Aucune femme au monde de Catherine Lucille Moore

Aucune femme au monde de Catherine Lucille Moore.

Le passager clandestin, collection Dyschroniques, octobre 2021, 144 pages, 9 €, ISBN 978-2-36935-100-9. No Woman Born (1944) est traduit de l’américain par Arlette Rosenblum et revu par Dominique Bellec.

Genres : littérature états-unienne, science-fiction.

Catherine Lucille Moore le 24 janvier 1911 à Indianapolis (Indiana). Elle lit beaucoup, en particulier de la littérature fantastique, dès l’enfance. Quand elle doit quitter l’université (Grande dépression), elle devient secrétaire et commence à faire publier ses premières histoires (science-fiction et fantasy) dans des pulps (années 1940), en particulier dans le magazine Astounding Science Fiction. Elle est une pionnière de la science-fiction féminine et féministe. Elle se marie avec Henry Kuttner (écrivain de science-fiction) en 1940 et ils écrivent à quatre mains. Elle utilise aussi le pseudonyme de Lawrence O’Donnell. Elle écrit 4 romans (entre 1942 et 1957), de nombreuses nouvelles et plusieurs de ses œuvres sont adaptées au cinéma. Elle meurt le 4 avril 1987 à Hollywood (Californie).

Deirdre était la plus belle femme au monde. Danseuse et chanteuse, elle était connue dans le monde entier, même « sous les tentes du désert et dans les huttes polaires » (p. 6). « Et le monde entier l’avait pleurée quand elle était morte dans l’incendie de la salle. » (p. 7) dans laquelle elle se produisait. Son impresario, John Harris, ne s’en est jamais remis.

Mais son cerveau a été conservé et, depuis un an, un savant, Maltzer, travaille sur un robot pour la faire revivre, pas un robot tout mécanique, un humanoïde. « C’est moi, John chéri. C’est réellement moi, tu sais. » (p. 18). C’est troublé que John Harris découvre la nouvelle Deirdre, « en vérité, elle était toujours Deirdre » (p. 25), belle, souple, la même voix, le même rire, les mêmes postures, la même assurance, « c’était bien la femme de chair et d’os, aussi sûrement que s’il l’avait vu se dresser devant lui, intacte, à nouveau, tel le phénix ressuscité de ses cendres. » (p. 27).

Deirdre a un projet. « Je vais remonter sur scène, John […]. Je peux toujours chanter, je peux toujours danser. Je suis toujours moi-même dans tout ce qui compte et je n’imagine pas faire autre chose pendant le restant de mes jours. » (p. 39). Mais « comment des spectateurs régiraient-ils ? » (p. 42). Harris la voit humaine et est d’accord avec elle mais Maltzer la voit machine et veut l’empêcher de se produire devant un public.

Je vous laisse découvrir ça en lisant ce court roman que les anglophones appellent une novella.

Avec son écriture à la fois tranchante et sensuelle, No Woman Born est considérée comme de la SF féministe et, effectivement, qui peut décider de ce que sera la vie (personnelle et professionnelle) de Deirdre si ce n’est elle-même, quelle qu’elle soit ! Maltzer et Harris peuvent lui parler de leurs idées, la conseiller, mais ne peuvent pas la considérer comme handicapée et l’obliger à abandonner une carrière dont elle a besoin. Un court roman à découvrir d’autant plus qu’il a été écrit en 1944, en pleine Seconde guerre mondiale, les femmes prenaient la place des hommes dans presque tous les corps de métiers et commençaient à se libérer et à devenir autonomes. En plus, c’était le début de la robotique, maintenant on parle de corps augmenté, de transhumanisme. Le passager clandestin déniche toujours des ‘petites’ pépites bien agréables à découvrir !

Ils l’ont lu : Anna de ScifiLisons, Georges sur Phénix Web, Lhisbei de RSF blog, Stéphanie de De l’autre côté des livres, d’autres ?

Pour les challenges 2022 en classiques, Littérature de l’imaginaire #10, Mois américain, Petit Bac 2022 (catégorie Famille pour Femme) et S4F3 2022.

16 réflexions sur “Aucune femme au monde de Catherine Lucille Moore

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