Son espionne royale et le collier de la reine de Rhys Bowen

Son espionne royale et le collier de la reine de Rhys Bowen.

Robert Laffont, collection La bête noire, juillet 2020, 360 pages, 14,90 €, ISBN 978-2-22124-263-6. Naughty in Nice (2011) est traduit de l’anglais par Blandine Longre.

Genres : littérature anglaise, roman policier, cozy mystery.

Rhys Bowen est le pseudonyme de Janet Quin-Harkin, née le 24 septembre 1941 à Bath dans le Somerset. Autrice de romances, elle utilise Rhys Bowen pour ses romans policiers : les séries Constable Evan Evans (10 tomes, 1997-2006), Molly Murphy (18 tomes, 2001-2022) et Royal Spyness (15 tomes dont 9 traduits en français, 2007-2021). Plus d’infos sur son site officiel.

Les quatre premiers tomes : Son espionne royale mène l’enquête de Rhys Bowen, Son espionne royale et le mystère bavarois de Rhys Bowen et Son espionne royale et la partie de chasse de Rhys Bowen, Son espionne royale et la fiancée de Transylvanie de Rhys Bowen.

Janvier 1933, Londres sous un froid glacial, vent, pluie, neige, la totale. Georgie aide à la soupe populaire à la gare de Victoria pendant que Binky (son frère), Fig (l’épouse, enceinte et encore plus désagréable que d’habitude) et Podge (leur fils de 4 ans) sont au chaud à Rannoch House. Lorsqu’ils partent pour la Côte d’Azur (comme beaucoup d’Anglais plus ou moins fortunés), Georgie est soulagée mais ils veulent fermer Rannoch House et Georgie n’aurait plus nulle part où vivre…

Heureusement, Sa Majesté la reine Mary invite Georgie à boire le thé et lui propose d’accomplir une petite mission sur la Côte d’Azur. « J’aimerais vous confier une tâche plutôt épineuse et compliquée. […] Tout cela est extrêmement confidentiel, Georgiana. Rien de ce que je vais vous dire ne doit être ébruité. […] Je me fie entièrement à vous. Vous avez déjà su gérer des situations similaires, et vous vous êtes montrée fort ingénieuse. » (p. 46).

Lors d’une récente réception, une précieuse tabatière de la collection de la reine a été volée et celle-ci soupçonne sir Toby Tripoter qui possède la compagnie Britannia Motors, qui est donc « l’un des hommes les plus riches du pays » (p. 48) et qui « est devenu un collectionneur d’objets d’art et d’antiquités passionné – obsessionnel devrais-je dire. » (p. 49). Elle envoie alors Georgie à Nice pour qu’elle récupère cette tabatière. « Évidemment, je peux me tromper. J’accuse sans doute ce pauvre homme à tort. Mais je me targue de savoir très bien juger les gens et, selon moi, sir Toby Tripoter est le genre d’homme prêt à tout pour arriver à ses fins, quelles qu’elles soient. » (p. 49).

Voici Georgie et Queenie en route pour la Riviera ! Dans le Train Bleu, surprise, Georgie rencontre Vera Bate Lombardi (apparentée à la reine et qui a connu Georgie lorsqu’elle était enfant) accompagnée de Coco Chanel. « Vous êtes délicieuse, déclara-t-elle. Je vais faire de vous l’un de mes mannequins. J’ai l’intention de dévoiler ma nouvelle collection lors d’un défilé exceptionnel destiné aux riches Anglais de la Riviera, et vous serez parfaite. […] J’y mêle le masculin et le féminin, la ville et la campagne, le jour et la nuit. » (p. 71).

C’était à prévoir, Georgie et Queenie sont très mal reçues par Fig et sa sœur à la villa Gloriosa… Heureusement, en rendant visite à Vera et Coco Chanel à la villa Marguerite le lendemain, Georgie y rencontre sa mère car la villa lui appartient ! Elle peut donc se préparer pour le défilé mais c’est justement durant le défilé qu’elle trébuche, tombe sur une vieille princesse russe et que le collier inestimable (une rivière de perles et de diamants) est volé… Bien sûr tout cela a été prémédité mais par qui ? Le marquis Jean-Paul de Ronchard fait la cour à Georgie qui n’arrive pas à récupérer la tabatière chez sir Toby Tripoter et en plus, elle est accusée par la police française de son meurtre ! Sa mission et sa liberté sont compromises toute Lady qu’elle soit.

Ah, je me disais qu’il n’y aurait peut-être pas de meurtre dans cet opus ; il (je devrais dire le premier) arrive en fait dans la deuxième moitié du roman et la police française n’est pas montrée de façon très glorieuse… L’action est donc un peu plus longue à démarrer mais c’est pour que le lecteur profite bien de la Côte d’Azur, et s’attache aux nouveaux personnages et aux nouvelles aventures sentimentales de Georgie (c’est qu’elle a 22 ans et demi et tout le monde veut la caser).

Un épisode encore différent : le lieu, la Côte d’Azur (même si ça reste très British avec tous ces Anglais en villégiature), de nouveaux personnages dont certains célèbres comme Coco Chanel, la montée politique de Hitler (en filigrane, dans les conversations et les inquiétudes de certains), Georgie se met toujours en péril (parfois sans s’en rendre compte) mais elle sait tirer son épingle du jeu et devient plus ‘professionnelle’. Bref j’ai bien aimé et je me rends compte que 4 autres tomes sont parus en français depuis, Son espionne royale et les douze crimes de Noël (tome 6), Son espionne royale et et l’héritier australien (tome 7), Son espionne royale et et la reine des cœurs (tome 8), Son espionne royale et les conspirations du palais (tome 9), à lire à l’occasion donc.

