Monsieur Han de Hwang Sok-Yong

Monsieur Han de Hwang Sok-Yong.

Zulma, janvier 2017, 144 pages, 9,95 €, ISBN 978-2-84304-786-2. Je l’ai lu en poche : 10/18 (plus au catalogue), collection Domaine étranger, n° 3724, août 2004, 128 pages, 9,99 €, ISBN 2-264-03987-6. 한씨 연대기 (Hanssi yeondaegi, 1970) est traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet.

Genres : littérature coréenne, roman, Histoire.

Hwang Sok-Yong naît le 4 janvier 1943 à Zhangchun, dans une famille coréenne exilée en Mandchourie (occupée par les Japonais). Il étudie la philosophie à l’université Dongguk (Séoul). Il se rend à Pyongyang, se bat au Sud Viêt-Nam, voyage en Allemagne, aux États-Unis puis retourne à Séoul en 1993 où il est emprisonné. Il est romancier et nouvelliste (une dizaine de ses œuvres est traduite en français).

Lecture commune avec Maggie, entre autres, mais j’avais oublié…

Le vieux Han vit seul dans une chambre au deuxième étage d’une maison et il aide un peu le croque-mort mais un soir il tombe dans les escaliers en rentrant et les voisins doivent l’aider car il est dans un état grave. Madame Min aimerait, après sa mort, récupérer la chambre. Chambre que madame Byon veut aussi. « Les Byon vont pas être contents… J’ai pourtant pas envie de me les mettre à dos en ce moment. Va falloir négocier sans les fâcher… Tout ça pour une chambre minuscule ! » (le mari de madame Min, p. 24).

Flashback. Han Yongdok exerce à l’hôpital et il est professeur de gynécologie à l’hôpital universitaire de Pyongyang. Il n’est pas mobilisé mais il est tout de même inquiet… « Il vivait dans l’angoisse de perdre son poste et d’être remplacé par quelque jeune loup solidement endoctriné, à la tête bourrée de certitudes. » (p. 31). Finalement, avec deux collègues, il est nommé à l’Hôpital du Peuple. « Tâchez de vous rendre utiles au Parti, rachetez vos fautes par le travail. […] Consacrez-vous au salut du peuple. » (p. 35). Mais l’hôpital bombardé est en partie détruit et « Les quelques médecins qui travaillaient là devaient soigner des malades par milliers, sans médicaments, sans matériel. » (p. 36). C’est que « Le pays était ravagé. » (p. 51).

Malheureusement, lorsque Han passe au sud, il doit abandonner sa famille, sa vieille mère, son épouse, leur fils et leur fille. À Séoul, il est considéré comme un espion, abusé par deux faux médecins qui ont besoin de s’associer avec lui pour légitimer leur clinique, etc. Il est finalement arrêté sur dénonciation mensongère et transféré à la prison de Séoul. Han Songsuk, sa sœur qui est veuve et qui élève seule ses enfants, fera tout son possible pour le faire innocenter et libérer mais elle est, comme son frère, confrontée à une dure réalité.

Monsieur Han paraît d’abord en feuilleton en 1970 puis est édité en 1972. L’auteur – qui se qualifie de « réaliste idéaliste » – l’imagine plus comme une chronique que comme un roman « afin de souligner l’authenticité des faits décrits » (préface, p. 5). L’auteur raconte tout, avec précision mais en peu de mots, la division nord sud, la guerre, les gens déracinés dans leur propre pays, les suspicions d’espionnage vis-à-vis des réfugiés du nord au sud… Tout cela est tragique. Hwang Sok-Yong décrit bien ses personnages et les situations mais il ne peut rien faire contre l’Histoire. Car Monsieur Han, c’est l’oncle maternel de l’auteur, médecin mort dans la misère à cause de sa naïveté, de sa sincérité… Mais pour cela, c’est aussi toutes les victimes de ce conflit nord-sud et de ses terribles suites. J’ai eu l’impression de lire du Zola ou du Dickens mais transposés en Corée, vous voyez ce que je veux dire.

