On était des loups de Sandrine Collette.
JC Lattès, collection Sueurs froides, août 2022, 208 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-70967-066-1.
Genres : littérature française, roman noir, nature writing.
Sandrine Collette naît en 1970 à Paris. Elle étudie la littérature, la philosophie (master) puis la science politique (doctorat) et devient professeur universitaire et consultante. Elle s’installe dans le Morvan avec des chevaux et écrit son premier roman, Des nœuds d’acier, publié en 2013 par Denoël qui relance la collection Sueurs froides (1972-1998). Viennent ensuite chez Denoël, Un vent de cendres (2014), Six fourmis blanches (2015), Il reste la poussière (2016), Les larmes noires sur la terre (2017), Juste après la vague (2018), Animal (2019) puis chez JC Lattès, Et toujours les forêts (2020), Ces orages-là (2021) et On était des loups (2022) soit un roman par an (plusieurs prix littéraires) et tant de retard pour moi (que je vais assurément rattrapé !). Plus d’infos sur sa page Facebook.
« C’est la nuit, je regarde l’enfant qui dort. Un tout petit enfant, il ne sait rien du monde, il ne sait rien faire. Un enfant ce n’est pas fait pour la vie, cette vie-là je veux dire qui est immense et brutale devant lui devant nous. » (début du roman, p. 11).
Liam, 37 ans, chasse et vend des peaux ; il a choisi cette vie à l’âge de 20 ans. En ville, il a rencontré Ava, une étudiante qui l’a suivi. Ava et Liam s’aiment mais ils vivent dans la montagne, au milieu de nulle part, à plusieurs heures de la civilisation. Pourtant ils ont un fils, Aru, bientôt 6 ans.
Un soir Liam rentre après avoir repoussé un loup de leur maison et il découvre Ava tuée par un ours, leur fils est en vie, sa mère l’a protégé en le recouvrant de son corps. « Elle était sur le ventre recroquevillée sur elle-même je ne la voyais pas vraiment, mais ce que j’ai vu c’est le sang puis les griffures qui avaient déchiré son corps et ça a été un éclair dans ma tête. C’était un ours bon sang un ours était venu pendant mon absence pendant que le loup m’éloignait. J’ai crié encore de rage et de douleur et puis je me suis relevé, j’ai regardé autour de moi, j’ai gueulé son nom j’ai hurlé à m’en crever la poitrine Aru Aru. » (p. 40).
Liam ne peut pas garder Aru avec la vie frustre qu’il mène… Du moins, c’est ce qu’il pense. Ils prennent les chevaux, Dark et Ball, pour aller en ville chez oncle Tan et tante Jo qui l’ont vu bébé mais oncle Tan refuse de prendre Aru. Alors Liam et Aru repartent… « Moi j’aimais Ava et je ne veux pas que le môme prenne sa place – comme s’il avait fait exprès. Dans ma poitrine ce n’est pas un jeu de chaises musicales et le vide qui y est n’a pas besoin d’être rempli, juste c’est du vide et je regarde le gosse et la tête me tourne. » (p. 71).
Liam a plein de choses qui se télescopent dans sa tête, il est un peu perdu, il parle – pense très vite… et le lecteur est en plein dans ses pensées, dans ses réflexions, c’est super bien fait. « […] le drame, ça peut ressembler à quelque chose de très simple. » (p. 124) mais « On va essayer c’est tout. » (p. 127).
Mon passage préféré, c’est un souvenir d’enfance, lorsqu’un des frères de Liam s’est enfoncé un hameçon de pêche dans le doigt et que leur père (un homme violent) l’a puni et attaché dehors, enfin ce n’est pas ce moment affreux que j’aime, c’est la réflexion de Liam des années après. « Dans la nuit j’ai entendu rentrer mon frère. Il s’était bien charcuté pour enlever le crochet. Je crois qu’il ne s’est plus jamais blessé à la pêche et c’est devenu le meilleur d’entre nous. Seulement à part faire des souvenirs pas trop agréables et une cicatrice qui n’a jamais disparu, est-ce que ça valait le coup franchement, parce que si ça se trouve c’était de toute façon le plus doué et la punition du père n’y est pour rien. Ça ne me viendrait pas à l’esprit d’agir avec Aru de cette façon. Je m’impatiente et je m’énerve et pourtant je ne vais pas lever la main sur lui ça me paraît insensé, comme quoi on ne reproduit pas toujours ce qu’on a vécu. Ce n’est qu’un môme, il aura bientôt six ans et à cet âge-là on n’est pas prêt pour être un adulte. S’il perd du temps à regarder un papillon quand je l’envoie chercher de l’eau c’est qu’il est capable de poésie, cette poésie il la perdra bien assez vite tout seul, la vie s’en chargera et ce n’est pas la peine de l’engueuler. » (p. 138-139).