D’autres l’ont lu : À livre ouvert, Félinana Lillyttérature, Mokona, Mylène, Pedro Pan Rabbit, Ramettes, Sélectrice, Sharon, j’en ai peut-être oublié…

Angleterre pour British Mysteries 7, Mois anglais 2022, Voisins Voisines 2022 et aussi pour Les dames en noir, Petit Bac 2022 (catégorie Objet pour Collier), Polar et thriller 2021-2022 et Shiny Summer Challenge 2022 (menu 2 – Orage d’été et sous menu 2 – Se rafraîchir en plein cagnard = un lac, la mer, la pluie, la nature, Nature writing, passer l’hiver sur la Côté d’Azur au lieu de Londres glacial, c’est super)

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Son espionne royale et la fiancée de Transylvanie de Rhys Bowen

Son espionne royale et la fiancée de Transylvanie de Rhys Bowen.

Robert Laffont, collection La bête noire, juillet 2020, 360 pages, 14,90 €, ISBN 978-2-22124-262-9. Royal blood (2010) est traduit de l’anglais par Blandine Longre.

Genres : littérature anglaise, roman policier.

Rhys Bowen est le pseudonyme de Janet Quin-Harkin, née le 24 septembre 1941 à Bath dans le Somerset. Autrice de romances, elle utilise Rhys Bowen pour ses romans policiers : les séries Constable Evan Evans (1997-2006), Molly Murphy (2001-2017) et Royal Spyness (2007-2020).

Les trois premiers tomes : Son espionne royale mène l’enquête de Rhys Bowen, Son espionne royale et le mystère bavarois de Rhys Bowen et Son espionne royale et la partie de chasse de Rhys Bowen.

Novembre 1932, Londres. Georgie est seule à Rannoch House mais elle reçoit deux lettres, une de la Reine Mary pour déjeuner jeudi et une de sa belle-sœur, Fig, qui lui annonce que la météo est tellement catastrophique dans leur château écossais qu’ils (Binky, Fig et Podge) viennent passer l’hiver à Rannoch House. La catastrophe pour Georgie qui n’a toujours ni domestique ni chauffage ni nourriture digne de ce nom… Heureusement elle rencontre Darcy O’Mara qui l’invite chez Rules, le plus ancien restaurant de Londres.

Lors de son déjeuner avec la Reine, Georgie apprend qu’elle doit représenter la Cour d’Angleterre au mariage de « la princesse Maria Theresa de Roumanie [et du] prince Nicholas de Bulgarie […] héritier du trône. » (p. 49). Maria Theresa est une de ses anciennes camarades de pensionnat (en Suisse si je me souviens bien). Il lui faut une femme de chambre et Queenie Hepplewhite, la jeune femme que Hettie Huggins (l’amie de grand-papa cockney) lui a envoyée est… spéciale. « Topons là, mam’zelle […]. Vous allez pas le regretter, mam’zelle. J’vous jure que j’serai la meilleure femme de chambre que vous avez jamais eue ! » (P. 81). Ne soyons pas mauvaises langues mais nous en doutons quand même !

Voici donc Georgie en route pour la Roumanie en compagnie d’une bonne fantaisiste, maladroite et incompétente (elle a perdu ses précédents emplois à cause d’incidents à répétition…) et d’un chaperon austère, Lady Middlesex. Direction le château de Bran en Transylvanie, évidemment personne n’est rassuré : des loups, des vampires… Et surtout une tempête de neige qui bloque l’accès au château (Middlesex et Bickett ne peuvent repartir le lendemain matin comme prévu).

En tout cas, à Bran, Georgie retrouve sa mère qui y séjourne avec son amant allemand, Belinda sa meilleure amie qui comme souvent a utilisé un subterfuge, le prince Siegfried de Roumanie que Georgie a éconduit il y a quelques mois, la vraie Hannelore et… Darcy (serait-il un espion de la Couronne britannique ?). « Maintenant qu’il était là, je me sentais capable d’affronter vampires, loups-garous et brigands » (p. 169). Mais le maréchal Pirin, un grossier personnage mais indispensable en politique (pour éviter une guerre civile en Yougoslavie), meurt durant le banquet… Crise cardiaque ? Empoisonnement ? Et, bien sûr, impossible d’appeler la police : « À cause de la neige, la ligne téléphonique est coupée. Nous sommes complètement isolés. » (p. 171).

Pour cette quatrième aventure (enquête) de Victoria Georgiana Charlotte Eugenie, fille du duc de Glenn Garry et Rannoch, surnommée Georgie, (et pour le lecteur), c’est un total dépaysement (quoiqu’il fasse plus froid en Transylvanie qu’à Londres). C’est la première fois que Goergie et le lecteur quittent Londres (enfin sauf pour aller dans l’affreux château familial en Écosse).

Par rapport au premier tome où Georgie était une totale novice, elle prend de la bouteille (je ne veux pas dire qu’elle boit), elle devient plus observatrice, plus perspicace au fur et à mesure de ses aventures. Ici, elle ne va pas protéger ou enquêter sur un membre de la famille royale anglaise, elle est totalement hors de son univers mais elle va de nouveau très bien s’en sortir (avec un peu d’aide quand même et même Queenie a son utilité).

