Anča & Pepík mènent l’enquête de Lucie Lomová

Anča & Pepík mènent l’enquête de Lucie Lomová.

Dupuis, collection Les Ondines, octobre 2022, 128 pages (136 pages en numérique), 19 €, ISBN 979-10-3476-270-5. Anča a Pepík (1989-2007) est traduit du tchèque par Maria Zachenska et Benjamin Abitan.

Genres : bande dessinée tchèque, jeunesse, policier.

Lucie Lomová naît le 23 juillet 1964 à Prague en Tchécoslovaquie. Elle étudie le théâtre, devient journaliste puis se lance dans la bande dessinée avec Anča a Pepík. En France, ses bandes dessinées pour adultes sont publiées aux éditions de l’An 2, Anna en cavale (2006), Les sauvages (2011) et Sortie des artistes (2014). Plus d’infos sur son blog, sa page d’illustrations, son facebook et son instagram.

Je remercie NetGalley et les éditions Dupuis pour leur confiance.

Des fantômes à la Sourinière – « Cette première histoire a été écrite et dessinée par Lucie Lomová et Ivana Lomová. » (p. 10). Anča et Pepík, des souris, sont amis et habitent côte à côte. Comme chaque année, pour l’anniversaire d’Anča, sa tante Bojenka et ses cousines, Émilie et Marie, lui rendent visite. Pepík lui offre une trottinette, peut-être que ses cousines pourront monter avec Anča si elle ne tombe pas ! Mais, la tante vient seule… car à la Sourinière, Émilie et Marie ont disparu ! Anča et Pepík mènent l’enquête avec « l’ancien intendant, jardinier, homme à tout faire… » (p. 19).

Le bandit bidon – En regardant la télévision, Anča et Pepík apprennent que « un détenu particulièrement dangereux s’est évadé de la prison d’Oreille-Sous-Ris. Il rôde probablement dans les environs… » (p. 43). Un agent spécial est dépêché dans la région. Anča est prise en otage par le criminel mais elle est maligne !

Le cousin Robert – Anča et sa maman cueillent des cerises. Pour l’anniversaire de la maman, celle-ci propose d’inviter tante Vera et cousin Robert. Mais Roberte, en bon gosse de riches, est imbuvable…

Scandale en ville – Anča et Pepík sont en ville pour vendre des myrtilles mais la population est en ébullition : le maire aurait « vidé le coffre et […] disparu ! » (p. 59). Or nos deux souris le retrouvent et il est plus ou moins amnésique. Et si le maire était innocent ?

Le château hanté – Anča et Pepík sont à Rougetout pour voir les fantômes du château hanté. Monsieur Lesage, l’habitant chez qui ils ont planté leur tente, leur dit de bien rentrer avant la nuit. Mais ils s’éloignent du groupe et se retrouvent enfermés dans le donjon… fermé au public. Ils font la connaissance du fantôme de « Ruppert, maudit pour avoir empoisonné [son] frère Mulot III » (p. 73).

Miss Souris – « Concours de la plus chouette souris » (p. 75), et si Anča participait ? Le « Premier prix [est] un très beau voyage pour deux à la mer » (p. 75) et Pepík a très envie d’aller à la mer ! Contre toute attente Anča est parmi les trois finalistes.

À la plage – Eh bien, Anča et Pepík étant à la plage, vous vous doutez qui a gagné le prix de Miss Souris. Mais il y a un voleur dans l’hôtel et leur chambre a été cambriolée… « Qu’est-ce qu’on va faire ici sans argent ? » (p. 84). Puis, lors du bal costumé, une comtesse est enlevée, une enquête pour nos deux souriceaux !

Aux sports d’hiver – Cette fois Anča et Pepík sont dans un chalet de montagne à Icionsky pour faire du ski. Mais deux randonneurs se présentent à leur porte pour la nuit. « Pourriez-vous nous abriter cette nuit ? Nous sommes deux pauvres skieurs perdus loin de leur chalet, il fait nuit noire et le vent se lève… » (p. 92). Mais Pepík découvre que ce sont des voleurs !

