Princesse Saphir d’Osamu Tezuka.
Soleil Manga, collection Shôjo, janvier 2005, 242 pages, 6,99 €, ISBN 978-2-84565-970-4. リボンの騎士 Ribon no kishi (1953) est traduit du japonais par Sylvain Chollet.
Genres : manga, shôjo, merveilleux, conte.
Osamu Tezuka (手塚 治虫) naît le 3 novembre 1928 à Toyonaka (préfecture d’Ôsaka, Japon). Il étudie la médecine à l’université d’Ôsaka mais il découvre les dessins animés en particulier ceux de Walt Disney et devient mangaka, scénariste et réalisateur. Il connaît le succès avec La nouvelle île au trésor (1947). Suivront Le roi Léo (1950), Astro Boy (1952), Princesse Saphir (1953), Phénix l’oiseau de feu (1956) et tant d’autres titres (dont la majorité sont adaptés en animation). Je ne peux pas tous les citer mais l’œuvre est colossale (de 1947 à 1988), touche à tous les genres et reçoit de nombreux prix y compris posthumes. Il meurt le 9 février 1989 à Tôkyô. C’est un mangaka que j’ai beaucoup lu au fur et à mesure des parutions de ses titres en France mais dont j’ai encore peu parlé sur le blog sauf avec La légende de Songoku (4 tomes) en mai 2021 (c’était une relecture ce qui est le cas aussi avec Princesse Saphir).
Il était une fois… Mukashi no koto desu ou Mukashi mukashi en japonais. Au Ciel, le Créateur qui distribue les cœurs, un bleu pour « des garçons forts et courageux » et un rouge pour « des filles belles et douces » (p. 9) donne par erreur (à cause de Tink) un cœur bleu puis un cœur rouge au même enfant à naître. Mécontent, le créateur envoie Tink, l’ange farceur, sur Terre avec la fournée de nouveaux-nés ; Tink a perdu ses ailes, « Ce n’est pas très pratique d’être humain. » (p. 13). Mais le personnage principal de cette histoire est l’héritier de la couronne que tout le monde attend au royaume de Silverland (l’histoire se déroule au Moyen-Âge dans un pays européen imaginaire).
Au moment de la naissance, tout le monde annonce un prince héritier ! Le roi et la reine ne peuvent pas démentir sinon c’est Plastic, le fils de l’affreux duc Duralmin, qui recevra le trône… Ainsi le couple royal élève leur fille « comme un garçon » (p. 20). Quinze ans après, Saphir a grandi et Tink n’a pas changé ! Mais il est de plus en plus difficile de jongler entre le côté féminin (vie personnelle cachée) et le côté masculin (vie mondaine) de Saphir, d’autant plus que Franz Charming, le prince d’un royaume voisin s’éprend d’une jeune blonde inconnue durant le bal du carnaval annuel… qui n’est autre que Saphir déguisée.
Des drames emmèneront Saphir au trône plus vite que ses parents l’avaient prévu et, après toutes ces années, Saphir est démasquée par la perfidie de Duralmin et de son machiavélique serviteur, Nylon. La reine et Saphir sont emprisonnées dans la tour ouest, la tour de l’oubli, dépossédées de leurs biens et réduites en esclavage par Gummer le geôlier…
Jusqu’au jour où apparaît un justicier masqué que l’ange Tink pense être Saphir (a-t-il raison ?).
Proche de nos contes de fée occidentaux, Princesse Saphir est un récit plein de romantisme mais aussi d’aventures et d’action. Considérée comme un shôjo (manga pour filles), cette histoire peut à mon avis intéresser aussi les garçons pour deux raisons. 1. Parce que la « princesse » est un garçon manqué et, au-delà du genre, Saphir est de naissance à la fois garçon et fille. 2. Parce que les codes du shôjo n’y sont pas vraiment respectés : les yeux, les émotions, les cases sont différents de ce que les lecteurs de shôjo attendent mais le graphisme est du pur Tezuka donc les fans apprécieront.
À noter que c’est une commande du Shôjo Club 少女クラブ (1923-1962) de l’éditeur Kôdansha qui souhaitait proposer aux jeunes lectrices une histoire similaire à celles publiées dans les magazines shônen (manga pour garçons). Je pense qu’à son époque Tezuka a simplement fait un shônen pour filles ! En tout cas, les thèmes de l’identité et de la liberté sont pour moi la part principale de cette histoire.
La parution en chapitres se déroule entre janvier 1953 et janvier 1956 avant de paraître en 3 tomes chez Kôdansha. Osamu Tezuka s’inspire bien sûr des contes européens et aussi, en bon cinéphile, d’actrices japonaises célèbres et des productions d’Hollywood ce qui inclut les films d’animation de Walt Disney. De l’humour voire du burlesque, des anachronismes, c’est du Tezuka tout craché même si les lecteurs adultes préféreront ses seinens comme Ayako, Barbara, Black Jack, ou L’histoire des 3 Adolf, entre autres. Princesse Saphir a eu beaucoup de succès alors Tezuka a fait une suite intitulée Les enfants de Saphir (un tome, 1958) et une série animée a bien sûr été réalisée : au Japon en 1967 et diffusion en France entre 1973 et 1976 (vidéo ci-dessous).
