[Article archivé]
Le pays du nuage blanc est un roman de Sarah Lark paru aux éditions L’Archipel le 27 août 2013 (643 pages, 23,95 €, ISBN 978-2-8098-1236-7). Im Land der weissen Wolke (2007) est traduit de l’allemand par Jean-Marie Argelès.
Je remercie Pauline et les éditions L’Archipel pour ce très beau roman !
Sarah Lark est née le 1er janvier 1958 à Bochum (Allemagne). Sous son vrai nom, Christiane Gohl, elle a écrit des romans jeunesse sur les chevaux, en particulier les séries Sophie, Julia et Reitschule Silberhuf. Elle utilise aussi les pseudonymes Ricarda Jordan et Elisabeth Rotenberg. Elle vit en Espagne dans une ferme où elle élève des chevaux.
Hélène Davenport est fille de pasteur. Sa mère étant morte lorsqu’elle avait 12 ans, elle a élevé ses deux frères (maintenant étudiants) et sa jeune sœur (maintenant mariée). Comme elle sait lire et qu’elle a une belle écriture, elle a été embauchée à Londres comme préceptrice chez Lucinda et Robert Greenwood. Leurs deux fils, Georges, 16 ans, et William, 11 ans, ne sont pas des lumières. Georges apprend un minimum mais William est trop gâté par sa mère. « Le garçon doit s’habituer à ce que la vie n’ait pas d’égards pour ceux qui échouent, disait-il [leur père] avec sévérité. Il faut qu’il apprenne à perdre, c’est uniquement ainsi qu’il finira par vaincre ! » (p. 15).
Hélène, qui a bientôt 30 ans et qui est toujours célibataire, a remarqué une petite annonce sur le journal de la paroisse. « Ah, vraiment ? Vous songez à émigrer ? s’enquit Robert Greenwood avec flegme, puis, avec un sourire : Dans ce cas, la Nouvelle-Zélande est un bon choix. Ni chaleur excessive, ni marais générateurs de malaria comme en Inde. Pas non plus d’indigènes sanguinaires comme en Amérique. Pas de rejetons d’anciens criminels comme en Australie… » (p. 16).
Pendant ce temps-là, au Pays de Galles, chez les Silkham, Lord Terence perd aux cartes contre son invité, Gérald Warden, le « baron des moutons », venu acheter des moutons, des chiens et… une noble épouse pour son fils unique, Lucas. « Nos Maoris sont généralement pacifiques. Un peuple étrange… fataliste et facile à contenter. Ils chantent, dansent, taillent le bois et ne fabriquent pour ainsi dire pas d’armes. » (p. 34). Warden repart ainsi sur le Dublin avec Gwyneira, 17 ans, sa chienne Cléopâtre et sa jument Igraine. Gwyn épousera Lucas Warden et devra donner un héritier aux Warden.
De son côté, Hélène embarque aussi sur le Dublin avec des orphelines (Rosemarie, Dorothée, Daphnée, Élisabeth, les jumelles Laurie et Marie) qui vont être placées comme bonnes dans des familles en Nouvelle-Zélande (elles ne vont pas toutes avoir de la chance… le lecteur les suivra aussi de loin en loin).
Les deux jeunes femmes, bien que voyageant dans des classes différentes, vont se rencontrer à l’embarquement et se lier d’amitié. Une amitié qui va continuer malgré la haine que se portent Gérald Warden (beau-père de Gwyn) et Howard O’Keefe (époux d’Hélène). « Rompre le contact avec Hélène ? Et puis quoi encore ? La jeune femme était sur le navire la seule avec qui elle pouvait parler librement et sans crainte. En dépit de leurs différences d’origine sociale et de goûts, elles devenaient des amies de plus en plus intimes. » (p. 94). À l’arrivée, Gwyn et Hélène doivent quand même se séparer…
Gwyn part immédiatement avec Gérald dans les Canterbury Plains pour Kiward Station. Elle fera un beau mariage avec Lucas mais elle ne pourra pas inviter Hélène et l’enfant qui tardait à venir énormément sera une fille, Fleurette, mettant le vieux Warden en colère. Heureusement Gwyn a Cléo et Igraine et un ami, le chef d’équipe des bergers, James McKenzie, car, contrairement à Lucas, elle aime travailler avec les moutons et les chiens.
