Le cœur battant du monde de Sébastien Spitzer

Le cœur battant du monde de Sébastien Spitzer.

Albin Michel, août 2019, 448 pages, 21,90 €, ISBN 978-2-22644-162-1.

Genres : littérature française, roman historique, roman social.

Sébastien Spitzer naît le 9 mars 1970 à Paris. Il étudie à l’Institut d’études politiques de Paris et devient journaliste puis écrivain (documents et romans). Son premier roman, Ces rêves qu’on piétine, paraît aux éditions de l’Observatoire en 2017. Puis Le cœur battant du monde et La fièvre chez Albin Michel, respectivement en 2019 et en 2020.

Londres, 1851. Pendant que les gens aisés paient pour visiter le Palais de Cristal (construit pour l’Exposition universelle), les gens pauvres comme Charlotte (qui a fui la famine en Irlande) vivent dans la misère (une profonde misère). Pourtant cette jeune femme sait coudre et ravauder, elle « sait ranger aussi, plier, laver, écrire, compter, se tenir, se taire et danser quand c’est l’heure de faire la fête au son de la flûte et du violon. Charlotte est une bonne fille d’Irlande. » (p. 17). Elle est enceinte mais son mari, Evans, et parti chercher de l’or en Amérique. Elle veut se présenter à un emploi et se rend à la gare mais elle est agressée et miraculeusement sauvée par le docteur Markus Malte.

Au même moment, Engels arrive par le train de Manchester où il y a des grèves. Il connaît Markus Malte et son regard croise celui de la jeune femme mais il a rendez-vous avec un ami surnommé le Maure, c’est-à-dire Karl Marx. Recherché par plusieurs polices d’Europe, ce dernier est réfugié dans un taudis de Soho avec son épouse, Johanna von Westphalen, une baronne prussienne déchue par sa famille, et leurs enfants.

Le lecteur suit ces trois personnages, Charlotte Evans, Markus Malte, Friedrich Engels et avec lui, Karl Marx et sa famille. Leurs chemins vont se croiser et s’éloigner mais leurs destins seront liés.

Les idées d’Engels (qui est directeur dans une entreprise industrielle que son père possède en partie, Ermen & Engels) et de Marx sont bonnes en théorie mais… (j’expliquerai plus loin). « Des mères et leurs enfants soumis quinze heures de rang à la violence des machines, aux éclaboussures d’huile, à la vapeur brûlante et à toute l’eau qu’il faut pour assouplir les fils de coton et éviter qu’ils cassent. » (p. 88-89). De par son statut, Engels fréquente des aristocrates, des banquiers… mais il ne supporte pas que l’usine impose « ses règles et sa violence » (p. 136).

Durant l’agression, Charlotte a perdu son bébé… Le docteur Markus Malte l’a recueillie chez lui et soignée. Lorsqu’elle va mieux, il lui propose d’adopter Freddy, qui vient de naître prématuré à seulement 7 mois de grossesse. Freddy est l’enfant caché de Karl Marx et de l’employée de maison, Nim Demuth. Il ne faut surtout pas que quiconque apprenne son existence.

1863. Charlotte et Freddy fuient Londres pour Manchester. Freddy a 12 ans et il devient apprenti chez le teinturier Saltz. « Il est attentif. Il apprend vite. Il est le premier sur place et le dernier parti. » (p. 161).

Mais la guerre de Sécession dure depuis plus deux ans et le coton n’arrive plus en Angleterre, ni pour les artisans comme Saltz ni pour les entreprises comme celle d’Engels. « L’article inventorie les dernières victoires du général Sherman […]. Il compare le chef yankee à un barbare détruisant tout sur son passage, non seulement ses ennemis, mais aussi les routes, les voies ferrées, les propriétés privées et surtout les champs de coton, les entrepôts et les stocks. » (p. 167).

Je ne vais pas vous résumer plus pour que vous puissiez découvrir par vous-même l’Histoire et les histoires que raconte ce très beau roman, bien écrit, bien construit, avec un suspense qui va crescendo.

Je voudrais simplement donner mon avis sur le comportement abject de Karl Marx. « Toi, Engels. Tu finances ! Débrouille-toi pour trouver de l’argent. Il faudra plus d’argent. Beaucoup plus. » (p. 175) alors qu’il vient de lire un extrait du Capital qu’il est en train d’écrire et dans lequel il vilipende l’argent et les riches mais, lui qui n’a jamais travaillé et gagné d’argent, est bien content qu’Engels paie tout (logement, nourriture…) pour lui et sa famille, le matériel dont il a besoin pour écrire, et qu’il traduise ses textes en anglais après les avoir relus et corrigés pour les envoyer à des journaux aux États-Unis. Les idées de Marx étaient peut-être remarquables mais son comportement était loin de l’être…

Et je ne suis pas la seule à penser ça. Lydia, la compagne d’Engels, aussi. « Lydia se demande toujours comment Engels peut admirer ce couple. Ils se disent près du peuple. C’est presque leur fonds de commerce. Pourtant ils le méprisent, tous les deux. Elle par son rang et lui par ses inclinations. » (p. 351-352).

