Le chant des baleines de Baudoin

Le chant des baleines de Baudoin.

Dupuis (plus au catalogue), collection Aire Libre, janvier 2005, 56 pages, 12,94 €, ISBN 2-8001-3676-6.

Genres : bande dessinée française.

Edmond Baudoin naît le 23 avril 1942 à Nice. Il abandonne une carrière dans la comptabilité pour se lancer dans la bande dessinée dans les années 1970 (dans des magazines tels Le canard sauvage, Circus, Pilote, L’écho des savanes) mais sa première bande dessinée, Civilisation, ne paraît qu’en 1981 chez Glénat ainsi que Les sentiers cimentés (1981), Passe le temps (1982), La peau du lézard (1983), Un flip coca (1984), Un rubis sur les lèvres (1986), Le premier voyage (1987), Le portrait (1990), Couma acò (1991), etc. chez Futuropolis puis il est édité par de petits éditeurs alternatifs. Au Festival d’Angoulême, il reçoit l’Alph-Art du meilleur album en 1992 pour Couma acò, l’Alph-Art du meilleur scénario en 1997 pour Le voyage et en 2001 pour Les quatre fleuves.

Un homme marche le long du port, observant les bateaux et réfléchissant. « Je n’ai rien appris de plus que ce que je savais quand j’ai quitté mon village. Mais je ne sais plus comment faire machine arrière. Trop de temps a passé. » (p. 7).

Des souvenirs remontent à la surface, un jeune homme sur un bateau, des femmes à Québec, à Chicago, un homme esseulé et insomniaque à Paris…

Il cherche une note, peut-être celle du chant des baleines… « Quelle musique ? Comment trouver sa note dans cette cacophonie ? Et surtout pourquoi essayer ? » (p. 9). Car que sont devenus les personnes qu’il a rencontrées ? « Que sont devenues mes amours ? Julie, Marion, Mathilde. Les ai-je fuis elles aussi ? Pour aller où ? Ici ? » (p. 29).

Il rencontre une jeune femme à la gare mais elle ne reste pas avec lui et continue son chemin en direction de la montagne. Plus il marche, plus le monde semble détruit, c’est qu’il se rappelle Beyrouth en 1987, le Michigan en 2000… Puis il rencontre un couple de vieux en haut de la montagne et ils lui offrent une soupe et la recette de la tarte aux myrtilles… Ils veulent entendre parler de la ville, « Parlez-nous de la vie. » (p. 42).

Mais lui veut aller au sommet du col de montagne, il a besoin de savoir ce qu’il y a de l’autre côté.

Après avoir voyagé dans le monde entier et avoir fait de nombreuses rencontres, cet homme, un musicien, se retrouve seul et il ne cherche pas sa voie mais sa note, désespérément. La vie est-elle faite de rencontres, d’incertitudes et de questionnements ?

Le dessin de Baudoin est spécial, charbonneux, détaillé (dessiné au pinceau si j’ai bien compris) mais le texte est plutôt poétique, intimiste voire métaphysique. En un mot, cette bande dessinée est un voyage à elle seule ! En consultant les autres titres de Baudoin, j’ai l’impression que je n’ai jamais lu cet auteur dessinateur auparavant, une lacune comblée donc et je lirai assurément d’autres titres !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et les challenges ABC illimité (lettre E pour prénom), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD), Challenge lecture 2023 (catégorie 28, un livre sans happy end), Les départements français en lectures (Alpes Maritimes), Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Baleines) et Un genre par mois (en février, du rire aux larmes, drame).

Anča & Pepík mènent l’enquête de Lucie Lomová

Anča & Pepík mènent l’enquête de Lucie Lomová.

Dupuis, collection Les Ondines, octobre 2022, 128 pages (136 pages en numérique), 19 €, ISBN 979-10-3476-270-5. Anča a Pepík (1989-2007) est traduit du tchèque par Maria Zachenska et Benjamin Abitan.

Genres : bande dessinée tchèque, jeunesse, policier.

Lucie Lomová naît le 23 juillet 1964 à Prague en Tchécoslovaquie. Elle étudie le théâtre, devient journaliste puis se lance dans la bande dessinée avec Anča a Pepík. En France, ses bandes dessinées pour adultes sont publiées aux éditions de l’An 2, Anna en cavale (2006), Les sauvages (2011) et Sortie des artistes (2014). Plus d’infos sur son blog, sa page d’illustrations, son facebook et son instagram.