Bison Grincheux – Au « camp de vacances près de l’étang » (p. 99), le moniteur s’est absenté et il est remplacé par Bison Grincheux qui confisque tous les jouets des enfants et enferment Anča et Pepík.

L’enfant – « Anča et sa maman, avec Pepík et son papa, revenaient de la cueillette des champignons… » (p. 107) lorsqu’ils trouvent un enfant abandonné ! Or, une petite Adèle a été enlevée et elle a un grain de beauté sur la joue mais cet enfant est un garçon et n’a rien sur la joue… Leurs parents préviennent quand même la police.

C’est Noël – Anča et Pepík préparent Noël mais avant la fête, ils rendent visite à monsieur Tristan qui vit « tout seul dans la forêt » (p. 113) mais s’endorment dans un abri. Cette histoire est plutôt fantastique, un conte sur la magie de Noël.

Le tuyau – Anča et Pepík récupèrent des objets métalliques à recycler. Une voisine leur donne un tuyau qui traîne « depuis toujours. Pourquoi personne ne l’a jeté ? Mystère… » (p. 119). Mais Anča se rend compte que c’est un tuyau magique alors pas question de le déposer à la déchetterie !

Douze histoires toutes simples mais idéales pour les plus jeunes avec dix enquêtes (Le cousin Robert et C’est Noël ne sont pas des enquêtes). Anča et Pepík sont attachants, ils sont intelligents, curieux, courageux et n’hésitent pas à désobéir (sortir la nuit par exemple) mais pour la bonne cause. Les méchants sont faciles à reconnaître par les enfants. C’est coloré, il y a un certain humour, quelques jeux de mots, c’est vraiment une curiosité à découvrir !

Ces bandes dessinées jeunesse cultes dans leur pays, d’abord publiées dans un magazine puis éditées en 4 bandes dessinées, ont été adaptées en série animée et en jeu vidéo. Page 125, Anča et Pepík disent « À bientôt » aux lecteurs ; ensuite il y a plusieurs dessins pleine page et le tome 2 est annoncé pour avril 2023, une bonne nouvelle.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette), le challenge BD 2022 et Les textes courts (la première histoire fait 33 pages, les autres histoires font 8 pages sauf les trois dernières qui n’en ont que 6 chacune), Tour du monde en 80 livres (République tchèque) et pour le Challenge ABC illimité, j’hésite entre la lettre A pour le titre et la lettre L pour prénom ou nom, allons-y pour le titre.

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La guerre des salamandres de Karel Čapek au théâtre

La guerre des salamandres de Karel Čapek.

L’avant-scène théâtre, décembre 2018, n° 1453-1454, 168 pages (80 pages pour La guerre des salamandres), 16 €, ISBN 978-2-7498-1436-0. Válka s Mloky (1936) est traduit du tchécoslovaque par Claudia Ancelot (en 1960) et adapté pour la mise en scène de Robin Renucci par Évelyne Loew.

Genres : littérature tchécoslovaque, science-fiction, théâtre.

Karel Čapek naît le 9 janvier 1890 à Malé Svatoňovice en Bohème. Il étudie à Brno puis à Berlin (philosophie) et à Paris (Lettres). Il est francophile (il traduit Apollinaire et Molière), amateur de musique ethnique et de photographie. Il meurt le 25 décembre 1938 à Prague. Du même auteur : La mort d’Archimède, L’empreinte et R.U.R..

L’avant-scène théâtre est une revue bimensuelle qui présente « une pièce, un dossier, une actualité ». Ici, le numéro est double puisque deux pièces sont proposées, R.U.R. que j’ai déjà lue et La guerre des salamandres que je suis ravie de pouvoir enfin lire.

