Algue et la sorcière de Pınar Selek

Algue et la sorcière de Pınar Selek.

Éditions des lisières, collection Pinson des arbres, novembre 2021, 56 pages, 13 €, ISBN 979-10-96274-27-7. Siyah pererinli kiz (2009) est traduit du turc par Lucie Lavoisier ; illustré par Elvire Reboulet et linogravé par Maud Leroy.

Genres : littérature turque, roman-conte.

Pınar Selek naît le 8 octobre 1971 à Istanbul en Turquie. Elle étudie au lycée Notre-Dame de Sion à Istanbul puis à l’université de Strasbourg. Elle est sociologue, autrice (romans, contes, essais) et militante féministe et antimilitariste. Elle s’intéresse aux groupes opprimés (femmes, enfants des rues, Kurdes, Arméniens…). Le 1er livre de Pınar Selek chez les lisières est Verte et les oiseaux, plus d’autres livres chez d’autres éditeurs.

J’aime bien les livres sans texte sur la 4e de couverture, ils attisent ma curiosité ! Celui-ci est un roman-conte illustré pour les adultes.

Sur l’île aux Moules, la malédiction de la Sorcière à la Cape Noire date de loin. Tous en ont entendu parler. Mais c’est une chose d’en avoir entendu parler depuis l’enfance, d’y croire, d’avoir peur même, et c’en est une autre d’entrer dans l’histoire. La narratrice en a fait l’expérience.

La vie est agréable sur cette île verdoyante aux rivages rocheux et « tous les rochers sont couverts de moules grosses comme ma main, ou plutôt celle de mon père. » (p. 8). Moules et poissons sont le quotidien des habitants qui profitent de la mer, de la lune et ont tout pour être heureux « sauf que la Sorcière à la Cape Noire ne nous laissait pas mener une vie heureuse. On racontait qu’elle venait du septième sous-sol. Du pays des ténèbres. […] La sorcière était à l’origine de tous les malheurs. Elle était derrière tous les échecs, derrière les douleurs, les maladies, les sécheresses, les tempêtes, les bagarres » (p. 11) mais tout cela restait flou, éloigné… Jusqu’à ce que la sorcière vienne frapper avec son balai le frère de la narratrice le jour où il se marie… « Je décidai donc de retrouver la sorcière et de lui demander des comptes. » (p. 13).

« Au fait, je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Algue. Je suis grande à présent, j’ai douze ans. J’en avais neuf quand mon frère s’est fait rouer de coups. » (p. 14).

Mais comment trouver cette sorcière d’autant plus qu’elle ne se montre qu’aux hommes ?

Ma phrase préférée. « L’important n’est pas de savoir mais de faire. » (le chêne à Algue, p. 41).

Algue et la sorcière est un conte pour aller au-delà des préjugés et de la peur. Il conviendra aux ados et aux adultes.

Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 19, un livre qui se passe sur une île, 4e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 26, un livre dont le titre comporte le nom d’un aliment, ici Algue est un prénom mais c’est aussi un aliment), Contes et légendes (conte turc), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Végétal pour Algue), Tour du monde en 80 livres (Turquie), Un genre par mois (en mars, album donc illustré, young adult), Voisins Voisines (Turquie).

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Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi

Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi.

Delcourt / Akata (plus au catalogue), avril 2007, 192 pages, 7,95 €, ISBN 978-2-7560-0311-5. Ryôsanpaku to Shukeidai (Kadokawa Shôten, 1992) est traduit du japonais par Yuki Kakiichi et adapté par Laurence Gillet.

Genres : manga, seinen.

Natsuki Sumeragi 皇名月 (ou 皇なつき pour signer ses mangas) naît le 21 août 1967 à Ôsaka au Japon. Elle étudie la littérature japonaise à l’Université de Ritsumeikan à Kyôto. Elle est passionnée par la Chine et la Corée et ses dessins sont extraordinaires par rapport au contexte historique et culturel (kimonos, décors…). J’ai ses autres titres, La voix des fleurs (花情曲 ou はなのこえ, Hana no koe, 1991), Intrigues au pays du matin calme (李朝・暗行記 ou りちょうあんぎょうき, Richô Angyouki, 1993), Pékin années folles (燕京伶人抄, Peking reijin shô, 1995) et Un destin clément (恋泉 花情曲余話, Rensen Hana no koe yowa, 1998), ce qui est dommage c’est qu’ils n’existent plus chez l’éditeur… Plus d’infos sur son blog (plus mis à jour).

L’histoire du temple Shuzen – d’après L’histoire du temple Shuzen de Kidô Okamoto (1872-1939), auteur de Fantômes et samouraïs – Hanshichi mène l’enquête à Edo, entre autres. Fin du XIIe siècle, des combats sanglants éclatent entre les samouraïs. Katsura et Kaede, deux sœurs, filles du sculpteur Yashaô d’Izu, se chamaillent. Kaede a épousé l’artisan qui seconde son père mais Katsura rêve d’un mariage avec un noble. C’est à ce moment-là qu’arrive le Shogun Yori-ié Minamoto, 23 ans : il a commandé un masque en bois à Yashaô mais celui-ci tarde à arriver… « J’ai sculpté sans relâche mais jusqu’à présent les résultats n’ont pas été satisfaisants… […] Un masque demande plus que de la technique ! Il s’agit d’y mettre de l’âme ! » (p. 13). Katsura, sous le charme du noble accepte d’être à son service mais… Celui-ci est tourmenté, il a peur de la mort. Katsura et Yori-ié pourront-ils s’aimer ? « Je ne pensais pas que les personnes de haut rang souffraient autant. » (p. 44). Ce conte japonais est une belle histoire d’amour tragique, inspirée de faits (plus ou moins) réels puisque le masque est devenu le trésor du temple Shuzen.

