Mãn de Kim Thúy

mankimthuyMãn de Kim Thúy.

Liana Levi, mai 2013, 143 pages, 14,50 €, ISBN 978-2-86746-679-3).

Kim Thúy naît à Saïgon en 1968. Boat people à 10 ans, elle arrive à Montréal. Elle exerce différents métiers et publie son premier roman, Ru, en 2010 et À toi, avec Pascal Janovjak, en 2011.

« Maman et moi, nous ne nous ressemblons pas. Elle est petite, et moi je suis grande. Elle a le teint foncé, et moi j’ai la peau des poupées françaises. Elle a un trou dans le mollet, et moi j’ai un trou dans le cœur. » Voici la quatrième de couverture et le premier paragraphe du roman.

quebecnovembre2016Mãn, c’est l’histoire d’une femme. Une femme exilée au Canada, à Montréal, loin de sa patrie d’origine, le Vietnam. Ce sont des souvenirs, avec une grande pudeur et une intense tristesse. Ce sont aussi des rencontres (Julie, H’ông, Luc) après son mariage, des ateliers de cuisine, la naissance de son fils puis de sa fille, les voyages à New York et à Paris, la découverte de l’Art et de la peinture avec Julie, la « marchande de bonheur » (page 73). Mãn s’efface et raconte plutôt l’histoire de H’ông et de sa fille, Mãn parle peu de son mari et de ses enfants, elle s’attardera un peu plus sur Luc parce que c’est une histoire différente de ce qu’elle vit.

RaconteMoiAsie2Au Vietnam, sa maman et elle lisaient Guy de Maupassant mais il a été interdit, comme tous les auteurs occidentaux, et elle n’a pu sauver qu’un livre, Une vie, qu’elle garde précieusement. S’accrocher à un livre pour s’accrocher à sa vie, à son enfance, à son histoire, à son pays, c’est très beau.

Dans la marge, des mots en vietnamien et leur signification en français. En voici quelques-uns : « tranh – peinture » (p. 61), « ma – fantôme » (p. 67), « tim – cœur » (p. 109), « thu – automne » (p. 137), parmi les plus faciles à prononcer (il y a beaucoup d’accents sur les voyelles et des espèces de cédilles aussi).

FeelGood1L’explication de son nom : « […] je m’appelle Mãn, qui veut dire « parfaitement comblée » ou « qu’il ne reste plus rien à désirer » , ou « que tous les vœux ont été exaucés ». Je ne peux rien demander de plus, car mon nom m’impose cet état de satisfaction et d’assouvissement. » (p. 34-35).

Ce livre parle aussi beaucoup de cuisine (Mãn épouse un restaurateur) et j’ai souri avec « un œuf óp la (au plat) » (p. 42).

LettreAuteurAprès Ru, beau, émouvant, voici Mãn, tout aussi beau et émouvant. Kim Thúy est une romancière précieuse que je vais continuer à lire !

Un roman pour les challenges Feel good, Raconte-moi l’Asie, Une lettre pour un auteur (session #37, lette T) que je glisse dans Québec en novembre de Karine et Yueyin 😉 (présentation et récap).