Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi

Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi.

Delcourt / Akata (plus au catalogue), avril 2007, 192 pages, 7,95 €, ISBN 978-2-7560-0311-5. Ryôsanpaku to Shukeidai (Kadokawa Shôten, 1992) est traduit du japonais par Yuki Kakiichi et adapté par Laurence Gillet.

Genres : manga, seinen.

Natsuki Sumeragi 皇名月 (ou 皇なつき pour signer ses mangas) naît le 21 août 1967 à Ôsaka au Japon. Elle étudie la littérature japonaise à l’Université de Ritsumeikan à Kyôto. Elle est passionnée par la Chine et la Corée et ses dessins sont extraordinaires par rapport au contexte historique et culturel (kimonos, décors…). J’ai ses autres titres, La voix des fleurs (花情曲 ou はなのこえ, Hana no koe, 1991), Intrigues au pays du matin calme (李朝・暗行記 ou りちょうあんぎょうき, Richô Angyouki, 1993), Pékin années folles (燕京伶人抄, Peking reijin shô, 1995) et Un destin clément (恋泉 花情曲余話, Rensen Hana no koe yowa, 1998), ce qui est dommage c’est qu’ils n’existent plus chez l’éditeur… Plus d’infos sur son blog (plus mis à jour).

L’histoire du temple Shuzen – d’après L’histoire du temple Shuzen de Kidô Okamoto (1872-1939), auteur de Fantômes et samouraïs – Hanshichi mène l’enquête à Edo, entre autres. Fin du XIIe siècle, des combats sanglants éclatent entre les samouraïs. Katsura et Kaede, deux sœurs, filles du sculpteur Yashaô d’Izu, se chamaillent. Kaede a épousé l’artisan qui seconde son père mais Katsura rêve d’un mariage avec un noble. C’est à ce moment-là qu’arrive le Shogun Yori-ié Minamoto, 23 ans : il a commandé un masque en bois à Yashaô mais celui-ci tarde à arriver… « J’ai sculpté sans relâche mais jusqu’à présent les résultats n’ont pas été satisfaisants… […] Un masque demande plus que de la technique ! Il s’agit d’y mettre de l’âme ! » (p. 13). Katsura, sous le charme du noble accepte d’être à son service mais… Celui-ci est tourmenté, il a peur de la mort. Katsura et Yori-ié pourront-ils s’aimer ? « Je ne pensais pas que les personnes de haut rang souffraient autant. » (p. 44). Ce conte japonais est une belle histoire d’amour tragique, inspirée de faits (plus ou moins) réels puisque le masque est devenu le trésor du temple Shuzen.

L’ogre de Sôzudono – « Grand frère, tout le monde sait qu’un ogre habite Sôzudono, ce n’est pas une plaisanterie ! » (p. 72). Le grand-frère réprimande Munechika, quelle idée pour un jeune homme de croire ce genre d’absurdités ! Mais il est embarqué un peu à l’insu de son plein gré par Munechika et ils vont tous deux à Sôzudono… pour y trouver leur destin. Une histoire d’amour, de jalousie et de haine entre deux frères, l’aîné ayant plus de droits (et de devoirs) que son jeune frère (et, à notre époque, rien n’a changé, rien de nouveau sous le soleil comme on dit).

Romance d’Outre-Tombe – d’après La romance de Liang Shanbo et Zhu Yingtai (梁山伯与祝英台, en pinyin liáng shānbó yŭ zhù yīngtái, parfois traduit par Les amants papillons, du fait de la traduction anglaise Butterfly Lovers). Cette légende chinoise est un genre de Roméo et Juliette antique, présentée au classement de l’UNESCO dans l’objectif d’entrer à son répertoire du patrimoine oral et immatériel en 2006 (source Wikipédia). Ying-tai, 16 ans, ne va pas bien mais le médecin dit qu’elle n’a aucun problème de santé. Un ‘devin réputé’ dit à son père qu’elle devrait aller à Hang-zhou. « Si vous la laissez partir, elle échappera à un destin tragique. » (p. 100). Le père accepte – un de ses vieux amis, He Tian-you, y tient une école – mais Ying-tai doit absolument revenir au bout d’un an et personne ne doit découvrir son identité. Elle se fait alors passer pour un homme et part avec sa servante, Yin-xin, qu’elle fait passer pour sa jeune sœur qui l’accompagne. Dans une auberge, elle rencontre un beau jeune homme – qui l’intimide – et ils font route ensemble. « Qui sont ces deux-là ? – Ah, eux deux ! Ce sont Liang Shan-bo et Zhu Ying-tai. Ils sont arrivés en même temps à l’école de Maître He l’année dernière. Il paraît qu’ils se sont rencontrés pendant leur voyage et ont sympathisé, depuis ils sont inséparables comme des frères. » (p. 109). Mais l’année est passée et Maître He oblige Ying-tai à rentrer, or son père veut la marier… Une très belle histoire d’amour, romantique et… tragique bien sûr.

En fin de volume, un Livre des merveilles du monde regroupe une postface illustrée de la mangaka et des clés de compréhension sur le Japon et la Chine antiques et médiévales. Les trois histoires sont évidemment dramatiques : il y a Outre-Tombe dans le titre, ce qui veut tout dire mais elles sont agréables à lire non seulement grâce aux superbes dessins de Natsuki Sumeragi mais aussi grâce aux textes épurés, centrés sur le nécessaire pour le format court et avec une pointe de fantastique. À découvrir assurément !

