L’homme qui avait soif d’Hubert Mingarelli

Mon hommage à Hubert Mingarelli (1956-2020).

L’homme qui avait soif d’Hubert Mingarelli.

Stock, collection La Bleue, janvier 2014, 155 pages, 16 €, ISBN 978-2-234-07486-6).

Genre : littérature française.

Hubert Mingarelli… Je vous remets ce que j’avais écrit en janvier 2018. « Hubert Mingarelli naît le 14 janvier 1956 en Lorraine ; il vit en montagne en Isère. Il est écrivain (romans, nouvelles) et scénariste ; il a reçu plusieurs prix littéraires. J’ai eu la chance de le rencontrer et de parler avec lui, il faudrait que je retrouve les photos… En tout cas, je vous reparlerai de cet auteur qui écrit depuis la fin des années 80 mais que je n’ai découvert que récemment. » Il est mort le 26 janvier 2020 😥 C’était un homme timide, réservé, mais passionnant lorsqu’il parlait de son métier d’écrivain et de ses œuvres.

Une belle brochette d’auteurs ! De gauche à droite : Antoine Choplin, Philippe Fusaro et Hubert Mingaralli à la librairie L’oiseau siffleur à Valence

Automne 1946. Le jeune Hisao Kikuchi vient d’être démobilisé après avoir passé sa convalescence chez madame Taïmaki. Il est dans le train pour Aomori afin d’épouser Shigeko Katagiri avec qui il a eu une correspondance. Mais durant la bataille de Peleliu, dans la montagne, il a attrapé une maladie : il ne supporte plus la soif. Ainsi, il descend du train pendant une pause pour boire mais le train repart sans lui. « Le train s’en allait lentement et sans remède avec la valise et le cadeau pour Shigeko, l’œuf en jade roulé dans le papier rouge et protégé par son caleçon de laine. » (p. 8-9). Il court alors sur la voie dans l’espoir que le train s’arrête encore ou que quelqu’un (ce soldat étranger ?) dépose sa valise à la prochaine gare.

Durant son périple, Hisao va se rappeler de la guerre, des ténèbres et de la soif, de son ami Takeshi qui chantait si bien mais qui « pour toujours y serait » (p. 21), de ce soldat américain qui lui a donné à boire en riant et qu’il aimerait revoir, de madame Taïmaki qui l’a si bien accueilli et a supporté ses nuits agitées, de Shigeko qu’il imagine jolie et aimante. Et puis cette question qui le taraude : « où vont les âmes ? » (p. 25 et 30).

« Maudite soit ma soif. Maudit soit tout ce qui m’empêche de vivre. Maudites soit Peleliu et ma vie. J’ai couru, j’ai marché dans la merde. J’ai espéré, à quoi ça sert ? » (p. 44).

Pourtant ce roman n’est pas pessimiste. Bien sûr, il est cruel et Hisao va rencontrer des personnes avenantes et d’autres moins agréables. Le Japon est meurtri, il est occupé par les Américains. Mais, au-delà de la soif toujours présente et de la honte qu’elle occasionne à Hisao, sa quête pour retrouver sa valise et découvrir enfin l’amour auprès de Shigeko représentent un espoir et une force inégalables, le tout écrit avec une belle subtilité.

Le petit moins (rien de grave, une faute de grammaire)

« Puis après, malgré lui, malgré qu’il ne voulut pas y penser […] » (p. 95). Aïe, que ça fait mal aux oreilles !

Le petit plus

J’ai rencontré Hubert Mingarelli le 28 janvier 2015 à la librairie L’oiseau siffleur : il était invité avec Antoine Choplin pour leur livre en duo, L’incendie (photo ci-dessus). Je l’ai revu quelques mois après à la Fête du livre de Bron et il s’est souvenu de moi ! Contrairement à Antoine Choplin, je n’avais jamais lu Hubert Mingarelli avant (apparemment une lacune…) et j’ai beaucoup aimé L’incendie et Une histoire de tempête et L’homme qui avait soif.

Une belle lecture que je mets dans Lire en thème (en février, un auteur français).

Publicité

Oublier Klara d’Isabelle Autissier

Oublier Klara d’Isabelle Autissier.

Stock, collection La Bleue, mai 2019, 320 pages, 20 €, ISBN 978-2-23408-313-4.

Genres : littérature française, plutôt roman historique, mais pas que.

Isabelle Autissier naît le 18 octobre 1956 à Paris. Dans les années 70, elle étudie l’agronomie et devient ingénieur agronome spécialisée en exploitation des ressources vivantes aquatiques (halieutique). Mais elle découvre la voile et se lance dans les courses en solitaire. Célèbre navigatrice, elle est la première femme à avoir fait le tour du monde à la voile en solitaire (en 1991). Elle est autrice (essais, contes, romans). Elle est aussi présidente du WWF France depuis 2009.