L’ogre de Sôzudono – « Grand frère, tout le monde sait qu’un ogre habite Sôzudono, ce n’est pas une plaisanterie ! » (p. 72). Le grand-frère réprimande Munechika, quelle idée pour un jeune homme de croire ce genre d’absurdités ! Mais il est embarqué un peu à l’insu de son plein gré par Munechika et ils vont tous deux à Sôzudono… pour y trouver leur destin. Une histoire d’amour, de jalousie et de haine entre deux frères, l’aîné ayant plus de droits (et de devoirs) que son jeune frère (et, à notre époque, rien n’a changé, rien de nouveau sous le soleil comme on dit).

Romance d’Outre-Tombe – d’après La romance de Liang Shanbo et Zhu Yingtai (梁山伯与祝英台, en pinyin liáng shānbó yŭ zhù yīngtái, parfois traduit par Les amants papillons, du fait de la traduction anglaise Butterfly Lovers). Cette légende chinoise est un genre de Roméo et Juliette antique, présentée au classement de l’UNESCO dans l’objectif d’entrer à son répertoire du patrimoine oral et immatériel en 2006 (source Wikipédia). Ying-tai, 16 ans, ne va pas bien mais le médecin dit qu’elle n’a aucun problème de santé. Un ‘devin réputé’ dit à son père qu’elle devrait aller à Hang-zhou. « Si vous la laissez partir, elle échappera à un destin tragique. » (p. 100). Le père accepte – un de ses vieux amis, He Tian-you, y tient une école – mais Ying-tai doit absolument revenir au bout d’un an et personne ne doit découvrir son identité. Elle se fait alors passer pour un homme et part avec sa servante, Yin-xin, qu’elle fait passer pour sa jeune sœur qui l’accompagne. Dans une auberge, elle rencontre un beau jeune homme – qui l’intimide – et ils font route ensemble. « Qui sont ces deux-là ? – Ah, eux deux ! Ce sont Liang Shan-bo et Zhu Ying-tai. Ils sont arrivés en même temps à l’école de Maître He l’année dernière. Il paraît qu’ils se sont rencontrés pendant leur voyage et ont sympathisé, depuis ils sont inséparables comme des frères. » (p. 109). Mais l’année est passée et Maître He oblige Ying-tai à rentrer, or son père veut la marier… Une très belle histoire d’amour, romantique et… tragique bien sûr.

En fin de volume, un Livre des merveilles du monde regroupe une postface illustrée de la mangaka et des clés de compréhension sur le Japon et la Chine antiques et médiévales. Les trois histoires sont évidemment dramatiques : il y a Outre-Tombe dans le titre, ce qui veut tout dire mais elles sont agréables à lire non seulement grâce aux superbes dessins de Natsuki Sumeragi mais aussi grâce aux textes épurés, centrés sur le nécessaire pour le format court et avec une pointe de fantastique. À découvrir assurément !

Pour La BD de la semaine spéciale Bulles d’amour (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges 2023 en classiques, ABC illimité (lettre R pour titre), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD ou un manga, 4e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 30, une BD qui est l’adaptation d’un roman), Contes et légendes #5, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Un genre par mois (en février, du rire aux larmes, amour et drame).

Princesse Saphir d’Osamu Tezuka

Princesse Saphir d’Osamu Tezuka.

Soleil Manga, collection Shôjo, janvier 2005, 242 pages, 6,99 €, ISBN 978-2-84565-970-4. リボンの騎士 Ribon no kishi (1953) est traduit du japonais par Sylvain Chollet.

Genres : manga, shôjo, merveilleux, conte.

Osamu Tezuka (手塚 治虫) naît le 3 novembre 1928 à Toyonaka (préfecture d’Ôsaka, Japon). Il étudie la médecine à l’université d’Ôsaka mais il découvre les dessins animés en particulier ceux de Walt Disney et devient mangaka, scénariste et réalisateur. Il connaît le succès avec La nouvelle île au trésor (1947). Suivront Le roi Léo (1950), Astro Boy (1952), Princesse Saphir (1953), Phénix l’oiseau de feu (1956) et tant d’autres titres (dont la majorité sont adaptés en animation). Je ne peux pas tous les citer mais l’œuvre est colossale (de 1947 à 1988), touche à tous les genres et reçoit de nombreux prix y compris posthumes. Il meurt le 9 février 1989 à Tôkyô. C’est un mangaka que j’ai beaucoup lu au fur et à mesure des parutions de ses titres en France mais dont j’ai encore peu parlé sur le blog sauf avec La légende de Songoku (4 tomes) en mai 2021 (c’était une relecture ce qui est le cas aussi avec Princesse Saphir).