Pour La BD de la semaine spéciale Bulles d’amour (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges 2023 en classiques, ABC illimité (lettre R pour titre), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD ou un manga, 4e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 30, une BD qui est l’adaptation d’un roman), Contes et légendes #5, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Un genre par mois (en février, du rire aux larmes, amour et drame).

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Europa 1 – La lune de glace de Leo, Rodolphe et Janjetov

Europa 1 – La lune de glace de Leo, Rodolphe et Janjetov.

Delcourt, collection Neopolis, février 2021, 48 pages, 12 €, ISBN 978-2-41302-255-8.

Genres : bande dessinée française, science-fiction.

Leo, de son vrai nom Luiz Eduardo de Oliveira, naît le 13 décembre 1944 à Rio de Janeiro au Brésil. Il fait des études d’ingénieur, milite pour la gauche dès 1968 et fuit son pays en 1971 à cause de la dictature militaire. Il se rend d’abord au Chili où il devient dessinateur pour la publicité puis arrive en France en 1981 où il devient dessinateur de bandes dessinées (Pilote, L’écho des savanes) et d’illustration jeunesse (Astrapi, Okapi) tout en continuant de travailler pour la publicité. En 1988, il se consacre à la série Trent avec Rodolphe au scénario (8 tomes) puis, en 1993, il se lance dans les Mondes d’Aldébaran et dès 2001 dans les séries Kenya, Namibia, Amazonie (5 tomes chacune). J’aime bien aussi Dexter London (3 tomes entre 2002 et 2005). Sur Europa il est scénariste avec Rodolphe.

Rodolphe, de son vrai nom Rodolphe Daniel Jacquette, naît le 18 mai 1948 à Bois Colombes dans les Hauts de Seine. Il étudie la littérature à l’université de Nanterre et devient professeur de lettres. Il écrit des articles littéraire, des nouvelles, gère une librairie (années 70) puis travaille pour les magazines Pilote, À suivre, Métal Hurlant et Imagine (la revue du merveilleux) qu’il a fondée. C’est un scénariste de bande dessinée que j’ai découvert sur le tard (avec Trent et Kenya).

Zoran Janjetov naît le 23 juin 1961 à Subotica en Yougoslavie (actuellement en Serbie). Il étudie les Beaux-Arts à Novi Sad en Serbie. Je l’ai découvert en tant que dessinateur des séries scénarisées par Jodorowsky, Avant l’Incal (1988-1995) et Les Technopères (1998-2006). Sur Europa, il est dessinateur et coloriste.

Dans le futur. « Autre sujet d’inquiétude, la dernière mission d’exploration posée en avril dernier sur Europa, […] la deuxième lune de Jupiter et la science place de grands espoirs dans les recherches concernant son étonnant océan souterrain… […] Toutes les liaisons ont brusquement été interrompues et malgré tous les efforts menés pour les rétablir, Europa reste étrangement silencieuse… » (p. 3).

Suzanne Saint-Loup est contactée par le Colonel Delarue du CESS pour une mission interplanétaire. « Vous avez été reçue – brillamment, je dois dire – à tous les examens théoriques et pratiques et vous avez réalisé un nombre conséquent de simulations comme de vols réels… […] Vous avez notamment – et c’est un élément qui nous intéresse tout particulièrement – piloté la navette Orion 4 de la nouvelle génération… » (p. 7) mais « Alors, il est où le problème de cette fille ? – Difficultés relationnelles… Une forme d’autisme… » (p. 7).

Une nouvelle mission est envoyée sur Europa avec des membres des Forces spatiales de l’ONU, la Colonel Bella Sontag, le capitaine Anton Sorg, le capitaine Vincent Cassani (médecin militaire), Winston Pump (paléontologue au CERN) qui ne souhaite pas du tout participer à cette mission et Suzanne Saint-Loup sera la pilote avec le commandant Paul Douglas.

Mais, dans l’ombre, des hommes de Dieu œuvrent pour que cette nouvelle mission échoue comme les précédentes.

Bon, les dessins sont chouettes et ça se met en place tranquillement ; on fait connaissance avec les membres de l’équipage et on comprend que certaines personnes ne veulent pas que l’exploration de cette planète et des créatures qu’elle abrite dérangent leurs convictions religieuses. À voir si la suite tiens la route mais il n’y a pas de raison car, depuis le début des années 90, j’ai apprécié les séries de Leo et ses univers de science-fiction foisonnants et dangereux pour les humains comme Aldébaran, Bételgeuse, Antarès, Survivants… et, en attendant la parution du tome 2 (ce sera un cycle de 5 tomes), peut-être lire le précédent cycle dans le même univers, Centaurus (5 tomes).

Il est trop tard pour déposer mon lien pour La BD de la semaine, tant pis… Mais cette lecture va dans les challenges BD 2022, Littérature de l’imaginaire #10, Les textes courts et Un genre par mois (en novembre il faut présenter du contemporain) ainsi que les challenges illimités ABC illimité (Titre en E pour Europa) et Les départements français en lectures (Rodolphe est né dans les Hauts de Seine, 3e billet pour ce département).