Un auteur à découvrir absolument et, de mon côté, je lirai d’autres titres. En avez-vous un à me conseiller (pour plus tard) ?

Pour ABC illimité (lettre M pour titre), Challenge lecture 2023 (catégorie 39, un livre d’un auteur coréen), Tour du monde en 80 livres (Corée du nord) et Un genre par mois (décidément, j’en ai lu des drames en ce mois de février).

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Un mariage royal d’Allison Montclair

Une enquête de Sparks & Bainbridge, 2 – Un mariage royal d’Allison Montclair.

10-18, collection Grands détectives, juin 2021, 384 pages, 8,10 €, ISBN 978-2-26407-785-1. A Royal Affair (2020) et traduit de l’anglais par Anne-Marie Carrière.

Genres : littérature anglaise, roman policier.

Allison Montclair… Peu d’infos sur elle. Ce serait le pseudonyme d’une autrice anglaise ayant déjà écrit de la fantasy et de la science-fiction mais GoodReads dit que The Right Sort of Man: A Sparks & Bainbridge Mystery (2019) est son premier roman. Elle grandit avec les livres d’Agatha Christie et les films de James Bond d’où sa passion pour les intrigues criminelles et l’espionnage. Du même auteur : Cozy Case Files, A Cozy Mystery Sampler (tomes 6 en 2019 et 9 en 2020), ainsi que Le bureau du mariage idéal et Règlements de comptes à Kensington (annoncé pour avril 2022).

Londres, juillet 1946. Au Bureau du mariage idéal, Iris Sparks reçoit Miss Letitia Hardiman qui était ‘Ack ack girl’ pendant la guerre. La seconde cliente est Patience Matheson, une cousine de Gwendolyne Bainbridge. « L’affaire nécessite beaucoup de doigté. Considérant la vitesse à laquelle les ragots se propagent, nous préférons ne pas mener d’enquête interne. Personne ne doit avoir vent de l’histoire et surtout, surtout, pas un mot ne doit sortir dans la presse. Ce n’est probablement rien, mais nous devons nous en assurer. » (p. 28).

Promis, pas un mot à la presse ! Mais je vous explique. La princesse Elizabeth s’est éprise de Philip (elle avait 13 ans et lui 18) et veut l’épouser mais une lettre de chantage est arrivée au palais. « Princesse, j’ai en ma possession ce que Talbot a trouvé à Corfou. Je sais ce qu’il savait. Dites à Alice que, si elle souhaite récupérer ce qui lui appartient, il y aura un prix. » (p. 32). Alice est la mère de Philip ; la famille a effectivement vécu en Grèce avant d’être évacuer d’urgence.

Un véritable plaisir de retrouver les deux ‘marieuses’ plutôt enquêtrices, Iris et Gwendolyne, ainsi que leur ami dramaturge à Soho, Sally (Salvatore Danielli) et l’ami truand d’Iris, Archie Spelling. «  Je sors avec un gangster. Tout va pour le mieux. » (p. 106). Après-guerre oblige, il y a dans cet opus de nombreuses références aux États-Unis (cowboys, Indiens, Harpo Marx, Zorro) et tout est toujours rationné. Par contre, pas trace du journaliste mufle du Daily Mirror, Gareth Pontefract, et c’est tant mieux, ça veut dire que la presse n’est pas au courant du chantage honteux sur lequel enquêtent Iris et Gwen. De plus, le regard du lecteur est détourné vers la Grèce et ses soubresauts politiques (j’ai appris des choses dont je n’avais jamais entendu parler et ce n’est pas la première fois que je me dis que, finalement, je ne sais pas grand-chose sur l’histoire de ce pays).

« Je vous rappelle que nous travaillons pour la Reine, ou plutôt pour la conseillère occulte de la Reine, votre cousine Patience, en supposant qu’elle œuvre dans l’intérêt de notre Reine laquelle, espérons-le, œuvre dans l’intérêt du Roi lequel, à son tour, œuvre dans l’intérêt du pays. » (p. 179).