Il était une fois… Mukashi no koto desu ou Mukashi mukashi en japonais. Au Ciel, le Créateur qui distribue les cœurs, un bleu pour « des garçons forts et courageux » et un rouge pour « des filles belles et douces » (p. 9) donne par erreur (à cause de Tink) un cœur bleu puis un cœur rouge au même enfant à naître. Mécontent, le créateur envoie Tink, l’ange farceur, sur Terre avec la fournée de nouveaux-nés ; Tink a perdu ses ailes, « Ce n’est pas très pratique d’être humain. » (p. 13). Mais le personnage principal de cette histoire est l’héritier de la couronne que tout le monde attend au royaume de Silverland (l’histoire se déroule au Moyen-Âge dans un pays européen imaginaire).

Au moment de la naissance, tout le monde annonce un prince héritier ! Le roi et la reine ne peuvent pas démentir sinon c’est Plastic, le fils de l’affreux duc Duralmin, qui recevra le trône… Ainsi le couple royal élève leur fille « comme un garçon » (p. 20). Quinze ans après, Saphir a grandi et Tink n’a pas changé ! Mais il est de plus en plus difficile de jongler entre le côté féminin (vie personnelle cachée) et le côté masculin (vie mondaine) de Saphir, d’autant plus que Franz Charming, le prince d’un royaume voisin s’éprend d’une jeune blonde inconnue durant le bal du carnaval annuel… qui n’est autre que Saphir déguisée.

Des drames emmèneront Saphir au trône plus vite que ses parents l’avaient prévu et, après toutes ces années, Saphir est démasquée par la perfidie de Duralmin et de son machiavélique serviteur, Nylon. La reine et Saphir sont emprisonnées dans la tour ouest, la tour de l’oubli, dépossédées de leurs biens et réduites en esclavage par Gummer le geôlier…

Jusqu’au jour où apparaît un justicier masqué que l’ange Tink pense être Saphir (a-t-il raison ?).

Proche de nos contes de fée occidentaux, Princesse Saphir est un récit plein de romantisme mais aussi d’aventures et d’action. Considérée comme un shôjo (manga pour filles), cette histoire peut à mon avis intéresser aussi les garçons pour deux raisons. 1. Parce que la « princesse » est un garçon manqué et, au-delà du genre, Saphir est de naissance à la fois garçon et fille. 2. Parce que les codes du shôjo n’y sont pas vraiment respectés : les yeux, les émotions, les cases sont différents de ce que les lecteurs de shôjo attendent mais le graphisme est du pur Tezuka donc les fans apprécieront.

À noter que c’est une commande du Shôjo Club 少女クラブ (1923-1962) de l’éditeur Kôdansha qui souhaitait proposer aux jeunes lectrices une histoire similaire à celles publiées dans les magazines shônen (manga pour garçons). Je pense qu’à son époque Tezuka a simplement fait un shônen pour filles ! En tout cas, les thèmes de l’identité et de la liberté sont pour moi la part principale de cette histoire.

La parution en chapitres se déroule entre janvier 1953 et janvier 1956 avant de paraître en 3 tomes chez Kôdansha. Osamu Tezuka s’inspire bien sûr des contes européens et aussi, en bon cinéphile, d’actrices japonaises célèbres et des productions d’Hollywood ce qui inclut les films d’animation de Walt Disney. De l’humour voire du burlesque, des anachronismes, c’est du Tezuka tout craché même si les lecteurs adultes préféreront ses seinens comme Ayako, Barbara, Black Jack, ou L’histoire des 3 Adolf, entre autres. Princesse Saphir a eu beaucoup de succès alors Tezuka a fait une suite intitulée Les enfants de Saphir (un tome, 1958) et une série animée a bien sûr été réalisée : au Japon en 1967 et diffusion en France entre 1973 et 1976 (vidéo ci-dessous).

Pour l’instant, je n’ai (re)lu que le premier tome car je voulais garder du temps pour – rien à voir – lire Nous, les Allemands d’Alexander Starritt pour Les feuilles allemandes, un challenge qui se termine aujourd’hui. Mais je relirai assurément la suite pour vous la présenter.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) qui est apparemment le dernier rendez-vous de l’année hors billet coups de cœur en fin d’année, BD 2022 et aussi 2022 en classiques, Les classiques c’est fantastique (avec en novembre un prénom dans le titre), Contes et légendes (des filtres magiques, une sorcière, une princesse et un prince, entre autres), Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie Prénom pour Saphir) et ABC illimité (toujours le dilemme de choisir entre la lettre pour le prénom, le nom ou le titre… je vais faire avec O pour prénom).

Le Boiseleur, 1 – Les mains d’Illian de Hubert et Hersent

Le Boiseleur, 1 – Les mains d’Illian de Hubert et Hersent.

Soleil, collection Métamorphose, octobre 2019, 96 pages, 19,99 €, ISBN 978-2-30207-778-2.

Genres : bande dessinée française, conte.

Hubert, de son vrai nom Hubert Boulard, naît le 21 janvier 1971 à Saint Renan en Bretagne. Il étudie à l’École régionale des Beaux-Arts d’Angers puis se dirige vers la bande dessinée en tant que coloriste mais aussi en tant que scénariste. Parmi ses titres : Beauté, La chair de l’araignée, Le legs de l’alchimiste, Miss Pas Touche, Les Ogres-Dieux, Peau d’homme, Les yeux verts… Malheureusement, dépressif depuis l’enfance à cause de son homosexualité non acceptée par sa famille, il met fin à ses jours le 12 février 2020.

