Infection 1 de Tôru Oikawa

Infection 1 de Tôru Oikawa.

Delcourt-Tonkam, janvier 2018, 192 pages, 7,99 €, ISBN 978-2-7560-9902-6. インフェクション (2016, Kôdansha) est traduit du japonais par Maxime Bonnet.

Genres : manga, seinen, horreur.

Tôru OIKAWA 及川 徹 naît en 1950 dans la province d’Iwate.

Haruki Amamiya, Yuzuru Takagi, Tsuyoshi Kojima, Chika Kisaragi (surnommée Ragi, la grande sœur), Kasumi Masuda (surnommée la déléguée), Satsuki Samidare (dont Amamiya est amoureux) et leurs camarades de classe sont les personnages principaux de ce roman. Ils sont insouciants car « Le lycée c’est de la jeunesse, des activités de club… et du flirt ! ».

À cause d’une blague, Amamiya est enfermé dans la réserve, normalement avec Samidare, mais en fait avec Kirara Isonami qui est insupportable. Mais, longtemps après que ça ait sonné, ils sont toujours enfermés et ils n’entendent aucun bruit alors qu’il y a le terrain de sport… « Mais le jour suivant… personne n’est venu ouvrir la porte non plus. ».

Au bout de trois jours, lorsqu’ils trouvent enfin une sortie (une fenêtre à ras du sol), ils découvrent l’horreur dans le lycée ! Mais il y a quelques survivants qui les emmènent avec eux dans le gymnase. Il y a des morts vivants infestés de vers et qui se nourrissent de chair humaine.

« Sendai a été mise en quarantaine pour empêcher que cette épidémie inconnue se propage. ».

On est dans une histoire de zombies, classique, les vers en plus, et le ecchi (pervers, indécent, lubrique) en plus. Mais si la série en est au tome 8 en France, elle est encore en cours au Japon avec déjà… 18 tomes ! C’est vraiment trop pour moi mais je suis contente d’avoir pu lire ce premier tome, même si le genre ecchi ne m’attire pas du tout. Je conseille ce manga aux jeunes adultes qui aiment les zombies et l’érotisme.

Pour La BD de la semaine (qui est cependant encore en vacances) et les challenges BD (j’attends des infos pour la nouvelle édition) et Littérature de l’imaginaire #8.

 

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Le journal des chats de Junji Itô

Le journal des chats de Junji Itô.

Delcourt, collection Seinen de Delcourt/Tonkam, octobre 2015, 116 pages, 15,50 €, ISBN 978-2-7560-7344-6. Ito Junji no neko nikki Yon & 伊藤潤二の猫日記よん&むー (2015) est traduit du japonais par Jacques Lalloz.

Genres : manga, horreur.

Junji ITÔ naît le 13 juillet 1963 à Gifu (Japon). Il dessine dès l’enfance et, dans les années 80, alors qu’il travaille comme dentiste, il publie son premier manga Tomie 富江 (1987) que j’ai lu en 1999. D’autres histoires d’horreur suivront : Spirale, Gyo, Le mystère de la chair, La femme limace, etc. parues en français chez Tonkam entre 2002 et 2014 (j’en ai lu plusieurs).

Juju a acheté une petite maison neuve il y a un an. Sa fiancée, A, vient de le rejoindre et elle veut ramener son chat Yon, un matou blanc avec des taches noires et une queue tigrée. Pour tenir compagnie à Yon, A décide de prendre en plus un chaton norvégien, Mû. Juju n’ose rien dire mais il trouve que Yon a « une tête maléfique » (p. 6) et puis il préfère les chiens… En tout cas, avoir deux chats à la maison, ce n’est pas facile pour Juju, d’autant plus qu’en tant que mangaka, il travaille souvent toute la la nuit et il a parfois des hallucinations. Mais est-ce vraiment des hallucinations ?

Il y a un genre qui s’appelle le « ero guro » (pour l’érotique gore), eh bien je dirais que ce manga (autobiographique) est du « neko guro » ! Un récit horrifique exagéré avec des chats qui sont très bien dessinés (mais attention, on est loin de Chi, Plum et autres chats de manga pour la jeunesse !). Par contre les personnages ont des visages blafards ou horrifiés et, en ce qui concerne A, elle a pratiquement toujours les yeux blancs ce qui lui donne un air… inquiétant ! Les différentes histoires sont entrecoupées par des questions à Maître Ito, sur sa vie, son travail ; et il y a des photos de Yon et de Mû puisque les deux chats existent vraiment. Quand un des maîtres de l’horreur veut fait rire ses lecteurs, voici ce que ça donne : un manga mi-horreur mi-comique, et donc insolite et totalement réussi !