Je remercie NetGalley et les éditions Dupuis pour leur confiance.

Des fantômes à la Sourinière – « Cette première histoire a été écrite et dessinée par Lucie Lomová et Ivana Lomová. » (p. 10). Anča et Pepík, des souris, sont amis et habitent côte à côte. Comme chaque année, pour l’anniversaire d’Anča, sa tante Bojenka et ses cousines, Émilie et Marie, lui rendent visite. Pepík lui offre une trottinette, peut-être que ses cousines pourront monter avec Anča si elle ne tombe pas ! Mais, la tante vient seule… car à la Sourinière, Émilie et Marie ont disparu ! Anča et Pepík mènent l’enquête avec « l’ancien intendant, jardinier, homme à tout faire… » (p. 19).

Le bandit bidon – En regardant la télévision, Anča et Pepík apprennent que « un détenu particulièrement dangereux s’est évadé de la prison d’Oreille-Sous-Ris. Il rôde probablement dans les environs… » (p. 43). Un agent spécial est dépêché dans la région. Anča est prise en otage par le criminel mais elle est maligne !

Le cousin Robert – Anča et sa maman cueillent des cerises. Pour l’anniversaire de la maman, celle-ci propose d’inviter tante Vera et cousin Robert. Mais Roberte, en bon gosse de riches, est imbuvable…

Scandale en ville – Anča et Pepík sont en ville pour vendre des myrtilles mais la population est en ébullition : le maire aurait « vidé le coffre et […] disparu ! » (p. 59). Or nos deux souris le retrouvent et il est plus ou moins amnésique. Et si le maire était innocent ?

Le château hanté – Anča et Pepík sont à Rougetout pour voir les fantômes du château hanté. Monsieur Lesage, l’habitant chez qui ils ont planté leur tente, leur dit de bien rentrer avant la nuit. Mais ils s’éloignent du groupe et se retrouvent enfermés dans le donjon… fermé au public. Ils font la connaissance du fantôme de « Ruppert, maudit pour avoir empoisonné [son] frère Mulot III » (p. 73).

Miss Souris – « Concours de la plus chouette souris » (p. 75), et si Anča participait ? Le « Premier prix [est] un très beau voyage pour deux à la mer » (p. 75) et Pepík a très envie d’aller à la mer ! Contre toute attente Anča est parmi les trois finalistes.

À la plage – Eh bien, Anča et Pepík étant à la plage, vous vous doutez qui a gagné le prix de Miss Souris. Mais il y a un voleur dans l’hôtel et leur chambre a été cambriolée… « Qu’est-ce qu’on va faire ici sans argent ? » (p. 84). Puis, lors du bal costumé, une comtesse est enlevée, une enquête pour nos deux souriceaux !

Aux sports d’hiver – Cette fois Anča et Pepík sont dans un chalet de montagne à Icionsky pour faire du ski. Mais deux randonneurs se présentent à leur porte pour la nuit. « Pourriez-vous nous abriter cette nuit ? Nous sommes deux pauvres skieurs perdus loin de leur chalet, il fait nuit noire et le vent se lève… » (p. 92). Mais Pepík découvre que ce sont des voleurs !

Bison Grincheux – Au « camp de vacances près de l’étang » (p. 99), le moniteur s’est absenté et il est remplacé par Bison Grincheux qui confisque tous les jouets des enfants et enferment Anča et Pepík.

L’enfant – « Anča et sa maman, avec Pepík et son papa, revenaient de la cueillette des champignons… » (p. 107) lorsqu’ils trouvent un enfant abandonné ! Or, une petite Adèle a été enlevée et elle a un grain de beauté sur la joue mais cet enfant est un garçon et n’a rien sur la joue… Leurs parents préviennent quand même la police.

C’est Noël – Anča et Pepík préparent Noël mais avant la fête, ils rendent visite à monsieur Tristan qui vit « tout seul dans la forêt » (p. 113) mais s’endorment dans un abri. Cette histoire est plutôt fantastique, un conte sur la magie de Noël.

Le tuyau – Anča et Pepík récupèrent des objets métalliques à recycler. Une voisine leur donne un tuyau qui traîne « depuis toujours. Pourquoi personne ne l’a jeté ? Mystère… » (p. 119). Mais Anča se rend compte que c’est un tuyau magique alors pas question de le déposer à la déchetterie !

