Une histoire des abeilles de Maja Lunde

Une histoire des abeilles de Maja Lunde.

Presses de la Cité, août 2017, 400 pages, 22,50 €, ISBN 978-2-25813-508-6. Bienes Historie (2015) est traduit du norvégien par Loup-Maëlle Besançon. Je l’ai lu en poche : Pocket, août 2018, 448 pages, 8,20 €, ISBN 978-2-26628-435-6. Je préfère la couverture du poche qui en plus a comme des alvéoles.

Genres : littérature norvégienne, roman, science-fiction.

Maja Lunde naît le 30 juin 1975 à Bislett (un quartier d’Oslo) en Norvège. Elle étudie à l’université d’Oslo et publie son premier roman, Over Grensen soit À travers la frontière, en 2012, un roman jeunesse ; suivront Barnas Supershow (2012) et Battle (2014) avant ce premier roman pour adultes, Une histoire des abeilles, qui reçoit le Fabelprisen en 2016. Ensuite Snill, snillere, snillest (2016, roman jeunesse) et Blaa soit Bleue (2017) paru aux Presses de la Cité (2019). Ne sont donc traduits en français que ses deux romans pour adultes.

2198, Sichuan, Chine. Tao pollinise manuellement les arbres fruitiers. Elle est mariée à Kuan et le couple a un fils de 3 ans, Wei-Wen. « Les abeilles avaient disparu dès les années 1980, bien avant l’Effondrement, tuées par les insecticides. » (p. 10). Dans cette Chine du futur, les enfants travaillent dès l’âge de 8 ans car il faut que tous participent à l’effort collectif.

1851, Hertfordshire, Angleterre. William est naturaliste et tient un petit magasin de semences. Il est marié à Thilda et le couple à un fils, Edmund, 16 ans, et 7 filles entre 7 et 14 ans. Elles chantent un chant de Noël mais leur père est très malade. « Il n’y aurait pas de miracle aujourd’hui. » (p. 25).

2007, Ohio, États-Unis. George est fermier et apiculteur. Il est marié avec Emma et leur fils, Tom, étudiant, revient à la maison pour une semaine de vacances. Mais père et fils n’arrivent pas à communiquer et William ne comprend pas que Tom soit devenu végétarien. « Si j’avais su que tu deviendrais comme ça, je ne t’aurais jamais envoyé à la fac. » (p. 33). En plus, Tom veut devenir journaliste.

L’Effondrement, c’est « la chute des démocraties et la guerre mondiale qui avait suivi, quand la nourriture devint une denrée réservée à une infime minorité. » (p. 40).

Ce roman en triptyque est constitué de chapitres qui se suivent, toujours dans le même ordre : 2198, 1851, 2007. À travers le temps et l’espace, cette histoire des abeilles montre que tout est lié sur cette Terre et que l’humanité court à sa perte si elle continue sur le chemin qu’elle a pris.

En 2007, beaucoup d’apiculteurs dans le sud des États-Unis perdent leurs abeilles à cause de l’apiculture et de l’agriculture intensives. « Elle devait être l’œuvre de l’homme, car lui seul est capable d’inverser l’ordre de la nature et de la placer sous son contrôle, plutôt que le contraire. » (William à propos d’une nouvelle ruche qu’il veut fabriquer, p. 160). C’est donc en 2007 que l’expression Colony Collapse Disorder est créée, c’est « le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. » (p. 310). Dans les années qui suivent, ce phénomène touche le monde entier…

Qu’est-ce qui relie ces hommes, ces familles ? Tout d’abord, les abeilles mais pas que… Les liens familiaux, la transmission aux générations suivantes, l’écologie… Mais, reprenons dans l’ordre chronologique. 1851 donc, en Angleterre, William va fabriquer les premières ruches qui vont emprisonner les abeilles et créer l’apiculture humaine. On sait maintenant que les abeilles sauvages ont pratiquement disparu… 2007, les ancêtres (une en fait) de William ont apporté aux États-Unis les plans de ces ruches et George va essayer de les reproduire voire de les améliorer. On sait maintenant que ça a aggravé les choses et que les abeilles ont disparu de plus en plus et dans le monde entier. 2198, il n’y a plus d’abeilles depuis plus de deux siècles et la pollinisation doit se faire manuellement (c’est qu’il faut nourrir toute la population). Mais, lors d’un pique-nique, il arrive quelque chose à Wei-Wen et il est retiré à ses parents : Kuan se résigne mais Tao va tout faire pour retrouver son fils.

Voilà, le reste, je vous laisse le découvrir dans ce précieux roman visionnaire qui met en parallèle passé, présent et futur de façon admirable. L’écriture de Maja Lunde doit être géniale et, en tout cas, le roman est très bien traduit. J’ai passé un merveilleux moment de lecture, sur les trois continents à trois périodes différentes (comme trois romans différents en fait) mais bien choisies car elles sont les trois novatrices, en pensant bien faire, et conduisent à la catastrophe…

Coup de cœur pour moi, ce premier roman traduit en français d’une Norvégienne, tiens Décembre nordique, ça tombe bien ! Bon, je sais, je l’ai lu avant mais j’ai tellement de retard dans mes notes de lecture… Et puis, j’ai mis ce livre dans Mon avent littéraire 2020 en jour n° 5 (aujourd’hui…) pour « Le livre dont l’écriture m’a éblouie » donc il faut bien que je la publie cette note de lecture ! Et j’ai un message pour vous, tous, lisez ce roman !

J’honore aussi les challenges Animaux du monde #3 (abeilles), Littérature de l’imaginaire #8, Petit Bac 2020 (catégorie Animal pour Abeilles) et Voisins Voisines 2020 (Norvège).

Ils l’ont lu : Le chien critique, Lutin82 (Albédo), Yogo (Les lectures du Maki).

Et n’oubliez pas de visiter Mon avent littéraire 2020, ce roman est dans le jour n° 5.

24 réflexions sur “Une histoire des abeilles de Maja Lunde

    • Oui, c’est comme ça avec les coups de cœur et les chefs-d’œuvre, on a envie que tout le monde les lise 🙂 Je pense que là, vu les commentaires, ce roman a gagné quelques lecteurs et ça me fait super plaisir, chaud au cœur même 😉

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