Solo 5 – Marcher sans soulever la poussière d’Oscar Martin

Solo 5Marcher sans soulever la poussière d’Oscar Martin.

Delcourt, collection Contrebande, janvier 2021, 88 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-41302-269-5. Solo. Historias Caníbales 5 (2020) est traduit de l’espagnol par Miceal O’Grafia.

Genres : bande dessinée espagnole, science-fiction.

Oscar Martin naît en 1962 à Barcelone (Espagne). Il est dessinateur, scénariste et coloriste depuis 1983 : Tom et Jerry (animation), La Guilde (bandes dessinées). Plus d’infos sur son site officiel.

Ça faisait plus d’un an que j’avais lu Solo 1 – Les survivants du chaos, et je n’avais pas pu lire les tomes suivants cette année pour le Mois espagnol (qui a pourtant duré deux mois, mai et juin)… J’ai alors enchaîné le tome 2, Le cœur et le sang, le tome 3, Le monde cannibale, le tome 4, Legatus et heureusement que j’avais ce tome 5 !

Le topo. Sur une Terre post-apocalyptique, ravagée par les produits chimiques et les armes nucléaires vivent de gros prédateurs aux allures préhistoriques, des humains parfois mutants ou hybrides et des animaux géants ou plus ou moins dégénérés, des rats, des félins, des singes, des chiens, des cochons, des lapins avec des fusils (comment ça, mais non, ce n’est pas ma faute si vous pensez à une certaine chanson !)…

Legatus est parti apporter son message de paix et d’union ailleurs mais il a laissé derrière lui des êtres convaincus par de belles valeurs et qui agrandissent toujours plus la communauté des pensants.

Cependant, un militaire déchu et devenu cinglé (ou sûrement l’était-il déjà depuis le début) est devenu gouverneur de la colonie centrale des humains et appelle ses généraux à la destruction des communautés libérées. « Allons-y avec toutes nos forces, une colonie rebelle après l’autre, et soumettons-les ! Reprenons la main sur le territoire. Reformons l’armée grâce à un recrutement forcé. Ou tu es avec nous ou tu meurs ! » (p. 25). Belle mentalité face au message pacifique porté par Legatus et ses ‘disciples’…

En tout cas, dans le monde vert qui a recueilli Legatus, des lapins, des chats et d’autres animaux herbivores vivent en harmonie mais ils sont entourés par des carnivores et ils ne savent pas encore que les humains ont décidé de les détruire, leur but étant de « [vivre] dans un seul et même monde mais qu’il faut savoir regarder, apprendre et gérer avec sagesse. » (p. 64).

Un beau tome plein de surprises ! Et j’espère qu’un tome 6 arrivera bientôt puisqu’il est stipulé à la fin « fin du volume 2 de la trilogie » donc Solo tomes 1, 2, 3 représentent une première trilogie et Solo tomes 4, 5, 6 représentent une deuxième trilogie. Les tomes 4 et 5 sont très bons mais plus courts que les précédents… Cependant j’apprends qu’il y a deux autres tomes, des spin off : Solo – Chemins tracés d’Oscar Martin (au scénario) et Alvaro Iglésias (au dessin) dont l’héroïne est Fortuna, une chatte (parution chez Delcourt en mars 2019) et Solo Alphas d’Oscar Martin (au scénario) et Juan Alvarez (au dessin) avec des chiens (parution chez Delcourt en janvier 2022), une bonne nouvelle et j’espère que la bibliothèque les a !

Le lecteur ne peut qu’adhérer au message délivré par les êtres pacifiques. En fin de volume, des fiches techniques sur ce qui s’est passé « après la Fin », au sud le monde cannibale désertique et violent (première trilogie donc), au nord le monde vert en fait appelé Corindon (deuxième trilogie donc) et comment les herbivores ont évolué sereinement et agrandi leurs territoires grâce aux travailleurs de force (gros herbivores comme les hippopotames), aux forgerons et charpentiers (des castors et des tortues), aux navigateurs qui allaient d’île en île pour planter des graines et déposer de petites colonies (lapins…), aux soldats pour se protéger des cannibales (des rhinocéros) et aux messagers (des chevaux), bref un développement bien plus équitable et profitable que celui des humains. Qui en avait douté ?

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges BD 2022 et Littérature de l’imaginaire #10.

Solo 4 – Legatus d’Oscar Martin

Solo 4 – Legatus d’Oscar Martin.

Delcourt, collection Contrebande, janvier 2019, 80 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-41300-921-4. Solo. Historias Caníbales 4 (2018) est traduit de l’espagnol par Miceal O’Grafia, Yannick Lejeune et Anaïs Zeiliger.

Genres : bande dessinée espagnole, science-fiction.

Oscar Martin naît en 1962 à Barcelone (Espagne). Il est dessinateur, scénariste et coloriste depuis 1983 : Tom et Jerry (animation), La Guilde (bandes dessinées). Plus d’infos sur son site officiel.

Ça faisait plus d’un an que j’avais lu Solo 1 – Les survivants du chaos, et je n’avais pas pu lire les tomes suivants pour le Mois espagnol (qui avait pourtant duré deux mois, mai et juin)… J’ai alors enchaîné le tome 2, Le cœur et le sang, le tome 3, Le monde cannibale, ce tome 4 et heureusement j’ai le tome 5 Marcher sans soulever de poussière (2020).