Dans cette aventure encore dangereuse et cependant rondement bien menée par Iris et Gwen (qui n’hésitent pas à nouveau à se mettre en danger), les souvenirs de la guerre sont encore bien présents, « les horreurs, les bombardements, les trahisons, les morts, avec comme point d’orgue les révélations de toutes ces atrocités. » (p. 245). Les problèmes d’Iris et Gwen (trouver un bureau plus grand, une secrétaire et donc des fonds, entre autres), leurs relations pleine d’humour avec les hommes (elles ne se laissent pas faire et j’aime bien leur petit côté féministe), et surtout le côté enquête, espionnage (voyage littéraire en Grèce) me plaisent beaucoup et j’ai hâte de lire la suite, Règlements de comptes à Kensington (que j’achèterai dès sa parution mi-avril). Par rapport au passé d’Iris, Allison Montclair distille les infos au compte-goutte laissant le lecteur dans le suspense, à suivre donc.

Une faute page 229 : « aucuns papiers »… Aucun signifiant ‘nul’, ‘pas un’ est donc au singulier ainsi que papier. Remplacez aucun par ‘nul papier’ ou ‘pas un papier’. Par contre, aucun et aucune peuvent être au pluriel uniquement s’ils sont suivi d’un nom qui ne s’utilise qu’au pluriel comme ‘aucuns agissements’ ou ‘aucunes annales’ (mais il y en a peu). Ne pas confondre avec ‘d’aucuns’ qui n’est pas un adjectif indéfini ou un pronom indéfini comme aucun mais une expression qui signifie ‘certains’, ‘quelques-uns’ d’où le pluriel.

Pour les challenges Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 26, un tome deux (ou plus) d’une saga déjà commencée), British Mysteries #7, Challenge lecture 2022 (catégorie 24, un roman policier écrit par une femme), Les dames en noir, Mois du polar 2022, Petit Bac 2022 (catégorie Famille avec Mariage), Polar et thriller 2021-2022, Tour du monde en 80 livres (Angleterre) et Voisins Voisines 2022 (Angleterre).

Le bureau du mariage idéal d’Allison Montclair + réflexion sur le cozy mystery

Une enquête de Sparks & Bainbridge – Le bureau du mariage idéal d’Allison Montclair.

10/18, collection Grands détectives, octobre 2020, 384 pages, 8,10 €, ISBN 978-2-26407-683-0. The Right Sort of Man: A Sparks & Bainbridge Mystery (2019) est traduit de l’anglais par Anne-Marie Carrière.

Genres : littérature anglaise, roman policier.

Allison Montclair… Peu d’infos sur elle. Ce serait un pseudonyme d’une autrice anglaise ayant déjà écrit de la fantasy et de la science-fiction mais GoodReads dit que The Right Sort of Man: A Sparks & Bainbridge Mystery (2019) est son premier roman. Elle grandit avec les livres d’Agatha Christie et les films de James Bond d’où sa passion pour les intrigues criminelles et l’espionnage. Du même auteur : Cozy Case Files, A Cozy Mystery Sampler (tomes 6 en 2019 et 9 en 2020), ainsi que A Royal Affair: A Sparks & Bainbridge Mystery (juillet 2020) et A Rogue’s Company: A Sparks & Bainbridge Mystery (annoncé pour juin 2021).

Londres, 1946. Miss Iris Sparks (célibataire de 28 ans) et Mrs Gwendolyn Bainbridge (jeune veuve de guerre) ont créé une agence matrimoniale, le Bureau du mariage idéal il y a trois mois. Et ça fonctionne bien, elles ont déjà une centaine de clientes, presque une centaine de clients et elles sont douées. Mais leur nouvelle cliente, Matilda (Tillie) La Salle, est poignardée et les policiers de Scotland Yard pensent que le tueur est l’homme avec qui elle avait rendez-vous, Richard (Dickie) Trower. « – Vous croyez sincèrement à l’innocence de Dickie Trower ? – Plus que jamais. Que Dieu lui vienne en aide, car la police, elle, n’y croit pas. – Dans ce cas, nous devons lui prêter main forte, affirma Gwen. En clair, nous devons démasquer le véritable assassin. » (p. 70).