Hélène restée à Christchurch, chez les Baldwyn (pas très accueillants), attend Howard O’Keefe qui n’est pas comme elle l’espérait mais qu’elle épousera quand même et qu’elle suivra dans les Canterbury Plains près de Haldon. La vie est rude et isolée mais Hélène va s’organiser. Elle donnera à O’Keefe un unique fils, Ruben, et enseignera aux enfants maoris : Reti et Rongo qui aident à la ferme seront les premiers à apprendre à lire et à écrire. « Étudier magie nous aussi ! déclara un garçon avec beaucoup de sérieux, et Hélène couvrit d’autres feuilles de papier de prénoms étranges, comme Ngapini et Wiramu. » (p. 214).
J’ai planté les personnages principaux et le décor alors je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir, en lisant vous-mêmes ce roman, la Nouvelle-Zélande ! Ses habitants (ceux d’origine, les Maoris, avec leur vie simple et saine, leurs traditions, leur culture et ceux nouvellement arrivés, les Blancs, le plus souvent des Anglais, avec leur idée de supériorité et leur volonté de s’approprier les terres), sa faune et sa flore (très importantes), ses moutons, ses chiens de berger et ses chevaux (parfois venus de Grande-Bretagne), ses grands espaces, ses montagnes, ses fermes en rondins et ses petites villes toutes de bois construites, ses commerces naissants.
Ce roman grandiose – qui se déroule dans la deuxième moitié du XIXe siècle (de 1852 à 1877) – est romanesque mais jamais mièvre, il est écrit très intelligemment et décrit parfaitement les personnages, et même les animaux, leurs relations, leurs pensées, leurs modes de vie. Il y a de l’aventure bien sûr, des découvertes, des rencontres, des retrouvailles, de l’amour mais aussi de la haine, un peu de bonheur et beaucoup de désillusions et de peine.
J’ai lu que Le pays du nuage blanc est le premier tome d’une saga maorie alors va-t-on retrouver les mêmes personnages dans le tome suivant ou est-ce que ce sera une autre histoire dans un autre lieu avec d’autres Maoris et d’autres colonisateurs ?
Deux choses m’ont horrifiée : la chasse à la baleine (horrible…) et les « chasseurs » de bébés phoques (tu parles, pas besoin de les chasser, ces bébés innocents sont couchés près de leur maman et il suffit de les assommer fortement avec un gourdin pour les enlever au milieu des cris et du sang, abominable…).
Vous vous demandez sûrement pourquoi « le pays du nuage blanc » ? Après cent-quatre jours de voyage, le Dublin arrive en Nouvelle-Zélande. « Alertés par les sirènes, les passagers, en quelques secondes, se retrouvèrent sur le pont. […] que des nuages. La vue était masquée par ce qui ressemblait à une longue couche de ouate blanche. […] Peu à peu seulement, des montagnes se dessinèrent dans la brume, des falaises escarpées derrière lesquelles s’accumulaient d’autres nuages. Le spectacle était étrange, on aurait dit que les montagnes flottaient dans une masse cotonneuse, blanche et lumineuse. » (p. 103), « D’où le nom de la Nouvelle-Zélande dans la langue maorie : Aotearoa, le pays du long nuage blanc. » (p. 104). « Une étendue quasi infinie de pâturages. […] tout était plus clair, plus grand, plus vaste. » (p. 113). J’imagine le spectacle magnifique, vraiment à la lecture de ce roman, j’étais plongée dans un autre monde et j’avais bien du mal à m’en sortir, c’était comme si j’étais en Nouvelle-Zélande et qu’il fallait tout à coup que je revienne ici !
Ma phrase préférée. « Une chose entraîne l’autre, et cela n’a pas de fin. » (p. 638).
Une très belle lecture pour les challenges 1 % de la rentrée littéraire 2013 (c’est mon premier roman de cette rentrée littéraire !), Cercle de lecture de Tête de Litote (pavé de l’été de plus de 350 pages), Des livres et des îles (Nouvelle-Zélande), Petit Bac 2013 (catégorie Phénomène météorologique), Tour du monde en 8 ans (Allemagne), Victorien (ça se déroule de 1852 à 1877, dans l’Angleterre victorienne et dans la Nouvelle-Zélande assujettie à la couronne anglaise) et Voisins voisines (Allemagne).
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