Le topo. Sur une Terre post-apocalyptique, ravagée par les produits chimiques et les armes nucléaires vivent de gros prédateurs aux allures préhistoriques, des humains parfois mutants ou hybrides et des animaux géants ou plus ou moins dégénérés, des rats, des patauds, des félins, des singes, des chiens…

Si on voit le chien, Alpha, adopté par Solo, renommé Legatus, sur la couverture (ma préférée de la série), c’est qu’il y a une raison, vous vous en doutez. Legatus, donc, rencontre un ours, en fin de vie. Celui-ci lui raconte son histoire et lui offre deux cadeaux, peut-être que ce ne sont pas des cadeaux en fait mais des malédictions… Après avoir détruit le premier cadeau, Legatus reprend la route mais « N’y a-t-il aucune autre alternative que tuer pour vivre ? N’y a-t-il aucune autre façon de traverser cette existence absurde et misérable ? Des questions et encore des questions… » (p. 17).

Sur le chemin, Legatus va agir différemment, il va observer (comme le faisait l’ours), il va apprendre et comprendre parce que « Apprendre n’est pas suffisant, c’est comprendre qui compte. » (p. 21, ma phrase préférée). Il va se lier avec des créatures qui respectent des valeurs souvent oubliées dans ce monde post-apocalyptique et cannibale, l’empathie, la miséricorde, la générosité, le respect, l’honnêteté, la sensibilité… et tous ces êtres si différents les uns des autres vont former une équipe hétéroclite et soudée (magnifique dessin pleine page p. 28).

Mais Legatus ne veut pas être un leader qui fait des miracles, il veut que chacun soit leader et convainc les autres, ceux qui ont les mêmes sentiments et les mêmes valeurs mais ne s’en sont pas encore rendu compte ou ne savent pas comment les exploiter. « Créez une armée de pensants capable de montrer aux autres une façon différente de partager la vie et de comprendre la mort. N’ayez pas peur du combat, n’ayez pas peur de mourir tant qu’il y en aura d’autres pour répandre le même message. La raison est de notre côté. » (p. 67).

Un beau tome (plus court) qui prend une autre direction, énergique mais plus philosophique, avec des dessins sensationnels et une fin surprenante. Vite le tome 5 ! Pas de fiches techniques en fin de volume mais une phrase d’Albert Einstein.

Pour les challenges BD 2022 et Littérature de l’imaginaire #10.

Solo 3 – Le monde cannibale d’Oscar Martin

Solo 3 – Le monde cannibale d’Oscar Martin.

Delcourt, collection Contrebande, octobre 2017, 128 pages, 16,95 €, ISBN 978-2-41300-156-0. Solo. Historias Caníbales 3 (2017) est traduit de l’espagnol par Miceal O’Grafia, Yannick Lejeune et Anaïs Zeiliger.

Genres : bande dessinée espagnole, science-fiction.

Oscar Martin naît en 1962 à Barcelone (Espagne). Il est dessinateur, scénariste et coloriste depuis 1983 : Tom et Jerry (animation), La Guilde (bandes dessinées). Plus d’infos sur son site officiel.

Ça faisait plus d’un an que j’avais lu Solo 1 – Les survivants du chaos, et je n’avais pas pu lire les tomes suivants pour le Mois espagnol (qui avait pourtant duré deux mois, mai et juin)… J’ai enchaîné le tome 3 après le tome 2, Le cœur et le sang, pour rester dans l’ambiance.

Le topo. Sur une Terre post-apocalyptique, ravagée par les produits chimiques et les armes nucléaires vivent de gros prédateurs aux allures préhistoriques, des humains parfois mutants ou hybrides et des animaux géants ou plus ou moins dégénérés, des rats, des patauds, des félins, des singes, des chiens…

Solo rentre de la chasse bredouille… Il ne retrouve pas sa famille et il est attaqué par des singes. « Nous assurons juste l’arrière-garde de la patrouille qui… qui… qui a emmené tes enfants et ta femme. Mais je ne sais ni pourquoi ni où ils les ont conduits. Nous suivons juste les ordres des humains. » (p. 8).

Solo n’a plus qu’à courir, pour retrouver sa famille, vers le sud, là où se sont regroupés les humains, et il se retrouve confronté à toutes sortes de dangers. Il court, de façon « toujours plus intense » (p. 20) et, en même temps, il se dit que par le passé il devait y avoir des arbres, de la verdure, de belles choses à la place de ce désert sec et dangereux.

Mais il est attaqué par des chiens (il me semble que c’est la première fois qu’on en voit). Bizarrement ils ne le tuent pas mais le font prisonnier. En fait, leur chef veut lui parler. « La population humaine augmente de manière incontrôlable et ils vont avoir besoin d’une réserve de nourriture constante et sans risque. Leur solution, c’est l’élevage d’animaux en captivité, destinés à la consommation de masse. J’aimerais que vous, les rats, puissiez résoudre ce problème. Après vous, à qui le tour ? Qui peut le savoir ? » (p. 30). Sage raisonnement mais que peut faire Solo seul ? Pourtant il arrive à libérer quelques rates mais pas sa femme et ses enfants… « Quelle est cette force qui nous pousse à nous accrocher à la vie alors même que nous voulons mourir ? » (p. 55).

