La tour des Anges de Philip Pullman

La tour des Anges de Philip Pullman.

Folio Junior, n° 1052, octobre 2017 (nouvelle édition), 450 pages, 9,30 €, ISBN 978-2-07-509124-4. The Subtle Knife (1997) est traduit de l’anglais par Jean Esch.

Deuxième tome de la trilogie À la croisée des mondes qui m’a été envoyé par Lecteurs.com, merci !

Genres : littérature anglaise, littérature jeunesse, fantastique, science-fiction.

Philip Pullman [je remets ce que j’ai écrit pour Les royaumes du nord] naît le 19 octobre 1946 à Norwich dans le Norfolk en Angleterre. Son père étant pilote de la Royal Air Force, la famille le suit en Afrique (Rhodésie, Zimbabwe…) mais lorsque le père meurt dans un crash d’avion au Kenya en 1954, la mère et les deux garçons rentrent en Angleterre, et Philip et Francis grandissent chez leurs grands-parents à Norwich. Philip Pullman étudie à l’école bilingue Ysgol Ardudwy (Pays de Galles) puis à l’Université d’Oxford (Angleterre). Il devient professeur universitaire et se lance en littérature aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes (romancier, dramaturge). Plus d’infos sur son site officiel.

La lecture de ce deuxième tome, c’est tout nouveau pour moi puisque j’avais lu le premier tome il y a des années (peu de temps après sa parution) et j’avais vu le premier film mais je n’ai aucune idée de la suite. D’ailleurs, ça démarre avec un certain William (Will) Parry que je ne connais pas.

Will, 12 ans, laisse sa mère, prise de confusion mentale depuis que deux inconnus sont venus la harceler, chez madame Cooper, la professeure de piano. Deux hommes sont dans leur maison et l’un deux meurt en trébuchant sur le chat Moxie… Will s’enfuit avec le seul bien de sa mère, une écritoire en cuir vert qui contient des lettres, et part à la recherche de son père, disparu depuis dix ans. La seule chose que sa mère lui a dite est que « John Parry était un bel homme, un officier des Royal Marines, courageux et intelligent, qui avait quitté l’armée pour devenir explorateur et conduire des expéditions dans les endroits les plus reculés du globe. » (p. 20) mais Will n’a jamais trouvé aucune trace de lui. Par contre, il trouve une brèche et, en s’y cachant, il arrive dans un autre monde où il rencontre « Lyra Belacqua, surnommée Lyra Parle-d’Or par le roi Iorek Byrnison. » (p. 72). Cette ville, en bord de mer, abandonnée, c’est Cittàgazze et il y a des Spectres qui ont vidé les adultes de leur substance. « Peut-être une guerre dans les cieux parviendra-t-elle à chasser tous les Spectres de ce monde et à les renvoyer dans les enfers d’où ils sont sortis. Quel bienfait ce serait ! Nour pourrions enfin vivre heureux, libérés de cet effroyable fléau ! » (p. 185).

Pendant ce temps, madame Coulter complote avec des membres de l’Église et la sorcière Serafina Pekkala réunit un concile avec des sœurs, dont Ruta Skadi, qui elles aussi ont vu des horreurs faites aux enfants et à leur dæmon, et pour la première fois un homme y assiste, c’est Lee Scoresby.

Grâce à la brèche empruntée par Will, Lyra et Will vont dans le monde de Will pour effectuer chacun des recherches, Lyra sur la Poussière, ici appelées les Ombres avec le Dr Mary Malone, et Will pour découvrir des choses sur son père. Mais l’Oxford de Will est vraiment différent de l’Oxford de Lyra et les deux jeunes ne doivent pas se faire repérer, chacun pour des raisons différentes.

Il y a bien des dangers, les Spectres, le Couteau, madame Coulter, Lord Boreal… Dans ce deuxième tome, le lecteur suit particulièrement Lyra, Will et Lee Scoresby, les sorcières menées par leur reine Serafina Pekkala, le Dr Mary Malone, Marisa Coulter, et ce sur au moins trois mondes. « Lee sentit son moral remonter en même temps que son ballon. Un jour, il avait dit à Serafina Pekkala que voler ne l’intéressait pas, ce n’était qu’un métier pour lui, mais il n’était pas sincère en disant cela. S’élever dans les airs, avec un vent propice dans le dos, et devant soi, un nouveau monde : que pouvait-il y avoir de meilleur dans la vie ? » (p. 290). L’aléthiomètre est toujours là mais l’objet principal ici est le poignard subtil et il est question de l’Æsahahættr (un être humain, un objet, un Ange ?).

Que d’aventures dans cette Tour des Anges ! Un tome dense, avec de nouveaux personnages, plein de dangers et d’imaginaire à la fois fantastique et science-fiction ! Les lecteurs apprennent de plus en plus de choses de plusieurs personnes différentes et se sentent un peu privilégiés car ils en savent plus que Lyra et Will réunis. D’ailleurs, au contact de Will, Lyra a mûri, elle s’est radoucie, en un mot elle est moins arrogante. Cependant, l’histoire s’éparpille peut-être un peu mais bon… Prêts pour le tome 3, pour le combat impitoyable entre les différentes forces ?

Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 11, un livre avec une couverture bleue, 3e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 12, un livre avec une plante sur la couverture, il y a 4 palmiers et plusieurs arbres), Contes et légendes 2023 (dæmons, sorcières, Anges, autres mondes…), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Bâtiment pour Tour, 2e billet), Un genre par mois (en février, c’est toujours drame) et Voisins Voisines 2023 (Angleterre).

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Monsieur Han de Hwang Sok-Yong

Monsieur Han de Hwang Sok-Yong.

Zulma, janvier 2017, 144 pages, 9,95 €, ISBN 978-2-84304-786-2. Je l’ai lu en poche : 10/18 (plus au catalogue), collection Domaine étranger, n° 3724, août 2004, 128 pages, 9,99 €, ISBN 2-264-03987-6. 한씨 연대기 (Hanssi yeondaegi, 1970) est traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet.

Genres : littérature coréenne, roman, Histoire.

Hwang Sok-Yong naît le 4 janvier 1943 à Zhangchun, dans une famille coréenne exilée en Mandchourie (occupée par les Japonais). Il étudie la philosophie à l’université Dongguk (Séoul). Il se rend à Pyongyang, se bat au Sud Viêt-Nam, voyage en Allemagne, aux États-Unis puis retourne à Séoul en 1993 où il est emprisonné. Il est romancier et nouvelliste (une dizaine de ses œuvres est traduite en français).

Lecture commune avec Maggie, entre autres, mais j’avais oublié…

Le vieux Han vit seul dans une chambre au deuxième étage d’une maison et il aide un peu le croque-mort mais un soir il tombe dans les escaliers en rentrant et les voisins doivent l’aider car il est dans un état grave. Madame Min aimerait, après sa mort, récupérer la chambre. Chambre que madame Byon veut aussi. « Les Byon vont pas être contents… J’ai pourtant pas envie de me les mettre à dos en ce moment. Va falloir négocier sans les fâcher… Tout ça pour une chambre minuscule ! » (le mari de madame Min, p. 24).