C’est bien sûr toujours so British et il y a de la matière : histoire, politique et social des années 30 (certains parlent déjà de Hitler), protocole hum… pas toujours respecté, humour… et une pointe de surnaturel dans ce huis-clos glacial (y aurait-il vraiment des vampires ?).

Bon, je dois avouer que je l’ai lu en août dernier et que je n’avais pas publié ma note de lecture. Pourquoi ? Parce que toutes les notes de lectures rédigées au brouillon dans des cahiers se sont retrouvées dans des cartons avec des livres ou des papiers et que je les retrouve peu à peu (oui, il reste encore quelques cartons à ouvrir), donc voilà, mieux vaut tard que jamais et je lis en ce moment le tome 5, Son espionne royale et le collier de la Reine, paru en juillet 2020.

D’autres l’ont lu : À livre ouvert, Mylène, Pedro Pan Rabbit, Ramettes, d’autres ?

Angleterre pour British Mysteries 7, Mois anglais 2022, Voisins Voisines 2022 et aussi pour Contes et légendes (vampires, château qui a inspiré Bram Stoker), Les dames en noir, Petit Bac 2022 (catégorie Famille pour Fiancée parce que pour la catégorie Lieu il y a déjà pas mal), Polar et thriller 2021-2022.

Les Romantiques de Benjamin Chaud et Cécile Coulon

Les Romantiques, 60 classiques de la littérature en version érotique de Benjamin Chaud et Cécile Coulon.

Robert Laffont, octobre 2021, 128 pages, 21 €, ISBN 978-2-22125-349-6.

Genres : beau livre, classiques, dessin, érotisme, humour.

Benjamin Chaud naît le 29 janvier 1975 à Briançon (Hautes-Alpes). Il étudie à l’École des arts Appliqués de Paris et à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Il est illustrateur et auteur de littérature jeunesse (la Fée Coquillette, les Petits Marsus, Pomelo, Taupe et Mulot… pour lesquels il reçoit plusieurs pirx) mais Les Romantiques est un livre pour les adultes. Plus d’infos sur sa page FB.

Cécile Coulon naît le 13 juin 1990 à Saint Saturnin dans le Puy de Dôme (en Auvergne). Elle publie son premier roman à l’âge de 16 ans (Le voleur de vie, éditions revoir). Elle étudie le cinéma, hypokhâgne et khâgne (Lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand) et les lettres modernes. Elle reçoit des prix littéraires pour ses romans et sa poésie. Elle est romancière, nouvelliste, dramaturge et poétesse. Plus d’infos sur sa page FB.

« Quand il s’agit d’amour, de sexe et de littérature, il n’existe pas de petites espérances. » (2e de couverture et p. 64). La Bible, L’Odyssée, Les mille et une nuits, La divine comédie, Gargantua, Roméo et Juliette « Y a du monde au balcon. » (p. 16) !, Le songe d’une nuit d’été, Hamlet, Don Quichotte, Dom Juan, Gulliver, Robinson Crusoé, Candide, Justine ou les malheurs de la vertu, Les liaisons dangereuses, Le rouge et le noir, Les illusions perdues, Les trois mousquetaires, et même Moby Dick, le Capital et plusieurs autres, autant de classiques revisités par Cécile Coulon (texte) et Benjamin Chaud (dessin), le tout de façon subtile, amusante et érotique. Bien sûr, c’est coquin et tellement drôle ! Mon dessin préféré est page 115 sur Autant en emporte le vent.

Une lecture spéciale pour Les classiques c’est fantastique #2 (le thème de février est ‘les bijoux indiscrets’ que je mets aussi dans 2022 en classiques, Les adaptations littéraires et Challenge lecture 2022 (catégorie 32, un livre dont les initiales de l’auteur se suivent dans l’alphabet).

Et je vous parle de l’expo jeudi !

La vengeance du carnivore d’Upamanyu Chatterjee

La vengeance du carnivore d’Upamanyu Chatterjee.

Robert Laffont, collection Pavillons poche, mars 2020, 128 pages, 9 €, ISBN 978-2-22124-656-6. The Revenge of the Non-Vegetarian (2018) est traduit de l’anglais (Inde) par Sylvie Schneiter.

Genres : littérature indienne, roman policier, Histoire.

Upamanyu Chatterjee naît en 1959 à Patna en Inde (c’est dans l’État du Bihar, dans le nord-est de l’Inde, région d’origine du bouddhisme et du jaïnisme). Il a étudié au Collège Saint-Xavier de Delhi et au Collège Saint-Étienne de Delhi (collèges chrétiens) puis à l’Université de Delhi. Il a travaillé à l’Université du Kent (Angleterre) puis dans l’Administration indienne. Il est fonctionnaire et écrivain (humour noir, satire). Il a reçu plusieurs prix littéraires pour ses romans.

J’ai lu ce court roman pour la LC (lecture commune) organisée pour Les étapes indiennes 2022. Le billet est à publier à partir du 24 janvier mais, comme il y avait déjà deux billets sur le blog hier (lundi 24), j’ai réservé ce billet pour aujourd’hui (mardi 25).