Douze histoires toutes simples mais idéales pour les plus jeunes avec dix enquêtes (Le cousin Robert et C’est Noël ne sont pas des enquêtes). Anča et Pepík sont attachants, ils sont intelligents, curieux, courageux et n’hésitent pas à désobéir (sortir la nuit par exemple) mais pour la bonne cause. Les méchants sont faciles à reconnaître par les enfants. C’est coloré, il y a un certain humour, quelques jeux de mots, c’est vraiment une curiosité à découvrir !

Ces bandes dessinées jeunesse cultes dans leur pays, d’abord publiées dans un magazine puis éditées en 4 bandes dessinées, ont été adaptées en série animée et en jeu vidéo. Page 125, Anča et Pepík disent « À bientôt » aux lecteurs ; ensuite il y a plusieurs dessins pleine page et le tome 2 est annoncé pour avril 2023, une bonne nouvelle.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette), le challenge BD 2022 et Les textes courts (la première histoire fait 33 pages, les autres histoires font 8 pages sauf les trois dernières qui n’en ont que 6 chacune), Tour du monde en 80 livres (République tchèque) et pour le Challenge ABC illimité, j’hésite entre la lettre A pour le titre et la lettre L pour prénom ou nom, allons-y pour le titre.

Secrets of Magical Stones 1 de Marimuu

Secrets of Magical Stones 1 de Marimuu.

Dupuis Vega, septembre 2021, 178 pages, 8 €, ISBN 978-2-37950-144-9. Hosekisho no shinjin 1 (Kadokawa Shoten, 2019) est traduit du japonais par Yuki Kakiichi et Nathalie B.

Genres : manga, shônen.

Marimuu まりむぅ est scénariste et dessinatrice. Secrets of Magical Stones est son premier manga. Plus d’infos sur son twitter et sur son pixiv.

Une fillette trouve « la toute première pierre précieuse de [sa] vie ». Sa vocation est née.

Des années après, Mana quitte son village pour la ville de Lithos, la Ville Lumière, au sud du pays, car elle entre au Ministère des Pierres Précieuses. Elle voyage avec son animal, Kururu. Elle est ravie mais elle cumule les gaffes… Elle perd sa broche, elle arrive en retard le premier jour, elle oublie Kururu… Maladroite, « Distraite et étourdie… ça promet pour sa formation. »

Sa camarade de chambre est Ray de la célèbre famille noble Orven. Les deux ont 15 ans et pas du tout le même comportement.

Bon, eh bien, ce n’est pas gagné, Mana se plante souvent… Mais « Je ne veux pas les décevoir ! Je vais devenir… une excellente chasseuse pour partager avec eux les pierres et leur énergie ! ».

En fin de volume, des explications pour comprendre le fonctionnement du Ministère, des talarias (bottines pour chasser les pierres), de la gemectricité (énergie des pierres), et j’ai vérifié : ces pierres, fluorite, fluorine, rhodochrosite, existent vraiment.

Même si ce n’est pas un chef-d’œuvre, je vais lire la suite puisque cette série est jolie, dynamique, amusante et surtout complète en 3 tomes seulement. Tome 2 paru en novembre 2021 et tome 3 en février 2022 (comme d’hab, à voir avec la bibliothèque).

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et les challenges BD 2022, Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10 et Shiny Summer Challenge (menu 1 – Été ensoleillé, sous-menu 3 Au pays du soleil levant = culture japonaise).

SuperGroom 1 – Justicier malgré lui de Vehlmann et Yoann

SuperGroom 1 – Justicier malgré lui de Vehlmann et Yoann.

Dupuis, février 2020, 88 pages, 13,95 €, ISBN 978-2-80017-472-3. Couleurs de Fabien Alquier.

Genres : bande dessinée française, jeunesse, science-fiction.

Fabien Vehlmann naît le 30 janvier 1972 à Mont de Marsan. Il étudie le commerce, effectue un service civil dans le monde du théâtre puis se lance en bande dessinée et devient scénariste. Parmi ses titres les plus connus, Le dernier atlas, et Seuls.

Yoann Chivard naît le 8 octobre 1971 à Alençon. Il dessine depuis l’enfance et étudie à l’École régionale des Beaux-Arts d’Angers (communication, arts contemporains, photographie, vidéo).