Flashback. Han Yongdok exerce à l’hôpital et il est professeur de gynécologie à l’hôpital universitaire de Pyongyang. Il n’est pas mobilisé mais il est tout de même inquiet… « Il vivait dans l’angoisse de perdre son poste et d’être remplacé par quelque jeune loup solidement endoctriné, à la tête bourrée de certitudes. » (p. 31). Finalement, avec deux collègues, il est nommé à l’Hôpital du Peuple. « Tâchez de vous rendre utiles au Parti, rachetez vos fautes par le travail. […] Consacrez-vous au salut du peuple. » (p. 35). Mais l’hôpital bombardé est en partie détruit et « Les quelques médecins qui travaillaient là devaient soigner des malades par milliers, sans médicaments, sans matériel. » (p. 36). C’est que « Le pays était ravagé. » (p. 51).

Malheureusement, lorsque Han passe au sud, il doit abandonner sa famille, sa vieille mère, son épouse, leur fils et leur fille. À Séoul, il est considéré comme un espion, abusé par deux faux médecins qui ont besoin de s’associer avec lui pour légitimer leur clinique, etc. Il est finalement arrêté sur dénonciation mensongère et transféré à la prison de Séoul. Han Songsuk, sa sœur qui est veuve et qui élève seule ses enfants, fera tout son possible pour le faire innocenter et libérer mais elle est, comme son frère, confrontée à une dure réalité.

Monsieur Han paraît d’abord en feuilleton en 1970 puis est édité en 1972. L’auteur – qui se qualifie de « réaliste idéaliste » – l’imagine plus comme une chronique que comme un roman « afin de souligner l’authenticité des faits décrits » (préface, p. 5). L’auteur raconte tout, avec précision mais en peu de mots, la division nord sud, la guerre, les gens déracinés dans leur propre pays, les suspicions d’espionnage vis-à-vis des réfugiés du nord au sud… Tout cela est tragique. Hwang Sok-Yong décrit bien ses personnages et les situations mais il ne peut rien faire contre l’Histoire. Car Monsieur Han, c’est l’oncle maternel de l’auteur, médecin mort dans la misère à cause de sa naïveté, de sa sincérité… Mais pour cela, c’est aussi toutes les victimes de ce conflit nord-sud et de ses terribles suites. J’ai eu l’impression de lire du Zola ou du Dickens mais transposés en Corée, vous voyez ce que je veux dire.

Un auteur à découvrir absolument et, de mon côté, je lirai d’autres titres. En avez-vous un à me conseiller (pour plus tard) ?

Pour ABC illimité (lettre M pour titre), Challenge lecture 2023 (catégorie 39, un livre d’un auteur coréen), Tour du monde en 80 livres (Corée du nord) et Un genre par mois (décidément, j’en ai lu des drames en ce mois de février).

Électre à La Havane de Leonardo Padura

Électre à La Havane de Leonardo Padura.

Métailié [lien vers l’édition poche], collection Suites, avril 1998, 230 pages, 8,54 €, ISBN 978-2-86424-323-7. Máscaras (1997) est traduit de l’espagnol (Cuba) par René Solis et Mara Hernández.

Genres : littérature cubaine, roman policier.

Leonardo Padura naît le 9 octobre 1955 à La Havane à Cuba. Il étudie la littérature hispano-américaine et le latin à l’Université de La Havane. Il est journaliste, critique littéraire, scénariste et activiste. Il commenc à écrire des romans policiers (avec le lieutenant Mario Conde, entre autres) dans les années 1990. Máscaras reçoit le Prix Café Gijon 1995 et le Prix Hammet 1998. Malheureusement je n’ai pas pu avoir Pasado perfecto (1991) et Vientos de cuaresma (1994) qui sont les deux premiers tomes de la série Mario Conde – Les quatre saisons, Máscaras (1997) étant le troisième et Paisaje de otoño (1998) le quatrième.

Déjà, je tiens à vous dire que je ne suis pas sûre d’avoir déjà lu Leonardo Padura mais je pense que c’est sûrement mon premier titre de lui. Je suis prise dès le début par sa description de la ville, des gens et des animaux avec la chaleur et la poussière de ce mois d’août 1989. « La chaleur écrase tout, tyrannise le monde, ronge ce qui peut être sauvé et ne réveille que les colères, les rancunes, les envies, les haines les plus infernales, comme si son but était de hâter la fin des temps, de l’histoire, de l’humanité et de la mémoire… » (p. 13). D’où l’affreux crime commis ?

Bien que suspendu parce qu’il s’est bagarré avec un autre lieutenant, le lieutenant Mario Conde doit s’occuper d’une enquête : un travesti, Alexis Arayán Rodríguez, a été retrouvé mort dans le Bois de la Havane. Le rouge (la longue robe, le châle, le rouge à lèvres et le vernis à ongles) interpelle Conde. Pourquoi la victime ne s’est-elle pas défendue ? « Alors, il n’y a pas eu de lutte ? – S’il y en a eu, ça s’est passé seulement en paroles. On ne voit apparemment aucune traces sur les ongles du mort. Je te ferai un rapport pour confirmer… Mais il y a un autre mystère : l’assassin a commencé par traîner le cadavre dans cette direction, tu n’as qu’à regarder l’herbe, comme s’il allait le jeter dans le fleuve… Mais il l’a tout juste déplacé de deux mètres. Pourquoi ne l’a-t-il pas jeté dans la rivière si c’est la première chose à laquelle il a pensé ? » (p. 35).

L’assassin est-il Alberto Marqués Basterrechea, l’ami chez qui Alexis habitait ? « homosexuel avec une longue expérience de prédateur, politiquement apathique, idéologiquement tordu, être conflictuel et provocateur, attiré vers l’étranger, hermétique, précieux, consommateur potentiel de marihuana et d’autres drogues, protecteur de pédés paumés, homme à la filiation philosophique douteuse, petit-bourgeois rempli de préjugés de classe, selon la classification sans appel d’un manuel moscovite d’évaluation des techniques et procédés d’un réalisme socialiste… Cet impressionnant curriculum vitae était l’aboutissement des rapports écrits, conjugués, résumés et même cités textuellement, de plusieurs informateurs […]. » (p. 41). Cet Alberto Marqués est surtout dramaturge, metteur en scène et jeté aux gémonies depuis la révolution cubaine.

Je note dans ce roman beaucoup de souvenirs, de nostalgie tant du côté de Conde que des autres personnages. Par exemple, Marqués raconte un voyage à Paris durant lequel il a aperçu un travesti tout en rouge ce qui lui a donné l’idée de la robe rouge pour le rôle d’Électra Garrigó (d’où le titre) en 1971. Or, Alexis était bien homosexuel mais il n’était jamais sorti dans la rue habillé en femme, « Il était trop timide et cérébral pour cela, et plutôt refoulé […] je n’aurais jamais imaginé qu’il eut l’audace nécessaire pour se travestir » (p. 53). C’est que les personnages de la génération de Conde ont vu leur destin brisé par la guerre ou la politique, par exemple Conde aurait voulu devenir écrivain mais le club de son lycée a été fermé car il ne correspondait pas aux valeurs socialistes. Les choses ont bien changé (quoique…) et j’ai eu l’impression que l’auteur réglait certains comptes (mais je ne connais pas assez son œuvre pour en être sûre).