29 septembre 1949. Basant Kumar Bal, domestique chez les Dalvi, est réveillé en pleine nuit par « le meuglement des vaches […] les hurlements du chien pris de folie » (p. 9). Il découvre, pétrifié, la maison des Dalvi en feu… Les six membres de la famille sont morts brûlés « la veille de la cérémonie pour les fiançailles de la fille » (p. 11) ainsi que leur chien… Bien qu’il se soit tordu la cheville en courant au puits pour chercher de l’eau, les policiers pensent que Basant Kumar Bal joue la comédie.

Madhusudan Sen, magistrat sous-divisionnaire de Batia, se rend sur les lieux car Nadeem Dalvi, le père de famille, était son mamlatdar (« fonctionnaire chargé de la collecte des impôts, note p. 11). Puis il rencontre Arif Dalvi, le frère cadet qui a récupéré les vaches après l’incendie ; il est « ingénieur adjoint à l’usine de traitement d’eau » (p. 25).

En tout cas, les policiers n’avaient peut-être pas tort… Non seulement Basant Kumar Bal s’est enfui durant la nuit de l’appentis dans lequel il vivait mais l’autopsie montre que « les corps, notamment les crânes, [ont] reçu de multiples coups assénés par un instrument lourd et solide, telle une pelle ou une tête de hache. » (p. 40). L’incendie ne serait donc pas accidentel ?

L’enquête et le procès vont durer des années… Le passage le plus horrible est dans le hangar abattoir (chapitre 17, p. 71-73). Même Madhusudan Sen, « le carnivore à peau dure » (p. 70) a eu bien du mal à supporter ce qu’il voyait et ce qu’il sentait. « C’est vraiment pour des gens comme moi, cette barbarie et ces tortures innommables ! » (p. 73).

Ce roman aux chapitres très courts se lit d’une traite et donne à réfléchir : si l’on est végétarien parce qu’on ne veut pas que des animaux soient tués, peut-on condamner à mort même le pire des criminels ? Et donc le roman se transforme tout naturellement mais avec subtilité en questionnements. Sur la peine de mort dans l’Inde des années 40 et 50, une Inde avec encore le système des castes. Et sur le bien-fondé de manger de la viande (il me semble que, selon les régions et leur religion, beaucoup d’Indiens sont censés être végétariens).

J’ai vraiment beaucoup aimé le style de Chatterjee, son humour, sa concision et j’ai très envie de lire son premier roman, Les après-midi d’un fonctionnaire très déjanté, paru en Inde en 1988 et en France en… 2007 !

Donc pour Les étapes indiennes 2022 mais aussi Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 21, un roman découvert grâce à un blogueur, en l’occurrence par deux-trois blogueuses qui l’ont proposé en lecture commune), Challenge lecture 2022 (catégorie 38, un livre dont la couverture invite au voyage, et ce malgré les plantes carnivores !), Des livres (et des écrans) en cuisine (gastronomie indienne), Polar et thriller 2021-2022, Le tour du monde en 80 livres (Inde).

Extincta de Victor Dixen

Extincta de Victor Dixen.

Robert Laffont, collection R, novembre 2019, 608 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-22124-037-3.

Genres : littérature française, science-fiction, post-apocalyptique, jeunesse.

Victor Dixen naît en 1979 d’une mère française et d’un père danois. La famille vit dans plusieurs pays d’Europe et, devenu adulte, il vit aux États-Unis, en Irlande, à Singapour… Il écrit depuis 2009 et ses genres de prédilection sont ceux de l’imaginaire. Plus d’infos sur son site officiel.

Après le Grand Effondrement, dans les Dernières Terres, « les Derniers Humains expiaient la démesure de leurs ancêtres. » (p. 23).

À Viridienne, au sud ouest des Dernières Terres, Astréa, une jeune femme de 18 ans, faisant partie des suants, espère être choisie « pour rejoindre le pleuroir, temple de Terra, en tant que novice. » (p. 22). Mais le destin va en décider autrement car il ne reste que « 255 heures avant l’extinction » (p. 21).

De son côté, Océrian, 18 ans également, est le fils aîné du roi Orcus, « héritier de la dynastie cétacéenne qui depuis deux siècles régnait sur la cité-royaume » (p. 29) mais suite à un accident dans lequel il a perdu une jambe, il est mis au rebut au profit de ses deux frères, les princes Boréalion et Delphinion.

Ils n’auraient jamais dû se rencontrer car Astréa est tout en bas de l’échelle sociale, et Océrian qui aurait dû être au plus haut est enfermé dans le château de son père. Jusqu’à ce qu’il décide de s’enfuir !

« Gong ! Il n’y avait plus de serpents multicolores. Il n’y avait plus de nuit liquide. Il ne restait qu’une sensation de bien-être, d’apesanteur ; oui, quelque chose comme ce qu’il ressentait jadis, quand il fermait les yeux aux jardins et se laissait emporter par le vent de son imagination. Partir… Si loin… Et ne jamais revenir… » (p. 177-178).

Astréa s’enfuit dans la Désolation intérieure avec ses amis Margane et Sépien. Ils veulent délivrer Palémon (le frère aîné d’Astréa) et Livien (le frère jumeau de Sépien) en échange d’Océrian. « Il était un apex, elle était une suante. Il était un otage, elle était sa ravisseuse. C’était tout ce qu’il y avait à savoir, et rien de plus. » (p. 246).