Spirou, vous connaissez bien sûr ? Mais, à bientôt 80 ans, il se rend compte qu’il est has been et décide de se transformer en super héros, SuperGroom, mais ça n’est pas une réussite… Il pense à son empreinte carbone et rêve de plus de simplicité. Il refuse un rôle dans un film, euh… pas vraiment réglo au niveau historique. « M’enfin, Spirou, ça ne te ressemble pas !? » (Fantasio, p. 22). « J’avoue que même moi, je suis scié… » (Spip, p. 22). « Eh bien ! Il faut croire que j’ai changé, Fantasio. Parce que je crois que j’en ai marre de toujours devoir sauver tout le monde ! Marre de vivre des aventures dans le monde entier, de vivre constamment à 200 à l’heure. En ce moment, j’ai envie de vivre à une échelle humaine, pas planétaire… Je n’en peux plus de cette contradiction permanente entre mes convictions écolos et mon mode de vie mondialisé, voilà ! » (Spirou, p. 22).

Spirou décide donc de prendre sa retraite mais l’éditeur n’est pas ravi du tout (son propriétaire non plus). De plus, un imposteur se déguise en SuperGroom et fait des dégradations dans Bruxelles… Heureusement le comte de Champignac est là pour aider Spirou et Spip (comment ça Spip n’a pas droit à des gadgets ?) à mener l’enquête qui doit disculper Spirou.

Une bande dessinée à la fois amusante et sérieuse, plus pour les ados et les adultes que pour les enfants parce qu’elle amène à réfléchir sur notre vie, sur notre monde. Mais l’histoire n’est pas vraiment terminée, le tome 2 de SuperGroom, La guerre olympique, est paru en septembre 2021 alors il faudra que je le lise.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) et les challenges BD 2022, Jeunesse young adult #11, Polar et thriller 2021-2022 et Les textes courts.

La peste, histoire d’une pandémie

La peste, histoire d’une pandémie. Le fil de l’Histoire raconté par Ariane et Nino.

Dupuis, collection Jeunesse, octobre 2020, 48 pages, 5,90 €, ISBN 978-2-39034-073-7.

Genres : bande dessinée française, littérature jeunesse, Histoire.

La collection Le fil de l’Histoire, c’est une vingtaine de volumes avec au scénario Fabrice Erre et au dessin Sylvain Savoia. Le site officiel : https://www.arianeetnino.com/.

Déjà lus dans la même série : Gaulois, sacrés ancêtres ! et La découverte des dinosaures, une révolution archéologique.

Alors qu’Ariane travaille devant son ordinateur, Nino essaie de l’effrayer avec une araignée. Bah, on ne vas pas avoir « peur d’une petite bête » (p. 3) ! Sauf que beaucoup de petites bêtes sont dangereuses… Et même des bestioles microscopiques qu’on ne voit même pas. C’est le cas pour la peste. En fait il y a trois pestes différentes : la bubonique, la septicémique et la pulmonaire (ça ne fait pas envie du tout !). Le mot latin pestis signifie fléau (p. 5).

Ariane et Nino remontent le fil de l’Histoire et découvrent d’autres maladies qui faisaient penser à la peste dans l’Antiquité comme le typhus ou la variole (peste antonine) et la première pandémie avérée au VIe siècle après J.C. (p. 8) qui est revenue tous les dix ans pendant deux siècles !!! Etc.

Avec la période pandémique que nous vivons depuis plus d’un an, il est justifié de faire savoir aux enfants (et pourquoi pas aux plus grands aussi) ce qu’est une pandémie, comment elle se déclare, comment elle revient à la charge… Personne n’est à l’abri, nulle part et la contagion est énorme. « La peste se répand donc comme une vague qui touche d’abord les côtes, puis les villes et enfin les campagnes. » (p. 13). Les spécialistes pensent qu’au Moyen-Âge, entre un tiers et la moitié de la population meurent en Occident et en Orient… Et la peste est devenue endémique, c’est-à-dire qu’elle est revenue régulièrement pendant des siècles. La médecine fait quelques progrès et les médecins parlent d’isolement, de quarantaine, de cordon sanitaire, de « billet de santé » pour les bateaux (tiens, tous ces mots ne sont pas nouveaux !) mais ils « ne comprennent pas cette maladie » (p. 22) et il y a des massacres d’innocents accusés à tort : les Juifs, les sorcières, certaines personnes dont les métiers les protègent comme « les chevriers, palefreniers, porteurs d’huile : leurs odeurs repoussent les puces, mais on ne le savait pas encore » (p. 25). Comme d’habitude, l’ignorance et la peur tuent des gens, les malades et les accusés…

Heureusement, en France, nous avons eu Pasteur au XIXe siècle ! Et ses élèves comme Alexandre Yersin qui part étudier la peste à Hong Kong et Paul-Louis Simond qui découvre que le bacille de la peste est transmis par les puces.

