Métal Hurlant n° 1 – automne 2021

Métal Hurlant n° 1 – automne 2021.

Les Humanoïdes associés, septembre 2021, 394 pages, 19,95 €, ISBN 978-2-73164-037-3.

Genres : magazine, bande dessinée, science-fiction.

Métal Hurlant, le retour ! « Le futur, c’est déjà demain » et « La machine à rêver ». Le thème de ce premier numéro est l’anticipation proche parce que « Le futur proche, c’est quand, sans s’en rendre compte, demain est devenu maintenant. » (p. 27).

Un petit historique. Métal Hurlant, magazine de science-fiction et de bande dessinée, est créé en 1975 par Jean-Pierre Dionnet (rédacteur en chef) et Les Humanoïdes associés. Il paraît jusqu’en 1987 puis revient entre 2002 et 2004. Je n’étais pas une lectrice régulière mais j’avais pu feuilleter des numéros à la maison de la presse et en lire à la bibliothèque. C’est l’époque où j’ai découvert Moebius, Philip K. Dick, Enki Bilal, Ceppi, Jodorowsky, Schuiten et tant d’autres. C’est dingue de penser que Métal Hurlant a inspiré la création de Heavy Metal, magazine similaire aux États-Unis, en 1977. Un article à lire sur France Culture.

Extrait de l’édito de Vincent Bernière, directeur de publication, « Changeons la science-fiction et reprenons en main notre futur. Métal Hurlant revient. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » (p. 5).

Des articles traitant bien sûr de la science-fiction : futur, anticipation, fin du monde… avec de la littérature, de la bande dessinée mais aussi du cinéma, du jeu vidéo et même plus (philosophie, art…).

Des entretiens : (dans le désordre) Nicolas Minvielle et Olivier Wathelet, Éric de Broche des Combes (architecte, vous saviez qu’il y avait de la science-fiction en architecture, et pas seulement contemporaine mais dès l’Antiquité ?), Emmanuele Coccia (philosophe, avec un très bel article, Le monde est un jardin avant d’être un zoo, et j’ai bien envie de lire son essai, Métamorphoses, paru chez Rivages en 2020), William Gibson (inventeur du cyberpunk, avec Neuromancien en 1984, que je n’ai jamais lu), Patrice Van Eersel (essayiste, avec un article optimiste, Tout n’est pas perdu) et surtout Enki Bilal qui dit le sublime « Sans nous, la planète sera sublime » (p. 16) et Alain Damasio qui n’est pas « antitechnologique » mais « clairement techno-critique et techno-interrogatif » (p. 19).

Et le gros morceau (plus de 220 pages), 28 histoires courtes en bandes dessinées.

Mes trois préférées.

Premiers de cordée de Mathieu Bablet (c’est la première bande dessinée et elle met la barre haut, sans jeu de mot, vous comprendrez en la lisant !).

Les différents visages du Dr Dehlinger de Benjamin Fogel et Franck Biancarelli emmènent le lecteur dans un monde post-apocalyptique et un noir et blanc somptueux et riche en détails.

La vie quotidienne de Matt Fraction et Afif Khaled, une histoire idéale en ce mois de novembre avec la Journée internationale contre les violences faites aux femmes le 25. Bon, il faudrait que ça soit toute l’année, ou plutôt qu’il n’y ait plus de violence, eh bien justement, faites comme Jessica (épouse de l’affreux Bob), profitez de la gentille robotique ! Des tons bleus, plutôt froids donc, qui font justement froid dans le dos.

Mais toutes les 25 autres BD sont réussies voire excellentes, réalisées par des auteurs argentins, britanniques, états-uniens, français, québécois…

À noter H.O.P. d’Ugo Bienvenu, auteur et dessinateur que j’avais énormément apprécié dans Préférence système et Le blues du dentiste d’Adam Sillard qui fait partie du collectif Réalistes créé par Ugo Bienvenu.