Pour le challenge BD et La BD de la semaine (après Madame, l’année du chat de Nancy Peña mercredi dernier, on reste dans les chats, ah ah ah !).

Le mystère de la chair de Junji Itô

[Article archivé]

Le mystère de la chair de Junji Itô.

Tonkam, collection Frissons, juin 2008, 224 pages, 9,35 €, ISBN 978-2-7595-0089-5. Itô Junji kyofu manga collection (伊藤潤二恐怖マンガ) est traduit du japonais par Jacques Lalloz.

Genres : manga, horreur.

ITÔ Junji (伊藤 潤二) est né le 31 juillet 1963 dans la préfecture de Gifu. Dentiste, mais dessinant depuis l’enfance, il publie son premier manga, Tomié (que je me souviens avoir lu), en 1987 et reçoit une mention spéciale du Prix Kazuo Umezu (auteur de L’école emportée). Dès le début des années 90, il se consacre au manga, se spécialisant dans l’horreur (kowaï) avec Spirale, Gyo, Le voleur de visages, La femme limace… Plusieurs de ses œuvres ont été adaptées au cinéma ou à la télévision.

La chevelure sous le toit (Yaneura no nagai kami 屋根裏の長い髪) – Après que son petit ami l’ait quittée, Chiémi Amano décide de couper ses longs cheveux mais elle est retrouvée décapitée et sa tête a disparu.

L’accord (Yurushi 許し) – Monsieur Fukatsu refuse de marier sa fille Misuzu à Kyosuké car ils ne sont pas du même rang social mais bizarrement il accepte que le jeune homme continue sa cour.

Le guêpier (Hachinosu 蜂の巣) – Deux jeunes gens, Yoriko et Takano, se fréquentent mais Takano est prêt à tout pour agrandir sa collection de nids de guêpes.

Les éphémères (Hakumei 薄命) – Une lycéenne, Chizuru, est devenue tellement jolie qu’elle en est « presque méconnaissable » mais la beauté est éphémère.

Les statues sans tête (Kubi no nai chôkoku 首のない彫刻) – Monsieur Okabé va exposer ses œuvres, des statues sans tête, et Shimada, membre du club des Beaux-Arts, l’aide à préparer mais le lendemain matin, le corps du professeur est retrouvé sans tête.

Le mystère de la chair (Niku iro no kai 肉色の怪) – Momoko Takigawa, une institutrice, se fait agresser un soir en rentrant chez elle. Dans sa classe, un enfant différent, Chikara Kawabé, terrorise les autres enfants.

Ces nouvelles sont parues dans le magazine Monthly Halloween entre novembre 1988 et juillet 1995 (ce magazine des éditions Asahi Sonorama, spécialisé dans l’horreur, et destiné à un lectorat féminin, est paru de janvier 1986 à décembre 1995). Fantôme, malédiction, désir à assouvir, vengeance, folie, tant de choses inexplicables peuvent pousser l’horreur à son paroxysme. C’est ce que nous dépeignent ces six nouvelles terrifiantes dans un noir et blanc d’une grande intensité. Plusieurs de ces nouvelles s’attachent au Beau, soit en tant que beauté corporelle (Les éphémères, Le mystère de la chair) soit en tant qu’Art (de la Nature avec Le guêpier, ou humain avec Les statues sans tête) mais le Beau est-il le Bien ? Et la beauté physique est-elle la seule qualité pour représenter un être ? Plusieurs de ces nouvelles parlent aussi de l’amour, un père pour sa fille (L’accord), une mère pour son fils (Le mystère de la chair), un homme pour une femme ou inversement mais en fait, c’est parfois lui-même que le personnage aime ! En fin de volume, une préface de Hideyuki Kikuchi (auteur de fantastique) fait honneur à Junji Itô pour sa finesse, son originalité et son imagination.

Une lecture pour le Marathon BD à bord du Vaisseau fantôme et Un samedi par mois, c’est manga que je mets aussi dans les challenges BD et Geek.

Genkaku Picasso 1 d’Usamaru Furuya

Genkaku Picasso est un manga d’Usamaru Furuya paru aux éditions Tonkam en septembre 2011 (256 pages, 6,99 €, ISBN 978-2-7595-0681-1). Publié entre octobre 2008 et janvier 2009 dans Jump Square, Genkaku Picasso 幻覚ピカソ(げんかくぴかそ (Hallucinatory Picasso) est traduit du japonais par Jacques Lalloz.