Gaëlle Hersent naît le 25 juillet 1984 en France. Elle étudie la littérature et les arts plastiques. Ensuite elle entre à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême puis à l’École des métiers du cinéma d’animation. Elle est illustratrice, dessinatrice et coloriste de bandes dessinées. Plus d’infos sur son site officiel et sur son Instagram.

J’ai vu ce premier tome de Le Boiseleur – Les mains d’Illian sur un blog pour La BD de la semaine et je l’ai réservé à la bibliothèque mais je regrette de ne pas avoir réservé aussi le tome 2, Le Boiseleur – L’esprit d’atelier, qui est paru posthume en août 2022.

« Solidor était bâtie à l’extrémité d’une vaste presqu’île, séparée du reste du monde par de hautes montagnes pratiquement impraticables, si bien qu’on n’y venait qu’en bateau. C’est sans doute de cet isolement que la fa une et la flore qu’on trouvait dans la campagne environnante tenaient leurs particularités. Nombre de plantes y poussaient qu’on ne voyait nulle part ailleurs, comme le chêne tubéreux ou l’orchidée arborifère, et les oiseaux qu’on y trouvait appartenaient tous à la famille des griselottes, espèce endémique au plumage terne, et de plus pratiquement aphone. » (p. 8). C’est pourquoi les habitants achètent des oiseaux exotiques au marché de Solidor.

Illian, « enfant, […] débarqué de sa campagne natale » (p. 13) sculpte le bois et fabrique des cages dans l’atelier de maître Koppel. Passionné par les oiseaux, il aimerait bien en avoir un à lui mais il n’a pas les moyens… parce que Maître Koppel, très pingre, ne lui donne que le gîte et le couvert durant son apprentissage. Illian se contente alors d’entendre les oiseaux des autres, « Les écouter avait toujours été le bonheur et le réconfort d’Illian. » (p. 16).

Il a alors une idée, il va fabriquer un rossignol dans une chute de bois, le peindre et le garder dans sa chambre près de lui mais Maître Koppel crie au vol (bois et peintures) et offre l’oiseau à sa fille, Flora, qui le montre à toutes ses amies qui en veulent un aussi. La vie d’Illian et de la ville de Solidor va alors changer du tout au tout.

Oh, comme je regrette de ne pas avoir le tome 2… Cette bande dessinée est magnifique, elle est aussi précieuse que les oiseaux et leurs chants mélodieux, avec des couleurs chatoyantes. Et, en dehors des cases, il y a des dessins pleine page ou double page de toute beauté. Elle ressemble à un conte philosophique et poétique où l’imaginaire et l’artisanat seraient rois. Bien sûr, on s’attache particulièrement à Illian et aussi au vieil homme qui perd son oiseau, « Hélas, il est mort de sa belle mort. Un oiseau en cage, ça ne vit pas très vieux. » (p. 76). Mais l’auteur et la dessinatrice ne font pas qu’une belle œuvre, ils en profitent pour dénoncer la maltraitance des petites gens comme Illian et celle des oiseaux enfermés puis relâchés dans un environnement qui n’est pas le leur. Ils dénoncent aussi les effets de mode et la façon dont les riches achètent de façon compulsive pour posséder et avoir plus ou mieux que leurs amis et voisins.

Ils l’ont lu : Bulles de Dupondt, Bulles et chapitres, Cédric de La bande du 9, Chez BooKinette, Géraldine, Ghislaine, L’île aux trésors, Lady That, Lili Galipette, Lire en bulles, Lise de Bubble BD, Little Pretty Books, Mo’ du Bar à BD, Stemilou, d’autres ?

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Stéphie) et le challenge BD 2022 ainsi que Petit Bac 2022 (catégorie Art pour Boiseleur = qui sculpte le bois) et Les textes courts.

Tête de mule d’Øyvind Torseter

Tête de mule d’Øyvind Torseter.

La joie de lire, collection Albums, septembre 2016, 120 pages, 24,90 €, ISBN 978-2-88908-334-3. Mulegutten (2015) est traduit du norvégien par Aude Pasquier.

Genres : bande dessinée norvégienne, conte.

Øyvind Torseter naît le 2 octobre 1972 à Oslo (Norvège). Il étudie l’illustration au Merkantilt Institutt (1991–1992) et au Skolen for Grafisk Design (1992–1994) à Oslo puis au Kent Institute of Art & Design en Angleterre (1995–1998). Il est auteur et illustrateur (pour les adultes et pour la jeunesse). Plusieurs de ses titres sont parus en français chez La joie de lire, Cambourakis, Didier Jeunesse ou au Rouergue et il a reçu de nombreux prix littéraires en Europe.

J’ai lu Factomule – Grand thriller politique international et je me suis rendu compte que c’était le 3e tome de la série alors il me faut lire les deux précédents tomes. Voici donc Tête de mule qui est en fait le premier à être paru et qui est une adaptation du conte Les sept corbeaux des frères Grimm.