Prague. Chaleur estivale. Salle de rédaction du Lidové noviny, le grand journal du soir. Des journalistes vont interviewer Van Toch, un capitaine au long cours originaire de Bohème et qui, depuis plus de trente ans, « navigue du côté de Java, de Sumatra, des îles de la Sonde, de ce côté-là. » (p. 18). La journaliste Valenta Tchanik dirige l’interview et Julian Krakatit prend les photos (le lecteur les retrouvera tout le long).

Mais Van Toch a besoin d’un nouveau bateau, il a besoin de seize millions (peu importe la monnaie, c’est beaucoup d’argent !). Peut-être que l’armateur, monsieur Bondy, président du conseil d’administration de la MEAS (Métallurgie Énergie Aéronautique Services) peut l’aider ? L’auteur précise « Universal Robots, c’est lui ; le sur-carburateur à fusion nucléaire, c’est lui ; toutes ces inventions modernes qui changent notre vie, c’est lui. » (p. 21).

Max Bondy habite dans une belle propriété verdoyante à Prague mais, comme le dit son majordome, Marek, « Puissance. Élégance. Discrétion. » (p. 22). Van Toch lui propose une « affaire en or, big business » (p. 24) sur l’île de Tana Masa. Devil Bay, les Cingalais en ont peur, ils disent qu’il y a des diables qui marchent sous l’eau.

En fait, les diables sont des salamandres géantes (environ 1 mètre). Van Toch les apprivoise en leur ouvrant des huîtres, les salamandres mangent les huîtres, Van Toch garde les perles, c’est un bon plan ! Il leur apprend même à se défendre contre les requins qui font des ravages parmi leurs semblables. « C’est des bêtes intelligentes, vous savez, intelligentes, sociables, gentilles, et faciles à apprivoiser. » (p. 27).

Bondy, attiré par l’aventure et l’exotisme, accepte le marché, il achète un bateau à Van Toch (qui lui a tout de même donné plusieurs superbes perles), il l’aide à déplacer les salamandres trop nombreuses dans d’autres lagons paisibles et magnifiques où elles peuvent se reproduire sans danger, et bien sûr il amasse des perles dans les coffres de la MEAS. « Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. » (p. 31). Mais… les hommes sont pires que les requins pour les salamandres.

D’autant plus que le secret des salamandres va être éventé à cause de deux couples de tourtereaux avec papa magnat du cinéma… Leur « petit film amateur […] allait faire le tour du monde en première partie des longs métrages de papa Loeb et connaître un succès extraordinaire. » (p. 35). Et les salamandres deviennent célèbres, sont enfermées dans des zoos, participent à des émissions à la radio…

Par exemple, Andy dans sa baignoire au zoo de Londres a appris à lire, elle lit le journal chaque jour alors elle est ravie de recevoir un journaliste, qui n’est autre que Julian Krakatit. Question de Krakatit : « Combien y a-t-il de continents ? » Réponse d’Andy : « Quatre. » Question de Krakatit : « Quatre ? Peux-tu les citer ? » Réponse d’Andy : « L’Angleterre et les autres. » Question de Krakatit : « L’Angleterre et les autres ? Quels autres ? » Réponse d’Andy : « Les nazis, les bolcheviks et Paris. » (p. 39), j’adore ! Malheureusement, Andy va mal finir…

Et les choses vont empirer car sept ans après le début du big business, le capitaine Van Toch rend l’âme. Bondy déclare à ses actionnaires « Maintenant, mesdames, messieurs, je dois vous annoncer des changements radicaux. » (p. 43). Eh bien, il ne perd pas de temps… Les salamandres vont être cotées en bourse ! Avec le Salamander Syndicate, une puissante multinationale, pauvres salamandres… « Je voudrais dire, les salamandres, en premier lieu, il faudrait leur apprendre à dire non, non. Elles sont dociles, elles sont dévouées, elles sont minutieuses, on les déplace, on les utilise à tout, pour tout, partout. Nous leur causons de grandes souffrances, sans y penser, pour notre bien-être, pour notre niveau de vie. Moi je crois que quand on devient insensible à la souffrance, c’est dangereux, et c’est très dangereux pour tout le monde. » (Palméla, l’épouse de Marek, p. 51-52).