Ce roman montre les gens, les pauvres (la population des quartiers mal famés, les exilés irlandais…) et les riches (les bourgeois comme Engels et Marx, et quelques aristocrates). Et aussi l’industrie anglaise et ses accointances commerciales avec l’Inde et les États-Unis, et le lecteur comprend les prémices de révolutions à venir (irlandaise, communiste…) et les exactions de la Guerre de Sécession. Rien n’est pur dans ce cœur battant du monde qu’est Londres dans l’Angleterre victorienne du XIXe siècle. Mais Sébastien Spitzer insuffle du romanesque, du beau (les enfants, la musique…) et livre un roman foisonnant et passionnant. J’ai maintenant très envie de lire Ces rêves qu’on piétine qui parle de Magda Goebbels (ce livre avait échappé à mon attention à sa parution).

Je mets cette lecture dans A year in England et dans Challenge lecture 2021 (catégorie 30, un livre dont l’histoire se déroule dans un pays européen, 2e billet).

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Une enquête de Basil et Victoria (tomes 1 et 2) de Yann et Édith

Une enquête de Basil et Victoria de Yann et Édith.

Genre : bande dessinée française.

Yann Lepennetier naît le 25 mai 1954 à Marseille. Il étudie la publicité et l’architecture mais se lance dans la bande dessinée : fin 70 – début 80, il dessine pour des bandes dessinées de Conrad. Puis il se lance comme scénariste. Du même auteur : Le Marsupilami, Pin-Up, Lucky Luke, entre autres.

Édith Grattery naît le 25 juillet 1960 à Marseille. Elle étudie à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Elle est dessinatrice de bandes dessinées (et parfois co-scénariste) et illustratrice pour l’édition jeunesse. Ses titres : Ornicar, Le trio Bonaventure, entre autres.

Tome 1 : Sâti

Les humanoïdes associés, 1990. Disponible en édition numérique uniquement, mars 2014, 48 pages, 5,99 €, ISBN 978-2-73163-567-6.

24 mai 1887, Londres. La reine Victoria « impératrice des Indes […] fête son jubilé d’or » (p. 7). Basil Mohune, Victoria et son chien Cromwell n’ont pas pu voir la reine tellement la foule était dense. Ils vivent de petits larcins et en vendant des rats dans cette capitale sale et sordide… Ils rencontrent une fillette hindoue qu’ils appellent Sâti ; elle est recherchée par la police et même par Sherlock Holmes. Mais Victoria a besoin d’argent pour faire libérer son frère, un voleur surnommé La Mistoufle, et conduit Cromwell à des combats contre des rats.

Tome 2 : Jack

Les humanoïdes associés, 1993. Disponible en édition numérique uniquement, mars 2014, 48 pages, 5,99 €, ISBN 978-2-73162-912-5.

Août 1888, Londres. Basil, Victoria, Cromwell et Sâti entendent parler de Jack The Ripper que tous les policiers de la ville cherchent mais des prostituées continuent d’être assassinées. Et le lecteur va peut-être découvrir qui était réellement Jack l’Éventreur ! De plus les enfants, toujours livrés à eux-mêmes, aident un galopin aborigène surnommé Kangourou. Ce tome 2 a reçu l’Alph’Art du meilleur album en 1993 à Angoulême.

Une série de bandes dessinées jeunesse qui compte encore 3 tomes : Zanzibar (1995), Pearl (2006) et Ravenstein (2007) et une série animée franco-italienne de 26 épisodes dans les années 90 : Orson et Olivia. Les dessins de cette BD ne m’ont pas emballée plus que ça mais les histoires sont pas mal, du moins pour les deux premiers tomes que j’ai déjà lus.

Pour La BD de la semaine, les challenges Animaux du monde #3 (pour le chien Cornwell et… les rats), BD, British Mysteries #5, Jeunesse Young Adult #10 et Polar et thriller 2020-2021. Plus de BD de la semaine chez Noukette.

La malédiction de la Maison Foskett de M.R.C. Kasasian

La malédiction de la Maison Foskett (Les enquêtes de Middleton & Grice, 2) de M.R.C. Kasasian.

City éditions, mars 2017, 448 pages, 18,95 €, ISBN 978-2-8246-0930-0. Existe en City poche, mars 2018, 512 pages, 8,40 €, ISBN 978-2-8246-1181-5. Je l’ai lu chez Piment noir, février 2018, 606 pages, 9,99 €, ISBN 978-2-298-14036-1. The Curse of the House of Foskett (2015) est traduit de l’anglais par Martine Desoille et Francine Tolron.

Genres : littérature anglaise, roman policier.

M.R.C. Kasasian (M, c’est pour Martin d’après ce que j’ai vu mais impossible de savoir pour R et C) a grandi dans le Lancashire (au nord-ouest de l’Angleterre) ; il a exercé plusieurs métiers (ouvrier à l’usine, sommelier, assistant vétérinaire, dentiste…) avant de se consacrer à l’écriture de romans ; il vit entre le comté du Suffolk (Angleterre) et Malte (l’hiver). Du même auteur : Petits meurtres à Mangle Street, en fait le premier tome de Les enquêtes de Middleton & Grice qu’il faudra que je lise.

