[Article archivé]
Gilgamesh, la quête de l’immortalité est un ouvrage de Stephen Mitchell paru aux éditions Synchronique en octobre 2013 (242 pages, 19 €, ISBN 978-2-917738-18-4). Gilgamesh (2004) est traduit de l’américain par Aurélien Clause.
Stephen Mitchell est traducteur de textes classiques. Plus d’infos sur son site officiel.
Je remercie Héloïse et Synchronique éditions pour ce très beau livre qui m’a fait découvrir un des plus anciens textes de l’humanité !
Gilgamesh est le fils de Lugalbanda, un dieu, et de Ninsun, une immortelle. Il surpasse tous les rois et les puissants mais il règne en dictateur et « le peuple se lamente » (page 75) jusqu’à ce que les dieux entendent la plainte et décident d’agir. Anu, le Père céleste, demande à Aruru, la déesse-mère, de créer un double de Gilgamesh pour que les deux se mesurent et que la paix revienne. « Puisse l’ami venir, le compagnon loyal, / Toujours à mes côtés quel que soit le danger ! » (page 84).
Après sa création, Enkidu vit dans la steppe, avec les animaux, comme les animaux, mais un jour il rencontre une femme (une prêtresse) qui s’offre à lui : il devient homme et son amitié avec Gilgamesh commence. « Ils s’étreignent. Ils s’embrassent. Main dans la main, / Ils s’éloignent ensemble, en vrais amis, en frères. » (page 89).
Aux environs de 2750 avant Jésus-Christ. Le roi Gilgamesh règne sur la cité mésopotamienne d’Uruk (actuelle Irak). Les premiers fragments de cette épopée ont été découverts en 1850 dans les ruines de Ninive. Plusieurs décennies ont été nécessaires pour les déchiffrer et les traduire. Parmi les premiers lecteurs, il y a eu, en 1916, l’écrivain pragois Rainer Maria Rilke. Puis d’autres tablettes ont été retrouvées et d’autres fragments ont été découverts. Les plus anciens textes de Gilgamesh datent de 2100 ans avant JC, ce sont cinq poèmes sumériens. Puis onze tablettes de 1750 avant JC, écrites en akkadien (babylonien ancien), ont été retrouvées. Il y a donc maintenant 73 tablettes et 2000 vers sur les 3000 existants. Ce qui a permis à Stephen Mitchell de « re-créer l’épopée antique dans l’univers parallèle de la langue d’aujourd’hui en en faisant un poème contemporain. » (page 14).
Ce livre est composé de trois parties : une introduction (pages 9 à 68), l’épopée de Gilgamesh (pages 69 à 184) et les notes plus la bibliographie et le glossaire (pages 185 à 242). Lorsque j’ai eu terminé le livre, j’ai d’abord regretté d’avoir lu l’introduction avant l’épopée car elle donne de nombreux extraits mais en fait, il vaut sûrement mieux lire cette introduction avant car elle délivre de nombreuses explications que je n’aurais peut-être pas sues ou comprises en lisant l’épopée.
Dans ce récit, un des premiers de l’humanité, tout est déjà décrit ! La vie, l’amour, l’amitié, la peur et le courage, la recherche de l’immortalité, la société, le pouvoir, la richesse des uns et la pauvreté des autres. Donc près de 5000 ans après, rien n’a changé et, à mon avis, ça ne changera jamais, pas la peine de se leurrer !
J’ai noté quelques extraits qui m’ont bien plu dans ce beau poème épique.
« […] le monstre sanguinaire. / Son souffle est un brasier, sa gueule une fournaise, / Son cri est le tonnerre et ses crocs sont tranchants. » (page 95).
« […] Humains, je vais ouvrir vos gorges, / Et les vautours viendront dévaster vos entrailles. » (page 119).
« Se sachant condamné, Humbaba vocifère : / Je vous maudis tous deux ! Pour oser ce péché, / Puisse Enkidu mourir dans d’atroces souffrances, / Et puisse Gilgamesh en être inconsolable, / Puisse le désespoir broyer son cœur de glace ! » (page 122). (Humbaba est le gardien, le Taureau sacré).
« Il est mort, mon ami le plus cher, il est mort, / Mon cher frère, il est mort, mon frère bien-aimé, / Je le pleurerai tant que je serai en vie, / Comme une mère qui a perdu son seul fils. » (page 144).
Il y a aussi, à partir de la page 169, une version du Déluge racontée par le sage Utnapishtim.
Une lecture que je mets dans les challenges 1 % de la rentrée littéraire 2013, Royal et Un classique par mois.
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