Dix ans après, les salamandres se rebellent contre les humains et déclarent la guerre. « Les salamandres ont assez construit pour vous, elles sont fatiguées, elles sont pressées, maintenant elles veulent détruire. » (Aurélia, une des deux avocates des salamandres, p. 61). Les salamandres retrouveront-elles leurs beaux lagons et leur vie tranquille ?

La guerre des salamandres est un roman satirique à la fois conte philosophie et science-fiction dystopique ici judicieusement adapté en pièce de théâtre (en 2018). Karel Čapek s’inspire de la montée du nazisme, du stalinisme et de la tension constante dans les années 30 avec les bruits d’une prochaine guerre pour parler librement de la politique, de l’économie et plus ou moins de la protection des animaux, pour condamner l’exploitation abusive des travailleurs et le totalitarisme. Ce texte est écrit en 1936 mais il y a déjà tout ce qui fera l’humanité d’après la Seconde guerre mondiale, l’hyper-capitalisme avec son intense exploitation de la planète (incluant ici le monde marin et ses créatures) jusqu’à sa destruction, la mondialisation de l’économie et du monde du spectacle. Marek, le majordome, fait figure de dinosaure en collectionnant tous les articles de presse parlant des salamandres. Ce roman ne paraît en France qu’en 1960 (aux Éditeurs français réunis) puis est réédité en 2012 (aux éditions La Baconnière) mais il n’est pas facile à trouver. Pourtant, il est à mon avis équivalent au niveau littéraire et politique à 1984 de George Orwell, à Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley et à Nous d’Evgueni Zamiatine, un chef-d’œuvre injustement méconnu donc. Toutefois, je n’ai lu ici que l’adaptation en pièce de théâtre alors je veux encore lire le roman dans son intégralité (un jour) !

Une excellente lecture pour Animaux du monde #3, 2021, cette année sera classique, Challenge lecture 2021 (catégorie 18, un livre sur l’écologie), Littérature de l’imaginaire #9, Mois Europe de l’Est (ça change, je n’avais publié que des notes de lecture russes jusqu’à maintenant), Petit Bac 2021 (catégorie Animal), Projet Ombre 2021 et Les textes courts.

R.U.R. de Karel Čapek

R.U.R. de Karel Čapek.

Rossumovi univerzální roboti sous-titré en anglais Rossum’s Universal Robots (1920) est traduit du tchécoslovaque par Hanuš Jelínek (1878-1944).

Genres : littérature tchécoslovaque, théâtre, science-fiction.

Karel Čapek naît le 9 janvier 1890 à Malé Svatoňovice en Bohème. Il étudie à Brno puis à Berlin (philosophie) et Paris (Lettres). Il est francophile (il traduit Apollinaire et Molière), amateur de musique ethnique et de photographie. Il meurt le 25 décembre 1938 à Prague. Du même auteur : La mort d’Archimède et L’empreinte.

Le prologue se déroule dans le Bureau central de l’usine Rossum’s Universal Robots, le bureau d’Harry Domin, 38 ans, directeur général. Alors qu’il dicte le courrier à sa secrétaire Sylla, Hélène Glory, 21 ans, fille du président, entre dans son bureau. Elle veut voir la fabrication qui est normalement secrète. Alors Domin raconte. « Ce fut en 1920, que le vieux Rossum, un grand physiologiste, mais à cette époque encore un jeune savant, vint en cette île lointaine pour y étudier la faune maritime. Il essayait d’imiter par la synthèse chimique la substance vivante qu’on appelle le protoplasme et, un beau jour, il découvrit une matière qui avait absolument les qualités de la substance vivante, tout en étant de composition chimique différente. » (p. 7). En fait, le vieux Rossum était fou, il voulait créer des hommes et prendre la place de Dieu. C’est lorsque son jeune neveu, ingénieur, est arrivé que les choses ont évolué. « Ce ne fut que le jeune Rossum, qui eut l’idée d’en faire des machines de travail vivantes et intelligentes. » (p. 9). En créant le Robot, on supprime l’homme qui a besoin de repos et de divertissements, donc qui coûte cher. Mais Hélène est horrifiée lorsqu’elle apprend que Sylla est une Robote ! Elle ne comprend pas que les Robots sont fabriqués comme le sont les automobiles. En fait elle représente la Ligue de l’Humanité qui « compte déjà plus de deux cent mille adhérents » (p. 18) et les membres veulent protéger les Robots. Mais pour 150 $, chaque humain a son robot et même plusieurs !