Comme j’ai acquis et lu ce Métal Hurlant en novembre, je voulais mettre à l’honneur le Mois québécois avec deux bandes dessinées québécoises et un dessinateur allemand pour Les feuilles allemandes mais j’ai pris du retard pour publier ce billet…

Ces mains qui nourrissent de Samia Marshy et Lee Lai. Samia Marshy est la scénariste, elle vit à Tio’tia:ke, c’est-à-dire Montréal, et livre ici son premier scénario (une bonne idée bien rendue). Lee Lai est l’illustratrice, elle est d’origine australienne mais vit à Montréal (elle est connue pour Le goût de la mandarine chez Sarbacane). Même si elle ne fait pas partie de mes bandes dessinées préférées, j’ai apprécié cette histoire en noir et blanc, avec des dessins tout en finesse, et le récit qui interroge les lecteurs sur la production de ce que nous mangeons, le goût des ‘vrais’ fruits et légumes.

Ticket Tuesday de Maya Penn et Tommi Parish. Maya Penn, la scénariste, et Américaine (Atlanta) mais Tommi Parish, né(e) en Australie vit à Montréal. Si l’histoire est plutôt classique – des humains espèrent une vie paradisiaque grâce à une loterie appelée Ticket Tuesday et en attendant le gros lot consomment du VitaSun –, les dessins sont surprenants avec des personnages très colorés (jaunes, rouges…) et surtout disproportionnés.

Un futur différent de Sylvain Runberg et Ingo Römling. Si Sylvain Runberg, le scénariste est Franco-Belge, Ingo Römling, le dessinateur (également musicien), est Allemand. Dans un futur, peut-être proche du nôtre, le monde est surveillé par des drones car une maladie génétique transmise par les moustiques déforme les humains mais des anti-vaxx refusent d’être contraints. Alexia et son bébé fuient devant les milices mais… Un récit rondement mené qui fait réfléchir.

Vous aimez la bande dessinée et la science-fiction ? Métal Hurlant est fait pour vous ! Et sûrement que, comme moi, vous vous demanderez : et si la science-fiction était en fait le réel ? Vous voulez découvrir / soutenir Métal Hurlant ? « Engagez-vous, abonnez-vous qu’ils disaient ! » (p. 4 et 390).

Bon, j’ai bien remarqué quelques fautes comme le « film Distict 9 » (p. 9) ou « un maison » (p. 41) mais ça n’empêche pas d’apprécier l’énorme tour de force pour la réalisation de ce numéro et j’espère qu’il y en aura d’autres (de numéros de Métal Hurlant, pas de fautes !).

Pour La BD de la semaine, Des histoires et des bulles (catégorie 32, un livre sur l’histoire de la BD, du manga, de l’évolution du 9e art, des interviews d’artistes, ce n’est peut-être pas exactement ce qu’attend Noctenbule pour cette catégorie mais Métal Hurlant fait partie de l’histoire de la BD, de son évolution et il y a des interviews d’auteurs et dessinateurs) et Littérature de l’imaginaire #9. Plus de BD de la semaine chez (lien à venir).

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Une enquête de Basil et Victoria (tomes 1 et 2) de Yann et Édith

Une enquête de Basil et Victoria de Yann et Édith.

Genre : bande dessinée française.

Yann Lepennetier naît le 25 mai 1954 à Marseille. Il étudie la publicité et l’architecture mais se lance dans la bande dessinée : fin 70 – début 80, il dessine pour des bandes dessinées de Conrad. Puis il se lance comme scénariste. Du même auteur : Le Marsupilami, Pin-Up, Lucky Luke, entre autres.

Édith Grattery naît le 25 juillet 1960 à Marseille. Elle étudie à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Elle est dessinatrice de bandes dessinées (et parfois co-scénariste) et illustratrice pour l’édition jeunesse. Ses titres : Ornicar, Le trio Bonaventure, entre autres.

Tome 1 : Sâti

Les humanoïdes associés, 1990. Disponible en édition numérique uniquement, mars 2014, 48 pages, 5,99 €, ISBN 978-2-73163-567-6.

24 mai 1887, Londres. La reine Victoria « impératrice des Indes […] fête son jubilé d’or » (p. 7). Basil Mohune, Victoria et son chien Cromwell n’ont pas pu voir la reine tellement la foule était dense. Ils vivent de petits larcins et en vendant des rats dans cette capitale sale et sordide… Ils rencontrent une fillette hindoue qu’ils appellent Sâti ; elle est recherchée par la police et même par Sherlock Holmes. Mais Victoria a besoin d’argent pour faire libérer son frère, un voleur surnommé La Mistoufle, et conduit Cromwell à des combats contre des rats.