Néophyte en la matière, j’ai appris en même temps que Conde les rudiments du transformisme et aussi de la Transfiguration qui est tout autre chose. En tout cas, ce roman policier est aussi un roman sexuel, social et politique. Ce qu’il y a de bien avec les masques, c’est qu’on peut en changer mais… attention quand ils tombent !

J’ai repéré quelques fautes… « un tremblement fugace dans les mains de la noire quand qu’elle les approcha » (p. 39, « Un amis l’a appris » (p. 44), « s’ils étaient prêts réviser leur attitude dans l’avenir » (p. 106), « C’est l’intérêt qui te faire dire ça » (p. 132), « il ne sait pas comment tout cela arrivé » (p. 214).

Je lirai d’autres titres de Leonarda Padura, sans urgence, mais si vous avez un titre précis à me conseiller !?

Bon, petit problème : en février c’est le Mois du polar et le Mois Amérique latine mais, prise par mon travail et le quotidien, j’ai laissé passer la première semaine de février puis je n’ai rien lu pour ces deux mois durant plus de dix jours alors il est temps que je m’y mette avant le 28 et le meilleur moyen, c’est de faire d’une pierre deux coups avec un roman policier d’Amérique latine ! J’ai même emprunté un deuxième livre (un roman policier chilien) au cas où j’ai aussi le temps de le lire.

Cette lecture entre aussi dans ABC illimité (lettre L pour prénom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case 19, un livre qui se passe sur une île), Challenge lecture 2023 (catégorie 8, un roman dont l’histoire se passe sur une île), Petit Bac 2023 (catégorie Lieu pour La Havane), Polar et thriller 2022-2023, Tour du monde en 80 livres (Cuba) et Un genre par mois (je n’ai lu que des drames pour ce challenge en février).

La baleine tatouée de Witi Ihimaera

La baleine tatouée de Witi Ihimaera.

Au vent des îles, 1er trimestre 2022, 180 p, 17 €, ISBN 978-2-36734-431-7. Paï, The Whale Rider (1987) est traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Mireille Vignol.

Genres : littérature néo-zélandaise, roman, légende.

Witi Ihimaera naît le 7 février 1944 à Gisborne en Nouvelle-Zélande. Il est Maori et son nom complet est Witi Tame Ihimaera-Smiler. Il étudie à l’Université Victoria de Wellington et devient diplomate (dans les années 1970) puis se lance dans l’écriture de nouvelles et de romans donc certains sont adaptés au cinéma. Seuls trois de ses titres sont traduits en français : Tangi (1973-1988), Paï (1987-2003) et Bulibasha (1994-2009).

Introduction : « Cette histoire se passe à Whāngārā, sur la côte est de la Nouvelle-Zélande, où Paikea est le tipuna, l’ancêtre. Cependant, l’histoire, les personnages et les événements décrits dans ce roman sont entièrement imaginaires et en se basent aucunement sur des gens de Whāngārā. »

« Dans les temps anciens, dans les années qui nous ont précédés, la terre et la mer éprouvèrent un sentiment de grand vide et d’ardent désir. » (p. 13). Et, un jour, des pirogues sont arrivées avec des humains alors la terre et la mer sont ravies. « Nous sommes découvertes. La nouvelle va remonter jusque chez les Anciens. La bénédiction ne tardera plus. » (p. 14). Puis une forme sombre, brisant la surface, fusant vers le ciel et plongeant dans l’eau « ébranla terre et mer. […] C’était un tohorā. Une baleine gigantesque. Un monstre marin. […] elle portait le signe sacré : un moko en forme de spirale sur son front. » (p. 15, un moko est un tatouage) et « à califourchon sur la tête de la bête » (p. 15), un homme brun foncé, tatoué, un dompteur de baleine, « tāngata, l’être humain. » (p. 16), un homme qui s’appelle Kahutia Te Rangi et qui devient l’ancêtre du village.

Court chapitre en italique. Un millier et quelques centaines d’années après. « Péninsule Valdès, en Patagonie. Te Whiti Te Ra. La crèche, le berceau des cétacés. » (p. 19). Un baleineau orphelin se lie d’amitié avec un humain.

De nos jours (plus ou moins, plutôt fin des années 1980). Lorsque naît Kahu, Koro Apirana, le grand-père, est dégoûté : « Une fille, […]. Je ne veux pas en entendre parler. Elle a rompu la lignée masculine de notre tribu. » (p. 21). La grand-mère, Nani Flowers, descendante de la légendaire Muriwai, est elle très contente. D’ailleurs, il n’est pas vraiment interdit de transmettre le pouvoir à une fille puisque dans « la coutume māori, les rênes du pouvoir sont héréditaires, [mais] le prestige, le mana se transmet de fils aîné à fils aîné. Sauf que, dans ce cas précis, le fils aîné était une fille aînée. » (p. 23). Mais ce qui met plus en colère Koro Apirana, c’est que leur petit-fils, Porourangi, décide de l’appeler Kahu en hommage au grand ancêtre.

Court chapitre en italique. À quatre cent lieues de l’île de Pâques, à Te Pitoo te Whenua, un groupe de baleines doit protéger les baleineaux d’un groupe d’humains.

Cette histoire vous dit quelque chose ? Normal, ce classique (contemporain) de la littérature néo-zélandaise a été adapté au cinéma : Paï, l’élue d’un peuple nouveau réalisé par Niki Caro en 2002.

Un nouveau challenge

Le narrateur de ce roman est Rawiri, un oncle de Kahu, il a 8 ans de plus qu’elle. Il raconte que Kahu adorait son arrière-grand-père mais lui ne l’aimait pas… Il raconte aussi les traditions, les légendes et dit que la transition du peuple māori pour le XXIe siècle doit se faire d’un coup et que ce n’est pas évident. « Notre peuple sera-t-il préparé à relever les nouveaux défis et à s’adapter aux nouvelles technologies ? Et dans quelle mesure restera-t-il māori ? » (p. 78).

Un roman légende, un roman monde, à lire absolument si vous voulez savoir comment les māoris ont traversé « Te Monoa Nui a Kiwa, le vaste océan de Kiwa. » (p. 38) d’est en ouest pour arriver sur cette île de Nouvelle-Zélande, Aotearoa, le pays du long nuage blanc (ça me fait penser à Le pays du nuage blanc de Sarah Lark lu en 2013) et comment les baleines font vivre le monde y compris celui des humains. C’est beau, c’est poétique, il y a même quelques moments humoristiques. Je vous conseille aussi Histoire d’une baleine blanche de Luis Sepúlveda si les mythes et les légendes sur les baleines vous fascinent.