Les directeurs de l’usine, eux, sont humains : « M. Fabry, ingénieur, directeur technique général de R.U.R., docteur Gall, chef du département des recherches physiologiques, docteur Hallemeier, chef du département de psychologie et d’éducation des Robots, le consul Busman, directeur commercial, et M. Alquist, architecte, chef des constructions de R.U.R. » (p. 19). Tous les autres employés sont des Robots. « Un Robot remplace deux ouvriers et demi. La machine humaine est trop incomplète, mademoiselle. Il fallait la remplacer un jour. » (p. 20). Le mot est lancé, rendement. Mais Hélène fait penser à une ravissante idiote qui n’y connaît rien du tout ! L’objectif de la R.U.R. est de fabriquer tellement de Robots que les humains n’auront plus de travail mais pourront profiter largement de tout car il n’y aura plus de misère non plus. « Le travail sera supprimé. L’homme ne fera que ce qu’il aimera faire. Il sera débarrassé des soucis et de l’humiliation du travail. Il ne vivra que pour se perfectionner. » (p. 24). Est-ce une belle idée ou le début de la fin ?

Le premier acte se déroule dans le salon d’Hélène dix ans après. Il s’en est passé des choses, en dix ans… Les Robots ont été améliorés mais il y a eu des émeutes, des Robots armées, des guerres… Harry Domin, devenu le mari d’Hélène, n’est pas inquiet. « Tout cela était prévu, Hélène. Ce n’était qu’une transition vers le nouvel état des choses, tu comprends. » (p. 37). Pourtant Hélène est terriblement angoissée, elle se doute que son mari ne lui révèle pas tout, et ce n’est pas sa Nounou qui va arranger les choses en lui lisant les guerres et les massacres publiés dans le journal… Tout va mal et le Robot Radius qu’Hélène avait placé à la bibliothèque est devenu fou, il ne veut plus de maître, il ne veut plus recevoir d’ordres, il veut devenir le maître des humains ! En plus, dans l’humanité, il se passe une chose que certains universitaires avaient prédit : les humaines ne font plus d’enfants et personne ne peut expliquer pourquoi à part en disant que des nouveaux-nés ne serviraient à rien puisque les humains ne travaillent plus. Les Robots lancent leur révolution, bref la guerre. « À tous les Robots du monde ! Nous, la première organisation de la race de Rossum’s Universal Robots, nous déclarons l’homme ennemi et proscrit dans l’univers… […] Robots du monde, nous vous ordonnons de massacrer l’humanité. Pas de quartier pour les hommes. Pas de quartier pour les femmes ! Ménagez les usines, les chemins de fer, les machines, les mines et les matières premières. Détruisez le reste. Ensuite, rentrez au travail. Le travail ne doit pas être arrêté. » (p. 60). N’est-il pas trop tard pour l’humanité ? Vous le saurez en lisant les deuxième et troisième actes !

Les bonnes intentions, ah… les bonnes intentions, ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions… Les robots s’en prennent aux humains en littérature comme en image : Metropolis de Fritz Lang (1927), 2001 l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968), Galactica de Glen A. Larson (série, 1978), Blade Runner de Ridley Scott (1982), Terminator de James Cameron (1984), Matrix de Larry et Andy Machowski (1999), I Robot d’Alex Proyas (2004), Battlestar Galactica de Ronald D. Moore (série, 2004), Real Humans de Lars Lundström (série, 2012), entre autres.