Non seulement Iris et Gwen pensent que Dickie est innocent mais elles doivent renflouer la respectabilité de leur agence ! Pendant que Gwen rend visite à Dickie à la prison de Brixton, Iris doit mettre dehors Gareth Pontefract, un journaliste mufle qui va les harceler… « Ce crapaud visqueux du Daily Mirror ? » (p. 122).

Au fur et à mesure de la lecture, le passé et le caractère d’Iris et de Gwen se mettent en place (par bribes, il y a encore beaucoup de choses à apprendre, ou pas selon ce que l’autrice dévoilera dans les prochains tomes) mais mon personnage préféré est l’ami d’Iris, Sally Danielli, médaillé militaire qui rêve de devenir dramaturge et qui les aide régulièrement.

Le lecteur découvre des personnages attachants et la ville de Londres en partie détruite après le Blitz avec le rationnement, les trafics, le marché noir et l’envie de revivre normalement. Mais Iris et Gwen vont se mettre en danger… « Je faisais un rapport à ma hiérarchie. Et non, vous ne pourrez pas le vérifier, parce que vous n’aurez pas leurs noms. Et vous avez intérêt à me croire sur parole, parce que vous ne saurez rien d’autres. D’ailleurs, vous en savez déjà trop. » (p. 257).

Qu’est-ce que le cozy mystery ? Mot à mot, ça signifie « mystère douillet » (enfin « douillet mystère » puisque l’adjectif se met avant le nom en anglais), ce qui donne déjà une petite idée mais je vais un peu développer. Deux séries fondatrices et incontournables, la pionnière Miss Maud Silver (1928-1961) de Patricia Wentworth (1878-1961) [L’affaire est close] et la précurseur(e) Miss (Jane) Marple (1930-1976) d’Agatha Christie (1890-1976). Les points communs ? Les deux autrices sont Anglaises et elles ont chacune créé une héroïne qui résout les enquêtes en restant douillettement chez elle (même s’il y a tout de même quelques excursions à l’extérieur). Les Anglais les avaient surnommées les armchair detectives (c’est-à-dire les détectives en fauteuil).

Il y a recrudescence de publications ces dernières années avec les séries les plus connues comme Agatha Raisin ou Hamish Macbeth de M.C. Beaton [Agatha Raisin enquête – La quiche fatale, Hamish Macbeth 1 – Qui prend la mouche, Hamish Macbeth 2 – Qui va à la chasse], Les détectives du Yorkshire de Julia Chapman [Rendez-vous avec le crime], ma préférée, Son espionne royale de Rhys Bowen [Son espionne royale mène l’enquête, Son espionne royale et le mystère bavarois, Son espionne royale et la partie de chasse] et d’autres que je n’ai pas (encore) lues. Les autrices majoritairement sont Anglaises, leurs héroïnes des jeunes femmes qui ne sont pas officiellement policières (amateurs mais efficaces ! Elles ont parfois un contact dans la police) et elles ne sont plus détectives en fauteuil (plutôt âgées) mais jeunes, jolies, intelligentes et actives.

Alors est-ce toujours du cozy mystery ? Oui, parce que l’histoire n’est pas très violente (pas de serial killer mais des meurtriers classiques), pas vulgaire (les jeunes enquêtrices amateurs sont bien éduquées et ont même parfois un travail) mais les énigmes ne se résolvent pas toutes seules et les enquêtrices peuvent être en danger, toutefois cela reste toujours confortable et pour elles et pour les lecteurs. Attention, il y a aussi des auteurs masculins de cozy mystery comme M.R.C. Kasasian [Les enquêtes de Middleton & Grice – Petits meurtres à Mangle Street et La malédiction de la Maison Foskett]. Alors, avez-vous déjà lu du cozy mystery ?