États-Unis d’Amérique, automne 2017. Iouri, 46 ans, n’a pas mis les pieds en Russie depuis 23 ans ; il vit à Ithaca dans l’État de New York où il est ornithologue et professeur universitaire. Mais il reçoit un mail et apprend que Rubin Bondarev, son père qui a 72 ans, est hospitalisé et au bord de la mort : « cancer du foie, visiblement en phase terminale » (p. 10-11). Iouri s’envole donc pour Mourmansk (nord-ouest de la Russie, cercle polaire). « Il avait laissé l’URSS en noir et blanc, la Russie était passée à la couleur. » (p. 16). Il rend visite à son père à l’hôpital et celui-ci commence à raconter ce qu’il sait.

URSS, 1950. Klara et Anton, tous deux géologues, furent transférés de Leningrad (redevenue Saint-Pétersbourg) à Mourmansk alors que leur fils unique, Rubin, était encore bébé. Klara était directrice de département et Anton chercheur ; ils étaient donc privilégiés mais, une nuit de juin, quand Anton a entre 4 et 5 ans, des hommes en noir ont embarqué Klara. « J’ai su immédiatement qu’il ne fallait pas parler de ce qui était arrivé, ne plus jamais en parler, grommela Rubin en ouvrant enfin les yeux. Ta grand-mère avait fait quelque chose. Mon père avait raison, elle nous avait mis en danger. Je l’ai haïe, elle nous avait trahis. J’étais bien trop petit pour comprendre ce qui s’était tramé dans les mois précédents. Mais, j’ai tout de suite senti qu’il ne fallait pas chercher à le savoir. » (p. 34-35). Iouri pensait que Klara, sa grand-mère était morte de tuberculose ! « Qu’avait-elle fait ? Qu’était-elle devenue ? Il savait ces questions inutiles, mais ne pouvait s’empêcher de les poser. Était-il le petit-fils d’une résistante visionnaire, d’une simple victime d’une jalousie professionnelle ou d’une idiote qui avait fait une mauvaise plaisanterie ? Devait-il s’honorer d’avoir pour aïeule cette femme qui avait fait basculer le roman familial ? Au nom de quoi cette trace indélébile avait-elle été infligée, bouleversant la vie de son père et la sienne ? » (p. 38). Iouri s’adresse en premier lieu au Mémorial mais beaucoup de dossiers ont été transférés à Leningrad et beaucoup de familles n’ont jamais rien réussi à savoir… Mais Iouri est intrigué, il veut maintenant découvrir ce qu’il est advenu de Klara, pas seulement pour son père mourant, pour lui.

Ce roman est saisissant tant il raconte de choses ! La politique et l’histoire de l’URSS (parmi les points cruciaux, la mort de Staline et l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev après la chute du mur de Berlin), la fatalité, les interrogations qui détruisent les familles, la solitude et la souffrance, le froid et la pauvreté, la violence « ordinaire », le goulag, il parle même aussi d’homosexualité, d’écologie et de pêche intensive sur chalutiers. Iouri a ouvert les yeux, en 1986, après avoir lu Docteur Jivago de Boris Pasternak, roman que « les grands du lycée » (p. 103) considéraient comme une bombe. Il y a un passage dans lequel Iouri est, pendant les deux mois d’été, sur le chalutier de pêche commandé par son père : pêche intensive en mer de Barents jusqu’au Spitzberg (territoire norvégien !) pour respecter les quotas, mauvais temps, maltraitance du personnel… Ce passage, réaliste et violent, m’a fait penser au roman japonais, Le bateau-usine (Kanikôsen) de KOBAYASHI Takiji qui a été adapté en manga, Le bateau-usine de Gô Fujio et Takiji Kobayashi. Le roman s’attarde sur la chute du mur de Berlin, l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev, la déception, les études de biologie à Saint-Pétersbourg (Iouri est ravi de quitter Mourmansk et ses parents) et la bourse pour sa thèse aux États-Unis. « Là-bas s’ouvrit une page blanche : nouvelles habitudes, nouvelle langue, nouvelles relations, nouveau travail. Il s’y plongea à corps perdu. » (p. 150). Oublier Klara, c’est aussi la course au nucléaire soviétique, les peuples autochtones brimés, ici les Nenets sur l’île de Sipaeïevna (surnommée l’île aux rennes) et la Russie moderne dont certains aspects sont incompréhensibles pour Iouri.