C’est la première fois que le mot robot est utilisé. C’est le frère de Karel, Josef, qui l’a inventé à partir du mot tchèque robota qui signifie travail ou corvée et du mot russe rabotat qui signifie travailler. Mais, dans une pièce écrite en 1947, Opilec, l’auteur avait utilisé le terme automaton. Robot est resté dans l’histoire.

La pièce fut jouée le 25 janvier 1921 au Théâtre national à Prague puis en 1922 à New York et ensuite en mars 1924 à la Comédie des Champs-Élysées à Paris. Du théâtre et de la science-fiction (l’histoire se déroule dans le futur), c’est assez rare et c’est pourquoi je voulais lire cette œuvre de Karel Čapek depuis longtemps !

En France, différentes éditions sont parues (mais ce n’est pas facile de les trouver). R.U.R. Rezon’s Universal Robots traduit par Hanuš Jelínek aux éditions Jacques Hébertot en 1924. R.U.R. traduit par Hanuš Jelínek aux éditions Hachette en 1961. R.U.R. Reson’s Universal Robots traduit par Jan Rubeš aux éditions de l’Aube en 1997. R.U.R. Les Robots Universels de Rossum dans l’anthologie Robot Erectus en 2012. R.U.R. Rossum‘s Universal Robots traduit par Jan Rubeš aux éditions de la Différence en 2019.

Cette pièce d’anticipation, parfaitement écrite dans une logique implacable mais dans un style simple, est empreinte de philosophie et d’humanisme. C’est que l’auteur était un réaliste qui savait rester optimiste. Si j’en ai encore l’occasion, je relirai cet auteur talentueux et passionnant.

Lu pour Les classiques c’est fantastique, R.U.R. entre aussi dans les challenges 2021, cette année sera classique, Challenge lecture 2021 (catégorie 25, une pièce de théâtre mais il aurait pu être dans les catégories 30, 39, 42, 48) et Littérature de l’imaginaire #9.

L’empreinte de Karel Čapek

L’empreinte de Karel Čapek.

Bibliothèque russe et slave, collection Littérature tchèque, 26 pages. Šlépěj (1917) est traduit du tchèque par Hanuš Jelínek (pour la Gazette de Prague janvier-février 1924). La couverture ci-contre est l’édition numérique des éditions Marques.

Genres : littérature tchécoslovaque, nouvelle.

Karel Čapek, je vous remets ce que j’avais écrit pour La mort d’Archimède. Karel Čapek naît le 9 janvier 1890 à Malé Svatoňovice en Bohème. Il étudie à Brno puis à Berlin (philosophie) et Paris (Lettres). Il est francophile (il traduit Apollinaire et Molière), amateur de musique ethnique et de photographie. Il meurt le 25 décembre 1938 à Prague.

Après s’être mis à l’abri du froid et de la neige, Boura, un pèlerin, reprend sa route. Ses pas restent dans la neige et il croise un homme en sens inverse qui fait de même mais observe quelque chose. « Voyez-vous cette empreinte, là-bas ? demanda l’homme en désignant une empreinte de pied à quelque six mètres du bord de la grand’route, où ils se tenaient tous les deux. » (p. 2). Mais « l’empreinte du pied était isolée au milieu d’un champ ; il n’y en avait pas d’autre ni devant, ni derrière ; elle était nette et précise sur la surface blanche de la neige, mais aucun pas ne conduisait vers elle ni ne s’en éloignait. » (p. 3). Comment est-ce possible ? Les deux hommes cherchent une explication à cette unique empreinte au milieu du champ enneigé. « Elle était profonde et énergique […] » (p. 5). Mais pendant que chacun argumente, la neige reprend et les deux hommes se séparent sans avoir percé le mystère de l’empreinte.