Au comptoir Solitaire, où ils font halte, j’ai bien aimé le soignant Hippocampos et son cabinet des curiosités avec de vrais livres anciens. « Parfois, une pensée, une impression, une formule en révèlent davantage sur le mystère de la vie et de la mort que des traités entiers. Jadis, on appelait cela littérature. Et sa substantifique moelle, son essence précieuse, se nommait poésie. » (p. 270-271). Il y a pas mal de vers de Baudelaire.

Plus de 400 ans auparavant, le Grand Effondrement, un Effondrement écologique en fait, a détruit la Terre et pratiquement toute la faune, la flore et l’humanité, « Mêtana », « Kârbon », feux nucléaires… Les humains survivants se sont réfugiés tout au Nord mais le nom de Svalbard est oublié depuis longtemps. C’est maintenant les Dernières Terres avec les royaumes de Viridienne, de Souvenance, de Tourbeuse, de Lointaine, entre autres, tous fonctionnant sur le même système, avec les suants (les ouvriers suant toute la journée), les crachants (ceux qui crachent les ordres aux suants), les pleureurs (les prêtres), les saignants (les soldats) et les apex (les nobles, immunisés), chaque caste avec une couleur différente de linceuls et des animaux différents pour les reconnaître (leur prénom et le tatouage sur leur corps). Mais le royaume de Flamboyante est un royaume hérétique. Pratiquement plus d’animaux (il est interdit de les utiliser, de les tuer et de les consommer), pratiquement rien à manger à part des algues, une chaleur accablante… La survie n’est pas de tout repos.

Quant au voyage de notre petite troupe, il est dangereux et passionnant. Les relations entre les personnages, tous différents, et leur histoire personnelle sont bien construites. Et puis, il y a cette bougie qui de chapitre en chapitre (les chapitres alternent entre Astréa et Océrian) se réduit inexorablement et bien sûr le message écologique adressé aux lecteurs. Il est encore temps, on connaît les problèmes, on doit les résoudre avant qu’il ne soit trop tard pour la planète et ses habitants. C’est bien raconté, bien documenté et sombre à souhait. Aventure, amitié, amour même, trahison, tous les ingrédients y sont pour faire un excellent roman post-apocalyptique. De plus, le livre est soigné, illustré, avec des cartes, des bougies, et j’avais l’impression de voir certains animaux en lisant (d’ailleurs à chaque bas de page, il y a le nom latin d’espèces éteintes). Assurément je lirai d’autres titres de Victor Dixen (en avez-vous un particulièrement à me conseiller ?).

J’ai commencé ce roman durant la Semaine à lire – mai 2021, le dimanche 16 mai et je n’ai pas pu le finir avant le week-end suivant mais je peux encore le mettre dans le Printemps de l’imaginaire francophone qui se termine aujourd’hui ! Je le mets aussi dans Challenge lecture 2021 (catégorie 18, un livre sur l’écologie, 2e billet), Challenge nordique (puisqu’il se déroule au Svalbard, archipel norvégien dans l’océan Arctique), Jeunesse Young Adult #10 et Littérature de l’imaginaire #9.

L’empire de sable de Kayla Olson

L’empire de sable de Kayla Olson.

Robert Laffont, septembre 2017, 486 pages, 17,90 €, ISBN 978-2-22119-622-9. The Sandcastle Empire (2017) est traduit de l’américain par Frédérique Le Boucher.

Genres : littérature états-unienne, premier roman, science-fiction.

Kayla Olson… Eh bien, rien sur elle de plus que ce qu’en dit l’éditeur… Elle « habite au Texas avec sa famille. Elle adore la plage, mais détesterait échouer sur une île déserte. Si cela devait toutefois lui arriver, ses essentiels pour la survie comporteraient une cafetière à piston (et le café qui va avec), le chocolat le plus noir possible, et une flopée de surligneurs. » En français, L’empire de sable n’est pas dans une collection Jeunesse mais l’éditeur américain est HarperTeen (pour les ados). Du même auteur : This Splintered Silence (HarperTeen, 2018). Plus d’infos sur son blog, sa page FB et son Instagram.

« Un jour, quand la guerre sera finie, je remangerai des glaces. Je courrai pieds nus sur la plage sans avoir peur de sauter sur une mine. J’entrerai dans une librairie, ou un café, ou n’importe lequel des centaines d’autres endroits occupés par les Loups, et j’y resterai assise pendant des heures, juste parce que je le peux. Je ferai tous ces trucs, et bien plus encore. Si je suis toujours vivante. » (p. 10).

La narratrice, c’est Eden. Depuis deux ans, elle est seule, enfermée sur une île avec d’autres jeunes de son âge. Deux ans qu’elle a passé à observer la mer… Suite à des dérèglements climatiques dans le monde entier (inondations, montée des eaux, terres submergées, effondrements de bâtiments et de ponts, eau contaminée, épidémies…), environ après 2050, le « puissant groupe armé » des Loups a organisé une révolution, pris le pouvoir et envoyé la majorité des gens dans des goulags.