Mais ne pensez pas que ce roman est un foutoir ! Tout vient à point, tout est fluide, ordonné, mais pas franchement réjouissant. « La peur, la sale peur, celle qui transforme les braves types en bourreaux déferlait dans les têtes et les cœurs. » (p. 294). Et Isabelle Autissier a réussi son coup (un coup de maître) car elle connaît la mer, la pêche, les oiseaux, et apparemment elle connaît bien aussi l’URSS, les années communistes et la mélancolie russe !

Un de mes passages préférés. « Il se jura à nouveau qu’il n’aurait plus jamais peur. Mais oublier Klara ! C’était totalement impossible. » (p. 176).

J’ai aimé la passion de Iouri pour les oiseaux. « Les oiseaux étaient ce qu’il ne serait jamais : des êtres puissants et libres. » (p. 71).

Je mets ce roman dans Lire en thème 2019 : il faut un livre dont le titre comporte un prénom.

La mer monte d’Aude Le Corff

La mer monte d’Aude Le Corff.

Stock, Hors Collection, mars 2019, 252 pages, 19,50 €, ISBN 978-2-234-08718-7.

Genres : littérature française, science-fiction.

Aude Le Corff… Toujours peu d’infos sur elle… Blogueuse et romancière. La mer monte est son troisième roman. J’avais déjà lu son deuxième roman, en 2016, L’importun, que j’avais bien apprécié. Et une collègue m’a prêté son premier roman, en poche, Les arbres voyagent la nuit alors je vous en parlerai une prochaine fois.

« Le chant des cigales sature l’atmosphère. » (p. 7, première phrase du roman). Nous sommes à Paris en 2042. Lisa, 39 ans, vit avec son chat, Topor, dans un appartement connecté. La mer « est montée bien plus vite que ne l’avaient prédit les scientifiques » (p. 13). Lisa et sa mère, Laura, ne se sont jamais bien entendu mais lorsque Lisa a découvert le journal de sa mère, elle a compris certaines choses. En 1993 Laura passe le bac, elle est amoureuse de Thomas Boddi mais celui-ci disparaît avec sa famille la laissant totalement déprimée. « Aujourd’hui, ma mère encombre mon esprit, au milieu d’un monde disloqué qui tente de réparer ses erreurs et de freiner sa perte. » (p. 26). Lisa, elle, « participe aux nouveaux projets qui transforment l’Europe. Tout est mis en œuvre pour créer des villes durables, intelligentes, propres et connectées. » (p. 28). Effectivement les Européens vivent dans des tours auto-suffisantes et n’accueillent pas de migrants car les pays doivent déjà loger leurs propres réfugiés climatiques (par exemple, pour la France, les habitants de l’île de Ré ou du Marais poitevin). « Les Nations unies prévoyaient onze milliards d’êtres humains en 2100. On commençait vaguement à se demander comment la Terre pourrait porter autant de monde, avec une pollution exponentielle, des températures de plus en plus élevées, et une pression sur l’ensemble des ressources. » (p. 79-80, été 2017).

J’ai bien aimé le parallèle entre 1993 (la vie de Laura, la mère, bachelière qui va étudier le Droit à la Sorbonne malgré sa dépression) et 2042 (la vie de Lisa, la fille qui cherche à comprendre). Dans les années 90, il y avait encore une certaine insouciance, même si on entendait parler d’environnement et de problèmes écologiques et climatiques. Depuis les années 2020, des progrès ont permis de « sauver » l’Europe, le Japon (dans une certaine mesure) et la Chine. « […] une haute tour végétale dans laquelle les riverains cultiveront et récolteront des rutabagas, des grenades, des tomates, des mangues, le miel des abeilles, élèveront des poules qui se promèneront en liberté sur les pelouses, les écoliers ramasseront leurs œufs, l’objectif étant de rapprocher les habitants, créer des communautés joyeuses et solidaires pour lutter contre la morosité ambiante et l’individualisme. » (p. 152). Mais est-ce suffisant pour (sur)vivre ? En tout cas, Aude Le Corff imagine un futur à la fois désirable (écolo, respectueux de la Nature, du moins ce qu’il en reste) et à la fois terrible car tout est connecté, y compris les humains, tout est surveillé par des drones ou des animaux domestiques augmentés…