Une excellente lecture (je veux la suite !) que je mets dans les challenges A year in England, British Mysteries #6, Challenge lecture 2021 (catégorie 34, un livre qui se passe au Royaume-Uni), Mois du polar, Petit Bac 2021 (catégorie Lieu pour bureau qui n’est pas ici un meuble mais un lieu loué dans un immeuble), Polar et thriller 2020-2021 et Voisins Voisines (Angleterre).

L’affaire est close de Patricia Wentworth

L’affaire est close : une enquête de Miss Maud Silver de Patricia Wentworth.

10/18, collection Grands détectives, n° 3378, février 2002, réédition novembre 2016, 320 pages, 7,50 €, ISBN 978-2-26403-275-1. The Case is Closed (1937) est traduit de l’anglais par Bernard Cucchi.

Genres : littérature anglaise, roman policier.

Patricia Wentworth – de son vrai nom Dora Amy Elles – naît le 10 novembre 1878 à Mussoorie (Uttarakhand, Inde) où son père est général de l’armée. Elle étudie en Angleterre puis retourne en Inde où elle se marie au lieutenant-colonel Georges Dillon et écrit dans des journaux. Après le décès de son mari, elle retourne en Angleterre avec ses enfants puis se lance dans l’écriture de romans et épouse George Turnbull, lieutenant-colonel lui aussi mais qui deviendra son assistant. Elle meurt en 1961 à Camberley (Surrey, Angleterre), laissant une œuvre conséquente avec les séries Benbow Smith (1929-1937), Inspecteur Lamb (1939-1942), Frank Garrett (1936-1940), d’autres romans policiers indépendants, d’autres romans historiques ou sentimentaux (1910-1915, ses premiers romans en fait), trois recueils de poésie (1910-1945-1953) et surtout la série la plus importante, Miss Silver (1928-1961).

L’affaire, c’est l’affaire Everton. Et, elle est close parce que Geoffrey Grey, 28 ans, est en prison depuis un an. Il aurait tué son oncle James. Marion, son épouse, a perdu leur bébé, né trop tôt… Son amie et cousine, Hilary Carew, est persuadée que le jeune homme est innocent. Mais que faire ? Hilary a rompu ses fiançailles avec Henry Cunningham et s’est trompée de train ! Elle y rencontre une vieille dame inquiète qui tient un discours bizarre sur Marion et Geoffrey. « J’ai vécu une aventure, dans le mauvais train. D’abord, j’ai cru me retrouver enfermée avec une vraie cinglée et puis il s’est avéré que c’était une de tes amies. » (p. 19). La vieille femme est en fait Mrs Mercer, lui apprend Marion, « la gouvernante de la maison de James. » (p. 25) et elle a témoigné contre Geoffrey au procès.

Suite à la discussion qu’elle a eu avec Mrs Mercer, Hilary décide de reprendre l’enquête depuis le début et de prouver l’innocence de Geoffrey. Ce soir-là, Geoffrey a reçu un appel de James, qui était dans tous ses états, alors il est vite allé à Putney mais il l’a retrouvé mort à son bureau. Malheureusement, il a ramassé le pistolet par terre et a ouvert la porte du bureau aux domestiques, Mr et Mrs Mercer : il fait le coupable idéal même s’il clame son innocence ! « […] il était absurde de croire que Geoff avait tué son oncle. » (p. 36). D’autant plus que c’est Bertie (Bertram), un neveu qu’oncle James détestait qui hérite, même au détriment de son frère Frank (Francis), un vagabond alcoolique pour qui l’oncle James n’avait que peu de considération. Or Bertie et Frank ont tous deux des alibis en béton, trop peut-être ! Ou alors « Alfred Mercer avait abattu James Everton et Mrs Mercer avait menti pour le couvrir. » (p. 57) ?