Je donne quelques infos mais lisez cette bande dessinée très instructive dans laquelle vous apprendrez beaucoup d’autres choses. En fin de volume, il y a un cahier de quelques pages « pour en savoir plus » avec des personnages historiques, d’autres grandes pandémies dans l’Histoire (choléra, grippe espagnole, sida, ebola, coronavirus), des informations scientifiques et le fil chronologique.

Une lecture pour La BD de la semaine et pour Animaux du monde #3 (bah, pour les puces, pardi !), Challenge lecture 2021 (catégorie 4, un livre dont le narrateur est un adolescent, une adolescente dans ce cas précis), BD, Jeunesse Young Adult #10 et Les textes courts. Plus de BD de la semaine chez Stéphie.

Inhumain de Bajram, Mangin et Rochebrune

Inhumain de Bajram, Mangin et Rochebrune.

Dupuis, collection Aire libre, octobre 2020, 113 pages (en numérique), 24,95 €, 979-1-03473-302-6.

Genres : bande dessinée française, science-fiction.

Denis Bajram naît le 1er février 1970 près de Paris. Il étudie d’abord les mathématiques à l’université Pierre-et-Marie-Curie puis les Beaux-Arts à Caen et les Arts décoratifs de retour à Paris. Il est donc illustrateur mais dans Inhumain, il est scénariste. Plus d’infos sur son site officiel.

Valérie Mangin naît le 14 août 1973 à Nancy (Lorraine). Elle étudie à Paris (prépa à Henri-IV, Histoire à l’école des Chartes et histoire de l’art à la Sorbonne) mais se lance dans la bande dessinée. Elle fonde avec Denis Bajram, son époux, les éditions Quadrant Solaire en 2006. Elle est scénariste d’Inhumain. Plus d’infos sur son site officiel.

Thibaud de Rochebrune naît le 1er juillet 1971 à Rillieux-la-Pape près de Lyon. Il travaille d’abord pour le dessin animé et se lance dans la bande dessinée dès les années 90. Il est dessinateur d’Inhumain. Plus d’infos sur son site officiel.

Un vaisseau spatial. Des humains en mission d’exploration, Miller, Tafsir, Malika, Hiroshi, Capitaine. Une robote, Ellis. « Vous rendez-vous compte, Miller, que la trajectoire que vous avez programmé va nous crasher sur cette planète ? » (Ellis, p. 12). J’aurais écrit « programmée »…

Le vaisseau s’est effectivement crashé, dans un océan rouge, peuplé de grosses pieuvres. « Il faut évacuer le vaisseau en urgence avant que la pression nous écrase. » (Ellis, p. 15). Mais surprise, la planète est habitée par des humains nus qui vivent pour le Grand Tout ! Ils se nomment « le peuple de l’eau » (p. 24). « Ce sont sans doute les descendants d’une expédition qui s’est perdue avant nous sur cette planète. » (Tafsir, p. 27). Ces humains sont amicaux mais… (je ne dévoile rien, je vous laisse découvrir). Les naufragés de l’espace apprennent que le volcan est habité par « le peuple de la terre » (p. 36) et ils décident d’explorer l’intérieur. « On se croirait revenu à la préhistoire… » (p. 53).

Qu’est-ce que ce Grand Tout ? Et pourquoi les humains qui vivent sur cette planète semblent apathiques et totalement soumis au Grand Tout que personne n’a jamais vu ? Malika s’insurge : « Un humain doit s’accomplir individuellement sinon ce n’est qu’une fourmi. » mais tout est très bien organisé entre les peuples de l’eau, de la terre, de l’air, du feu : « Qu’est-ce que ça va apporter au Grand Tout qu’on s’accomplisse individuellement ? » (p. 64).