Un roi a sept fils dont il ne veut pas se séparer mais les jeunes hommes ont bien sûr soif d’aventure. Le roi accepte que six partent à l’aventure et trouvent chacun une princesse à épouser mais il garde près de lui le petit dernier, Tête de mule, et charge les aînés de lui trouver une princesse lorsqu’ils reviendront. Malheureusement, non seulement les frères mariés à six belles princesses oublient de ramener une jeune femme pour leur frère mais ils sont tous changés en pierre par un troll.

Quelques années passent et le roi, désespéré, accepte que Tête de mule retrouve ses frères. Il lui donne le dernier cheval, un vieux canasson pas ravi de partir mais qui a un bon contact avec son cavalier et se montre brave dans cette aventure dangereuse.

Sur le chemin, Tête de mule trouve un saxophone dans un ruisseau, « ça pourrait être utile » (p. 9), croise un éléphant dont la trompe est coincée dans une souche d’arbre, « Merci pour ton aide. Si tu rencontres des obstacles en chemin, pense à moi. Je pourrai t’aider. » (p. 14), rencontre un loup affamé qui veut manger son cheval, « C’est du poulet, ça, ou quoi ? Vous allez où au fait ? » (p. 21) et arrive dans la montagne du troll où il voit ses frères et leurs épouses changés en pierre.

Il pénètre dans l’antre du troll et après un périple (digne d’un jeu vidéo, ah ah ah), il découvre une jeune femme, « Ne vous inquiétez pas, pétulante princesse. Je vais vous libérer du troll. – Oui, oui, vous n’êtes pas le premier à essayer. Aucun n’en est sorti vivant. Jamais personne ne réussira à se débarrasser du troll qui habite ici. » (p. 36).

On m’a appris qu’il ne faut jamais dire ‘jamais’ mais comment Tête de mule va-t-il pouvoir se débarrasser du troll ? Vous le saurez en lisant cette belle bande dessinée et n’oubliez pas le saxophone, l’éléphant, le loup et même une énorme pieuvre !

J’aime beaucoup les dessins de Torseter (il y a quelques cases mais la majorité sont en pleine page, ça fait mi album illustré mi bande dessinée), sa fantaisie, son humour et le petit côté insolite qui donne du peps au récit. C’est inventif, c’est drôle, il faut lire Tête de mule ! Même si vous ne connaissez pas le conte Les sept corbeaux des frères Grimm. Et puis cette bande dessinée est carrément un beau livre !

Lu par Noukette, Mo, Dal-eg, Boulevard de la BD, Bodoï, d’autres ?

Pour les challenges 2022 en classiques, Les adaptations littéraires, BD 2022, Contes et légendes 2022 pour l’adaptation du conte Les sept corbeaux des frères Grimm, Jeunesse young adult #11 et bien sûr Challenge nordique (Norvège).

Kamisama 2 – Les contes de la colline de Keisuke Kotobuki

Kamisama 2 – Les contes de la colline de Keisuke Kotobuki.

Ki-oon, mars 2007, 136 pages, 11,10 €, ISBN 978-2-915513-52-3. カミサマ est traduit du japonais par Ahmed Agne et Cécile Pournin.

Genres : manga, kodomo, shôjo, conte.

KOTOBUKI Keisuke 寿 圭祐 est mangaka (scénariste et dessinateur) depuis 1998. Ses dessins en couleurs sont proches de la peinture. Les autres séries de l’auteur sont Roji! et Coco, l’île magique.

La déesse de la colline – Une jeune femme revient sur le lieu de son enfance, une colline où elle avait rencontré une déesse minuscule qui n’avait apparemment aucun pouvoir. « Je ne comprends toujours pas… – Moi non plus. » Mais elle n’a pas pu voir le printemps arriver avec la petite déesse car elle a déménagé avec sa mère… La déesse était-elle un rêve ?

Le cerisier électrique – « On dit qu’il existe plus de huit millions de divinités au Japon. » Mitsuki se rend au cerisier pour voir Sakura la déesse mais celle-ci est avec la déesse de la colline (de l’histoire précédente) et une autre déesse, celle des lignes électriques, fait irruption. Et celle-ci a vraiment un comportement… électrique !

Shimashima au pays des déesses – Shimashima est le jeune chat qui apparaît dans la 3e histoire du 1er tome. Les trois déesses (rencontrées dans les deux histoires précédentes) sont mécontentes car il a une pierre sacrée autour du cou (elle lui a été offerte par Miyako). Pourront-elles renvoyer Shimashima dans son monde (c’est-à-dire celui des humains) ?

Après avoir relu récemment le premier tome de cette trilogie, Kamisama 1 – La mélodie du vent, j’ai eu très envie de relire ce deuxième tome, en plus en avril il y a deux challenges japonais, Un mois au Japon et Hanami Book Challenge #2. Je lirai le tome 3 durant le mois d’avril.

Comme pour le premier tome, c’est très beau, doux (couleurs pastels), vraiment poétique, un peu énigmatique, parfois amusant, toujours tendre. Sans hésitation, pour tous les lecteurs, petits et grands. Les lecteurs retrouvent les fillettes, les chats et la pierre bleue à travers ces trois contes plein de magie et de merveilleux.