Tome 2 : Jack

Les humanoïdes associés, 1993. Disponible en édition numérique uniquement, mars 2014, 48 pages, 5,99 €, ISBN 978-2-73162-912-5.

Août 1888, Londres. Basil, Victoria, Cromwell et Sâti entendent parler de Jack The Ripper que tous les policiers de la ville cherchent mais des prostituées continuent d’être assassinées. Et le lecteur va peut-être découvrir qui était réellement Jack l’Éventreur ! De plus les enfants, toujours livrés à eux-mêmes, aident un galopin aborigène surnommé Kangourou. Ce tome 2 a reçu l’Alph’Art du meilleur album en 1993 à Angoulême.

Une série de bandes dessinées jeunesse qui compte encore 3 tomes : Zanzibar (1995), Pearl (2006) et Ravenstein (2007) et une série animée franco-italienne de 26 épisodes dans les années 90 : Orson et Olivia. Les dessins de cette BD ne m’ont pas emballée plus que ça mais les histoires sont pas mal, du moins pour les deux premiers tomes que j’ai déjà lus.

Pour La BD de la semaine, les challenges Animaux du monde #3 (pour le chien Cornwell et… les rats), BD, British Mysteries #5, Jeunesse Young Adult #10 et Polar et thriller 2020-2021. Plus de BD de la semaine chez Noukette.

Cap Horn 1 de Christian Perrissin et Enea Riboldi

Cap Horn 1 – La baie tournée vers l’est de Christian Perrissin et Enea Riboldi.

Les Humanoïdes Associés, juin 2010, 56 pages, 9,95 €, ISBN 978-2-7316-2247-8.

Genres : bande dessinée franco-italienne, Histoire, aventure.

Christian Perrissin naît le 1er janvier 1964 ; il étudie les Beaux-Arts à Annecy puis l’atelier BD des Arts appliqués Duperré à Paris. Du même scénariste : El Niño (7 tomes).

Enea Riboldi naît le 13 août 1954 à Milan ; il débute sa carrière au début des années 70 (bandes dessinées, illustrations pour des cartes, pour la télévision…).

Fin du XIXe siècle, aux alentours du Cap Horn.

Trois hommes fuient à cheval, Kruger, Duca, Johannes et 25 kilos d’or… que Kruger embarque pendant la nuit. Il sont poursuivis par les hommes de Popper, l’ange noir du Paramo.

Pendant ce temps, un trois-mats de la Marine française arrive sur les côtes de la Terre de Feu. Un scientifique va étudier les Fuégiens, de la tribu Yamana, et d’autres vont cartographier les canaux de la région, pour la Mission Terre.

Une belle couverture, de beaux dessins dont certains en pleine page, mais beaucoup de personnages rendent la lecture plus compliquée. N’empêche, c’est un beau récit, d’une région peu connue, tout au sud, au Cap Horn, la montagne andine se jette dans la mer. Et ces Indiens Yamana, je ne les connais pas (ou alors j’ai oublié si j’en ai déjà entendu parler).

Les albums suivants sont Dans le sillage des cormorans (2009), L’ange noir du Paramo (2011) et Le prince de l’âme (2013). Une intégrale est parue en 2014.

Pour La BD de la semaine et le challenge BD.

Le réseau Bombyce 1 de Cécil & Corbeyran

Le réseau Bombyce 1 – Papillons de nuit de Cécil & Corbeyran.

Les Humanoïdes Associés, 1999, réédition octobre 2010, 48 pages, 14,20 €, ISBN 978-2-7316-2306-2.

Genres : bande dessinée française, science-fiction.

Éric Corbeyran au scénario. Il naît le 14 décembre 1964 à Marseille. Il est scénariste, photographe, illustrateur. Ses œuvres sont trop nombreuses pour que je les cite : je vous laisse consulter tout ça sur Internet. Je suis en train de lire, du même auteur, Les guerres d’Albert Einstein, en feuilleton dans Robinson.

