La leçon du mal de Yûsuke Kishi

La leçon du mal de Yûsuke Kishi.

Belfond, août 2022, 544 pages, 24 €, ISBN 978-2-71449-461-0. 悪の教典 Aku no kyôten (2010) est traduit du japonais par Diane Durocher.

J’ai reçu ce roman par la poste alors merci à Lecteurs.com et à Belfond.

Genres : littérature japonaise, thriller.

Yûsuke Kishi 貴志 祐介 naît le 3 janvier 1959 à Ôsaka au Japon. Il étudie l’économie à l’université de Kyôto et travaille des années dans une compagnie d’assurances-vie avant de se lancer dans l’écriture de romans. Il est membre de l’Association japonaise d’auteurs de romans policiers et de la Honkaku Mystery Writers Club of Japan. Il est parmi les meilleures ventes d’auteurs japonais et plusieurs de ses œuvres ont été adaptées. Le roman Aku no kyôten a été adapté en manga seinen (adultes) entre 2012 et 2015 (9 tomes), en drama de 4 épisodes supervisés par Takashi Miike et servant d’introduction au film réalisé en 2012 par Takashi Miike (genre thriller et slasher, sous-genre du film d’horreur).

Seiji Hasumi, 32 ans, professeur d’anglais au lycée privé Shinkô Gakuin à Machida, fait des rêves bizarres… Les lycéens jouent une pièce de théâtre, il leur tire dessus car ils sont mauvais puis vole dans les airs pour retrouver sa maison. Il est réveillé à 5 heures du matin par deux gros corbeaux qu’il a surnommés « Hugin et Munin, à l’instar des corbeaux messagers du dieu Odin dans la mythologie nordique. » (p. 11).

Le matin, il fait son jogging, croise son voisin, Yamazaki (qui est aussi son propriétaire et dont le chien, Momo, l’a pris en grippe) puis prend une douche et se rend au lycée dans sa vieille voiture pour retrouver sa classe principale, la 1ère 4, avec des adolescents à problème (absentéisme, harcèlement, vols, violences…). « Ce sont des problèmes sensibles, je suis en train d’en parler avec les élèves concernés afin d’obtenir plus d’informations. » (p. 16).

Bref, Hasumi est le prof idéal, apprécié par le directeur, les professeurs et les lycéens parce qu’il écoute et sait résoudre les problèmes. Mais, Reika Katagiri, avec son intuition pointue, n’est pas dupe, elle est certaine que ce professeur cache quelque chose, comme son dernier instituteur d’école primaire… Seulement elle ne peut pas en parler, personne ne la croirait, même pas sa meilleure amie, Fûko Onodera. « Elle ne s’attirerait pas seulement des plaisanteries, mais carrément les foudres, et non seulement de son amie, mais de toute la classe (ceux du groupe de conversation anglaise en tête). Les filles en particulier étaient toutes de ferventes admiratrices de Hasumi. Au départ, elle-même avait considéré le professeur Seiji Hasumi d’un bon œil. Il était toujours de bonne humeur, débordait d’énergie et se souciait de ses élèves. Le prof parfait, en somme. Jusqu’à ce qu’il intègre l’équipe de surveillance, et se mette à régler les problèmes les uns après les autres avec une facilité déconcertante. Un doute terrible avait commencé à la tenailler. Cet homme serait-il capable de détecter les mensonges ? […] Elle avait compris que le prof possédait, comme elle, la faculté de discerner le vrai du faux. Pour autant, elle pressentait qu’ils étaient radicalement différents l’un de l’autre, même si au départ elle n’arrivait pas à l’expliquer. Elle s’était mise à cogiter sérieusement, jusqu’à ce qu’une idée particulièrement dérangeante lui vienne. Hasumi et elle n’étaient-ils pas, tout simplement, le contraire l’un de l’autre ? Les personnes capables de lire dans le cœur de leurs semblables étaient elles-mêmes à fleur de peau. Cette sensibilité leur permettait d’imaginer ce que l’autre ressentait. Hasumi était différent. Il était étranger à l’empathie. Il reconnaissait le mensonge parce qu’il était lui-même un menteur aguerri, et si son jugement ne vacillait pas, c’est qu’il voyait le monde dépourvu de la moindre compassion. » (p. 61-62).

Hasumi a tout le monde à l’œil, il tient des dossiers et des tableaux sur son ordinateur personnel qu’il met à jour à chaque nouvelle information récupérée en écoutant ou en questionnant. « Le lycée Shinkô Machida représentait pour Hasumi un vaste plateau de jeu d’échecs où chaque prof, chaque élève s’apparentait à une pièce. Il fallait sans arrêt manœuvrer pour que tout ce petit monde se déplace dans la direction souhaitée. » (p. 88).

Et je ne vous en dis pas plus pour ne pas divulgâcher mais, si vous avez lu la 4e de couv’ ou si vous avez vu le film de Takashi Miike, vous savez déjà un peu. Et sachez que quelques élèves comme Reika et Keisuke se posent des questions et enquêtent. En tout cas, un roman et un professeur machiavéliques ! Un ? Peut-être deux ! Tout une histoire et des stratagèmes qui font extrêmement froid dans le dos… Avec un style incisif extraordinaire. Si vous voulez découvrir la société japonaise et vous faire peur, je vous conseille vivement ce roman noir glaçant ! « Quelle jouissance, lorsque différentes pièces d’un puzzle s’assemblaient à la perfection ! Ces derniers temps, tout se déroulait selon ses plans. » (p. 317). Oserais-je dire quelle jouissance la lecture de ce roman ?!

Elles l’ont lu : Alex, Violette, d’autres ?

Pour ABC illimité (lettre K pour nom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 5, un livre d’horreur, 2e billet), Challenge lecture 2022 (catégorie 21, un livre reçu, 2e billet), Polar et thriller 2022-2023.

Un petit clin d’œil à La complainte de Mackie de l’Opéra de quat’sous que sifflote continuellement Hasumi.

22 réflexions sur “La leçon du mal de Yûsuke Kishi

    • Je comprends que tu n’aies pas réellement apprécié, j’ai lu ton billet et j’ai rajouté le lien à mon billet ; l’humour de Kishi-san est cynique et il peut appeler au rire (nerveux ?), il faut bien trouver une parade à toutes ces horreurs ! Une prochaine lecture japonaise te plaira peut-être mieux 😉 (si tu as besoin de conseils, tu peux regarder sur mon blog à ‘auteurs japonais’ ou me demander) ; passe un beau mois de décembre 🙂

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    • Merci de ton passage, Dasola, certains l’ont trouvé captivant, d’autres violent et parfois long mais personne ne l’a lâché (à ma connaissance) ; bonne future lecture et beau mois de décembre à toi et à tadloiduciné 🙂

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