Pour l’instant, je n’ai (re)lu que le premier tome car je voulais garder du temps pour – rien à voir – lire Nous, les Allemands d’Alexander Starritt pour Les feuilles allemandes, un challenge qui se termine aujourd’hui. Mais je relirai assurément la suite pour vous la présenter.
Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) qui est apparemment le dernier rendez-vous de l’année hors billet coups de cœur en fin d’année, BD 2022 et aussi 2022 en classiques, Les classiques c’est fantastique (avec en novembre un prénom dans le titre), Contes et légendes (des filtres magiques, une sorcière, une princesse et un prince, entre autres), Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie Prénom pour Saphir) et ABC illimité (toujours le dilemme de choisir entre la lettre pour le prénom, le nom ou le titre… je vais faire avec O pour prénom).
ton article est très intéressant, merci!
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Merci Eimelle, je lirai la suite et en parlerai plus tard.
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J’aime beaucoup l’idée d’entremeler tous ces genres et thèmes. Je note je note!
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Tezuka est un GRAND qui a touché à tous les genres dans ses mangas 🙂
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Oh que cela semble être tout beau… tout un chouette conte… 😉
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Oui, c’est joli sans être mièvre, et puis… Tezuka 😉
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Pas sûr de me lancer
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Tout dépend des goûts, ce n’est pas un très grand manga de Tezuka mais cette série a son charme et montre l’éclectisme du mangaka 😉
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Oh, le petit shot de nostalgie en lisant ton retour ! J’ai bien envie de redécouvrir « Princesse Saphir » quand j’en aurais le temps 😉
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Tu avais certainement vu la série d’animation ?
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Tout à fait ! A l’époque, les manga papier n’étaient pas très répandus (j’ai toujours mon édition de « Sailor Moon » de Glénat, avec le sens de lecture français – ça a bien changé !)
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Oh la la, Ma Lecturothèque, ça ne nous rajeunit pas… ! Moi c’est Akira et Gunnm que j’ai, et plein d’autres au fil des années !
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J’ai découvert « Akira » un peu plus tard, vers la fin du collège – c’est vrai que, avant, ç’aurait été compliqué, je n’aurais rien compris et il m’a fallu le revoir par la suite pour réellement apprécier. Et en effet, ça ne nous rajeunit pas ^^ Comme hier où j’ai fait une comparaison de texte entre la première édition de « Sailor V » et la dernière (le sens de lecture, rien que ça, m’a rendue nostalgique).
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Je comprends, je n’étais pas du genre nostalgique mais depuis les 50 ans, j’ai l’impression que je le deviens de plus en plus… Il paraît que c’est une réaction de notre cerveau qui sait que nous sommes dans la 2e moitié de notre vie 😉
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Tu m’apprends là quelque chose 😉
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Tu peux consulter des articles scientifiques ; je ne pense pas que le cerveau sache exactement quand on va mourir (jour et heure) mais il sait ça, qu’on est dans la 2e moitié de notre vie et ça peut changer des choses dans le quotidien (nostalgie, hypersensibilité, pour certains angoisse…).
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Je crois que je n’ai rien lu de ce mangaka mythique… globalement, j’ai dû lire un ou deux shojo, je déteste ça !
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Alors, lis ses seinen (mangas pour adultes), tu verras les thèmes traités sont diversifiés et passionnants : je te conseille L’arbre au soleil (les bouleversements au Japon dans la 2e moitié du XIXe siècle, avec l’arrivée des Occidentaux, 8 tomes), Ayako (une famille après la Seconde guerre mondiale au Japon, la reconstruction, la réforme agraire, 3 tomes), Barbara (l’histoire d’une femme envoutante, muse des écrivains, 2 tomes), Black Jack (si tu aimes la médecine, 12 tomes), Bouddha (si tu t’intéresses au bouddhisme, 8 tomes), L’histoire des 3 Adolf (3 hommes qui s’appellent Adolf à partir de 1936 aux Jeux Olympiques de Berlin, 4 tomes), Ludwig B (l’enfance de Beethoven, 2 tomes) parmi les meilleurs, voilà j’espère que parmi ces titres au moins un attirera ton attention 😉
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Je ne suis pas particulièrement tentée 😉
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Pas grave, Enna, mais peut-être que certains titres de Tezuka plairaient à Bastien ?
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J’aurais adoré lire ça enfant 😉.
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Il n’est pas trop tard, Antigone, nous sommes tous de grands enfants, non ? 😉
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Pourquoi pas ? Je vais voir si je le trouve.
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J’espère que tu trouveras cette série, 3 tomes + 1 tome pour Les enfants de Saphir.
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