Cécil au scénario et au dessin. Il naît le 18 mai 1966 à Dax (dans les Landes). Il décide de faire de la bande dessinée à l’âge de 5 ans grâce à un album de Lucky Luke, Ma Dalton. Il étudie aux Beaux-Arts à Bordeaux et travaille dans une librairie spécialisée BD. Du même dessinateur : L’empreinte des chimères (1991).

Dans une Bordeaux rétro-futuriste. Eustache et son acolyte, Mouche, cambriolent la villa du Baron Guillaume Bernard de Harcourd. « L’une des fortunes les plus importantes de la région, comme disent les journaux ! – …Et l’une des plus convoitées, comme disent les réseaux ! ». Mais le baron rentre de voyage un jour plus tôt que prévu, pendant que les deux lascars sont à l’œuvre ! Cependant ils découvrent que des messieurs pervers voient des jeunes femmes violées et tuées grâce au cinématographe (l’ancêtre des snuff movies). Eustache pourra-t-il sauver sa bien-aimée, Zibeline ?

Les dessins sont très beaux, l’architecture est en métal et en verre. Les personnages, Eustache et Mouche, ont un côté steampunk qui me plaît beaucoup. J’ai très envie de lire la suite !

Deux autres tomes sont parus en 2010 : Monsieur Lune (tome 2) et Stigmates (tome 3). Une intégrale est parue en juin 2019.

Pour La BD de la semaine et les challenges BD et Littérature de l’imaginaire #8.

Plus de BD de la semaine chez Stéphie.

Le vent des libertaires 1/2 de Philippe Thirault et Roberto Zaghi

Le vent des libertaires, 1/2 de Philippe Thirault et Roberto Zaghi.

Les Humanoïdes Associés, août 2019, 56 pages, 14,50 €, ISBN 978-2-7316-0919-6.

Genres : bande dessinée franco-italienne, Histoire.

Philippe Thirault naît le 18 septembre 1967 à Paris mais il grandit à Amiens avant de revenir à Paris pour intégrer Sciences-Po. Il publie quelques romans à la fin des années 90 avant de se lancer dans le scénario de bande dessinée. Plus d’infos sur son site officiel.

Roberto Zaghi naît le 9 juin 1969 à Ferrare (Italie). Il fait des études techniques et suit des cours de bande dessinée. J’aime beaucoup ses dessins, précis et réalistes. Plus d’infos sur son blog.

Usine Renault, Boulogne Billancourt, février 1934. Des communistes distribuent et tracts et appellent à la grève. Mais un homme se rebiffe. « Ton syndicat et ton parti sont totalement inféodés au parti communiste de l’Union soviétique, qui a réduit en esclavage ceux qu’il prétendait affranchir. Staline et son toutou Thorez ne valent pas mieux que les fascistes. » C’est Nestor Makhno et Staline a ordonné sa mort.

Flashback. Gouliaï-Polié, sud-est de l’Ukraine, hiver 1898. Nestor, enfant, se rappelle la mort de son frère aîné, Sasha. Avec son petit frère, Vitali, ils ont froid mais il n’y a plus de bois. Il est bien loin le temps où l’Ukraine était dirigée par les Atamans élus ! Contrainte par la situation, sa mère fait adopter Nestor par la riche veuve Vynnitchenko qui n’a pas de fils.

Une bande dessinée en deux tomes librement inspirée de la vie de Nestor Ivanovitch Miknienko, né en 1888 à Gouliaï-Polié. C’est en fait, à travers cet homme et ses compagnons de route (hommes et femmes), l’histoire de la révolution ukrainienne, différente de la révolution bolchevique, plutôt anarchiste, mais les biens des riches (terres, exploitations, entreprises) étaient confisqués et redistribués selon les besoins de chacun. Je ne connaissais pas cette histoire, je veux absolument lire la suite (le tome 2 était annoncé pour le 18 mars…).

Une excellente BD historique pour La BD de la semaine, pour le challenge BD et le Mois italien (pour le dessinateur).

Plus de BD de la semaine chez Stéphie.