De son côté Henry Cunningham voudrait quitter l’armée et « reprendre le commerce d’antiquités que lui avait légué, à sa grande surprise, son parrain Mr. Henry Eustatius […]. » (p. 73). Contre toute attente (n’oublions pas qu’elle a rompu les fiançailles), Hilary consulte Henry qui demande conseil à un ami qui lui propose de contacter Miss Silver. Le nom de Miss Silver n’apparaît qu’à la page 140 et Maud Silver apparaît physiquement à la page 144 : faut pas être pressé mais l’enquête ne traîne pas en longueur ! Miss Silver écoute, en tricotant, et elle est très utile à l’enquête de Hilary et Henry, elle apporte un regard extérieur. « Comprenons-nous bien, capitaine Cunningham, dit-elle de sa voix posée. Si vous m’engagez, vous m’engagez pour que je découvre des faits. Si je découvre quoi que ce soit sur ces personnes, je vous le communiquerai. Peut-être cela correspondra-t-il à ce que vous attendiez, peut-être pas. Les gens ne sont pas toujours heureux d’apprendre la vérité. Vous n’avez pas idée du nombre de fois où cela se produit. Très rares sont les gens qui cherchent à connaître la vérité. Ils veulent être confirmés dans leurs opinions, ce qui est une chose toute différente… très différente, oh oui. Je ne saurais vous promettre que ce que je découvrirai ira dans le sens de ce que vous pensez pour l’instant. » (p. 147).

Mais Marion va-t-elle accepter que Hilary enquête et enfin dire ce qu’elle sait ? « Ne refuse pas, je t’en supplie… ne refuse pas, ne refuse pas, ne dis pas non ! Tu ne risques rien. Cela ne fera aucun mal à Geoff. Marion, accepte ! […] Geoff est innocent. Derrière tout ça, il y a un sacré manipulateur qui a tout organisé pour que les apparences soient contre lui, mais il est innocent… je sais qu’il est innocent. » (p. 225).

L’affaire est close est la deuxième enquête de Miss Silver, parue en 1937 (la première étant Grey Mask parue en 1928). Il y a du suspense, des dangers, des rebondissements, des personnages bien intéressants (en particulier Hilary et Henry), j’ai passé un bon moment de lecture et je lirai d’autres enquêtes de Miss Silver à l’occasion. Lorsque L’affaire est close est paru aux éditions 10/18 en 2002, ce roman était inédit en français !

Dans la catégorie « détective en fauteuil » (armchair detective), la Miss Marple d’Agatha Christie « naît » en 1930 ; Miss Silver est donc son aînée puisqu’elle « naît » en 1928. Mais, il ne faut pas croire que Miss Silver reste chez elle à écouter Henry et à tricoter, elle va sur le terrain, d’abord pour se renseigner sur le couple Mercer, et ensuite pour se rendre en Écosse sur les traces de Bertie et Frank (je me doutais bien qu’ils étaient louches, les deux frères, trop d’alibis à eux deux, un seul chacun leur suffisait, eh bien ils en avaient plusieurs, c’était louche !).

Une agréable lecture pour le Mois anglais (qui est terminé mais j’ai bien lu ce roman en juin durant le challenge) et pour les challenges British Mysteries #5, Cette année, je (re)lis des classiques #3, Petit Bac 2020 (pour la catégorie Crimes et justice avec affaire) et Polar et thriller 2019-2020.

Le démon de l’île solitaire d’Edogawa Ranpo

Le démon de l’île solitaire d’Edogawa Ranpo.

10-18, collection Grands détectives, janvier 2017, 358 pages, 8,10 €, ISBN 978-2-264-06902-3. Kotô no oni 孤島の鬼 (1929) est traduit du japonais par Miyako Slocombe.

Genres : littérature japonaise, roman policier.

