Felis silvestris d’Anouk Lejczyk.
Éditions du Panseur, #8, janvier 2022, 192 pages, 17 €, ISBN 978-2-49083-408-2.
Genres : littérature française, premier roman.
Anouk Lejczyk naît en 1991 dans l’Ain (Rhône Alpes). Elle étudie les Lettres et les Beaux-Arts puis voyage en Amazonie et en Casamance (ancienne région de Guinée Bissau maintenant sur le territoire du Sénégal). Elle revient en France et étudie la création littéraire à Paris. Des infos sur son projet « Poétique des sous-bois » sur Ateliers Médicis. Felis silvestris est son premier roman.
Dans un petit appartement prêté par une amie, une jeune femme tente de retrouver la trace de sa sœur aînée partie sauver une forêt quelque part dans le monde (un genre de ZAD forestière). Harcelée au téléphone par sa mère, elle tente de prendre elle aussi son indépendance, « c’est de la possessivité, pas de l’amour » (p. 14). Et, depuis qu’elle a reconnu les yeux de sa sœur sous une cagoule noire, elle cherche, sur internet, « Le champ est libre, à moi de jouer. » (p. 17).
Felis silvestris, c’est son nom de forêt, le nom de combattante qu’elle s’est choisi, la sœur, la sœur qui cherchait sa place dans ce monde et qui est partie sans crier gare. C’est que depuis l’enfance, elle aime les arbres, elle aime grimper aux arbres, sans crainte de tomber. Folie pense la mère, liberté pense le père. Mais, en fait, de quoi a-t-on « besoin dans la vie : d’eau ? d’amour ? d’argent ? de solitude ? de compagnie ? de sens ? » (p. 49).
Pour donner un sens à sa vie, autre que celui de rechercher sa sœur, la narratrice « augmente progressivement [son] périmètre de promenade. […] le parc, la bibliothèque, le marché. [Elle] essaie de [se] réinventer un quotidien […]. » (p. 59).
Mon passage préféré ; « La forêt n’est pas qu’une étendue, c’est aussi l’ensemble des arbres qui recouvrent l’étendue. En bref, la forêt est à la fois l’espace et ce qui l’occupe. Chênes, hêtres, bouleaux, charmes, tilleuls, châtaigniers, noisetiers, houx, sureaux, fougères, lichens, champignons. Et puis, vous, animaux de tout poils. Vous formez un ensemble. » (p.114).
Chaque chapitre raconte les deux sœurs, l’une après l’autre, sans qu’elles aient de contacts l’une avec l’autre et, à la fin de chaque chapitre, la narratrice répond à une question récurrente que les proches posent concernant sa sœur, « Et ta sœur, elle en est où, elle fait quoi ? » et selon l’humeur, à chaque fois elle donne une réponse différente (mais pas fausse).
Que faire de nos fêlures ? Pourquoi fuir sa famille ? En fait, qu’est-ce qu’une famille ? Une mère, un père, deux filles, quatre êtres liés l’un à l’autre mais totalement différents ! Une mère trop facilement angoissée… Un père instable porté sur la bouteille (et, plus tard, obsédé par la maladie de Lyme que sa fille pourrait attraper en forêt)… Heureusement un papi avec ses livres d’astronomie et son télescope ; « les constellations : ce sont tes nouveaux repères » (p. 36).
« Je vous ai livré une histoire, c’est à vous de la faire résonner. Parole de chat perché. » (p. 177).
Le récit se déroule sur une saison, l’hiver, avec l’irruption de souvenirs d’enfance (l’enfance, finalement, la seule chose qui liait ces deux sœurs). Une histoire hypnotique dans laquelle la jeune sœur essaie de raconter (sans le connaître) le quotidien de sa sœur aînée en même temps que le sien (avec pour toute compagnie les vers dans le composteur), le tout de façon pudique. Que faire face à la solitude, face au manque d’amour, peut-être imaginer ? Et Anouk Lejczyk imagine un nature writing à la française assez surprenant, un nature wrtiting à la fois intime et engagé écologiquement. Une autrice (qui s’inspire sûrement de ses voyages) à découvrir et à suivre.