J’ai oublié de donner mon lien pour La BD de la semaine… Mais, en plus des challenges japonais (cités ci-dessus), pour Adaptations littéraires (contes et folklore japonais adaptés en manga), BD 2022, Contes et légendes #4, Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10 et Un genre par mois (en avril, ce sont les BD qui sont à l’honneur).

Kamisama 1 – La mélodie du vent de Keisuke Kotobuki

Kamisama 1 – La mélodie du vent de Keisuke Kotobuki.

Ki-oon, septembre 2006, 112 pages, 11,10 €, ISBN 2-915513-27-9. カミサマ – ルーシーは猫の中 Kamisama –Rûshî wa neko no naka (2006) est traduit du japonais par Ahmed Agne et Cécile Pournin.

Genres : manga, kodomo, shôjo, conte.

KOTOBUKI Keisuke 寿 圭祐 est mangaka (scénariste et dessinateur) depuis 1998. Ses dessins en couleurs sont proches de la peinture.

Lucy, dans le ventre du chat – Lucy va se promener mais doit rentrer avant l’heure du dîner. Sur le chemin, elle voit un chien qui se tient sur ses pattes arrières et qui l’appelle « Mademoiselle ! ». Il l’emmène dans un champ de fleurs comestibles où vit un chat géant qui avale la fillette.

Le chat-pluie – Une fillette déambule sous la pluie et rencontre un chat qui lui parle. Elle se trouve dans un hazama, « un endroit qui se situe entre le monde des vivants et celui des morts. C’est ici que finissent ceux dont personne ne se souvient. »

Shimashima – Shimashima, un jeune chat, rencontre Miyako. Elle a l’habitude d’apporter à manger aux chats du quartier et Shimashima vient d’arriver. « Miyako était très affectueuse avec moi. Et moi aussi, je l’aimais beaucoup. » Mais Miyako est malade.

Voici ce que dit l’éditeur : « Entre manga et conte, cet Alice qu pays des merveilles nippon regroupe plusieurs récits féeriques, drôles et émouvants à la fois. » (4e de couverture).

Kamisama est un manga différent, il est dans un format plus grand (15×21 cm), il est relié et il est tout en couleurs. Le fil directeur en plus des fillettes et des chats est la pierre bleue, semblable à une goutte de pluie, qui a des pouvoirs magiques. Manga à la fois kodomo (jeunesse) et shôjo (fille), il se situe du côté du merveilleux, du fantastique, bref il a tout du conte (mais pas du conte occidental, plutôt du folklore japonais).

Il existe deux autres tomes, Les contes de la colline (2003 au Japon, 2007 en France) et Au bout du chemin (2008 au Japon, 2010 en France) que je vous présenterai une prochaine fois.

À noter que l’auteur a retouché toutes les planches des trois tomes pour les proposer à la lecture dans le sens occidental. Une nouvelle édition de ces trois tomes est parue en novembre 2014.

Kamisama est un très beau livre pour les plus jeunes et les plus grands, pour tous ceux qui aiment la magie des dessins et des histoires.

Pour les challenges Adaptations littéraires (contes et folklore japonais adaptés en manga), BD 2022, Challenge lecture 2022 (catégorie 48, un manga), Contes et légendes #4, Des histoires et des bulles (catégorie 4, un shôjo, avec cette 40e lecture avant le 1er avril, j’honore le niveau 4), Jeunesse young adult #11 et Littérature de l’imaginaire #10.

Zadig de Voltaire

Zadig de Voltaire.

Lu en numérique, 92 pages. Entre 60 pages (édition de 1747) et 200 pages (éditions contemporaines). Vous pouvez lire Zadig librement et en toute légalité sur Wikisource.

Genres : littérature française, classique, conte philosophique.

Voltaire naît le 21 novembre 1694 à Paris. Il est romancier, poète, dramaturge, philosophe et encyclopédiste. Il aime les arts, les sciences et il est parmi les philosophes les plus connus du siècle des Lumières. Il meurt le 30 mai 1778 à Paris. Je ne veux pas en dire des tonnes (vous pouvez trouver tout sur Voltaire sur Internet ou dans des dictionnaires et encyclopédies). Ses œuvres les plus célèbres sont Lettres philosophiques (1734), Zadig ou la destinée (1748), Micromégas (1752), Candide ou l’optimisme (1759) et L’ingénu (1767).

Le titre complet est Zadig ou la destinée, histoire orientale. Et c’est l’édition de 1747 que j’ai lue : cette édition contient une approbation, une épître dédicatoire (une lettre de Zadig à la sultane Sheraa, extrait ci-dessous) et 21 chapitres ; elle est parue sous le titre Memnon, histoire orientale. L’œuvre est rééditée en 1748. Il faut attendre l’édition de 1775 (que je lirai une prochaine fois) et même l’édition de 1785 pour que d’autres chapitres soient ajoutés.

