La saison des ouragans de Fernanda Melchor.
Grasset, collection En lettres d’ancre, mars 2019, 288 pages, 20 €, ISBN 978-2-24681-569-3. Temporada de huracanes (2017) est traduit de l’espagnol (Mexique) par Laura Alcoba.
Genres : littérature mexicaine, roman policier.
Fernanda Melchor naît le 3 juin 1982 à Boca del Río (État de Veracruz) au Mexique. Elle étudie le journalisme à l’université de Veracruz. Elle écrit des articles et des essais comme Mi Veracruz (2008) puis des nouvelles et des romans, Aquí no es Miami (2013), Falsa liebre (2013), Temporada de huracanes (2017) et Páradais (2021) qui ont reçu des prix littéraires.
Un matin de début mai à La Matosa. Cinq gosses descendent près du canal. Mais au « bord du ravin, et tous les cinq, à quatre pattes sur l’herbe sèche, ne faisant ensemble qu’un seul corps, dans un nuage de mouches vertes, finirent par reconnaître ce qui émergeait au-dessus de l’écume jaune de l’eau : c’était le visage putréfié d’un mort entre les joncs et les sacs en plastique que le vent ramenait de la route, un masque sombre où grouillaient une myriade de couleuvres noires, et qui souriait. » (p. 12). Le cadavre, c’est celui de la Sorcière. L’autrice revient en arrière pour nous raconter, la région et ses malheurs, les habitants et leurs malheurs.
En 1978, il y a eu un glissement de terrain et un ouragan ; la montagne s’est détachée ; des humains et des animaux sont morts ; le tout « transforma en cimetière les trois quarts de la région » (p. 28). Bien sûr, les survivants accusèrent la Sorcière et sa fille mais la Sorcière a sûrement été ensevelie et sa fille, surnommée la Petite Sorcière, est devenue la Sorcière.
Puis, des hommes d’ailleurs en ont profité pour venir travailler à la reconstruction, suivis par des femmes de mauvaise vie et la petite ville de La Matosa, déjà pas bien glorieuse, a changé. Franchement, je plains ses habitants… « la seule chose qu’ils avaient en commun c’était la connerie et le pouvoir de nuisance » (p. 51), car La Matosa est peuplée de mères et grand-mères violentes, de fainéants, voleurs, alcooliques voire drogués, de putes et le sida commence à faire des victimes…
Il y a une telle violence dans ce roman : la 4e de couverture dit que « Fernanda Melchor dresse un formidable portrait du Mexique contemporain et de ses démons. […] elle dépeint la brutalité de la société […] ». Formidable ? C’est bizarre d’employer cet adjectif… J’ai l’impression que personne n’est normal, sensé… Et puis, pour les hommes, je pense en particulier à un certain beau-père, n’importe quelle fillette prépubère devient « une machine à baiser » (p. 169)… C’est que même les femmes mariées, les mères de famille se prostituent, c’est le seul moyen pour elles de gagner un peu d’argent pour nourrir les nombreux enfants qu’elles n’ont pas pu faire sauter… Parce que les hommes boivent, se droguent, baisent et dorment…
Quant à l’enquête sur l’assassinat de la Sorcière, les flics ne sont pas pressés, ils arrêtent enfin les quatre jeunes incriminés mais « L’argent, ils voulaient savoir où se trouvait l’argent, ce qu’ils avaient fait de l’argent, où ils l’avaient caché, c’était la seule chose qui intéressait ce gros dégueulasse de Rigorito et ces salauds de flics qui avaient tabassé Brando jusqu’à lui faire cracher du sang pour le jeter ensuite dans ce cachot qui sentait la pisse, la merde, la sueur aigre des pauvres ivrognes, recroquevillés comme lui contre les murs, et qui ronflaient, riaient tout bas ou fumaient tout en lançant des regards avides dans sa direction. » (p. 193-194).
J’ai repéré ce roman lors du Book Trip mexicain mais je n’avais pas eu le temps de le lire pour ce challenge. Et p…, c’est glauque, c’est plus que glauque ! « Une langue […], crue, musicale, [qui] retranscrit la brutalité avec beaucoup de talent. » dit l’éditeur… Eh bien, je ne dirais pas que c’est musical… Très cru et très brutal, oui, mais pas musical… Cependant, les personnages sont de fiction mais l’autrice s’inspire d’un « fait divers » (il y en a beaucoup des faits divers comme ça au Mexique ?). Franchement, si l’auteur avait été un homme, beaucoup auraient crié à la pornographie, à l’éloge de la prostitution (des femmes, des hommes, des ados), à la pédophilie, à l’homophobie mais si c’est une femme qui écrit, ça passe mieux ? Pas pour moi… Pourtant ça ne me dérange pas si un roman policier (noir, polar, thriller…) contient de la violence mais là c’est trop, c’est un torrent de boue qui se déverse sur les lecteurs… J’ai même eu du mal à le finir parce que c’est aussi parfois long, répétitif et ennuyeux… De plus, la couverture ne m’aurait pas du tout attirée (j’ai emprunté ce livre avec la couverture jaune de Grasset, peut-être que la jaquette, affreuse à mon avis, a été retirée par les bibliothécaires). Je ne pense pas relire cette autrice.
Ils l’ont lu et l’ont plus ou moins apprécié : Amy, DarkBrume, Eve-Yeshé, Lectures hispano-américaines, Loudebergh, LoupBouquin, Mademoiselle lit, Olivia, Selma, Virginie Vertigo, d’autres ?
Pour Challenge de l’été – Tour du monde 2022 (niveau 2, Amérique avec Mexique), Les dames en noir, Polar et thriller 2022-2023, Shiny Summer Challenge 2022 (menu 1 – Été ensoleillé, sous menu 1 – Mort sur le Nil = policier et thriller, 3e billet) et Un genre par mois (en juillet, c’est policier).