Deux passages que j’ai particulièrement appréciés. Lorsque Rawiri part avec un ami en Papouasie Nouvelle Guinée (p. 73-76), c’est qu’on sait tellement peu de choses sur ce pays d’Océanie. Et « Sous l’eau, un coup de tonnerre étouffé retentit comme un portail s’ouvrant dans le lointain. La mer s’emplit soudain d’un chant bouleversant, qui contenait l’éternité. Puis la baleine fendit les flots, l’homme à califourchon sur sa tête. Quelle vision extraordinaire que ce dompteur de tohorā. » (p. 105). Et il y a des moments vraiment très émouvants.

Pour ABC illimité (lettre W pour prénom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 19, un livre qui se passe sur une île, ici la Nouvelle-Zélande), Challenge lecture 2023 (catégorie 14, un livre dont la couverture est en noir et blanc), Contes et légendes #5 (légendes maories), Lire (sur) les minorités ethniques (les Maoris), Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Baleine), Tour du monde en 80 livres (Nouvelle-Zélande) et Un genre par mois (en février, drame).

Les royaumes du nord de Philip Pullman

Les royaumes du nord de Philip Pullman.

Folio Junior, n° 1051, octobre 2017 (nouvelle édition), 528 pages, 10,30 €, ISBN 978-2-07-509123-7. Northern Lights (1995) est traduit de l’anglais par Jean Esch.

Premier tome de la trilogie À la croisée des mondes qui m’a été envoyé par Lecteurs.com, merci !

Genres : littérature anglaise, littérature jeunesse, fantastique, science-fiction.

Philip Pullman naît le 19 octobre 1946 à Norwich dans le Norfolk en Angleterre. Son père étant pilote de la Royal Air Force, la famille le suit en Afrique (Rhodésie, Zimbabwe…) mais lorsque le père meurt dans un crash d’avion au Kenya en 1954, la mère et les deux garçons rentrent en Angleterre, et Philip et Francis grandissent chez leurs grands-parents à Norwich. Philip Pullman étudie à l’école bilingue Ysgol Ardudwy (Pays de Galles) puis à l’Université d’Oxford (Angleterre). Il devient professeur universitaire et se lance en littérature aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes (romancier, dramaturge). Plus d’infos sur son site officiel.

Jordan College, Oxford. Lyra, 11 ans, et son dæmon Pantalaimon (Pan) sont entrés dans le Salon où ne se réunissent que des hommes, les Érudits. Pris au piège, ils se cachent et voient le Maître verser de la poudre dans la carafe de Tokay 1898 destinée à Lord Asriel. « En fait, elle était surtout inquiète, mais pas pour elle-même. À force de se trouver dans des situations délicates, elle avait fini par s’y habituer. Non, cette fois, elle s’inquiétait au sujet de Lord Asriel, et se demandait ce que tout cela signifiait. Ce n’était pas souvent qu’il venait ici au Collège, et le fait que sa visite ait lieu en période de fortes tensions politiques indiquait qu’il ne venait pas seulement pour manger, boire et fumer avec quelques vieux amis. Elle savait que Lord Asriel et le Maître étaient l’un et l’autre membres du Conseil du Cabinet, l’organe consultatif particulier du Premier Ministre ; mais les réunions du Conseil se déroulaient au Palais, et non pas dans le Salon de Jordan College. » (p. 19-20). Lyra ne peut pas laisser son oncle se faire empoisonner !

En prévenant son oncle in extremis, Lyra lui sauve la vie mais elle voit les photos qu’il montre aux Érudits et elle veut aller avec lui dans le Grand Nord ! « Je veux voir les Lumières du Nord, les ours et les icebergs, et tout le reste. Je veux savoir ce qu’est cette Poussière. Et cette ville flottante. Est-ce un autre monde ? » (p. 43). Vous pensez bien que Lord Asriel refuse.

Ce roman se déroule dans notre monde mais pas vraiment notre monde, un monde imaginaire avec des petits côtés steampunk, fantastique, science-fiction et évidemment beaucoup d’aventures. Par exemple, il y a, dans le royaume de Britannia, entre autres une Cour de Discipline Consistoriale, un Conseil d’Oblation, un Magisterium, un pape Jean Calvin qui a « transféré le siège de la Papauté à Genève » (p. 45), une théorie Barnard-Stokes, « deux théologiens renégats qui posèrent comme hypothèse l’existence de nombreux autres mondes semblables à celui-ci, ni ciel ni enfer, mais des mondes matériels souillés par le péché. Tout proches de nous, mais invisibles et inaccessibles. La Sainte Église a tout naturellement réfuté cette hérésie abominable, et Barnard et Stokes furent réduits au silence. » (p. 46), des mondes parallèles donc. Et Lyra, sans le savoir, est déjà mêlée à tout ça mais contrairement aux apparences, le Maître et le Bibliothécaire de Jordan College font tout pour la protéger le plus longtemps possible.

Roger, le meilleur ami de Lyra, est un marmiton avec qui Lyra s’amuse beaucoup (escalades des toits du Collège, crachats de noyaux de prunes, imitations, courses folles, vols à l’étalage et petites bagarres entre bandes rivales). Mais une femme avec un singe doré enlève les enfants prépubères dans plusieurs villes ; les habitants les appellent les Enfourneurs et personne ne revoit jamais les enfants. Pour Lyra, ce n’était qu’une rumeur jusqu’à ce que des enfants – dont Roger – disparaissent à Oxford…

Quand Lyra fait la connaissance de madame Coulter, elle ne sait pas que c’est cette femme et son singe doré qui enlèvent les enfants… Elle doit partir avec elle et elle en est ravie, quelle aventure ! Mais avant le départ, le Maître lui remet un genre de boussole, en fait un aléthiomètre, « Il n’en existe que six dans le monde, celui-ci est l’un deux. Je te le répète, Lyra : ne le montre à personne. Il serait même préférable que Mme Coulter ne le voie pas. Ton oncle… […] Ça sert à dire la vérité. Mais pour savoir comment le lire, tu devras apprendre par toi-même. Va-t-en maintenant… le jour se lève. […] Lord Asriel a présenté cet instrument à Jordan College il y a quelques années. Peut-être pourra-t-il… […] Fais vite, petite, dit-il à voix basse. Les forces de ce monde sont très puissantes. Les hommes et les femmes obéissent à des courants beaucoup plus féroces que tu ne peux l’imaginer, qui nous balayent et nous entraînent malgré nous. Va, Lyra, que Dieu te protège. Et surtout, garde tes pensées pour toi. » (p. 100-101).

Et voici Lyra lancée dans le monde, à Londres où madame Coulter connaît « beaucoup de gens différents, qu’elle rencontrait dans toutes sortes d’endroits » (p. 110), des explorateurs, des militaires, des Skraelings, des scientifiques, des politiciens… Lyra découvre les grands magasins, les salons de thé, le théâtre… et madame Coulter lui enseigne tout ce qu’une jeune fille doit savoir, bref une vie trépidante, « élégante et raffinée » (p. 115) mais manquant cruellement de liberté. Lyra et Pan s’enfuient mais la ville de Londres est dangereuse et elle obtient le secours de gitans qui sur leur péniche se rendent à Byanplats dans les Fens mais je ne vous en dis pas plus car Lyra et Pan ont encore beaucoup de choses à vivre et à découvrir.