Edogawa Ranpo 江戸川 乱歩… Edogaw pour Edgar, a ran pour Allan et po pour Poe, eh oui ! De son vrai nom HIRAI Tarô 平井 太郎 est né le 21 octobre 1894 à Mie (Japon). Fondateur du roman policier japonais, il crée pour ses 60 ans le Prix Edogawa Ranpo qui récompense chaque année – depuis 1955 – un roman policier. L’auteur est mort le 28 juillet 1965 mais le prix existe toujours.

Minoura a 25 ans lorsqu’il rencontre, dans l’entreprise où il travaille, la jolie Hatsuyo Kizaki qui devient sa fiancée. Mais Michio Moroto qu’il a connu étudiant, bien qu’homosexuel, la demande en mariage. Aucun des deux jeunes hommes ne l’épousera puisqu’elle est assassinée dans sa chambre fermée de l’intérieur. « Par n’importe quel moyen, je trouverai cet assassin. Et je nous vengerai ! » (p. 56). Minoura demande de l’aide à Kôkichi Miyamagi, un ami détective amateur mais, s’approchant trop près de la vérité, il est assassiné aussi, sans avoir pu « révéler le moindre détail de son raisonnement » (p. 66). Finalement, Minoura va devoir enquêter avec Moroto. « Si j’ai vu juste, il s’agit réellement d’un mystère sans précédent. On pourrait presque dire qu’il relève du surnaturel. » (p. 109).

J’ai acheté ce roman spécialement pour la lecture commune du 25 avril pour le Mois japonais. Mais je n’y allais pas à l’aveugle : je connaissais cet auteur puisque j’ai déjà lu des romans de lui (publiés chez Philippe Picquier) et je les avais beaucoup aimés. Ouvertement inspiré par Edgar Allan Poe principalement mais aussi Gaston Leroux, Maurice Leblanc, G.K. Chesterton et Arthur Conan Doyle – bref des auteurs de romans policiers ou de romans d’aventure – qu’il considère comme ses maîtres, Edogawa Ranpo ajoute à ses histoires sa patte (ses coups de griffe même !), sa réflexion bien sûr différente de celle des Occidentaux et donc l’exotisme de sa pensée japonaise. Mais ses romans ne sont pas qu’exotisme, ils dégagent un fort potentiel psychologique ; les clins d’œil à ses auteurs fétiches, les phrases adressées aux lecteurs, son humour délicat, le côté mystérieux et fantastique voire horreur m’emballent à chaque fois et je vous conseille fortement cet auteur. La vie tokyoïte au début du XXe siècle, l’énigme en chambre close, des détectives amateurs, un voyage sur une île isolée, des mystères, des monstres, un labyrinthe souterrain… Il y en a pour tous les goûts et pour tous les frissons !

Quelques extraits

« Minoura, allons-y ensemble. Joignons nos forces et trouvons le secret de cette île ! » (p. 212).

« C’est le fantasme du diable. L’utopie du démon. » (p. 322).

« Que dois-je faire ? M’attrister ? Mais le chagrin est trop grand pour que je m’attriste. Me mettre en colère ? Mais la haine est trop profonde pour que je me mette en colère… » (p. 323).

Une excellente lecture pour les challenges Classiques, Littérature de l’imaginaire, Polars et thrillers, Raconte-moi l’Asie, Un genre par mois (en avril, policier), Rentrée littéraire janvier 2017 de MicMélo, et donc la lecture commune de ce 25 avril pour le Mois japonais organisé par Hilde et Lou (j’aurais voulu participer plus mais…).

Challenge Lilian Jackson Braun

[Article archivé]

Encore un challenge ? Mouah ah ah ! En l’occurrence, plutôt : Miahahahou ! C’est le challenge Lilian Jackson Braun créé par Nunzi et Sharon le 28 juillet. Ce challenge illimité dans le temps consiste à lire et à présenter les ouvrages de cette romancière américaine née en juin 1913 et décédée en juin 2011.

Ses romans mettent en scène le journaliste Jim Qwilleran et ses deux chats Siamois : Yom-Yom (une femelle) et Koko (un mâle).