Plus loin, alors qu’il meurt de faim, il sauve un chiot rescapé d’une tuerie ; peut-être qu’à deux ils seront plus forts. Le chiot est tout petit et Solo l’appelle Alpha. Il va grandir et Solo va lui apprendre tout ce qu’il sait sur le monde extérieur, les différentes espèces et le combat incessant pour survivre.

Une grande bande dessinée sur la survie et la liberté. « La liberté. Dans un monde comme celui-ci, soumis à la dictature de la faim, à la domination, de la mort… Où peut-être la liberté ? » (p. 99). Peut-être dans le fait de sauver un tout jeune chiot plutôt que le tuer et le manger ? J’aime bien cette amitié avec Alpha, alors que rat et chien sont deux espèces ennemies dans ce monde post-apocalyptique mais le chef des chiens a parlé à Solo et lui a laissé une chance alors c’est bien que Solo ait fait de même avec ce chiot tout mignon, devenu un grand gaillard mais… inexpérimenté donc constamment encore plus en danger sans Solo. De leur côté, les humains font n’importe quoi (ce qui n’est pas une surprise), ils ont asservi les singes qu’ils considèrent comme des sous-humains et ils asservissent les rats pour la nourriture, ensuite à qui le tour comme disait le chien à Solo. C’est très rythmé, ça va à toute allure même, pas de temps à perdre si Solo veut sauver les siens (et le plus possible de rates).

Encore un très beau tome, des dessins superbes, une amitié, de l’émotion et bien sûr de l’action. En fin de volume, des fiches techniques concernant les solitaires, les brutes et les habitants de l’obscurité. Heureusement que j’ai le tome 4 Legatus (2018) et le tome 5 Marcher sans soulever de poussière (2020).

Pour La BD de la semaine (cependant toujours en vacances) et les challenges BD 2022 et Littérature de l’imaginaire #10.

Solo 2 – Le cœur et le sang d’Oscar Martin

Solo 2 – Le cœur et le sang d’Oscar Martin.

Delcourt, collection Contrebande, janvier 2016, 112 pages, 16,95 €, ISBN 978-2-75607-192-3. Solo. Historias Caníbales 2 (2015) est traduit de l’espagnol par Miceal O’Grafia, Yannick Lejeune et Anaïs Zeiliger.

Genres : bande dessinée espagnole, science-fiction.

Oscar Martin naît en 1962 à Barcelone (Espagne). Il est dessinateur, scénariste et coloriste depuis 1983 : Tom et Jerry (animation), La Guilde (bandes dessinées). Plus d’infos sur son site officiel.

Ça fait plus d’un an que j’ai lu le premier tome, Solo 1 – Les survivants du chaos, et je n’ai pas pu lire les tomes suivants pour le Mois espagnol (en mai et qui a pourtant continué en juin)…

Je remets le topo que j’avais écrit pour le premier tome. Sur une Terre post-apocalyptique, ravagée par les produits chimiques et les armes nucléaires vivent de gros prédateurs aux allures préhistoriques, des humains parfois mutants ou hybrides et des animaux géants ou plus ou moins dégénérés, des rats, des patauds, des félins, des singes…

Après s’être libéré des combats de l’arène, Solo s’est réfugié dans une communauté où il vit heureux avec Lyra, une jolie rate blanche. Mais un groupe de réfugiés arrive et, parmi eux, Grand, l’ami d’enfance de Lyra. Jaloux, Solo s’en va. « J’emporte avec moi un amour fatigué et étourdi, dévoré par l’anxiété… J’emporte avec moi un amour confus et triste, à naufrager sur l’horizon. […] » (p. 24), très poétique Solo. « Je reprends la route. » (p. 25). Le dessin pleine page est splendide : « Solitude noire, solitude féroce, solitude cruelle… brûlante solitude. » (p. 26).

Il y a une ville avec des humains (apparemment normaux) et ils ont besoin de nourriture… Leur projet est d’enlever une centaines de rates jeunes et saines et quelques mâles sous contrôle pour la reproduction et donc la nourriture. Est-ce là qu’Alba, enlevée par des singes, a été conduite ?

Mais revenons à Solo qui brave tous les dangers de jour comme de nuit. Il rencontre un autre rat, son frère Bravo, qu’il ne reconnaît que lorsque celui-ci l’emmène jusqu’au lieu où il habite avec leur père devenu vieux. Après l’attaque de leur village par des chats noirs, ils étaient les deux seuls survivants (ils étaient à la chasse) et depuis ils sont devenus nomades. Après quelques jours passés à partager les souvenirs et à chasser, le père convainc Solo de retourner auprès de Lyra alors que lui et Bravo continueront leur route. Mais, horreur, le village est détruit, les morts sont mangés par des charognards agressifs et les autres ont sûrement été enlevés. Solo est de nouveau seul… avec le regret d’avoir abandonné Lyra. Il reprend la route mais… « À chaque pas, la vie nous réserve des surprises. » (p. 63).