Je rajoute simplement que l’ours Panserbjorn sur la couverture, c’est Iorek Byrnison. Les gitans et Lyra sont aussi accompagnés de Lee Scoresby, un voyageur qui a un ballon dirigeable. Tous se dirigent vers Bolvangar dans le Grand Nord.

Deux ans avant la parution du premier tome de Harry Potter, voici le premier tome de la trilogie de Philip Pullman. Un tome plein, non pas vraiment de magie, mais de questionnements sur la vie, la parentalité, le passage à l’âge adulte, le pouvoir, la religion (le péché originel), la philosophie, l’avenir, et un mélange de science-fiction (technologie, steampunk, Poussière ou particules élémentaires inconnues, univers parallèles…) et de fantastique (dæmons, animaux qui parlent, ours en armures, sorcières…). Et bien sûr de l’aventure, de l’amitié, du courage et des dangers ! Je situerais le roman début du XXe siècle avec les grandes expéditions dans le nord mais l’auteur n’en dit rien, ce n’est donc qu’une supposition. En tout cas, Lyra – et les lecteurs captivés – vont de rebondissements en révélations dans ce premier tome foisonnant et passionnant ! Attention froid glacial dans le Grand Nord alors un feu de cheminée ou un plaid sont les bienvenus ! Les descriptions sont géniales et mes deux personnages préférés sont le dæmon Pantalaimon et l’ours Iorek Byrnison mais tous les personnages ont leurs particularités et l’auteur les a très bien élaborés.

Je suis très contente d’avoir relu Les royaumes du nord et je vais enfin pouvoir lire la suite !

Pour ABC illimité (lettre P pour prénom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 11, une couverture bleue), Challenge lecture 2023 (catégorie 40, un livre dont la couverture est un dessin), Contes et légendes 2023 (légendes du Nord, dæmons, sorcières…), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Lieu pour Nord), Un genre par mois (en février, drame) et Voisins Voisines 2023 (Angleterre).

Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi

Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi.

Delcourt / Akata (plus au catalogue), avril 2007, 192 pages, 7,95 €, ISBN 978-2-7560-0311-5. Ryôsanpaku to Shukeidai (Kadokawa Shôten, 1992) est traduit du japonais par Yuki Kakiichi et adapté par Laurence Gillet.

Genres : manga, seinen.

Natsuki Sumeragi 皇名月 (ou 皇なつき pour signer ses mangas) naît le 21 août 1967 à Ôsaka au Japon. Elle étudie la littérature japonaise à l’Université de Ritsumeikan à Kyôto. Elle est passionnée par la Chine et la Corée et ses dessins sont extraordinaires par rapport au contexte historique et culturel (kimonos, décors…). J’ai ses autres titres, La voix des fleurs (花情曲 ou はなのこえ, Hana no koe, 1991), Intrigues au pays du matin calme (李朝・暗行記 ou りちょうあんぎょうき, Richô Angyouki, 1993), Pékin années folles (燕京伶人抄, Peking reijin shô, 1995) et Un destin clément (恋泉 花情曲余話, Rensen Hana no koe yowa, 1998), ce qui est dommage c’est qu’ils n’existent plus chez l’éditeur… Plus d’infos sur son blog (plus mis à jour).

L’histoire du temple Shuzen – d’après L’histoire du temple Shuzen de Kidô Okamoto (1872-1939), auteur de Fantômes et samouraïs – Hanshichi mène l’enquête à Edo, entre autres. Fin du XIIe siècle, des combats sanglants éclatent entre les samouraïs. Katsura et Kaede, deux sœurs, filles du sculpteur Yashaô d’Izu, se chamaillent. Kaede a épousé l’artisan qui seconde son père mais Katsura rêve d’un mariage avec un noble. C’est à ce moment-là qu’arrive le Shogun Yori-ié Minamoto, 23 ans : il a commandé un masque en bois à Yashaô mais celui-ci tarde à arriver… « J’ai sculpté sans relâche mais jusqu’à présent les résultats n’ont pas été satisfaisants… […] Un masque demande plus que de la technique ! Il s’agit d’y mettre de l’âme ! » (p. 13). Katsura, sous le charme du noble accepte d’être à son service mais… Celui-ci est tourmenté, il a peur de la mort. Katsura et Yori-ié pourront-ils s’aimer ? « Je ne pensais pas que les personnes de haut rang souffraient autant. » (p. 44). Ce conte japonais est une belle histoire d’amour tragique, inspirée de faits (plus ou moins) réels puisque le masque est devenu le trésor du temple Shuzen.

L’ogre de Sôzudono – « Grand frère, tout le monde sait qu’un ogre habite Sôzudono, ce n’est pas une plaisanterie ! » (p. 72). Le grand-frère réprimande Munechika, quelle idée pour un jeune homme de croire ce genre d’absurdités ! Mais il est embarqué un peu à l’insu de son plein gré par Munechika et ils vont tous deux à Sôzudono… pour y trouver leur destin. Une histoire d’amour, de jalousie et de haine entre deux frères, l’aîné ayant plus de droits (et de devoirs) que son jeune frère (et, à notre époque, rien n’a changé, rien de nouveau sous le soleil comme on dit).

Romance d’Outre-Tombe – d’après La romance de Liang Shanbo et Zhu Yingtai (梁山伯与祝英台, en pinyin liáng shānbó yŭ zhù yīngtái, parfois traduit par Les amants papillons, du fait de la traduction anglaise Butterfly Lovers). Cette légende chinoise est un genre de Roméo et Juliette antique, présentée au classement de l’UNESCO dans l’objectif d’entrer à son répertoire du patrimoine oral et immatériel en 2006 (source Wikipédia). Ying-tai, 16 ans, ne va pas bien mais le médecin dit qu’elle n’a aucun problème de santé. Un ‘devin réputé’ dit à son père qu’elle devrait aller à Hang-zhou. « Si vous la laissez partir, elle échappera à un destin tragique. » (p. 100). Le père accepte – un de ses vieux amis, He Tian-you, y tient une école – mais Ying-tai doit absolument revenir au bout d’un an et personne ne doit découvrir son identité. Elle se fait alors passer pour un homme et part avec sa servante, Yin-xin, qu’elle fait passer pour sa jeune sœur qui l’accompagne. Dans une auberge, elle rencontre un beau jeune homme – qui l’intimide – et ils font route ensemble. « Qui sont ces deux-là ? – Ah, eux deux ! Ce sont Liang Shan-bo et Zhu Ying-tai. Ils sont arrivés en même temps à l’école de Maître He l’année dernière. Il paraît qu’ils se sont rencontrés pendant leur voyage et ont sympathisé, depuis ils sont inséparables comme des frères. » (p. 109). Mais l’année est passée et Maître He oblige Ying-tai à rentrer, or son père veut la marier… Une très belle histoire d’amour, romantique et… tragique bien sûr.

