Genkaku Picasso est un manga d’Usamaru Furuya paru aux éditions Tonkam en septembre 2011 (256 pages, 6,99 €, ISBN 978-2-7595-0681-1). Publié entre octobre 2008 et janvier 2009 dans Jump Square, Genkaku Picasso 幻覚ピカソ(げんかくぴかそ (Hallucinatory Picasso) est traduit du japonais par Jacques Lalloz.
FURUYA Usamaru 古屋兎丸 est né le 25 janvier 1968 à Tokyo. Il a étudié la peinture à l’huile à l’Université des Beaux-Arts Tama de Tokyo. Il est aussi très intéressé par la sculpture et la danse Butô. J’ai déjà lu quelques-uns de ses mangas : La musique de Marie (2004), Le cercle du suicide (2005), Je ne suis pas un homme 1 (2011) et j’ai vu la série Tokyo magnitude 8 (2009) que Furuya a ensuite dessinée en manga.
Comment le prénom de Hikari Hamura, pourtant bien orthographié, est-il devenu Hikaso ? (Avez-vous l’impression que « ri » りsoit proche de « so » そ ?). Ensuite, parce qu’il dessine tout le temps, Hikaso s’est transformé en Picasso ! Mais le héros de Hikari est Léonard de Vinci… « Mon ambition est d’acquérir la puissance de style… La splendeur et la beauté de ces artistes de la Renaissance. » (page 12).
Picasso (autant l’appeler par son surnom) a 17 ans, il est au lycée Akatsuki et, comme il est timide et un peu bizarre, il n’a pas d’amis, à part la très jolie Chiaki Yamamoto qui est dans la même classe que lui.
Après les cours, les deux adolescents se rendent au bord de l’eau (ils sont en fait les deux seuls membres du club « Au bord de l’eau ») : Chiaki lit (elle est passionnée par la psychologie) et Picasso dessine. « Dis, Picasso, si tu dessinais ce que j’ai en moi. – Je ne dessine rien qui ne soit pas apparent. » (page 15).
Mais cet après-midi-là, un hélicoptère s’écrase sur la rivière et fait deux victimes. Par miracle, Picasso survit. Chiaki réapparaît, uniquement visible par son ami, sous la forme d’un ange minuscule (elle est dans la poche de sa veste) : au moment de mourir, elle a intercédé pour que Picasso vive mais afin que son corps ne se gangrène pas, il doit aider son prochain. « Mais j’en suis pas capable. […] aider les autres ?! Je ne peux pas. – Tu dois le faire […] Ils t’ont reconnu le droit de vivre. Tu as été choisi !! » (pages 32-33).
Picasso se rend alors compte qu’il voit une espèce de fumée autour de la personne qu’il doit aider. Et il va aider comment ? En dessinant ce qui fait souffrir la personne ! Mais ce n’est pas tout : Picasso et Chiaki sont « aspirés » par les dessins ce qui leur permet de mieux analyser et comprendre chaque situation.
Picasso va donc utiliser ses dessins (très soignés et d’un grand réalisme), d’abord maladroitement puis de façon plus sereine, et Chiaki ses connaissances en psychologie et psychiatrie pour aider leurs camarades de classe : Sugiura et son père, Akané, Kotoné et Manba, Maria et sa jeune sœur Kana. L’auteur parle ainsi de la difficulté des relations : père-fils, amoureuses, sœurs (jalousie), du deuil et de la souffrance due à l’absence (une mère, un animal), et des problèmes de l’adolescence (voire des adultes) : tentation du suicide, perte de soi pour ceux qui s’identifient à une idole, des choses qui semblent anodines mais qui peuvent choquer les autres. Il y a donc des personnes qui sont en détresse profonde, qui subissent des traumatismes parfois invalidants, mais personne ne se rend compte de rien, y compris souvent la personne elle-même (choses enfouies très profondément, problème d’analyse de soi et de communication avec l’autre). Il y a, en fin de volume, une intéressante postface d’un psychiatre, Nakoshi Yasufumi.
D’habitude les œuvres d’Usamaru Furuya sont plutôt répertoriées en seinen (manga pour adultes) mais cette série, classée en shônen dramatique et fantastique, ne doit pas vous faire peur : non seulement elle n’est pas trop enfantine mais elle est très agréable à lire (aussi bien pour des adolescents que pour des adultes).
J’espère simplement que, comme le mode de fonctionnement est une personne en détresse-un dessin-un problème à résoudre, les histoires ne seront pas trop répétitives dans les deux tomes suivants (le tome 2 est paru en novembre 2011 et le tome 3 en février 2012).
Je suis encore in extremis pour le challenge Sur les pages du Japon (le thème était libre pour ce mois de décembre) et je présente aussi ce manga dans les challenges Cartable et tableau noir (l’essentiel du manga se passe au lycée et en tout cas toujours avec les lycéens), Dragon 2012 et bien sûr Abécédaire du mangaphile (lettre G).
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