Un très beau tome avec des dessins extraordinaires, de l’action et des sentiments. Je l’ai trouvé philosophique avec à la fois de la violence (les personnages sont dans un monde post-apocalyptique où il faut se battre pour survivre, manger ou être mangé) et de la poésie. Finalement, les rats sont les seuls être qui vivent à peu près normalement, ils vivent en communauté, ils font des petits raisonnablement, ils chassent pour se nourrir et se protéger, ils se soutiennent et s’entraident, et Solo personnage principal y fait pour beaucoup.

Solo est une histoire de chair, de sang, de survie et d’amour. Je vais lire la suite puisque j’ai pour l’instant le tome 3 Le monde cannibale (2017), le tome 4 Legatus (2018) et le tome 5 Marcher sans soulever de poussière (2020).

Comme pour le premier tome, il y a en fin de volume, des fiches techniques avec des explications sur les différentes espèces (sauriens et amazones que je n’ai pas l’impression d’avoir vus, chats, humains, crétins et dégénérés avec des illustrations) puis 3 histoires courtes inédites dont une préquelle au tome 1.

Toujours une excellente bande dessinée (histoire, dessins, couleurs) que je mets dans les challenges BD 2022, Littérature de l’imaginaire #10, et aussi dans Challenge lecture 2022 (catégorie 5, un roman avec le mot sang dans le titre, c’est une bande dessinée mais qui contient plus de 100 pages chacune et la série se lit comme un roman).

Seizième printemps de Yunbo

Seizième printemps de Yunbo.

Delcourt, collection Jeunesse, avril 2022, 120 pages, 26,50 €, ISBN 978-2-41302-827-7.

Genres : manwha, bande dessinée jeunesse.

Yunbo ou YunBo, de son vrai nom Bokyung Yun, naît en 1983 à Séoul en Corée du Sud. Elle étudie l’art et la bande dessinée à l’Université nationale de Kongju. Elle vient étudier en France en 2008 et obtient un Master en bande dessinée de l’École Européenne Supérieure de l’Image d’Angoulême en 2012. Déjà paru, Je ne suis pas d’ici (Warum, 2017). Plus d’infos sur Yunbo, travaux graphiques.

Yeowoo a 5 ans, sa mère a acheté un gâteau d’anniversaire. Pendant que ses parents se disputent, elle pense bien faire, elle sort le gâteau de sa boîte mais elle l’abîme, elle veut sortir les assiettes du placard mais fait tomber la pile et les assiettes se brisent, elle met en route l’aspirateur pour nettoyer mais elle le fait griller. Ses parents divorcent et Yeowoo y repensera à chacun de ses anniversaires…

Un an a passé. Yeowoo n’a pas vu sa mère depuis son précédent anniversaire et son père a trop de travail alors il l’emmène vivre chez le grand-père paternel et la tante Yeonju au village du Renard. « Il faut que tu me comprennes. Je vais être très occupé. Je te rendrai visite dès que j’aurai un peu de temps. » (p. 7).

Yeowoo va fêter ses 7 ans mais grand-père et tante Yeonju ne savent pas vraiment s’y prendre avec une enfant… « Elle est trop petite pour bien comprendre… » (p. 20). Elle comprend très bien qu’elle est la bienvenue ni chez sa mère ni chez son père ni ici… et il faut dire qu’elle n’est pas très agréable avec son grand-père et sa tante. « Comme j’ai grandi sans mes parents, c’est normal que je sois méchante et vilaine. » (p. 27).

Paulette, une poule s’est installée dans la maison à côté de chez eux et Yeowoo s’introduit dans la serre pour manger des fruits rouges. Cependant, Paulette, rejetée par les siens car elle ne peut pas pondre et n’a pas de poussins, est venue au village du Renard pour vivre heureuse avec ses plantes. « […] c’est pour ça que je suis venue dans ce village paisible. Et je l’aime beaucoup ! » (p. 48). Paulette est la seule amie de Yeowoo même si parfois la fillette – qui a grandi – est désagréable avec elle.

En fait, Paulette et Yeowoo, toutes deux seules et différentes des autres, vont se lier peu à peu, apprendre à se comprendre l’une l’autre pour se découvrir mieux elles-mêmes. « Yeowoo, écoute-moi bien. On ne peut pas dire qui est normal ou qui est anormal. On est tous différents. Dans la vie, trouver quelque chose qu’on aime faire peut prendre du temps. Certains le trouvent rapidement, d’autres beaucoup plus tardivement… » (p. 73).

Pour les 13 ans de Yeowoo, Paulette organise un repas auquel elle invite le grand-père et la tante de l’adolescente. Elles sont amies depuis bientôt 9 ans mais c’est la première fois que Paulette les rencontre.

Chacun doit trouver sa place et ce n’est pas toujours facile, surtout si l’on se sent rejeté injustement. C’est le cas de Yeowoo, abandonnée par sa maman, puis par son papa, elle se retrouve coincée à la campagne chez un grand-père trop âgé pour s’occuper d’elle et une tante trop seule et rêvant encore au prince charmant. Son amitié avec Paulette (qui eut cru qu’une renarde et une poule puissent être amies ?) va l’aider à grandir et à aimer la vie mais ça ne se fait pas du jour au lendemain parce que Yeowoo est en colère contre les adultes mais Paulette est d’une grande bienveillance et elle croit en Yeowoo. Il se passe des années puisque l’histoire suit Yeowoo de ses 5 ans à ses 16 ans, la renarde va grandir et s’épanouir comme les fleurs que Paulette aime tant. Et les fleurs sont importantes car chaque chapitre commence avec une fleur différente et le lecteur comprend pourquoi à la lecture.