En fin de volume, un Livre des merveilles du monde regroupe une postface illustrée de la mangaka et des clés de compréhension sur le Japon et la Chine antiques et médiévales. Les trois histoires sont évidemment dramatiques : il y a Outre-Tombe dans le titre, ce qui veut tout dire mais elles sont agréables à lire non seulement grâce aux superbes dessins de Natsuki Sumeragi mais aussi grâce aux textes épurés, centrés sur le nécessaire pour le format court et avec une pointe de fantastique. À découvrir assurément !

Pour La BD de la semaine spéciale Bulles d’amour (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges 2023 en classiques, ABC illimité (lettre R pour titre), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD ou un manga, 4e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 30, une BD qui est l’adaptation d’un roman), Contes et légendes #5, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Un genre par mois (en février, du rire aux larmes, amour et drame).

Le chant des baleines de Baudoin

Le chant des baleines de Baudoin.

Dupuis (plus au catalogue), collection Aire Libre, janvier 2005, 56 pages, 12,94 €, ISBN 2-8001-3676-6.

Genres : bande dessinée française.

Edmond Baudoin naît le 23 avril 1942 à Nice. Il abandonne une carrière dans la comptabilité pour se lancer dans la bande dessinée dans les années 1970 (dans des magazines tels Le canard sauvage, Circus, Pilote, L’écho des savanes) mais sa première bande dessinée, Civilisation, ne paraît qu’en 1981 chez Glénat ainsi que Les sentiers cimentés (1981), Passe le temps (1982), La peau du lézard (1983), Un flip coca (1984), Un rubis sur les lèvres (1986), Le premier voyage (1987), Le portrait (1990), Couma acò (1991), etc. chez Futuropolis puis il est édité par de petits éditeurs alternatifs. Au Festival d’Angoulême, il reçoit l’Alph-Art du meilleur album en 1992 pour Couma acò, l’Alph-Art du meilleur scénario en 1997 pour Le voyage et en 2001 pour Les quatre fleuves.

Un homme marche le long du port, observant les bateaux et réfléchissant. « Je n’ai rien appris de plus que ce que je savais quand j’ai quitté mon village. Mais je ne sais plus comment faire machine arrière. Trop de temps a passé. » (p. 7).

Des souvenirs remontent à la surface, un jeune homme sur un bateau, des femmes à Québec, à Chicago, un homme esseulé et insomniaque à Paris…

Il cherche une note, peut-être celle du chant des baleines… « Quelle musique ? Comment trouver sa note dans cette cacophonie ? Et surtout pourquoi essayer ? » (p. 9). Car que sont devenus les personnes qu’il a rencontrées ? « Que sont devenues mes amours ? Julie, Marion, Mathilde. Les ai-je fuis elles aussi ? Pour aller où ? Ici ? » (p. 29).

Il rencontre une jeune femme à la gare mais elle ne reste pas avec lui et continue son chemin en direction de la montagne. Plus il marche, plus le monde semble détruit, c’est qu’il se rappelle Beyrouth en 1987, le Michigan en 2000… Puis il rencontre un couple de vieux en haut de la montagne et ils lui offrent une soupe et la recette de la tarte aux myrtilles… Ils veulent entendre parler de la ville, « Parlez-nous de la vie. » (p. 42).

Mais lui veut aller au sommet du col de montagne, il a besoin de savoir ce qu’il y a de l’autre côté.

Après avoir voyagé dans le monde entier et avoir fait de nombreuses rencontres, cet homme, un musicien, se retrouve seul et il ne cherche pas sa voie mais sa note, désespérément. La vie est-elle faite de rencontres, d’incertitudes et de questionnements ?

Le dessin de Baudoin est spécial, charbonneux, détaillé (dessiné au pinceau si j’ai bien compris) mais le texte est plutôt poétique, intimiste voire métaphysique. En un mot, cette bande dessinée est un voyage à elle seule ! En consultant les autres titres de Baudoin, j’ai l’impression que je n’ai jamais lu cet auteur dessinateur auparavant, une lacune comblée donc et je lirai assurément d’autres titres !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et les challenges ABC illimité (lettre E pour prénom), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD), Challenge lecture 2023 (catégorie 28, un livre sans happy end), Les départements français en lectures (Alpes Maritimes), Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Baleines) et Un genre par mois (en février, du rire aux larmes, drame).

En un combat douteux… de John Steinbeck

En un combat douteux… de John Steinbeck.

Folio, n° 228, octobre 1972, 384 pages, 9,20 €, ISBN 978-2-07036-228-8. In Dubius Battle (1936) est traduit de l’américain par Edmond Michel-Ty.

Genres : littérature états-unienne, roman social, drame.

John Steinbeck naît le 27 février 1902 à Salinas en Californie (États-Unis). Son père est d’origine allemande et sa mère d’origine irlandaise. Comme l’été, il travaille dans les ranchs voisins, il découvre la vie des travailleurs agricoles itinérants et leurs difficultés. Il étudie la littérature anglaise à l’Université Stanford à San Francisco. Il a une vie riche en expériences professionnelle et humaine. Il écrit plusieurs romans et nouvelles (prix Nobel de littérature en 1962) ainsi que des récits et reportages. Il meurt le 20 décembre 1968 à New York.

Années 1930, États-Unis. Après avoir perdu son père et sa mère, avoir fait de la prison injustement, Jim Nolan abandonne tout et décide d’entrer au parti. « J’ai coupé les ponts entre moi et mon passé. Je veux commencer une nouvelle vie. » (p. 18). Jim veut faire quelque chose d’utile, quelque chose qui ait un sens, ne plus être une victime. Il rejoint la planque de Mac et devient dactylographe mais ce qu’il veut, c’est « être envoyé en mission de propagande » (p. 35).

Sa première mission sera justement avec Mac, grimper dans le wagon vide d’un train de marchandises, récolter des pommes dans la vallée de Salinas en Californie, organiser les ouvriers mal payés, et au passage aider à un accouchement. « […] il y en a trop qui ont crevé de faim […] ; peut-être trop de patrons qui on exploité leurs ouvriers. Je ne sais pas. Je sens ça sous ma peau. » (le vieux Dan, p. 78).

Les ouvriers agricoles, mécontents de la baisse des salaires pour la récolte des pommes, savent que ce sera pire pour la récolte du coton qui vient après, ils commencent à parler, la tension monte… d’autant plus que le vieux Dan, 71 ans, est tombé d’une échelle dont deux barreaux se sont cassés (c’est ça le matériel qu’on leur donne pour travailler ?).