FURUYA Usamaru 古屋兎丸 est né le 25 janvier 1968 à Tokyo. Il a étudié la peinture à l’huile à l’Université des Beaux-Arts Tama de Tokyo. Il est aussi très intéressé par la sculpture et la danse Butô. J’ai déjà lu quelques-uns de ses mangas : La musique de Marie (2004), Le cercle du suicide (2005), Je ne suis pas un homme 1 (2011) et j’ai vu la série Tokyo magnitude 8 (2009) que Furuya a ensuite dessinée en manga.

Comment le prénom de Hikari Hamura, pourtant bien orthographié, est-il devenu Hikaso ? (Avez-vous l’impression que « ri » soit proche de « so » そ ?). Ensuite, parce qu’il dessine tout le temps, Hikaso s’est transformé en Picasso ! Mais le héros de Hikari est Léonard de Vinci… « Mon ambition est d’acquérir la puissance de style… La splendeur et la beauté de ces artistes de la Renaissance. » (page 12).

Picasso (autant l’appeler par son surnom) a 17 ans, il est au lycée Akatsuki et, comme il est timide et un peu bizarre, il n’a pas d’amis, à part la très jolie Chiaki Yamamoto qui est dans la même classe que lui.

Après les cours, les deux adolescents se rendent au bord de l’eau (ils sont en fait les deux seuls membres du club « Au bord de l’eau ») : Chiaki lit (elle est passionnée par la psychologie) et Picasso dessine. « Dis, Picasso, si tu dessinais ce que j’ai en moi. – Je ne dessine rien qui ne soit pas apparent. » (page 15).

Mais cet après-midi-là, un hélicoptère s’écrase sur la rivière et fait deux victimes. Par miracle, Picasso survit. Chiaki réapparaît, uniquement visible par son ami, sous la forme d’un ange minuscule (elle est dans la poche de sa veste) : au moment de mourir, elle a intercédé pour que Picasso vive mais afin que son corps ne se gangrène pas, il doit aider son prochain. « Mais j’en suis pas capable. […] aider les autres ?! Je ne peux pas. – Tu dois le faire […] Ils t’ont reconnu le droit de vivre. Tu as été choisi !! » (pages 32-33).

Picasso se rend alors compte qu’il voit une espèce de fumée autour de la personne qu’il doit aider. Et il va aider comment ? En dessinant ce qui fait souffrir la personne ! Mais ce n’est pas tout : Picasso et Chiaki sont « aspirés » par les dessins ce qui leur permet de mieux analyser et comprendre chaque situation.

Picasso va donc utiliser ses dessins (très soignés et d’un grand réalisme), d’abord maladroitement puis de façon plus sereine, et Chiaki ses connaissances en psychologie et psychiatrie pour aider leurs camarades de classe : Sugiura et son père, Akané, Kotoné et Manba, Maria et sa jeune sœur Kana. L’auteur parle ainsi de la difficulté des relations : père-fils, amoureuses, sœurs (jalousie), du deuil et de la souffrance due à l’absence (une mère, un animal), et des problèmes de l’adolescence (voire des adultes) : tentation du suicide, perte de soi pour ceux qui s’identifient à une idole, des choses qui semblent anodines mais qui peuvent choquer les autres. Il y a donc des personnes qui sont en détresse profonde, qui subissent des traumatismes parfois invalidants, mais personne ne se rend compte de rien, y compris souvent la personne elle-même (choses enfouies très profondément, problème d’analyse de soi et de communication avec l’autre). Il y a, en fin de volume, une intéressante postface d’un psychiatre, Nakoshi Yasufumi.

D’habitude les œuvres d’Usamaru Furuya sont plutôt répertoriées en seinen (manga pour adultes) mais cette série, classée en shônen dramatique et fantastique, ne doit pas vous faire peur : non seulement elle n’est pas trop enfantine mais elle est très agréable à lire (aussi bien pour des adolescents que pour des adultes).

J’espère simplement que, comme le mode de fonctionnement est une personne en détresse-un dessin-un problème à résoudre, les histoires ne seront pas trop répétitives dans les deux tomes suivants (le tome 2 est paru en novembre 2011 et le tome 3 en février 2012).

Je suis encore in extremis pour le challenge Sur les pages du Japon (le thème était libre pour ce mois de décembre) et je présente aussi ce manga dans les challenges Cartable et tableau noir (l’essentiel du manga se passe au lycée et en tout cas toujours avec les lycéens), Dragon 2012 et bien sûr Abécédaire du mangaphile (lettre G).