« Charme des prunelles, tourment des cœurs, lumière de l’esprit, je ne baise point la poussière de vos pieds, parce que vous ne marchez guère, ou que vous marchez sur des tapis d’Iran ou sur des roses. Je vous offre la traduction d’un livre d’un ancien sage qui, ayant le bonheur de n’avoir rien à faire, eut celui de s’amuser à écrire l’histoire de Zadig, ouvrage qui dit plus qu’il ne semble dire. Je vous prie de le lire et d’en juger ; car, quoique vous soyez dans le printemps de votre vie, quoique tous les plaisirs vous cherchent, quoique vous soyez belle, et que vos talents ajoutent à votre beauté ; quoiqu’on vous loue du soir au matin, et que par toutes ces raisons vous soyez en droit de n’avoir pas le sens commun, cependant vous avez l’esprit très sage et le goût très fin, et je vous ai entendue raisonner mieux que de vieux derviches à longue barbe et à bonnet pointu. Vous êtes discrète et vous n’êtes point défiante ; vous êtes douce sans être faible ; vous êtes bienfesante avec discernement ; vous aimez vos amis, et vous ne vous faites point d’ennemis. Votre esprit n’emprunte jamais ses agréments des traits de la médisance ; vous ne dites de mal ni n’en faites, malgré la prodigieuse facilité que vous y auriez. Enfin votre âme m’a toujours paru pure comme votre beauté. Vous avez même un petit fonds de philosophie qui m’a fait croire que vous prendriez plus de goût qu’une autre à cet ouvrage d’un sage. ».

« Du temps du roi Moabdar […] à Babylone un jeune homme nommé Zadig, né avec un beau naturel fortifié par l’éducation. Quoique riche et jeune, il savait modérer ses passions ; il n’affectait rien ; il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes. ». C’est qu’il lisait Zoroastre et appliquait ses principes, il était Sage. Mais alors que Zadig doit épouser sa bien-aimée, Sémire, qui l’aime en retour, Orcan, le neveu d’un ministre, jaloux et vaniteux, la fait enlever par deux hommes armés qui la blessent… En défendant Sémire, Zadig est blessé à l’œil gauche et Sémire, refusant d’épouser un borgne, épouse finalement Orcan.

Zadig épouse alors Azora, une citoyenne « la plus sage et la mieux née de la ville ». Mais, au bout de quelques mois, il la répudie car elle est « devenue trop difficile à vivre » et il se lance dans l’étude de la Nature pour nourrir et élever son âme et aussi pour vivre tranquille. Il se retire alors « dans une maison de campagne sur les bords de l’Euphrate ». Mais il ne va pas rester tranquille longtemps ! « […] qu’il est difficile d’être heureux dans cette vie ! » surtout lorsqu’on doit faire face à des médiocres, des sots, des envieux, des fanatiques et des procéduriers… Malheureusement « L’occasion de faire du mal se trouve cent fois par jour, et celle de faire du bien, une fois dans l’année, comme dit Zoroastre. ».

Enfin, reconnu à sa juste valeur par le roi Moabdar et la reine Astarté, Zadig pense « Je suis donc enfin heureux ! Mais il se trompait. ».

Il y a un petit côté « roi Salomon » chez Zadig : en appliquant les principes de Zoroastre, il démêle le vrai du faux, le bon du mauvais, et tire de bonnes conclusions avec subtilité et bonté mais qui ne peuvent plaire à tous…

En tout cas, c’est l’amour qui le condamne à mort et, grâce à son ami Cador, il fuit avec un serviteur et deux chameaux vers l’Égypte mais ils se retrouvent tous deux esclaves d’un marchand arabe, Sétoc : « et pourquoi ne le serais−je pas comme un autre, puisque je suis homme comme un autre ? Ce marchand ne sera pas impitoyable ; il faut qu’il traite bien ses esclaves, s’il en veut tirer des services. ».

Zadig est quelque peu poursuivi comme l’était Voltaire par le clergé et l’État : « Zadig marcha du côté de la Syrie, toujours pensant à la malheureuse Astarté, et toujours réfléchissant sur le sort qui s’obstinait à se jouer de lui et à le persécuter. Quoi! disait−il, quatre cents onces d’or pour avoir vu passer une chienne! condamné à être décapité pour quatre mauvais vers à la louange du roi! prêt à être étranglé parceque la reine avait des babouches de la couleur de mon bonnet! réduit en esclavage pour avoir secouru une femme qu’on battait; et sur le point d’être brûlé pour avoir sauvé la vie à toutes les jeunes veuves arabes! ».

Comme Flaubert a déclaré « Madame Bovary, c’est moi ! », Voltaire aurait pu déclarer « Zadig, c’est moi ! » mais il considérait son conte comme une « couillonnerie » (in L’encyclopédie des énigmes de docteur Mops et collectif) alors qu’en fait il utilise la science, le raisonnement et la philosophie de son époque (le siècle des Lumières).

Voltaire crée tout, un Orient imaginaire et fantaisiste inspiré des contes et des récits de voyages qu’il a lus. Il est parfois coquin (par exemple la jeune veuve Almona) mais, en tout cas, toujours philosophe. Et tout est bien qui finit bien, Voltaire créant ainsi une utopie (une des premières utopies littéraires avec La cité du Soleil de Tommaso Campanella écrite en 1602 puis réécrite en 1613 soit plus de 100 ans avant Zadig). Zadig signifie « le véridique » ou « l’ami » en arabe et « le juste » en hébreu et il est tout cela à la fois mais il faut qu’il se libère de ses imperfections et qu’il fasse face à l’adversité et à l’injustice. Sous couvert de récit oriental et d’aventures, Voltaire se moque de certains personnages français (comme Boyer qui devient Yébor) et critique la société et la politique françaises, sans oublier le clergé. Zadig est écouté et respecté pour ses bons avis mais il s’attire la convoitise, la jalousie voire la haine de certains.