Mac, sous prétexte d’organisation, n’hésite pas à jeter de l’huile sur le feu, à considérer les dommages collatéraux comme normaux… Je comprends le combat social qu’ont mené ces hommes mais ils se fichaient complètement des pertes humaines, seul le résultat comptait… « Il faut que nous nous montrions habiles, impitoyables, et que nous agissions rapidement. […] Nous pouvons réussir si les hommes consentent à se serrer les coudes. Les propriétaires n’en mèneraient pas large. » (Mac, p. 140). Après qu’il y ait eu un mort et que Mac veuille en profiter : « Nous en avons besoin pour exciter nos hommes, pour les tenir. Ça les rapprochera ; ils auront une raison de combattre. – Salaud ! ricana Dakin. Vous n’avez donc pas de cœur. Vous n’avez qu’une idée en tête : la grève ! » (Mac puis Dakin, p. 188) et « S’ils viennent avec des fusils, […] ils vont nous tuer des hommes. […] – Ce ne serait pas mauvais […]. Supposons qu’ils tuent des hommes. Ce serait avantageux pour la cause. À chaque victime correspondraient dix recrues. […] » (Jim puis Mac, p. 356). Alors on comprend bien le titre, un combat douteux…

Mais, d’un autre côté, à propos des ‘vigilants’, « Ceux qui ont brûlé les maisons d’Allemands pendant la guerre. Ceux qui lynchent les nègres. Ils sont cruels à plaisir. Ils aiment faire du mal, et ils appellent ça d’un joli nom, patriotisme, ou protection de la Constitution. Les patrons se servent d’eux et leur disent : ‘Il faut protéger le gens contre les communistes.’ Alors, ils brûlent les maisons et torturent les gens, sans courir de danger. C’est tout ce qu’il leur faut. Ils sont lâches. Ils tirent embusqués ou ils attaquent les autres à dix contre un. C’est ce qu’il y a de pire au monde, cette race. » (Mac, p. 191).

Ce roman est considéré comme le premier de la trilogie des romans sociaux de Steinbeck ou trilogie du travail (Labor Trilogy) car suivent Des souris et des hommes (1937) et Les raisins de la colère (1939). Donc je suis contente d’avoir commencé par En un combat douteux et je remercie tadloiduciné (qui officie sur le blog de Dasola) de m’avoir conseillé ce titre. L’auteur avance peu à peu et emmène ses personnages et ses lecteurs jusqu’au bout du drame, du tragique.

Steinbeck décrit le désespoir et la colère des ouvriers abusés par le système patronal, méprisés par les ‘honnêtes gens’, battus et enfermés par des policiers ou des milices violents et vicieux… Les descriptions (personnages et paysages) sont incroyables, les personnages sont tous différents et paraissent bien réels, les dialogues sont très bien menés et j’ai apprécié le discours (la pensée) du docteur Burton (chapitre 8), il se pose des questions, il veut aider mais il n’est pas dupe… Mac sert-il la cause des pauvres gens ou se bat-il pour une idéologie qui se moque des gens et des pertes ?

Adaptation au cinéma : In Dubious Battle (en français, Les insoumis) réalisé par James Franco en 2016 (bande annonce ci-dessous, en VF, je n’ai pas trouvé en VOST).

J’ai lu ce roman exprès pour Les classiques c’est fantastique #3 car le thème de janvier est ‘Jamais sans mon Steinbeck’ mais il entre aussi dans 2023 sera classique, ABC illimité (lettre J pour prénom), Challenge lecture 2023 (catégorie 41, un livre dont on n’aime pas la couverture, je n’aime pas cette couverture parce qu’elle ne correspond pas du tout au contenu du roman, on pense plutôt à des ouvriers dans l’industrie, plutôt pétrolière, alors que le roman raconte la grève d’ouvriers agricoles dans des vergers…) et Tour du monde en 80 livres (États-Unis).

Mermaid Saga Intégrale 1 de Rumiko Takahashi

Mermaid Saga Intégrale 1 de Rumiko Takahashi.

Glénat, collection Seinen, octobre 2021, 400 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-34404-792-7. 人魚シリーズ (Ningyo Shirîzu, 1985) est traduit du japonais par Nesrine Mezouane.

Genres : manga, shônen/seinen, fantastique.

Rumiko Takahashi 高橋 留美子 naît le 10 octobre 1957 à Niigata (préfecture de Niigata, Japon). Elle commence à dessiner très jeune puis, lorsqu’elle est étudiante à Tokyo, elle fréquente Gekiga Sonjuku, l’école de manga fondée par Kazuo Koike. Elle débute sa carrière avec des recueils amateurs appelés dôjinshi (1975) puis Urusei Yatsura (1978-1987). C’est une mangaka célèbre (au style reconnaissable) et elle a reçu plusieurs prix. J’ai lu ses chefs-d’œuvre, Inu-Yasha, Ranma 1/2, Urusei Yatsura que j’ai également vus en animation, ainsi que Maison Ikkoku (Juliette, je t’aime) en animation. J’ai aussi lu ses one-shots (parus chez Tonkam), La tragédie de P (1994), Le chien de mon patron (1999) et Un bouquet de fleurs rouges (2005). Quant à Mermaid Saga, j’ai vu les OAV et la série animée mais je n’avais jamais lu le manga.

Mermaid Saga est paru au Japon en 3 tomes entre 1984 et 1994, d’abord en prépublication dans Shônen Sunday Zôkan (1984-1985) puis dans Weekly Shônen Sunday (1987-1994) avant d’être édité par Shôgakukan (dès 1985) et adapté en animation (en 1991, 1993 et 2003). Le premier tome, Mermaid Forest 人魚の森 (Ningyo no mori soit la forêt des sirènes) est le seul tome traduit en français en 1998. Le tome 2, Mermaid’s Scar 人魚の傷 (Ningyo no kizu soit la cicatrice de la sirène) et le tome 3, Mermaid Gaze 夜叉の瞳 (Yasha no hitomi soit l’œil du démon) sont enfin traduits en français. Ce premier tome intégrale contient Mermaid Forest.

Yuta a mangé de la chair de sirène et il est devenu immortel (sauf s’il a la tête tranchée) alors que tous ses amis pêcheurs sont morts dans d’atroces souffrances. Il a 20 ans… depuis 500 ans mais souffre de voir tous ceux qu’il aime vieillir et mourir. Il voudrait donc redevenir mortel. « On m’a dit que pour redevenir humain, je devais rencontrer une sirène… ».

Mana a été capturée enfant par des sirènes qui l’ont obligée à manger de la chair de sirène afin, à leur tour, de se nourrir de sa chair pour redevenir jeunes et belles…. Elle a 16 ans, est aussi immortelle, et heureusement a réussi à s’enfuir grâce à Yuta qui est arrivé dans le village isolé où elle était prisonnière, c’est sûr « les sirènes ne savent pas rire ».

Des sirènes, des monstruosités, des pirates, de l’action, de l’aventure, parfait pour un shônen (manga pour garçons) mais il y a quelques scènes violentes et érotiques alors c’est plutôt un seinen (manga pour adultes). Il y a aussi d’horribles vieilles femmes et de l’humour, « Arrête de crier, ton dentier risque de tomber ! » (p. 188), mouah ah ah, elle est bien bonne !

