Blanc autour de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert

Blanc autour de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert.

Dargaud, Hors collection, janvier 2021, 144 pages, 19,99 €, ISBN 978-2-50508-246-0.

Genres : bande dessinée française, Histoire.

Wilfrid Lupano naît le 26 septembre 1971 à Nantes (Loire Atlantique). Il étudie la littérature, la philosophie, l’anglais et se lance dans le scénario de bandes dessinées. Il reçoit plusieurs prix. Parmi ses titres : Little Big Joe (2001-2002), Alim le tanneur (2004), Le singe de Hartlepool (2012), Un océan d’amour (2014), Les vieux fourneaux (2014-2020, série en cours), entre autres. Plus d’infos sur The Ink Link, qu’il a cofondé avec un médecin, une experte santé autrice et une dessinatrice.

Stéphane Fert est passé par les jeux de rôle, les Beaux-Arts, l’animation avant de devenir dessinateur de bandes dessinées. Ses autres titres : Morgane (2016), Quand le cirque est venu (2017), Peau de mille bêtes (2019). Plus d’infos sur son Instagram.

1832, Canterbury dans le Connecticut, « trente ans avant l’abolition de l’esclavage » (p. 3). Dans le nord des États-Unis, les Noirs sont libres (l’esclavage a été aboli) mais n’ont pas de droits citoyens.

Après l’affaire Nat Turner, un Noir qui savait lire et écrire et qui a fomenté une rébellion au Sud, rébellion qui a coûté la vie à une soixantaine de Blancs (hommes, femmes, enfants, vieillards), des mesures contre les Noirs sont prises et le racisme bat son plein alors que de l’autre côté les abolitionnistes veulent faire bouger les choses.

Lorsque Sarah, une adolescente noire, entre dans la classe de mademoiselle Crandall, à l’école pour jeunes filles de Canterbury, les jeunes filles blanches sont curieuses ou inquiètes ou affolées. Quant à leurs parents, c’est pire, il n’est pas question qu’on éduque les négresses, elles se croiraient égales aux filles blanches et deviendraient orgueilleuses. Pas question de laisser des jeunes filles blanches dans cette école .

Eh bien, pas de problème pour « Prudence Crandall, directrice de l’école pour filles de Canterbury » (p. 23), après les vacances de printemps, elle « n’accueillera que des jeunes filles de couleur » (p. 29), ah ah bien joué !

Vu les protestations de partout et les articles dans les journaux, il n’y a au début que deux élèves, Sarah qui habite Canterbury et Eliza qui arrive de Griswold. Puis Jeruska de Rhode Island. Mais la colère gronde parmi la population… « Vous voyez ? Il va nous en arriver de partout… » (p. 47). Avec Maggie et sa grande sœur, ça fait encore deux de plus, puis Dorothy, etc.

La presse et les blogs ont beaucoup parlé de cette bande dessinée depuis le début de l’année et j’avais très envie de la lire dès sa parution mais je n’ai pas été retenue sur NetGalley (on ne peut pas être retenu à chaque fois, il faut laisser de la lecture aux autres) et il a fallu que j’attende mon tour dans les réservations de la bibliothèque (ça peut prendre du temps).

Blanc autour est inspiré d’une histoire vraie, une histoire de femmes, de femmes noires, une histoire bouleversante, une émancipation, parfaitement resituée avec le texte humaniste et documenté de Wilfrid Lupano et surtout les dessins tout en douceur et couleurs de Stéphane Fert, le tout pas dénué d’humour. Ça parle d’un pan de l’histoire des États-Unis, de la condition des Noirs en Amérique, des femmes en particulier, de l’esclavage, de la ségrégation, de l’abolitionnisme, c’est à lire absolument.

J’aime bien la servante, Maria, elle ne veut pas étudier car elle ne s’en sent pas capable intellectuellement mais c’est une travailleuse, elle coupe du bois aussi bien que Hezekiah Crandall, le père de Prudence, et elle n’a pas sa langue dans la poche !

À la fin, une postface avec le contexte historique. Sarah Harris fut la première jeune fille noire à intégrer la Canterbury Female Boarding School. Beaucoup de ces jeunes filles continuèrent leurs études et certaines devinrent professeurs. Le mouvement abolitionniste était lancé et ceux qui voulaient y nuire galvanisaient en fait le mouvement. Malheureusement, près de 200 ans après ces événements, encore beaucoup d’enfants n’ont pas accès à l’école et à l’instruction.

D’autres avis sur Les blablas de Tachan, Le blog de Galléane, Dans la bibliothèque de Noukette, Délivrer des livres, Depuis le cadre de ma fenêtre, Des livres, des livres !, Doucettement, D’une berge à l’autre, Enna lit, Le jardin de Natiora, Mademoiselle lit, Ma petite médiathèque, Mes pages versicolores, Tours et culture, Un dernier livre avant la fin du monde, et j’en ai oublié c’est sûr (vous pouvez vous signaler en commentaire). 31st floor.

Je fais mon retour dans La BD de la semaine après trois semaines sans avoir pu participer et je mets cette BD dans le challenge Des histoires et des bulles (catégorie 21, une BD sur un thème autour de la femme) ainsi que dans le Petit Bac 2021 (catégorie Couleur).

32 réflexions sur “Blanc autour de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert

  1. aifelle dit :

    Je l’ai attendue longtemps à la bibliothèque moi aussi, mais je viens de la lire et c’est une BD très réussie et instructive. On est quand même assez atterré en voyant la lenteur de la progression encore de nos jours.

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