Serii de Takehito Moriizumi

Serii de Takehito Moriizumi.

Atelier Akatombo, juin 2020, 190 pages, 13 €, ISBN 978-2-37927-061-1. セリー est traduit du japonais par Dominique et Franck Sylvain.

Genres : manga, seinen, science-fiction.

Takehito Moriizumi 森泉 岳土 naît en 1975 à Tôkyô au Japon. Il travaille dans une entreprise mais se rend compte que sa passion (depuis l’enfance) est le dessin. Son premier manga, Mori no Mari (Marie de la forêt) paraît dans Monthly Comic Beam alors qu’il a 35 ans. Sa technique de dessin est similaire au lavis (encre de Chine). Les mystérieux hasards de l’hiver et autres histoires paraît en 2019 (Lézard noir) et 1984 de George Orwell/La Luciole de Haruki Murakami en juin 2021 (Atelier Akatombo). Plus d’infos sur ses comptes facebook, twitter et instagram.

Un jeune homme, Kakeru, vit avec une androïde, Serii. Depuis une catastrophe, ils sont confinés dans une maison remplie de livres. Heureusement, il y a des réserves de nourriture pour Kakeru, un générateur pour l’électricité et le chauffage. « Kakeru… La situation est telle que nous ne pouvons plus sortir d’ici… Il s’est passé beaucoup de temps depuis que nous sommes sans nouvelles de l’extérieur. Ce monde… Y a-t-il d’autres personnes en vie à part toi, Kakeru ? » (p. 18-19).

Serii fait la lecture à Kakeru, de la fiction (Ursula Le Guin, Jack London…) ou des livres scientifiques (Paul Davis…) mais subitement ses yeux ne fonctionnent plus alors c’est Kakeru qui fait la lecture. Cependant Serii demande « Kakeru, et si tu me redémarrais à zéro ? Ça permettrait de me réparer, je pense. » (p. 69) mais Kakeru refuse car Serii est une véritable mémoire depuis qu’il est enfant et la redémarrer signifierait qu’elle perde tout ce qu’elle a enregistré ! Douze ans après, Kakeru meurt et Serii se retrouve seule…

Dans cette histoire post-apocalyptique en huis-clos, il y a une certaine douceur, pas de peur, pas d’horreur, c’est plutôt intimiste et philosophique. Les dessins sont très minimalistes, parfois simplement esquissés, et il y a de moins en moins de dialogues, peut-être parce que Kakeru et Serii sont usés par cette vie d’isolement ou alors parce qu’ils n’ont pas besoin d’autre chose que la lecture. Serii est, en tout cas, un très bel objet en tant que livre (à un prix très raisonnable) et c’est justifié vu l’importance des livres et de la transmission dans ce récit. C’est que Takehito Moriizumi aime la lecture depuis l’enfance et que Serii est un vibrant hommage à la littérature qu’elle soit de fiction ou scientifique.

Serii est suivie par 2 histoires courtes, Le sang de l’après-midi (les pages sont jaunes) et Ce jour-là, avec toi : Kuching (2015), Venise (2016), Okayama (2017), trois voyages que l’auteur a faits avec son épouse, puis une postface, Celle que je ne peux oublier (2018). La littérature « C’est un endroit où l’on peut se rendre chaque jour, mais où l’on est accompagné par le sentiment que rien ne se clôturera. » (p. 184). Ces histoires sont plus dramatiques, elles parlent de la famille, des souvenirs, et auraient pu se dérouler avant Serii.

Ils l’ont lu : Anne-Laure de Chut… Maman lit, Le Chroniqueur, Fondu au noir, L’œil de Luciole, d’autres ?

Pour La BD de la semaine, BD 2022, Littérature de l’imaginaire #10, Un genre par mois (de l’amour dans l’air, ici une histoire d’amour différente) et ABC illimité (lettre T pour prénom).

 

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