Ce premier tome est un très beau livre, dans un format plus grand que les mangas habituels (145 x 210 mm). Les différentes histoires peuvent être lues indépendamment (comme des nouvelles) mais il y a une certaine continuité chronologique donc mieux vaut les lire dans l’ordre même s’il y a des flashbacks aussi bien pour Yuta que pour Mana. Vous pourrez être un peu énervés par le statut de Mana (jeune fille en détresse avec un héros qui la sauve à chaque fois) mais c’est typique des années 80 (j’appelle ça le syndrome de la Princesse Peach, pour ceux qui connaissent les jeux vidéo… La Princesse Peach se laisse toujours enlever par le méchant Bowser pour que Mario vienne la sauver). Une lecture pour les fans de Rumiko Takahashi et pour ceux qui veulent découvrir la mangaka et son univers. La bibliothèque a acheté le deuxième tome donc je le lirai sûrement dans pas longtemps.

Ils l’ont lu : Aelurus, Floriane, Hervé, Tampopo, d’autres ?

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) et les challenges ABC illimité (lettre R pour prénom), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 14, le nom d’un animal dans le titre, mermaid est l’anglais pour sirène), Challenge lecture 2023 (catégorie 28, un livre sans happy end), Contes et légendes, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Mermaid = sirène), Tour du monde en 80 livres (Japon).

Princesse Saphir d’Osamu Tezuka

Princesse Saphir d’Osamu Tezuka.

Soleil Manga, collection Shôjo, janvier 2005, 242 pages, 6,99 €, ISBN 978-2-84565-970-4. リボンの騎士 Ribon no kishi (1953) est traduit du japonais par Sylvain Chollet.

Genres : manga, shôjo, merveilleux, conte.

Osamu Tezuka (手塚 治虫) naît le 3 novembre 1928 à Toyonaka (préfecture d’Ôsaka, Japon). Il étudie la médecine à l’université d’Ôsaka mais il découvre les dessins animés en particulier ceux de Walt Disney et devient mangaka, scénariste et réalisateur. Il connaît le succès avec La nouvelle île au trésor (1947). Suivront Le roi Léo (1950), Astro Boy (1952), Princesse Saphir (1953), Phénix l’oiseau de feu (1956) et tant d’autres titres (dont la majorité sont adaptés en animation). Je ne peux pas tous les citer mais l’œuvre est colossale (de 1947 à 1988), touche à tous les genres et reçoit de nombreux prix y compris posthumes. Il meurt le 9 février 1989 à Tôkyô. C’est un mangaka que j’ai beaucoup lu au fur et à mesure des parutions de ses titres en France mais dont j’ai encore peu parlé sur le blog sauf avec La légende de Songoku (4 tomes) en mai 2021 (c’était une relecture ce qui est le cas aussi avec Princesse Saphir).

Il était une fois… Mukashi no koto desu ou Mukashi mukashi en japonais. Au Ciel, le Créateur qui distribue les cœurs, un bleu pour « des garçons forts et courageux » et un rouge pour « des filles belles et douces » (p. 9) donne par erreur (à cause de Tink) un cœur bleu puis un cœur rouge au même enfant à naître. Mécontent, le créateur envoie Tink, l’ange farceur, sur Terre avec la fournée de nouveaux-nés ; Tink a perdu ses ailes, « Ce n’est pas très pratique d’être humain. » (p. 13). Mais le personnage principal de cette histoire est l’héritier de la couronne que tout le monde attend au royaume de Silverland (l’histoire se déroule au Moyen-Âge dans un pays européen imaginaire).

Au moment de la naissance, tout le monde annonce un prince héritier ! Le roi et la reine ne peuvent pas démentir sinon c’est Plastic, le fils de l’affreux duc Duralmin, qui recevra le trône… Ainsi le couple royal élève leur fille « comme un garçon » (p. 20). Quinze ans après, Saphir a grandi et Tink n’a pas changé ! Mais il est de plus en plus difficile de jongler entre le côté féminin (vie personnelle cachée) et le côté masculin (vie mondaine) de Saphir, d’autant plus que Franz Charming, le prince d’un royaume voisin s’éprend d’une jeune blonde inconnue durant le bal du carnaval annuel… qui n’est autre que Saphir déguisée.

Des drames emmèneront Saphir au trône plus vite que ses parents l’avaient prévu et, après toutes ces années, Saphir est démasquée par la perfidie de Duralmin et de son machiavélique serviteur, Nylon. La reine et Saphir sont emprisonnées dans la tour ouest, la tour de l’oubli, dépossédées de leurs biens et réduites en esclavage par Gummer le geôlier…

Jusqu’au jour où apparaît un justicier masqué que l’ange Tink pense être Saphir (a-t-il raison ?).

Proche de nos contes de fée occidentaux, Princesse Saphir est un récit plein de romantisme mais aussi d’aventures et d’action. Considérée comme un shôjo (manga pour filles), cette histoire peut à mon avis intéresser aussi les garçons pour deux raisons. 1. Parce que la « princesse » est un garçon manqué et, au-delà du genre, Saphir est de naissance à la fois garçon et fille. 2. Parce que les codes du shôjo n’y sont pas vraiment respectés : les yeux, les émotions, les cases sont différents de ce que les lecteurs de shôjo attendent mais le graphisme est du pur Tezuka donc les fans apprécieront.

À noter que c’est une commande du Shôjo Club 少女クラブ (1923-1962) de l’éditeur Kôdansha qui souhaitait proposer aux jeunes lectrices une histoire similaire à celles publiées dans les magazines shônen (manga pour garçons). Je pense qu’à son époque Tezuka a simplement fait un shônen pour filles ! En tout cas, les thèmes de l’identité et de la liberté sont pour moi la part principale de cette histoire.

La parution en chapitres se déroule entre janvier 1953 et janvier 1956 avant de paraître en 3 tomes chez Kôdansha. Osamu Tezuka s’inspire bien sûr des contes européens et aussi, en bon cinéphile, d’actrices japonaises célèbres et des productions d’Hollywood ce qui inclut les films d’animation de Walt Disney. De l’humour voire du burlesque, des anachronismes, c’est du Tezuka tout craché même si les lecteurs adultes préféreront ses seinens comme Ayako, Barbara, Black Jack, ou L’histoire des 3 Adolf, entre autres. Princesse Saphir a eu beaucoup de succès alors Tezuka a fait une suite intitulée Les enfants de Saphir (un tome, 1958) et une série animée a bien sûr été réalisée : au Japon en 1967 et diffusion en France entre 1973 et 1976 (vidéo ci-dessous).

Pour l’instant, je n’ai (re)lu que le premier tome car je voulais garder du temps pour – rien à voir – lire Nous, les Allemands d’Alexander Starritt pour Les feuilles allemandes, un challenge qui se termine aujourd’hui. Mais je relirai assurément la suite pour vous la présenter.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) qui est apparemment le dernier rendez-vous de l’année hors billet coups de cœur en fin d’année, BD 2022 et aussi 2022 en classiques, Les classiques c’est fantastique (avec en novembre un prénom dans le titre), Contes et légendes (des filtres magiques, une sorcière, une princesse et un prince, entre autres), Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie Prénom pour Saphir) et ABC illimité (toujours le dilemme de choisir entre la lettre pour le prénom, le nom ou le titre… je vais faire avec O pour prénom).