Ce roman paru en littérature générale n’est pas qu’un roman de science-fiction ou d’anticipation (qui se déroule dans le futur), c’est un drame familial qui montre que le mensonge peut être la souffrance de toute une vie. Je pense que si le monde se meurt, c’est parce qu’il est rempli de mensonges, de profiteurs, de (gros) pollueurs… Quand cela s’arrêtera-t-il ? Les humains ne sont pas capables d’arrêter les catastrophes… C’est la planète qui les rappellera à l’ordre (elle le fait déjà) et les humains devront agir (vite et de bonne façon !), s’adapter sinon ils disparaîtront ainsi que de nombreuses espèces animales et végétales indispensables à la survie… C’est mon avis et La mer monte n’est pas un roman moralisateur mais salvateur. Le lire, c’est comprendre (visualiser) des choses – en particulier sur l’amour mais pas que – et se tourner dès maintenant vers un autre mode de vie (pour ceux qui ne l’ont pas déjà fait) avant qu’il ne soit trop tard !

Une très belle lecture pour les challenges Littérature de l’imaginaire #7 et Rentrée littéraire janvier 2019.

Un autre Brooklyn de Jacqueline Woodson

Un autre Brooklyn de Jacqueline Woodson.

Stock, collection La Cosmopolite, janvier 2018, 176 pages, 18 €, ISBN 9782-23408-327-1. Another Brooklyn (2016) est traduit de l’américain par Sylvie Schneiter.

Genre : littérature américaine.

Jacqueline Woodson naît le 12 février 1963 à Columbus dans l’Ohio (États-Unis) mais elle grandit à Greenville en Caroline du Sud puis à Brooklyn (NY). Elle écrit des livres pour la jeunesse mais Un autre Brooklyn est paru comme son premier livre adulte et a été nommé pour le National Book Award for Fiction en 2016.

« Je sais désormais que la tragédie ne se vit pas sur le moment. Mais dans le souvenir. » (p. 11). August, anthropologue, revient à Brooklyn pour enterrer son père. Elle revoit son frère, 31 ans, marié, et son épouse va avoir leur premier enfant. Elle se souvient de ses amies lorsqu’elles avaient 15 ans. « Sylvia, Angela, Gigi, August. Quatre filles toujours ensemble, d’une beauté stupéfiante, dans une solitude terrifiante. Un souvenir. » (p. 24).

Été 1973. August (8 ans) et Clyde (4 ans) quittent leur Tennessee natal après la mort de leur mère et partent avec leur père à Brooklyn. « Je regardai mon frère observer le monde […]. Où que nous posions les yeux, nous voyions des gens s’efforcer de rêver leur départ. Comme s’il existait un ailleurs. Un autre Brooklyn. » (p. 78). Un Brooklyn sans soldats déglingués, sans drogués, sans dangers ? Mais le quartier devient de plus en plus dangereux et les Blancs le quittent. Et un jour, le père change de vie, il a rencontré une femme et commence à lire le Coran alors qu’avant, la famille fréquentait une église chrétienne.

Mais en fait tout n’est que souvenir…

Un autre Brooklyn est un roman d’apprentissage, c’est l’histoire des Noirs américains dans l’Amérique des années 60-70-80 et en particulier de ces quatre adolescentes qui aiment la musique et s’amuser.

Jacqueline Woodson parle du Black Power et de la Nation of Islam :

Black Power : terme créé en 1966, « divers mouvements politiques, culturels et sociaux noirs aux États-Unis, actifs principalement dans les années 1960 et les années 1970, qui luttaient contre la ségrégation raciale » (Wikipédia).

Nation of Islam : organisation politique et religieuse (nationalisme noir) créée en 1930 à Détroit.

Mais comment, dans un roman comme celui-ci, peut-on oublier de parler de Martin Luther King ? Comment peut-on oublier d’expliquer aux lecteurs néophytes que nombre de Noirs américains ont été islamisés sous prétexte que leurs ancêtres étaient musulmans (ce qui était faux dans la plupart des cas) ?

Un autre Brooklyn est un roman qui ne m’a apporté que ces questions… Je l’ai trouvé lourd, pas explicite sur certains thèmes (que s’est-il réellement passé entre les filles ?), il ne m’a pas touchée, déception donc et je ne pense pas lire un autre titre de Jacqueline Woodson. Mais il y a plein d’avis positifs sur ce roman 😉

Pour le Challenge de l’été, Mois américain et Petit Bac 2018 (catégorie Lieu).

La plume de Virginie Roels

La plume de Virginie Roels.

Stock, collection La Bleue, mars 2017, 320 pages, 20 €, ISBN 978-2-23408-261-8.

Genre : premier roman.

Virginie Roels était journaliste d’investigation pour la télévision et la presse écrite ; elle est directrice de publication du mensuel « plus féminin du cerveau que du capiton » Causette. La plume est son premier roman.