Naviguer vers de nouvelles planètes, c’est excitant, humainement et scientifiquement, mais c’est toujours dangereux. Les humains préféreront-ils vivre dans « une soumission heureuse » ou « une liberté sauvage » (p. 99) ? Le libre-arbitre n’est pas toujours chose aisée et les auteurs interrogent chacun au niveau philosophique et social. Les dessins de Rochebrune sont magnifiques (les couleurs sont belles, pas criardes) et se marient vraiment bien au scénario concocté par le couple Bajram-Mangin.

Je remercie NetGalley pour cette superbe bande dessinée que je mets dans La BD de la semaine et dans les challenges Animaux du monde #3 (pour les pieuvres bien sûr), BD, Jeunesse Young Adult #10 (lecture préconisée par l’éditeur à partir de 15 ans), Challenge lecture 2021 (catégorie 53, un livre avec la mer sur la couverture), Littérature de l’imaginaire #9 et Petit Bac 2021 (catégorie Être humain pour Inhumain). Plus de BD de la semaine chez Noukette.

QRN sur Bretzelburg de Franquin et Greg

Les aventures de Spirou et Fantasio, 18 – QRN sur Bretzelburg de Franquin et Greg.

Dupuis, novembre 1966, 64 pages, 10,95 €, ISBN 978-2-80010-020-3.

Genre : bande dessinée franco-belge.

André Franquin naît le 3 janvier 1924 à Etterbeek (Belgique). Spirou et Fantasio, Gaston Lagaffe, Modeste et Pompon, le Marsupilami, les Idées noires, c’est lui ! Il meurt le 5 janvier 1997 à Saint-Laurent-du-Var (France). Sa vie et son œuvre sur le site officiel.

Michel Louis Albert Regnier dit Greg naît le 5 mai 1931 à Ixelles (Belgique) mais il est naturalisé français. Il est scénariste et dessinateur ; il est le créateur d’Achille Talon en 1963 (dans Pilote) et il scénarise de nombreuses séries de bandes dessinées (Les As, Bernard Prince, Comanche, Luc Orient, Olivier Rameau, Zig et Puce, etc.). Il meurt le 29 octobre 1999 à Paris.

Fantasio a un nouveau transistor très puissant de la taille d’un caramel mais le marsupilami l’avale et la musique ne s’arrête pas ! Pour le marsupilami, Spip, Spirou et Fantasio, c’est l’enfer…

Pendant ce temps-là, à 200 mètres, Marcelin Switch est mécontent car il a des interférences. Et, après avoir cherché toute la nuit, au petit matin, « Le QRN, c’est vous ? » (p. 10). C’est que Marcelin est radio-amateur et il a capté un message du roi Ladislas de Bretzelbourg retenu prisonnier dans son château de Krollstadt.

Mais Fantasio est enlevé par la Bretzpolizei et conduit à la forteresse prison de Schnapsfürmich où il est soumis à la question par le général Schmetterling et le docteur Kilikil.

Évidemment Spirou, Spip et Switch vont se rendre à son secours au Bretzelburg. Et le marsupilami aussi, échappé de la clinique vétérinaire.

Une folle aventure ! Des militaires avec des chiens dangereux, une population déguenillée qui meurt de faim, un roi drogué et prisonnier, des escrocs qui vendent des armes… Une bande dessinée amusante pour dénoncer le totalitarisme et le sur-armement. Il y a beaucoup de textes pour une BD jeunesse mais elle est parue dans les années 60 et c’était une autre époque.

Pour La BD de la semaine et les challenges Animaux du monde (marsupilami, écureuil, chiens), BD, Cette année, je (re)lis des classiques (eh oui, cette BD est parue avant 1970 !), Challenge du confinement (case BD) et Jeunesse Young Adult #10. Plus de BD de la semaine chez Stéphie.

PS : suite à une info d’Argalit lit sur FB, je voudrais rajouter un événement dont je n’avais pas entendu parler. C’est Lisez-vous le belge ? qui se déroule du 16 novembre au 25 décembre 2020. Infos sur Le carnet et les instants (le blog des lettres belges francophones), sur PILEn et sur la page FB de Lisez-vous le belge ?.

La découverte des dinosaures, une révolution archéologique

La découverte des dinosaures, une révolution archéologique. Le fil de l’Histoire raconté par Ariane & Nino.

Dupuis, collection Jeunesse, novembre 2018, 45 pages, 5,90 €, ISBN 978-2-39034-008-9.