Eden, elle, est dans le camp de travail de New Port Isabel au large du Texas. Une nuit, après le carnage (mines qui explosent sur la plage et gardes qui tirent sur tout ce qui bouge), Eden réussit à s’enfuir à bord d’un bateau avec trois autres filles, Hope, Alexa et Finnley. Direction l’île Sanctuary avec le carnet « Survivre – guide pratique » que son père lui a laissé en héritage. « Peu importe ce qui nous attend sur cette île, s’il y a la plus infime chance qui nous trouvions cette liberté dont mon père parle dans ses notes, ce sera toujours mieux que ces cages et ces ailes rognées que nous avons laissé derrière nous. » (p. 51).

Son père travaillait pour Envirotech qui voulait sauver le monde, mais… pas tout le monde… seulement les riches, les privilégiés… mais il a disparu durant la révolution et ce que les Loups ont appelé leur Jour Zéro.

Mais les filles découvrent qu’Alexa était avec les Loups et qu’elle a trahi son petit ami. « Survivre, c’est autant une question de peur qu’une question de bravoure. » (p. 78). Et arrivées à Sanctuary, si c’est bien Sanctuary, elles se rendent comptent que ce n’est pas si accueillant et paradisiaque qu’Eden l’espérait… « […] il faut regarder les choses en face : sur cette île, rien ne se passe comme prévu. » (p. 157).

Eden et ces compagnons de voyage (des garçons sont également arrivés sur l’île et se sont joints aux filles) ne sont pas au bout de leur surprise. « Survivre, ce n’est pas seulement s’échapper à temps. Survivre, c’est une lutte quotidienne pour s’extraire des ruines et avancer vers l’inconnu, quoi qu’il advienne. Nous possédons tous en nous la force nécessaire… il suffit juste d’y croire. » (p. 253).

The Sandcastle Empire va être adapté au cinéma par Leonardo DiCaprio (en 2026 si j’ai bien vu, on a encore le temps), ce qui ne m’étonne pas car il est un fervent défenseur de la cause animale et de la protection de la planète. Bien que l’histoire soit différente, j’ai un peu pensé à Labyrinthe de James Dashner, peut-être parce que les personnages sont des jeunes.

Dystopie, anticipation, post-apocalyptique, si vous n’aimez pas la science-fiction, passez votre chemin ! Mais si vous aimez la SF ou si vous êtes tout simplement curieux, L’empire de sable est un premier roman vraiment réussi, innovant, bien rythmé et palpitant. Peu à peu, le lecteur en apprend plus sur Eden, Hope, Alexa, Finnley, Cass, Phoenix, Lonan et leur passé. Bon, le thème écologique n’est pas très développé dans le roman en fait, c’est plutôt le côté humain qui est traité (à mon avis) mais ce qui arrive aux humains découle des dérèglements climatiques dont c’est une base de départ (et peut-être que visuellement, on verra mieux le côté écologique dans le film).

Pour les challenges Jeunesse Young Adult #10, Lecture 2021 de Mademoiselle Farfalle (catégorie 48), Littérature de l’imaginaire #9 et Petit Bac 2021 (catégorie Couleur pour sable).

Le Wonderling de Mira Bartók

Le Wonderling de Mira Bartók.

Robert Laffont, collection R Jeunesse, avril 2018, 512 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-22119-339-6. The Wonderling (2017) est traduit de l’américain par Fabienne Vidallet.

Genres : littérature états-unienne, littérature jeunesse, fantastique.

Mira Bartók naît en 1959 à Cleveland dans l’Ohio (États-Unis). Elle étudie les Beaux-Arts à l’Université du Massachusetts à Amherst. Elle voyage et écrit plusieurs ouvrages pour la jeunesse sur les civilisations antiques. Lorsque sa mère meurt d’un cancer, elle écrit ses mémoires, The Memory Palace, qui est récompensé. Puis elle écrit The Wonderling (adaptation prévue au cinéma).

Le Wonderling, ou Numéro 13 car c’est l’inscription sur le médaillon qu’il porte, est un être spécial : il « ressemblait à un renard mais se tenait sur ses pattes arrière comme un enfant et il ne possédait pas de queue à proprement parler. » (p. 16). Il a 11 ans et a grandi à « l’Orphelinat de Mlle Furonkle » (p. 19), une méchante femme. Dans ce foyer vivent des enfants trouvés ou orphelins, des gamins des rues, mi-humains mi-animaux, des créatures appelés des Rampants. Malgré son unique oreille, Numéro 13 a un don : il entend tout. Par exemple, il apprend que les souris, extrêmement polies, aiment le brie et la poésie. Les Rampants ne savent rien du monde et de la vie au-delà des murs de l’horrible orphelinat et sont constamment surveillés par Mortimer Nezpris qui les méprise et les déteste.

Un jour Numéro 13 sauve un oiseau sans aile, Babiole, qui lui donne le nom d’Arthur et ils deviennent amis. Grâce à Babiole, Arthur peut s’enfuir avec l’oiseau et découvrir l’Extérieur : paysage, soleil, horizon… Après une journée de marche et une nuit passée dans un immense chêne, les deux voyageurs rencontrent Pomme-de-Pin de Blancheville. « Dissimulé quelque part dans cette puissante ville de lumière l’attendait son destin. Il espérait qu’il le trouverait… et qu’il ne lui arriverait rien de fâcheux. » (p. 185).

Des personnages hauts en couleurs, Numéro 13 et Babiole vraiment attachants en tête mais aussi Quintus le rat voleur, Peevil la petite souris chanteuse, Belisha la gardienne des corbeaux de nuit… Du merveilleux, du sordide parfois (ce qui m’a un peu fait penser à Watership Down de Richard Adams), mais toujours de l’optimisme, des aventures et des amitiés !

