parce que je suis la seule à ne pas pleurer que la maîtresse ne m’aime pas. Moi, je n’arrive pas à me forcer à pleurer, ce n’est pas ma faute. » (p. 13).

La fillette de 6 ans est au contraire très contente parce que son père est venu la chercher à l’école et parce qu’elle rentre à la maison plus tôt. Elle a un petit frère. Le père est écrivain, la mère est journaliste et professeur et le lecteur n’en saura pas plus sur la mère et le frère).

La parole est donnée tantôt à la fillette tantôt au père. Ici le père prend la parole. « D’un jour à l’autre, il faudra bien que cette  guerre finisse, ce n’est qu’une affaire de quelques semaines, quelques mois tout au plus. Il ne peut pas  en être autrement, je n’ai pas le courage qu’il en soit autrement. » (p. 33).

Mais un an après, la guerre n’est pas terminée. Et la fillette n’aime pas répondre à la question habituelle sur sa confession. « Je sais que la famille de ma mère est un peu chrétienne et celle de mon père est un peu musulmane. » (p. 46) mais « Je ne suis pas bête, ce n’est pas une question anodine, ce n’est pas l’une de ces questions qu’on se pose pour rompre la glace, pour faire connaissance, pour engager la conversation. J’ai sept ans et demi, je suis grande, je comprends que cette question est importante pour celui qui la pose, que ma réponse va être lourde de conséquences. » (p. 47).

Quand le père se retrouve seul, il veut « écrire l’absurde pour tuer l’absurde. » (p. 109) et le lecteur retrouve la fillette, devenue adolescente, en 1990 à Paris. Elle déteste les gens, elle déteste l’école… Elle se fait tout de même une amie, Sandrine. Ensuite les années filent, 2000, 2013 et je n’ai pas réussi à m’attacher à elle (elle n’a même pas de prénom), c’est trop décousu.

Et surtout il y a trop de répétitions : « Il ne sait pas… » (la fillette), « j’aurais voulu » et « j’aurais dû » (le père), c’est pénible… Ou encore « je roulais » et « je roulais dans la nuit » (le père, plusieurs fois p. 79-80) et « je n’imaginerai pas », « je ne dirai pas » et « je ne penserai pas » (la fillette, idem p. 92-95). Je sais que c’est un exercice de style mais je trouve la lecture d’une lourdeur…

Il y a pourtant de belles phrases comme : Beyrouth, 2016. « Il ne reste plus rien. Tout est mort. Il ne reste plus la moindre miette de tout ce qui a été. Tout s’est disloqué, un morceau après l’autre, tout s’est consumé pour tomber en cendre. » (p. 201).

En tant que roman franco-libanais, à tendance autobiographique, j’ai de loin préféré Beyrouth entre parenthèses de Sabyl Ghoussoub lu quelque temps avant.

Voici un roman – sur les thèmes de l’enfance, de l’amour du père (de la fascination de la fillette pour son père, je dirais, car mère et petit frère sont finalement absents de ce roman, et père et fille sont comme deux mauvaises herbes qui poussent au mauvais endroit, un pays en guerre, un pays ou la religion est plus importante que l’humain), sur la guerre et l’exil – qui peut plaire, c’est sûr, pour ceux qui ne verront que l’émotion et le côté poétique en faisant abstraction des lourdeurs que j’ai remarquées.

Pour 1 % Rentrée littéraire 2020 et Challenge du confinement (case (auto)biographie).

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