Genres : bande dessinée française, littérature jeunesse, Histoire.

La collection Le fil de l’Histoire, c’est déjà 20 volumes avec au scénario Fabrice Erre et au dessin Savoia. Le site officiel : https://www.arianeetnino.com/.

Personne n’a jamais vu de dinosaures ! Mais les paléontologues ont découvert lors de fouilles archéologiques leurs traces et leurs ossements. Le premier os de dinosaure aurait été retrouvé en 1677 par un savant anglais, Robert Plot, mais il n’a pas su dire ce que c’était. Ni les scientifiques du XVIIIe siècle.

« Ces fossiles peuvent raconter beaucoup de choses, mais il faut savoir les faire parler. » (Ariane, p. 9).

Les Anglais, les Hollandais et les Français sont pionniers. Le premier paléontologue scientifique étant Georges Cuvier, un Français. « Il comprend dès 1796 que des espèces animales ont disparu dans le passé, une idée pas évidente pour les Européens de l’époque… En tant que croyants, ils pensaient que la Création de Dieu n’avait pas changé depuis le début… » (Ariane, p. 10).

Puisqu’il y a tant de fossiles en Europe, les Américains se disent qu’il doit y en avoir également chez eux. C’est la ruée vers les fossiles de dinosaures et la « guerre des os » ! « […] d’immenses découvertes : 130 nouvelles espèces de dinosaures sont décrites ! » (Ariane, p. 20).

Aux XXe siècle, les expéditions veulent non seulement trouver des os de dinosaures mais aussi le « chaînon manquant ». Ça m’a fait penser au très beau roman West de Carys Davies que j’ai lu l’été dernier.

« C’est drôle : des œufs, des becs, des plumes… Certains ressemblent à des oiseaux. » (Nino, p. 33).

Tout comme avec le premier tome, Les Gaulois, sacrés ancêtres, j’ai appris des choses, en particulier les noms des premiers paléontologues mais je ne pense pas que je les retiendrai ! Les dates et l’évolution des découvertes sont importantes aussi, par exemple des erreurs sont corrigées car les scientifiques découvrent toujours de nouveaux os et de nouvelles informations.

Et le cahier illustré, en fin de volume, donne plein d’explications complémentaires sur les fouilles, les reconstructions de dinosaures, la chronologie, etc.

Pour La BD de la semaine et les challenges BD et Jeunesse Young Adult #9. Plus de BD de la semaine chez Noukette.

Les Gaulois, sacrés ancêtres !

Les Gaulois, sacrés ancêtres ! Le fil de l’Histoire raconté par Ariane & Nino.

Dupuis, collection Jeunesse, février 2018, 45 pages, 5,90 €, ISBN 978-2-39034-002-7.

Genres : bande dessinée française, littérature jeunesse, Histoire.

La collection Le fil de l’Histoire, c’est déjà 20 volumes avec au scénario Fabrice Erre et au dessin Savoia. Le site officiel : https://www.arianeetnino.com/.

Ariane et Nino voient, chez leur grand-mère un vieux portrait et s’interrogent : c’est le grand-père de mamie donc leur arrière-arrière-grand-père. « Mais alors, c’est un Gaulois ? » (Nino, p. 3). Nino apprend qu’en fait les Gaulois vivaient il y a 2000 ans et qu’ils étaient en fait des Celtes. Gaulois est le nom que leur ont donné les Romains (comme Galates, nom donné par les Grecs pour les Celtes de Turquie).

C’est parce que les Gaulois avancent vers le sud et s’emparent du Capitole à Rome que les Romains les repoussent et occupent peu à peu leur territoire ! C’est la guerre des Gaules, menée par Jules César.

« Mais un village résiste toujours ! » (Ariane, p. 8). Eh non, ce n’est pas celui d’Astérix ! C’est celui d’Ambiorix, en 54 avant J.-C., en Belgique !

Puis il y a Vercingétorix, le roi des Arvergnes (Auvergne) mais il doit se réfugier dans l’oppidum d’Alésia (ville fortifiée). Mais les Gaulois deviennent des Gallo-Romains et sont intégrés dans l’empire romain.

Jusqu’à ce qu’il s’effondre et qu’arrivent les Germains, dont une tribu appelée les Francs.