Début mai, entre-deux tour de la présidentielle. Jean Debanel, président de la République est au coude à coude avec Yves Cranchon, « adversaire coriace et colérique » (p. 16). « Calme, serein et rassurant, répète-t-il face au miroir. » (p. 17). Mais lors du débat, devant des millions de téléspectateurs, Debanel perd pied en voyant dans le public un étudiant de Nanterre. « Assis au deuxième rang, le visage inexpressif, vide, fou, Julien Le Dantec. » (p. 19). Qui est cet étudiant et pourquoi fait-il peur au président sortant ? Et qui a remarqué cela à part Chrystelle Knox, une jeune journaliste en devenir ?

Extrait d’un discours. « […] j’ai entendu vos cris, j’ai vu la détresse, j’ai compris la colère […] de vous je suis fier, fier d’être là où l’on rêve. […] qui êtes-vous, que criez-vous ? […] Tous les jeunes libres, rêveurs, où qu’ils vivent sont des citoyens de la République. […] Je ne vous promettrai pas de jours meilleurs, ni même la réussite, mais je vous promets d’être là. » (p. 90).

« Devenir la plume du président, dignement, c’est tout ce qu’il voulait. » (David Joli, p. 122).

« J’ai du mal à le cerner. Tantôt il joue les porte-parole de l’islam radical, tantôt il se montre aux côtés des militaires, c’est vague, mais oui, pour te répondre, mieux vaut jouer profil bas, le temps de signer en tout cas. » (p. 177).

Qui eut cru que j’aimerais autant un roman politique ?! Virginie Roels, en pleine période électorale, dévoile avec justesse et humour les dessous de la politique (française) et de sa communication, et y mêle une pointe de terrorisme (au Maroc), de drogue et de pédophilie mais il faut des preuves, toujours, quand on vous laisse en vie pour les trouver ! « […] sans une divine intuition, mon enquête resterait ce qu’elle était depuis le début : les divagations stériles d’une pigiste en mal de reconnaissance. » (p. 272). Ou comment mêler réalité et fiction avec un talent indéniable. La plume est donc un roman de « politique fiction » bien construit, « audacieux » dit l’éditeur, en tout cas passionnant, n’ayez crainte pas rébarbatif du tout (il se lit comme une enquête), et qui fait quand même un peu froid dans le dos (même si on n’est pas des quiches, on sait que la grande majorité des politiques sont pourris !). Je l’ai lu d’une traite tellement j’avais hâte de… savoir ! Et je vous le recommande même si les élections sont terminées !

Lu dans le cadre des 68 premières fois 2017, je le mets dans les challenges Défi Premier roman 2017 et Rentrée littéraire janvier 2017.

La téméraire de Marine Westphal

La téméraire de Marine Westphal.

Stock, collection La Bleue, janvier 2017, 141 pages, 16,50 €, ISBN 978-2-234-08190-1.

Genre : premier roman.

Marine Westphal… Peu d’infos… Elle a 27 ans au moment où sort son premier roman, La téméraire, et elle est infirmière.

Sali veille sur son mari, Bartolomeo : il a fait un AVC en montagne durant son travail. « Sali brisée tel un fétu de paille, face au lit où Lo Meo faisait le mort […] » (p. 16). « Elle guettait un signe, une réponse, quelque chose qui donne raison à son espoir. Elle butait contre ses yeux clos. Sortir se laver les cheveux revenait à jeter à la fosse toutes ces heures bâtardes passées à guetter la paupière qui tressaute, le doigt qui frémit dans sa main à elle, le cil qui s’envole et échoue, minable, sur la pommette ramollie de son mari. »  (p. 17).

36 ans d’amour et deux enfants, Maïa et Gabin, maintenant grands. « […] préparation, redressement, pivot, maintien, jusqu’à l’épuisement. Car elle avait un but, un incroyable objectif qui mobilisait toutes ses pensées et ses forces : ne pas le laisser crever là, lui qui aimait tant l’impolitesse du vent et les grands espaces. […] elle ne le récupérerait jamais […] elle avait encore le droit d’essayer de faire ça pour lui : sauver sa mort, puisqu’elle ne pouvait sauver sa vie. » (p. 73).

Je ne dirai rien de plus sur ce roman car il m’a ennuyée et ne m’a pas convaincue du tout… Son style, trop direct et distant, n’a pas suscité d’empathie chez moi…

Je remercie quand même Alice de me l’avoir envoyé dans le cadre des 68 premières fois 2017 et je le mets dans les challenges Défi premier roman 2017 et Rentrée littéraire janvier 2017 de MicMélo.

Mais, faites-vous votre propre idée !