Un Logique nommé Joe de Murray Leinster

Un Logique nommé Joe de Murray Leinster.

Le passager clandestin, collection Dyschroniques, octobre 2019, 48 pages, 5 €, ISBN 978-2-36935-228-0. A Logic Named Joe (1946) est traduit de l’américain par Monique Lebailly.

Genres : littérature états-unienne, nouvelle, science-fiction.

Murray Leinster est le pseudonyme de William Fitzgerald Jenkins. Il naît le 16 juin 1896 à Norfolk en Virginie (États-Unis). Jeune auteur, un journal le publie déjà lorsqu’il a 13 ans. Pendant la Première guerre mondiale, il travaille au Committee on Public Information (qui convainc l’opinion publique américaine de soutenir l’effort de guerre). Il devient ensuite écrivain (plus de 1500 nouvelles, une quinzaine de scénarios pour le cinéma et des centaines pour la radio et la télévision) et travaille à l’Office of War Information durant la Seconde guerre mondiale. Il est considéré comme l’inventeur des mondes parallèles (sa nouvelle, Sidewise in Time, paraît en 1934) et un Prix Sidewise, créé en son honneur, récompense chaque année la meilleure uchronie (roman et nouvelle) depuis 1995. Il est aussi un des premiers à parler d’ordinateur et d’Internet avec A Logic Named Joe. Il meurt le 8 juin 1975 à Gloucester Courthouse en Virginie.

« C’est le 3 août que Joe est sorti de la chaîne de fabrication » (p. 5). Voici comment débute ce texte. Le narrateur travaille à la maintenance de la Logics Company : il répare les « Logiques ». Le logique n’est pas un robot mais un ordinateur connecté à un réseau mondial : je rappelle qu’on est en 1946 !

« […] un grand bâtiment plein des événements en cours et de toutes les émissions jamais enregistrées – il est branché sur les réservoirs de tous les autres pays – et vous n’avez qu’à pianoter pour obtenir tout ce que vous voulez savoir, voir ou entendre. » (p. 7). Incroyable, n’est-ce pas ?

Bref, Joe est sorti de la chaîne de montage, il a subi les contrôles habituels et il a été installé dans une famille, les Korlanovitch. « Jusque là, tout baigne dans l’huile. » (p. 8).

Sauf que Joe, plus intelligent et ambitieux que les autres Logiques, ou ayant un infime défaut, allez savoir, déjoue la censure (qui évite de répondre à n’importe quelle question), modifie ses paramètres et donne, à travers ses semblables interconnectés, des idées dangereuses aux humains, adultes et enfants, qui posent des questions genre comment se débarrasser de quelqu’un sans être pris, comment s’enrichir vite, etc.

En plus, arrive en ville, Laurine, une ex du narrateur, maintenant marié mais Laurine, qui est une femme dangereuse, va tout faire pour retrouver l’homme qu’elle dit aimer.

Comment sauver sa famille ? Fuir ? Appeler la Technique et déconnecter les Logiques ? Le narrateur comprend que ce n’est pas possible… C’est comme se séparer du feu à la Préhistoire, de la vapeur au XIXe siècle ou de l’électricité au XXe, impossible ! « Mais voilà : les choses allaient péter parce qu’il y avait beaucoup trop de réponses données à beaucoup trop de questions. » (p. 27).

Toute ressemblance avec les ordinateurs actuels connectés à Internet…

A Logic Named Joe paraît dans Astounding Science Fiction (un pulp) n° 184 en mars 1946. Elle paraît en France en 1974 dans Histoires de machines, le 6e volume de La grande anthologie de la science-fiction (36 volumes entre 1966 et 2005) puis en 1996 dans l’anthologie Demain les puces chez Présence du futur.

C’est incroyable que Leinster/Jenkins ait inventé ce Logique en 1946 quand on sait que l’Arpanet (Advanced Research Projects Agency NETwork, l’ancêtre d’Internet) n’est mis en place qu’en septembre 1969 ! Un visionnaire bien inspiré puisqu’il avait prédit l’avènement d’Internet pour tous ainsi que les éventuelles dérives et les dangers de l’interconnection mondiale.

Un texte à découvrir donc, comme tous ceux de la collection Dyschroniques publiés chez Le passager clandestin, collection idéale pour le Maki Project. Que je mets aussi dans Cette année, je (re)lis des classiques #3, Les classiques c’est fantastique (en novembre, le thème est histoires de famille) et Littérature de l’imaginaire #8.

19 réflexions sur “Un Logique nommé Joe de Murray Leinster

  1. Alice dit :

    Ah oui il est terrible ce titre. J’aime beaucoup cette collection, et je n’aurais pas penser piocher dedans pour ce thème familial. Je vais peut-être m’y plonger en dernière minute, tiens 😉

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  2. A_girl_from_earth dit :

    Ouh ça m’intéresse bien ce petit livre ! J’aime bien ces récits d’anticipation écrits il y a quelques décennies et qui permettent de voir si leurs auteurs avaient eu le nez fin ! Merci pour la découverte.

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    • J’ai lu quelque part ça : les spécialistes disent qu’aucun auteur de SF n’avait prédit Internet, eh bien c’est faux avec ce Logique présent chez tout le monde et connecté au monde entier !!!

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    • Ce serait bien que tu découvres cette collection, Moka, il y a de très bons titres, méconnus voire oubliés. J’ai de la chance que la bibliothèque en ait un bon paquet, peut-être pas tous, mais je lis déjà ce qu’il y a de disponible 😉 Franchement, je ne savais pas quoi lire comme classique pour le thème Famille et voilà que je lis à la suite 3 titres qui parlent tous les 3 de la famille comme je l’ai déjà dit mise à mal par la technologie, le futur, j’ai alors sauté sur l’occasion 😉

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      • Ces livres sont ils adaptés à des collégiens de 3e? C’est un thème qui est inscrit dans leur programme et j’aimerais vraiment leur en faire découvrir plus que ce que je ne leur en propose déjà.

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        • Oh oui, parce que ce ne sont pas des pavés alors les ados prendront plaisir à les lire et voudront sûrement en lire d’autres 😉 En plus, il y a, à la fin, un genre de petit dossier pédagogique (3 ou 4 pages) sur l’auteur, les circonstances de l’écriture de ce récit (sociales, historiques…) et quelques explications par rapport à la SF de l’époque (innovation, hommage…) et le monde actuel 😉

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