J’ai dévoré ce très beau roman (même si parfois terrible : maltraitance, injustice…) joliment illustré avec des petites gravures en noir et blanc. J’espère une suite !

Pour le Mois américain et les challenges Animaux du monde #3 (en particulier pour Numéro 13 le renard et Babiole l’oiseau mais pas que), Jeunesse Young Adult #9 et Littérature de l’imaginaire #8.

Ric-Rac d’Arnaud Le Guilcher

Ric-Rac d’Arnaud Le Guilcher.

Robert Laffont, février 2015, 264 pages, 18 €, ISBN 978-2-22115-694-0.

Genre : littérature française.

Arnaud Le Guilcher naît en 1974 à Guingamp (Bretagne). D’autres romans : En moins bien (Stéphane Million, 2009), Pas mieux (Stéphane Million, 2011), Pile entre deux (Stéphane Million, 2013), Capitaine frites (Robert Laffont, 2016), Du tout au tout (Robert Laffont, 2018) et des recueils de nouvelles.

Jean-Yves, surnommé Jeanyf, à 14 ans et il est le seul jeune du village. Il vit à La Sourle avec son père Pierre-Yves, surnommé Pierryf. Malgré sa petite taille (1,30 m), il veut devenir footballeur. « À La Sourle, on est très souvent retraité, chômeur ou chômeur à la retraite, et on a rien d’autre à foutre que de se bourrer la gueule aux heures qui passent en traînant les savates. » (p. 18-19). Le père, Pierryf donc, travaille, il est sculpteur de pantins et de marionnettes mais il est tellement obsédé par la disparition de son épouse, Yvette, qu’il la peint et la sculpte partout dans la maison. « Il est farfelu mon père. Les habitants du village l’appellent Gepetto quand ils le croisent, mais ils le croisent plus souvent parce qu’il sort quasi plus de chez nous. » (p. 27). Une maison, assez belle d’ailleurs, devenue un mausolée en l’honneur d’Yvette, un champ immense, des arbres et de l’autre côté, un grand corps de ferme qui vient d’être racheté. Et plus loin, à quelques kilomètres, l’oncle Jacques-Yves, surnommé Jackyf, qui est herboriste et qui a un fils bizarre, Thierry-Yves, surnommé Thierry puis Soubirou depuis qu’il a vu la vierge dans son bol de cacao. Bref la routine mais un jour, tout est bouleversé avec les nouveaux voisins (ils ont emménagé le manoir aux 31 chambres en gîte rural, Le Silo) et leur fille de 14 ans, Bessie. « Mon père sort de son mutisme et dit sans regarder personne : « Y a pas de touristes ici, et y en aura jamais. À La Sourle, à part vieillir, y a rien à faire. » (p. 73).

« Je remonte dans ma chambre me changer et, tout le reste de la journée, je ronge mon frein en faisant mine de ne penser à rien, alors que je pense précisément à tout : l’amour, la vie, le sexe, la mort, l’avenir… Difficile d’avoir un programme plus complet. » (p. 96).

« Bessie, quand je suis en sa présence, c’est une putain d’insurrection. La révolte à portée de main. L’épilepsie et l’anarchie. Je trébuche, je bafouille, je tends les bras sans savoir pourquoi, je plie les genoux pour les mêmes raisons, je rougis, je balbutie… Demi-tour, gauche, droite, roulade, fente avant, cris de bête : je deviens incontrôlable. » (p. 130-131).

Ric-Rac est un roman rural, drôle, tendre, inventif et il n’y a pas de doute : je lirai d’autres titres d’Arnaud Le Guilcher parce que j’aime bien son humour proche de l’absurde.

Son espionne royale et la partie de chasse de Rhys Bowen

Son espionne royale et la partie de chasse de Rhys Bowen.

Robert Laffont, collection La bête noire, janvier 2020, 360 pages, 14,90 €, ISBN 978-2-22124-261-2. Royal Flush (2009) est traduit de l’anglais par Blandine Longre.

Genres : littérature anglaise, roman policier.

Rhys Bowen est le pseudonyme de Janet Quin-Harkin, née le 24 septembre 1941 à Bath dans le Somerset. Autrice de romances, elle utilise Rhys Bowen pour ses romans policiers : les séries Constable Evan Evans (1997-2006), Molly Murphy (2001-2017) et Royal Spyness (2007-2019).

Londres, août 1932. Peu après l’affaire Mauxville (voir Son espionne royale mène l’enquête) et l’affaire bavaroise (voir Son espionne royale et le mystère bavarois), Georgie, toujours désargentée, est seule à Londres car, avec la chaleur, presque tous ses amis sont partis en vacances.

Après avoir rendu service à son amie Belinda occupée avec Paolo, un bel Italien, en dînant à sa place avec un riche Américain, Georgie pense qu’elle peut continuer de passer ses soirées comme ça et passe une annonce mais elle tombe sur un rustaud qui pense à bien autre chose ! Heureusement Darcy O’Mara est là pour la tirer des griffes de ce malotrus. Mais elle est convoquée par le préfet adjoint de police et envoyée en Écosse… Dans le Flying Scotsman, Georgie doit déjeuner à la même table que Godfrey Beverley, un journaliste « cancans & potins » qui lui pose plein de questions… Il ne faudrait pas qu’il apprenne sa mésaventure… Puis fait irruption dans le compartiment Sir Jeremy Daville du Ministère de l’Intérieur. « Nous avons envisagé cette possibilité, répondit Sit Jeremy d’un air grave. Une puissance étrangère qui tenterait de déstabiliser le royaume. Toutefois, les circonstances et la nature de ces accidents nous amènent à une conclusion stupéfiante : il semblerait que nous ayons affaire à un ennemi intérieur. » (p. 81-82).