Seizième printemps est très beau tant au niveau des dessins que des couleurs, tout est précis, subtil et on sent une certaine tendresse malgré la douleur et la colère de Yeowoo. Le format paysage change par rapport à une bande dessinée classique, ça donne un côté plus poétique d’autant plus que le récit avance saison après saison. Et puis avec ces personnages animaliers, cette histoire ressemble à une fable ou un conte mais reste toujours optimiste pour que le lecteur aille de l’avant même si c’est avec regret qu’il laisse Yeowoo et Paulette.

Merci à NetGalley et Delcourt pour cette belle lecture ! Elles l’ont lue et appréciée : Marine, mrsserendipitie, Noukette, d’autres ?

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Stéphie) et les challenges BD 2022, Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 7, un livre sorti en 2022 et lu le mois de sa sortie, parution le 13 avril et lecture le 25 avril mais problème de lecture en numérique donc terminé le 1er mai), Challenge lecture 2022 (catégorie 44, un livre dont le titre contient seulement 2 mots, 4e billet), Jeunesse young adult #11, Petit Bac 2022 (catégorie Chiffre pour Seizième), Tour du monde en 80 livres (Corée du Sud), Un genre par mois (puisque je n’ai pas pu mettre cette lecture dans le thème d’avril, bande dessinée, je la mets dans le thème de mai, jeunesse).

Kanopé 2 – Héritage de Louise Joor

Kanopé 2 – Héritage de Louise Joor.

Delcourt, collection Mirages, mai 2019, 136 pages, 17,95 €, ISBN 978-2-75609-497-7.

Genres : bande dessinée belge, écologie, science-fiction.

Louise Joor naît le 18 août 1988 à Bruxelles (Belgique). Son père est libraire bandes dessinées et éditeur, sa mère est dessinatrice, elle est tombée dans le dessin et la BD toute petite ! Elle étudie l’art à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles et s’intéresse beaucoup à l’écologie. Le tome 1 de Kanopé est sa première bande dessinée (Prix Saint-Michel et Prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction aux Utopiales 2014). Suivront ce tome 2 de Kanopé, Neska du clan du Lierre (2 tomes) et Résilience (2 tomes). Plus d’infos sur son blog.

2143. « Après des années de recherches, un remède a enfin été mis au point contre les effets des radiations sur l’être humain : les graines de M-Zemm. Leur créateur, le scientifique Pablo Alvarez, est devenu célèbre sur le réseau, mais il refuse de répondre à la question que tout le monde se pose… Où se trouve son mystérieux associé, grâce à qui tout cela a été possible ? » (p. 14).

Kanopé a mis au monde un garçon, Caï, qui a 6 ans. Jean est de retour en Amazonie et il est à sa recherche mais la forêt est différente, tout est inondé et la cabane, en ruines, a été abandonnée par Kanopé depuis longtemps. Elle vit avec Caï et des loutres et ils doivent se protéger de la société Astadel venue faire des prélèvements. D’ailleurs Caï et Jean sont enlevés… La famille sera-t-elle réunie ?

Un récit plus sombre mais une belle conclusion à l’histoire d’amour entre Kanopé et Jean dans un monde encore plus apocalyptique que dans le précédent tome. Je suis ravie d’avoir découvert cette série !

Pour La BD de la semaine, Des histoires et des bulles (catégorie 22, une BD autour de l’écologie, environnement, développement durable, 3e billet). Plus de BD de la semaine chez Noukette.

Pour les autres challenges : Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 31, un enfant sur la couverture, Caï est en haut à droite et c’est exprès qu’on ne le voit pas entièrement), Challenge lecture 2022 (catégorie 3, un livre dont le personnage principal est porteur d’un handicap, c’est le cas d’un des trois personnages principaux), Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie prénom pour Kanopé) et Un genre par mois (en février, c’est la science-fiction).

Kanopé 1 – Rencontre de Louise Joor

Kanopé 1 – Rencontre de Louise Joor.

Delcourt, collection Mirages, avril 2014, 128 pages, 17,95 €, ISBN 978-2-75603-676-2.

Genres : bande dessinée belge, écologie, science-fiction.

Louise Joor naît le 18 août 1988 à Bruxelles (Belgique). Son père est libraire bandes dessinées et éditeur, sa mère est dessinatrice, elle est tombée dans le dessin et la BD toute petite ! Elle étudie l’art à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles et s’intéresse beaucoup à l’écologie. Le tome 1 de Kanopé est sa première bande dessinée (Prix Saint-Michel et Prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction aux Utopiales 2014). Suivront Neska du clan du Lierre (2 tomes), Résilience (2 tomes) et le tome 2 de Kanopé dont je parlerai demain. Plus d’infos sur son blog.

« 2137. La Terre est peuplée par 10 milliards d’êtres humains, les ressources naturelles se sont taries et les voyages dans l’espace n’ont donné aucune échappatoire. Si de nouvelles ressources ne sont pas découvertes, l’humanité toute entière est vouée à disparaître. Lentement, la végétation s’est éteinte, les animaux ont disparu et les zones encore vierges ont été avalées par les mégalopoles. Pourtant, il existe un endroit qui résiste encore à l’invasion des hommes… l’Amazonie. » (p. 7).