« Au Moyen-Âge, plus personne ne se dit Gaulois. » (Ariane, p. 13). « Mais alors, qu’est-ce qui reste des Gaulois en nous ? » (Nino, p. 13).

Bref, je ne vous raconte pas tout, lisez cette BD ! Bien sûr elle est dédiée à la jeunesse mais elle est bien dessinée et bien racontée. Idéale pour comprendre quel héritage ont laissé ces fameux Gaulois : agriculture, élevage, outils agricoles comme la création de la première moissonneuse-batteuse !, artisanat (laine, bois, fer, poteries…), etc. Les Gaulois avaient leurs qualités et… leurs défauts (sacrifices humains, par exemple, interdits par les Romains).

Vous savez quoi : j’ai appris des choses ! Les Gaulois ont inventé la cotte de mailles, le canif à lame rétractable, le savon, le tonneau cerclé (plus solide que l’amphore), etc.

Ce qui est intéressant, c’est de voir Ariane et Nino qui, après avoir remonté le fil de l’Histoire, sont à l’époque des Gaulois.

Et en fin de volume, il y a un instructif cahier illustré « Pour en savoir plus… ».

PS : dans le fil de l’Histoire, je vois un clin d’œil au fil d’Ariane !

Pour La BD de la semaine et les challenges BD et Jeunesse Young Adult #9.

Plus de BD de la semaine chez Moka.

Les larmes du seigneur afghan de Campi, Zabus et Bourgaux

Les larmes du seigneur afghan de Campi, Zabus et Bourgaux.

Dupuis – Aire Libre, mai 2014, 80 pages, 16,50 €, ISBN 978-2-8001-58-46-4.

Genre : bande dessinée documentaire.

Thomas Campi, né le 8 décembre 1975, est un dessinateur italien qui a commencé par la pub. Il a vécu pendant 6 ans en Chine et vit maintenant à Sydney en Australie. Plus d’infos sur http://thomascampi.com/.

Vincent Zabus, né le 8 mai 1971 à Namur, est un scénariste belge. Du même auteur : Agathe Saugrenu, Macaroni !, Le monde selon François.

Pascale Bourgaux est une journaliste française, elle a couvert le Kosovo, l’Irak, l’Afghanistan, le Moyen-Orient, elle travaille pour les médias français et belges, et donne aussi des cours à Sciences Po.

Depuis dix ans, Pascale va régulièrement en Afghanistan. Elle réalise des reportages sur Mamour Hasan, « un seigneur de guerre ouzbek du nord du pays » (p. 8) et les gens de sa maison. Mars 2010, son employeur préférerait qu’elle ne parte pas car le pays devient de plus en plus dangereux. Pascale est cette fois accompagnée de Gary, le caméraman, c’est sa première fois, et comme d’habitude d’un fixeur qui les guidera et leur servira d’interprète. C’est vrai que la situation s’est dégradée en dix ans : Pascale voit la corruption, les bavures et la pauvreté. « Si l’argent de la communauté internationale était dépensé correctement… Aujourd’hui en Afghanistan, il n’y aurait ni pauvreté, ni talibans. » (p. 26). Beaucoup d’Afghans ne croient plus en la démocratie et sont prêts à inviter les talibans contre lesquels ils ont combattu. « Dix ans de soutien militaire et d’aide humanitaire internationale pour en arriver là… T’imagines ? » (p. 32).

Comme le livre date un peu (2014), on n’apprend pas de choses récentes sur l’Afghanistan mais le constat n’a pas changé : les talibans sont toujours là, la corruption et la pauvreté aussi, une partie de la population se radicalise de nouveau et le pays peut basculer dans le fondamentalisme. C’est triste pour les Afghans… Mais la bande dessinée est tout de même intéressante à lire car, en plus des dessins très réussis, c’est une belle tranche de vie, le beau témoignage d’une journaliste européenne qui aime ce pays et qui risque sa vie à chaque voyage pour rencontrer les gens dans les villages, les filmer, leur donner la parole et qui espère que la vie s’arrangera pour eux. Je me demande si elle y est retournée depuis ? J’aurais aimé savoir plus de choses sur la vie quotidienne, en particulier pour les femmes et les enfants, peut-être qu’il faudrait que je vois le film documentaire réalisé en 2011.

Une lecture pour La BD de la semaine que je mets dans les challenges BD, Défi 52 semaines (A comme Afghanistan), Raconte-moi l’Asie et Un max de BD en 2018.