Les histoires se déroulent pour les trois premiers tomes dans une ville des États-Unis ressemblant à Détroit puis pour les tomes suivants dans le comté fictif de Moose.

Toutes les infos et inscription soit chez Nunzi soit chez Sharon. Nouveau lien (sur le nouveau blog).

Voici la liste des livres de Lilian Jackson Braun. Ils sont édités par 10/18 et leurs couvertures sont des illustrations de Louis Wain. Mes liens se rajouteront au fur et à mesure que je les lirai… Ou pas car je ne sais pas si je pourrai tous les lire (et je ne me rappelle plus des 2 ou 3 que j’ai déjà lus il y a des années).

Le « canon »

1966 : Le chat qui lisait à l’envers (The Cat Who Could Read Backwards)

1967 : Le chat qui mangeait de la laine (The Cat Who Ate Danish Modern)

1968 : Le chat qui aimait la brocante (The Cat Who Turned on and Off)

1986 : Le chat qui voyait rouge (The Cat Who Saw Red)

1987 : Le chat qui jouait Brahms (The Cat Who Played Brahms)

1987 : Le chat qui jouait au postier (The Cat Who Played Post Office)

1988 : Le chat qui connaissait Shakespeare (The Cat Who Knew Shakespeare)

1988 : Le chat qui sniffait de la colle (The Cat Who Sniffed Glue)

1989 : Le chat qui inspectait le sous-sol (The Cat Who Went Underground)

1990 : Le chat qui parlait aux fantômes (The Cat Who Talked to Ghosts)

1990 : Le chat qui vivait haut (The Cat Who Lived High)

1991 : Le chat qui connaissait un cardinal (The Cat Who Knew a Cardinal)

1992 : Le chat qui déplaçait des montagnes (The Cat Who Moved a Mountain)

1991 : Le chat qui n’était pas là (The Cat Who Wasn’t There)

1993 : Le chat qui allait au placard (The Cat Who Went into the Closet)

1994 : Le chat qui jouait aux dominos (The Cat Who Came to Breakfast)

1995 : Le chat qui donnait un coup de sifflet (The Cat Who Blew the Whistle)

1996 : Le chat qui disait cheese (The Cat Who Said Cheese)

1997 : Le chat qui flairait une piste (The Cat Who Tailed a Thief)

1998 : Le chat qui parlait aux oiseaux (The Cat Who Sang for the Birds)

1998 : Le chat qui regardait les étoiles (The Cat Who Saw Stars)

1999 : Le chat qui volait une banque (The Cat Who Robbed a Bank)

2001 : Le chat qui flairait l’embrouille (The Cat Who Smelled a Rat)

2002 : Le chat qui remontait la rivière (The Cat Who Went up the Creek)

2003 : Le chat qui cassait la baraque (The Cat Who Brought Down the House)

2004 : Le chat qui parlait dindon (The Cat Who Talked Turkey)

2004 : Le chat qui jetait des peaux de banane (The Cat Who Went Bananas)

2006 : Le chat qui faisait la bombe (The Cat Who Dropped a Bombshell)

2007 : Le chat qui avait un don (The Cat Who Had 60 Whiskers)

2008 : (The Cat Who Smelled Smoke) roman inachevé

Le recueil de 14 nouvelles dont 5 sont parues dans l’Ellery Queen’s Mystery Magazine entre juin 1962 et mars 1968.

1988 : Le chat qui racontait des histoires (The Cat Who Had 14 Tales)

Deux recueils « de » Jim Qwilleran (contes, nouvelles, journal)

Septembre 2003 : Légendes du comté de Moose (Short and Tall Tales : Moose County Legends Collected by James Mackintosh Qwilleran), un recueil de contes et histoires du comté de Moose.

Octobre 2003 : La vie secrète du chat qui… (The Private Life of the Cat Who… : Tales of Koko and Yum Yum from the Journal of James Mackintosh Qwilleran).