À noter, l’ancien français comme fesant, bienfesant, parceque, long-temps.

C’est après avoir vu la série télévisée Les aventures du jeune Voltaire sur France2 (en février) et avoir suivi le MOOC 18e siècle, le combat des Lumières avec FUN MOOC (en mars) que j’ai décidé de relire Voltaire, que j’avais lu par obligation scolaire (au collège) mais aussi pour le plaisir car je trouvais son écriture plaisante, drôle et je sentais le potentiel de la compréhension augmenter lors de relectures. C’est pourquoi j’ai lu Zadig pour le Challenge lecture 2021 de mademoiselle Farfalle (catégorie 45, un livre que vous avez dû lire à l’école).

Je mets aussi cette lecture dans 2021 cette année sera classique (quoi de mieux comme classique pour finir l’année que Voltaire ?), Contes et légendes (comme c’est un « conte philosophique ») et Les textes courts.

La baleine bibliothèque de Judith Vanistendael et Zidrou

La baleine bibliothèque de Judith Vanistendael et Zidrou.

Le Lombard, mai 2021, 80 pages, 14,75 €, ISBN 978-2-80367-796-2.

Genres : bande dessinée belge, conte.

Zidrou est le pseudonyme de Benoît Drousie, né le 12 avril 1962 à Anderlecht (Belgique), scénariste de bande dessinée belge. Il vit en Andalousie. J’ai déjà lu plusieurs bandes dessinées de lui (malheureusement pas toutes chroniquées sur le blog).

Judith Vanistendael naît le 20 août 1974 à Louvain (Belgique). Elle étudie les Beaux-Arts à Gand, à Berlin puis à Bruxelles et à Séville. Elle est dessinatrice mais aussi autrice. Son blog, en flamand, n’est plus mis à jour.

Au fond de l’océan, vit une baleine extraordinaire, elle a cent mille ans et les poissons (petits ou grands) aiment lui rendre visite. Pourquoi ? Parce que la baleine abrite « la plus grande bibliothèque des mers » (p. 5) avec « Des livres par milliers, bien rangés dans l’ordre de l’alphabet. De ‘Ah ! Ah !, le mangeur de rires’ à ‘Zzzix, le moustique électrique’. » (p. 5). Les poissons adorent lire et, parfois, c’est la baleine qui lit une histoire.

Celui qui conte cette histoire est un ancien facteur maritime. La poste terrestre est connue de tous, la poste aérienne est célèbre mais la poste maritime « est injustement méconnue » (p. 11). Une fois, il est monté dans sa barque pour livrer du courrier et sa fragile embarcation a été retournée par la baleine qui profitait d’une belle nuit. C’est comme ça qu’il a rencontré la baleine. Elle lui a posé plein de questions et elle lui a prêté un livre : « C’est l’histoire d’une sirène qui tombe amoureuse d’un pirate, dit-elle en rougissant. » (p. 30).

Lorsque lors d’une autre tournée, il revoit la baleine, il lui rend le livre prêté, lui offre un cadeau et elle lui propose de visiter la bibliothèque.

Quelle belle histoire avec des dessins magnifiques mais je ne pensais pas que ce serait si triste… Toutefois, cette bande dessinée – coup de cœur – est à lire absolument !

Dernière bande dessinée de l’année pour La BD de la semaine, que je mets aussi dans Contes et légendes 2021, Des histoires et des bulles (catégorie 17, une BD avec le nom d’un animal ou un animal dans le titre, 2e billet), Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #9 et Les textes courts.

Trois contes coréens

Trois contes coréens découverts en juin grâce à un membre du Hanb(o)ok Club sur FB.

Le tigre et le kaki séché sur KBS World. Un énorme tigre qui vit dans la montagne décide de descendre au village pour manger. Un cochon ou un veau ou même un humain. « Il était tellement féroce que même son ombre faisait trembler de peur toutes les autres créatures. » Mais un kaki séché va tout changer !

Frère Lune et Sœur Soleil sur KBS World. « C’est mon dernier. Je t’ai donné tout ce que j’avais. Maintenant, laisse-moi rentrer chez moi ! ». Une femme pauvre est dévorée par un tigre qui a déjà mangé tous ses gâteaux de riz. Maintenant ses deux enfants, un garçon et une fille, doivent échapper au tigre mais comment ?…

Deux bons frères sur KBS World. Comment deux frères, bien qu’orphelins, vivent heureux car ils s’aiment et s’entraident sans rien demander en échange. « Toi en premier ! » « Non, toi d’abord ! ».

Les illustrations sont ⓒ YEOWON MEDIA HANKOOK GARDNER CO. LTD.

Depuis que j’ai lus ces contes (mi-juin), KBS World en a rajouté d’autres dans sa rubrique Il était une fois, profitez-en !

Pour le Challenge coréen #2, Challenge de l’été #2 (Corée du Sud), Contes et légendes #3, Jeunesse young adult #10 et Les textes courts.

PS : s’il n’y a pas de bande dessinée aujourd’hui, c’est parce que La BD de la semaine est en pause en juillet-août mais je publierai tout de même quelques notes de lectures de bandes dessinées pour garder le rythme.