On était des loups est un roman noir, thriller, à la fois beau et terrible. Je ne sais pas si c’est la marque de fabrique de Sandrine Collette, c’est le premier roman d’elle que je lis, pourtant j’en ai beaucoup entendu parler et je l’ai même rencontrée en 2017 aux Quais du polar à Lyon. Il était donc temps que je lise un de ses romans ! Et je peux vous dire que j’ai été impressionnée, c’est coup de cœur. L’écriture, le style, le rythme, les personnages, l’histoire, la relation entre le père et le fils, la nature, tout m’a plu dans ce roman percutant et bouleversant. L’instinct maternel ou paternel n’est pas toujours inné… et comme le lecteur ne sait pas où il se situe dans le temps et dans l’espace, il est perdu et manque de repères (comme Liam ?) ce qui donne une sacrée immersion, bravo à Sandrine Collette ! Je lirai d’autres titres de cette autrice, je lis d’ailleurs en ce moment-même Animal et j’ai aussi emprunté Des nœuds d’acier, pour l’instant 😉
Ils l’ont lu et l’ont tous apprécié : Alex Mot-à-mots, Alice de Ça sent le book, Aude bouquine, Aurélie sur Aire(s) libre(s), Cannetille, CaroBookine, Céline de La parenthèse de Céline, Charlotte Parlotte, Ge de Collectif Polar, Joëlle, Kitty la Mouette, Krol Franca, Lilia Tak-Tak de La madeleine de livres, Lord Arsenik, Luciole, Mimi Pinson, Nathalie V., Pierre F. de Black Novel, Ray de Sang d’Encre Polars, Shangols (qui est plus critique), Yan de Encore du noir, Yvan de Brussel’s Boy, Yvan de Gruznamur, d’autres ?
Pour ABC illimité (lettre C pour nom), Les Dames en noir, Petit Bac 2022 (catégorie Animal pour Loups), Polar et thriller 2022-2023, Un genre par mois (en décembre, c’est histoire d’amour, il y a l’histoire d’amour entre Liam et Ava, et l’histoire d’amour entre un père et son fils).
Je crois qu’il va aller sur ma PAL
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Oh, tu fais bien, Un grain !!! Bonne soirée 🙂
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Il est dans ma PAL. J’aime beaucoup cette romancière !
Bisous !
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Quels titres as-tu déjà lu ? Bonne future lecture de On était des loups 🙂
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J’ai lu « Des Noeuds d’acier », « Un vent de cendres » et « Six fourmis blanches ».
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OK, hier j’ai lu Animal (très bien) et j’ai aussi emprunté Des nœuds d’acier mais pas les deux autres, une prochaine fois peut-être 😉
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« Des noeuds d’acier » et « Un vent de cendres » m’avaient vraiment tenue en haleine !
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Je note Un vent de cendres alors ! Bonne soirée et bonne dernière semaine de l’année 🙂
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J’en ai lu 3 et je crois que je n’adhère pas trop à son style.
« Un vent de cendres », je n’ai pas aimé du tout.
« Six fourmis blanches », oui.
« Et toujours les forêts », pas trop.
J’ai remarqué qu’elle emploie souvent « ça » ou « cela » en lieu et place d’un terme précis et qu’il manque parfois de la ponctuation.
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Merci pour ton retour, Philippe. Si j’ai bien compris, le manque de ponctuation pour On était des loups, c’est normal puisque l’autrice écrit comme Liam pense. Quant aux trois titres dont tu parles, je ne peux pas me prononcer car je ne les ai pas lus. Passe un bon weekend de Noël 🙂
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Eh bin il en a eu des critiques… à voir pour le lire… 😉
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Oui, il me semble que c’est la 1ère fois que je rajoute autant de liens ! Après avoir terminé ma note de lecture et avant de la publier, j’aime bien chercher qui d’autres a lu le livre (j’aime bien être dans le partage) mais parfois je n’ai pas le temps… Une autrice à lire assurément ! Passe un beau weekend de Noël 🙂
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Ma réservation à la bibli vient d’arriver, chouette ! J’ai lu les 4 premiers romans de Sandrine Collette, puis j’ai abandonné, je trouvais son univers vraiment trop noir. Celui-ci me donne envie de reprendre.
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Alors, bonne lecture, Aifelle, et bon weekend de Noël 🙂
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Ravie que cette auteure te plaise.
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Oui, Alex, et j’ai beaucoup aimé Animal aussi ; bonne dernière semaine de l’année 🙂
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Je suis absolument d’accord avec toi, avec ce que tu écris dans le dernier paragraphe de ton billet ! Pour moi aussi, c’était le premier livre de Sandrine Collette. Quelle claque ! J’ai adoré !
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Oh, ça ne m’étonne pas, Sandrine Collette a un style et un rythme excellents, des idées qu’elle développe super bien et elle crée de sacrés personnages !
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