Beyrouth entre parenthèses de Sabyl Ghoussoub.
L’antilope, juin 2020, 144 pages, 16 €, ISBN 978-2-37951-027-4.
Genres : littérature franco-libanaise, roman.
Sabyl Ghoussoub naît en octobre 1988 à Paris, dans une famille libanaise qui a fui la guerre au Liban. Il grandit et étudie en France puis retourne au Liban (il est Libanais et Français) où il devient directeur du Festival du film libanais à Beyrouth. Il est écrivain et photographe. Du même auteur : Le nez juif (L’antilope, 2018) que j’ai bien envie de lire et Le Liban n’a pas d’âge 1920-2020 (un ouvrage collectif à paraître aux éditions Bernard Chauveau en novembre 2020). Plus d’infos sur son site officiel
Lorsque la guerre a éclaté au Liban, les parents (du narrateur, de l’auteur) ont fui et son père a travaillé comme traducteur à Paris, c’est pourquoi le narrateur est né Libanais en France mais c’est compliqué pour lui. « Je n’acceptais pas ce qu’on m’imposait : une famille, une origine, une histoire. Une terre à porter, à représenter. » (p. 44).
« À force d’entendre parler d’Israël depuis que je suis petit, haïr ce pays à tout va, le voir condamner de tous les maux de la planète, je n’ai eu qu’une seule envie, m’y rendre. » (p. 13). Mais ses parents, outrés, l’en dissuadent. « Pas besoin d’avoir fait de grandes études pour comprendre que lorsqu’on est libanais, Israël, on n’y va pas. » (p. 15).
Lors de son voyage (il va rendre visite à son amie, Rose, à Tel Aviv), il se rend compte qu’avec son passeport libanais, c’est difficile… « […] nous sommes tous en guerre, tous ! » (p. 24). C’est que pour voyager en Israël, il a « mis Beyrouth entre parenthèses » (p. 31), c’est-à-dire sa famille et sa culture libanaises.
Le narrateur (l’auteur donc) est photographe et, au contrôle douanier à l’aéroport Ben Gourion, les Israéliens l’interrogent entre autres sur ses photographies. Le livre contient d’ailleurs une série de photographies en noir et blanc (p. 59-62). L’interrogatoire dure des heures ! « […] il va falloir que je m’habitue à vivre et à dormir dans cet aéroport, on ne saura plus quoi faire de moi, je vais rester ici éternellement. » (p. 96).
Une erreur. Deux fois, il est écrit vielle au lieu de vieille : « la vielle ville de Jérusalem » (p. 120) et « une vielle âme » (p. 121), c’est con…
À part ça, ce roman est très instructif, parfois drôle, parfois tendu… Et j’ai particulièrement aimé lorsque le photographe raconte à la soldate qui le questionne son voyage en Iran, et les relations entre le Liban et Israël vues de façon différente.
Pour le Challenge de l’été (Liban) et Petit Bac 2020 (catégorie Lieu pour Beyrouth).