La vengeance du carnivore d’Upamanyu Chatterjee.
Robert Laffont, collection Pavillons poche, mars 2020, 128 pages, 9 €, ISBN 978-2-22124-656-6. The Revenge of the Non-Vegetarian (2018) est traduit de l’anglais (Inde) par Sylvie Schneiter.
Genres : littérature indienne, roman policier, Histoire.
Upamanyu Chatterjee naît en 1959 à Patna en Inde (c’est dans l’État du Bihar, dans le nord-est de l’Inde, région d’origine du bouddhisme et du jaïnisme). Il a étudié au Collège Saint-Xavier de Delhi et au Collège Saint-Étienne de Delhi (collèges chrétiens) puis à l’Université de Delhi. Il a travaillé à l’Université du Kent (Angleterre) puis dans l’Administration indienne. Il est fonctionnaire et écrivain (humour noir, satire). Il a reçu plusieurs prix littéraires pour ses romans.
J’ai lu ce court roman pour la LC (lecture commune) organisée pour Les étapes indiennes 2022. Le billet est à publier à partir du 24 janvier mais, comme il y avait déjà deux billets sur le blog hier (lundi 24), j’ai réservé ce billet pour aujourd’hui (mardi 25).
29 septembre 1949. Basant Kumar Bal, domestique chez les Dalvi, est réveillé en pleine nuit par « le meuglement des vaches […] les hurlements du chien pris de folie » (p. 9). Il découvre, pétrifié, la maison des Dalvi en feu… Les six membres de la famille sont morts brûlés « la veille de la cérémonie pour les fiançailles de la fille » (p. 11) ainsi que leur chien… Bien qu’il se soit tordu la cheville en courant au puits pour chercher de l’eau, les policiers pensent que Basant Kumar Bal joue la comédie.
Madhusudan Sen, magistrat sous-divisionnaire de Batia, se rend sur les lieux car Nadeem Dalvi, le père de famille, était son mamlatdar (« fonctionnaire chargé de la collecte des impôts, note p. 11). Puis il rencontre Arif Dalvi, le frère cadet qui a récupéré les vaches après l’incendie ; il est « ingénieur adjoint à l’usine de traitement d’eau » (p. 25).
En tout cas, les policiers n’avaient peut-être pas tort… Non seulement Basant Kumar Bal s’est enfui durant la nuit de l’appentis dans lequel il vivait mais l’autopsie montre que « les corps, notamment les crânes, [ont] reçu de multiples coups assénés par un instrument lourd et solide, telle une pelle ou une tête de hache. » (p. 40). L’incendie ne serait donc pas accidentel ?
L’enquête et le procès vont durer des années… Le passage le plus horrible est dans le hangar abattoir (chapitre 17, p. 71-73). Même Madhusudan Sen, « le carnivore à peau dure » (p. 70) a eu bien du mal à supporter ce qu’il voyait et ce qu’il sentait. « C’est vraiment pour des gens comme moi, cette barbarie et ces tortures innommables ! » (p. 73).
Ce roman aux chapitres très courts se lit d’une traite et donne à réfléchir : si l’on est végétarien parce qu’on ne veut pas que des animaux soient tués, peut-on condamner à mort même le pire des criminels ? Et donc le roman se transforme tout naturellement mais avec subtilité en questionnements. Sur la peine de mort dans l’Inde des années 40 et 50, une Inde avec encore le système des castes. Et sur le bien-fondé de manger de la viande (il me semble que, selon les régions et leur religion, beaucoup d’Indiens sont censés être végétariens).
J’ai vraiment beaucoup aimé le style de Chatterjee, son humour, sa concision et j’ai très envie de lire son premier roman, Les après-midi d’un fonctionnaire très déjanté, paru en Inde en 1988 et en France en… 2007 !
Donc pour Les étapes indiennes 2022 mais aussi Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 21, un roman découvert grâce à un blogueur, en l’occurrence par deux-trois blogueuses qui l’ont proposé en lecture commune), Challenge lecture 2022 (catégorie 38, un livre dont la couverture invite au voyage, et ce malgré les plantes carnivores !), Des livres (et des écrans) en cuisine (gastronomie indienne), Polar et thriller 2021-2022, Le tour du monde en 80 livres (Inde).
J’ai beaucoup aimé aussi le style de ce court récit assez captivant. Certains passages sont assez horribles et ce ragoût au centre de l’intrigue… Quel humour noir ! J’avoue m’être beaucoup questionnée après la lecture.
Merci de nous avoir rejoint pour cette lecture commune. 🙂
J’aimeJ’aime
Oui, moi aussi j’ai trouvé ce court roman noir et cynique, j’ai beaucoup aimé ce style et le côté absurde de la justice qui traîne sur deux décennies… mais le questionnement sur le fait de manger de la viande (en pays hindouiste donc plutôt végétarien) et sur la peine de mort sont intéressants à découvrir 😉
J’aimeJ’aime
Oh oui vraiment tout un questionnement ! En tout cas un chouette roman…
J’aimeJ’aime
Tout à fait, Rachel, et je suis ravie d’avoir participé à cette lecture commune 🙂
J’aimeJ’aime