Ah ah, ça fait un peu « Un village peuplé d’Irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. ». Je plaisante mais c’est ce qui m’est venu à l’esprit en lisant le début de Kanopé. Je précise que les 10 milliards d’humains sont prévus pour 2050 et que la destruction de la forêt amazonienne atteint déjà presque les 20 % ce qui équivaut à une catastrophe inéluctable (réchauffement, manque d’oxygène, etc.). Mais je respecte le sujet choisi par Louise Joor et sa façon de le traiter en 2014 (même s’il s’en est passé des choses en 7 ans).

Donc ce qui a sauvé l’Amazonie de la folie humaine, c’est l’accident de la centrale nucléaire Manaus au Brésil il y a 119 ans (en 2018). Je vérifie, il y a une seule centrale nucléaire au Brésil, elle se nomme Angra (ou Amiral Alvaro Alberto) et elle est située à Angra dos Reis dans l’État de Rio de Janeiro. Mais revenons à l’Amazonie de fiction de Kanopé. C’est, selon le rapport de S.O.A. (Status Of Amazonia), « un espace malade et instable où les rares espèces végétales et animales ayant survécu à la catastrophe présenteraient aujourd’hui de lourdes mutations. C’est un monde impénétrable et mystérieux qui évolue suivant ses propres règles. » (p. 8-9). Et les dessins sont superbes !

Kanopé est une jeune femme rousse qui vit dans cette jungle verte et colorée dans le respect des êtres qui y vivent. Mais Jean, un hacker informatique échappant à ses poursuivants (des robots), a atterri dans sa maison dans les arbres et se l’est appropriée. Est-ce que ça va être la guerre entre eux ou vont-ils trouver un terrain d’entente ? Leurs deux mondes sont si différents même s’ils vivent sur la même planète.

Une belle bande dessinée post-apocalyptique comme je les aime avec deux chouettes personnages (que tout oppose sauf l’envie de vivre), colorée et divertissante. Bon, pas un chef-d’œuvre mais j’ai très envie de lire le tome 2, Kanopé – Héritage (qu’heureusement j’ai emprunté en même temps). Parce que le cadre est totalement dépaysant et que j’ai bien envie de savoir si Kanopé et Jean vont se revoir. Et parce que, pour une première bande dessinée, c’est tout de même une réussite et que j’ai envie de suivre Louise Joor que je ne connaissais pas jusqu’à maintenant.

Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 25, le titre comporte un prénom), Challenge lecture 2022 (catégorie 4, le premier volume d’une série), Des histoires et des bulles (catégorie 22, une BD autour de l’écologie, environnement, développement durable, 2e billet), Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie prénom pour Kanopé), Tour du monde en 80 livres (Belgique) et Un genre par mois (en février, c’est la science-fiction).

Les damnés de la Commune 2 – Ceux qui n’étaient rien de Raphaël Meyssan

Les damnés de la Commune 2 – Ceux qui n’étaient rien de Raphaël Meyssan.

Delcourt, Collection Histoire & histoires, mars 2019, 144 pages, 23,95 €, ISBN 978-2-41301-061-6.

Genres : bande dessinée française, Histoire.

Raphaël Meyssan naît le 3 octobre 1976. Il étudie les sciences politiques mais devient auteur, dessinateur, scénariste et réalisateur. Plus d’infos sur son site officiel.

Après À la recherche de Lavalette, voici Ceux qui n’étaient rien, le tome 2 de Les damnés de la Commune dans lequel l’auteur emmène le lecteur au sommet de la butte Montmartre.

« Surprise ! Montmartre attaquée, la Garde nationale fraternise avec l’armée, les soldats mettent la crosse en l’air ! » (p. 7).

La prise de l’Hôtel de ville, l’organisation d’élections… la Révolution se met en place. Mais la Révolution se fait dans le sang, dans l’horreur…

Je veux relever ces phrases du Comité central des Communards qui résonnent encore fortement. « Citoyens, ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux qui vous choisirez parmi vous, vivant votre propre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Nous sommes convaincus que, si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considéreront jamais comme vos maîtres. » (p. 20). À méditer…

Une suite magistrale, toujours dans un noir et blanc inspiré des gravures d’époque, et si dans les phrases ci-dessus, la place est faite aux hommes, l’auteur lui fait de la place aux femmes, en particulier Victorine ou Alix Payen une ambulancière et bien sûr Louise Michel, mais aussi « toutes avec tous » (p. 79). L’auteur transporte aussi le lecteur à Marseille et cite cette fois, non pas Victor Hugo, mais Émile Zola avec Le sémaphore de Marseille (p. 84) et Arthur Rimbaud avec un très beau poème sur la Communarde Jeanne-Marie (p. 96-98).

En fin de volume, la carte de Paris avec les lieux importants de la Commune, une carte de France avec les villes de la Commune (Limoges, Narbonne, Toulouse, Creusot, Lyon, Saint-Étienne, Marseille) et de nombreuses références.

Pour La BD de la semaine, 2021 cette année sera classique et Des histoires et des bulles (catégorie 35, une BD historique, 3e billet).