Un an plus tard, Boura n’est pas du tout à la conférence qu’il donne devant les membres de la Société Aristotélique… Holeček est présent et il est en fait l’homme avec qui il avait observé l’empreinte ! « Ah, oui, dit Boura content, c’était vous. Je suis très heureux, vraiment… J’ai souvent pensé à vous. Eh bien, avez-vous trouvé les autres empreintes ? » (p. 13).

Petites erreurs… « Je me souvient » (p. 8), « je ne fait que constater » (p. 11), « il gagnait à nouveaux » (p. 12), aïe, ça fait mal aux yeux…

Mais L’empreinte est une belle réflexion philosophique et métaphysique, un peu comme une parabole, sur l’âme humaine et ce qu’elle comprend (ou pas) de la réalité et de la rationalité. Un grand écrivain de la première moitié du XXe siècle à découvrir pour la sobriété et la sincérité de ses textes. Dans cette nouvelle, j’ai apprécié le côté mystérieux et j’ai quelques autres titres de Karel Čapek !

Pour le Mois des nouvelles, le Projet Ombre 2021 et 2021, cette année sera classique.

La mort d’Archimède de Karel Čapek

karelcapekLa mort d’Archimède de Karel Čapek.

Smrt Archimédova (1938) : traduction anonyme parue dans L’Europe centrale, volume 15, 1940. Disponible en ligne sur Bibliothèque russe et slave.

Genres : littérature tchécoslovaque, nouvelle.

Karel Čapek naît le 9 janvier 1890 à Malé Svatoňovice en Bohème. Il étudie à Brno puis à Berlin (philosophie) et Paris (Lettres). Il est francophile (il traduit Apollinaire et Molière), amateur de musique ethnique et de photographie. Il meurt le 25 décembre 1938 à Prague.

La véritable histoire de la mort d’Archimède à Syracuse avec le dialogue fatal entre Lucius, capitaine de la légion romaine, et Archimède, le célèbre géomètre.

Lucius : « Archimède, dit Lucius, nous savons très bien que sans les machines de guerre, Syracuse n’aurait pas tenu un mois, tandis qu’avec elles nous avons mis deux ans à la conquérir. Tes machines sont vraiment merveilleuses. Mes félicitations. »

Archimède : « […] vous avez conquis Syracuse, mais ce n’est plus la Syracuse d’avant, et elle ne le sera plus jamais. C’était une ville grande et célèbre, elle ne le sera plus jamais ! Pauvre Syracuse ! ».

Monde grec d’un côté, déjà ancien, monde romain de l’autre, conquérant. Un texte tout en philosophie et humour sur la chute de Syracuse et la mort d’Archimède comme un symbole d’un monde qui s’écroule et qui ne sera plus que dans les souvenirs.

Cette nouvelle est une excellente approche de l’œuvre de Karel Čapek, considéré comme un des plus grands écrivains tchécoslovaques de la première moitié du XXe siècle. Une œuvre dans laquelle sont salués le réalisme, l’intelligence et l’humour.

rur-capekDeux titres que je veux lire de lui :

Les robots universels de Rossum (Rossumovi univerzální roboti – R.U.R.) : théâtre, science-fiction, 1920. Le mot robot créé par son frère Josef (d’après le mot tchèque robota, signifiant travail, servage) y apparaît pour la première fois au niveau mondial. Cette nouvelle est dans le recueil Robot Erectus, une anthologie de Jean-Claude Heudin (12 nouvelles, 400 pages, mars 2012, réédition juin 2016).

ChallengeClassiquesOpheliaLa guerre des salamandres (Válka s Mloky) : conte philosophique mi politique-fiction mi science-fiction dystopie, 1936. Les salamandres sont les personnages principaux de ce roman mais leur civilisation va mal tourner. Un roman paru en France aux Éditeurs français réunis (créés par Aragon en 1949) disparus en 1994 : ce roman est-il toujours disponible en français… ?

Une lecture pour le challenge Classiques 2017.