J’avais entendu parler des éditions du Panseur mais je n’avais encore jamais lu un de leurs titres. J’ai très envie de lire leur premier roman édité (en 2019), L’homme qui n’aimait plus les chats d’Isabelle Aupy. La plupart des livres publiés sont des premiers romans, pour l’instant il y en a neuf et deux sont prévus pour fin août.
Ils l’ont lu : Cathulu, Domi c lire, HC Dahlem, Mumu dans le bocage, d’autres ?
Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 18, un livre qui se passe dans la forêt ou à la montagne, ici c’est en forêt, 2e billet), Challenge de l’été – Tour du monde 2022 (Europe, un pays froid, il faudrait demander à l’autrice à quel pays elle pensait pour ce roman), Challenge lecture 2022 (catégorie 3, un premier roman, 3e billet) et Petit Bac 2022 (catégorie Animal pour Felis silvestris).
« il faudrait demander à l’autrice à quel pays elle pensait pour ce roman » Si j’ai bien compris la règle du challenge, c’est le pays de l’auteure qui compte
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Eh bien, non, en fait… Pour la 1ère édition en 2020, c’était la nationalité de l’auteur qui comptait (et pas de notre pays). Pour la 2e édition en 2021, c’était le pays dans lequel se déroulait le roman. Et pour cette 3e édition, l’organisatrice dit « c’est l’intrigue qui compte et plus la nationalité de l’auteur » (donc comme pour la 2e édition) mais comme on ne sait pas dans quel pays ça se déroule… En tout cas, vu les arbres cités, c’est un pays d’Europe (donc niveau 1, Europe). Si l’organisatrice chipote, je mettrai un autre roman… Mais on est là pour se faire plaisir et partager les lectures 😉
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Merci pour ton avis sur ce roman atypique dont je n’avais jamais entendu parler. Je trouve la construction du récit intéressante et l’ensemble semble porteur de réflexions… Quant à ton passage préféré, je l’aime beaucoup.
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Un premier roman que j’ai découvert par hasard, j’espère que tu auras l’occasion de le lire ; bonne fin de semaine 🙂
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Merci et bon week-end un peu en avance 🙂
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Merci Audrey, bon weekend à toi aussi 🙂
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Intéressant ! Je ne connaissais pas cette édition.
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Moi non plus, les livres / couvertures sont jolis et soignés ; j’ai envie de lire d’autres titres 😉
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Oh oui j’aime beaucoup cette collection… en tout cas, une bien chouette intrigue… ouiii
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Oh, tu connaissais cette collection ? Je découvrais avec ce titre 😉
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Oui ma libraire en a souvent…
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Mais, c’est parfait 🙂 Ta librairie est en numérique ?
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Oh non… elle a été obligée de vendre par livraison durant la pandémie… voila le site https://librairie-le-comptoir.jumpseller.com/
mais elle est bien physique…
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Ah oui, j’ai vu ça, c’est une librairie chilienne donc, mais les prix sont en $ états-uniens ? C’est cher, non ?
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C’est une librairie française au Chili… et les prix sont en pesos chiliens (actuellement, 1 euro quasi 900 pesos)
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Ah, j’ai vu en $ sur le site… Et 900 pesos, c’est cher ?
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Bin la vie à Santiago est chère pour un salaire pourri… 900 pesos c’est un billet de bus… quand on sait que le salaire minimum est de 350 000 pesos et la location d’une chambre s’estime à plus de 150 000 pesos… bref…
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Ah oui, donc le salaire minimum est à moins de 390 €… Quant au billet de bus, si 900 pesos font 1 €, ici le billet est à 1,40 € (pour un aller seulement). La vie est chère partout…
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Oui mais ici, c’est assez dramatique, la vie est aussi chère qu’en France… sans en avoir le salaire…
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Je comprends, c’est compliqué… surtout avec le covid, les confinements, la suite… Courage et bonne nouvelle semaine 🙂
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avec des ingrédients qui me parlent, ça m’intéresse, je ne connaissais pas!
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Je ne connaissais pas cet éditeur non plus et puis la couverture verte a attiré mon regard dans les nouveautés de la bibliothèque 😉
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