Mais, en Écosse, dans ce château ouvert à tous les vents, Georgie se sent bien seule, entourée de tous les invités de son frère blessé, tous des pique-assiettes alors qu’il y a très peu d’argent… « Qu’étais-je censée faire au juste ? Et pour quelle raison devrais-je intervenir afin de secourir d’autres gens alors que personne ne paraissait me porter le moindre intérêt ? » (p. 141).

Cette partie de chasse est le troisième tome de Son espionne royale et j’aime vraiment cette série qui s’épaissit à chaque tome. La mission de Georgie est toujours de protéger la famille royale mais son cousin s’obstine avec cette Américaine, mariée en plus. Peu importe, les femmes sont fortes et le font savoir, et Georgie nous fait découvrir les traditions écossaises. Ce tome est à la fois so British et so Scottish !

Une agréable lecture que je mets dans le Mois anglais et les challenges British Mysteries #5, Polar et thriller 2019-2020 et Voisins Voisines 2020 (Angleterre).

Rendez-vous avec le crime de Julia Chapman

Rendez-vous avec le crime de Julia Chapman.

Robert Laffont, collection La bête noire, avril 2018, 408 pages, 14,90 €, ISBN 978-2-22121-549-4. Date With Date (2017) est traduit de l’anglais par Dominique Haas.

Genres : littérature anglaise, roman policier.

Julia Chapman – de son vrai nom Julia Stagg – est une autrice anglaise de romans policiers (pas de date de naissance). D’après Wikipédia, elle a voyagé (en tant que professeur d’anglais langue étrangère) puis s’est installée avec son mari en Ariège où ils ont tenu une auberge qui a inspiré la série de 6 romans, The Fogas Chronicles (2011-2015, non traduits en français). De retour en Angleterre (dans les Yorkshire Dales), elle écrit la série Date with… (pour l’instant 5 tomes, 2017-2020) soit Les détectives du Yorkshire. Plus d’infos sur son site officiel, http://www.jstagg.com/.

Après quatorze ans d’absence, Samson O’Brien revient à Bruncliffe dans le Yorkshire avec un sac et une moto rouge. Il a quitté Londres à cause de quelques problèmes à la MET et souhaite ouvrir – provisoirement – une agence de détective privé mais les habitants ne sont pas ravis de son retour.

De son côté, Delilah Metclaffe gère une petite entreprise de création de sites Internet et l’Agence de Rencontres des Vallons, avec son chien, un Braque de Weimar, qui s’appelle… Calimero (quel drôle de nom pour un si grand chien !). Comme elle a besoin d’argent, elle loue le rez-de-chaussée de son bâtiment à Samson. « Eh bien, on dirait que la vie à Bruncliffe est sur le point de devenir intéressante, commenta Edith. Puis un sourire s’épanouit lentement sur son visage. » (p. 16).

Ce même jour, c’est l’enterrement de Richard Hargreaves, professeur d’université, dont la police pense qu’il s’est suicidé. Puis le corps d’un randonneur, Martin Foster, est retrouvé, sûrement un accident. Delilah fait tout de suite le rapprochement. « Deux de ses clients morts en moins d’une semaine. Une coïncidence ? Probablement. Mais ce fut les doigts tremblants qu’elle déchira l’article et le glissa dans sa poche. » (p. 26). Samson enquête car la mère de Richard Hargreaves est persuadée que son fils ne s’est pas suicidé : son épouse est partie il y a plus de trois ans et il s’en était remis. « […] s’il n’y avait pas de mobile à ce meurtre, le suicide ne semblait pas plus justifié. » (p. 116).

Sous-titré Une enquête de Samson et Delilah, les détectives du Yorkshire, les lecteurs suivent donc la première enquête des ARV : l’Agence de Recherche des Vallons accompagnée de l’Agence de Rencontres des Vallons. Je fais l’impasse sur les nombreux personnages, la famille de Delilah, celle de Samson et ses amis d’enfance qui lui en veulent d’être parti précipitamment quatorze ans auparavant et de n’avoir jamais donné de nouvelles, les familles des hommes décédés, les commerçants, toute une belle galerie de personnages et puis, le lecteur s’en doute, dans les prochains tomes il se passera des choses avec Rick Procter (je me suis même demandé si Samson n’était pas là pour enquêter sur lui et sa bande en fait !). Ce premier tome est agréable et cette série est une intéressante alternative à Agatha Raisin de M.C. Beaton mais Julia Chapman a un humour plus terre à terre et la lecture est peut-être moins jubilatoire qu’Agatha Raisin ou – ma série de ce genre préférée – Mma Ramotswe détective d’Alexander McCall Smith. Mais à découvrir !

Pour les challenges Animaux du monde (pour Calimero, il a son importance), British Mysteries #5 et Mois British Mysteries (dernier jour !), Polar et thriller 2019-2020, Voisins Voisines 2020 (Angleterre).