Sydney Grice, selon les journaux et l’opinion publique, aurait envoyé un innocent à la potence, qui plus est son client… Après la mort de ses parents, la jeune March Middleton est allée vivre chez Sydney Grice, ce parrain et tuteur qu’elle ne connaissait pas. En attendant, il se morfond dans ses appartements. « Il me faut une grosse affaire, déclara-t-il soudainement, si je ne veux pas que mon cerveau devienne aussi inerte que le vôtre. » (p. 16). Charmant…

Et, un matin de septembre, durant le petit-déjeuner, une visite : c’est Horatio Green, « un homme corpulent, entre deux âges, manteau bleu marine et pantalon anthracite » (p. 21) qui demande à Grice d’enquêter sur le décès d’un des sept membres d’une société de legs mutualisé, le Club du dernier survivant. Mais il s’effondre sur le tapis dans le bureau après avoir bu son thé : décidément les clients de Grice meurent les uns après les autres ! « Bon sang de bonsoir ! […] Je viens encore de perdre un client. » (p. 38). Grice et March rendent alors visite à la baronne Lady Foskett que Grice a connu enfant mais qu’il n’a pas vue depuis 30 ans, depuis ce qu’elle appelle « l’époque des grands deuils » (p. 115) et qui est la dernière descendante d’une famille frappée par une malédiction au début du XVe siècle.

La narratrice est March Middleton, peu conventionnelle, elle fume, elle aime bien boire de l’alcool fort, elle dit ce qu’elle a à dire et elle écrit tout dans son journal intime ; elle alterne entre la vie avec Grice (le quotidien, la découverte de cet homme spécial, les enquêtes qu’elle mène avec lui car il a décidé de la former) et les souvenirs en Inde avec ses parents (enfance, adolescence, premier amour). Ce double récit donne une belle ampleur au roman et, pendant toute ma lecture, j’ai toujours eu envie d’en savoir plus alors je lirai le premier tome, Petits meurtres à Mangle Street, dans lequel je découvrirai sûrement l’arrivée de March chez son tuteur et leur première enquête qui s’est si mal terminée pour leur client. J’ai jeté un coup d’œil aux avis sur Babelio, il n’y en que a trois, et les personnes sont déçues car elles se sont ennuyées et ont préféré le tome 1, que je n’ai pas lu donc je ne peux pas comparer mais, de mon côté, je ne me suis pas ennuyée avec ce tome 2 et je n’ai pas trouvé le roman trop long donc…

Grice est imbu de lui-même (autant que Sherlock Holmes, clin d’œil au célèbre détective, peut-être même qu’ils sont contemporains puisque l’action se déroule dans l’Angleterre victorienne !), misogyne, impoli… « N’essayez pas de deviner ou d’interpréter les complexités de mon intellect. » (p. 185) mais il est très attachant et ce roman tout britannique se lit vraiment très bien et avec grand plaisir. Mais, attention : « Je suis un détective personnel. Il n’y a absolument rien de privé dans mon travail. » (p. 305). Eh oui, quand on y réfléchit, il a raison, d’autant plus que les journalistes rôdent pour tout écrire dans les journaux de l’époque !

Une lecture pour les challenges British Mysteries, Mois anglais, Polar et thriller, Rentrée littéraire janvier 2018 (pour l’édition poche dans laquelle j’ai lu ce roman) et Voisins Voisines 2018.

13 Devil Street 1888 de Benoît Vieillard

13 Devil Street 1888 de Benoît Vieillard.

Filidalo, novembre 2016, 324 pages, 35 €, ISBN 978-2-37508-004-7.

Genres : bande dessinée, mystery.

Benoît Vieillard, surnommé Boz, est un dessinateur et graphiste français. 13 Devil Street 1888 est sa première bande dessinée. Aucune indication sur son lieu ou son année de naissance mais il vivrait dans une petite commune de la Loire. Plus d’infos sur https://www.benoitvieillard.fr/.

13 Devil Street, c’est l’adresse d’un immeuble londonien dans l’Angleterre de 1888. On y croise le Dr Freaks qui reçoit Mr Merrick (surnommé Elephant Man), une excellente cuisinière pakistanaise « Haaa tes épices ! Elles redresseraient ma cornemuse ! » (p. 52), une jeune fiancée un peu hystérique, un enfant qui ressent des choses surnaturelles et… mais oui, des fantômes et peut-être même Jack l’Éventreur ! On entend parler de psychanalyse, on boit le thé, on vit quoi mais… il se passe des événements étranges, noyade, chute dans les escaliers, pendaison, des voleurs que personne ne voit… Et qui est ce mystérieux corbeau qui signe Colonel Corax des messages désobligeants ?

Les cases représentent, pour chaque étage (il y en a 4), les pièces de la maison et à chaque étage vit une famille, plus les domestiques en bas ; certaines cases sont sombres (quand il n’y a personne ou que les habitants dorment et que la lumière est éteinte) ou sont éclairées pour que le lecteur voit les gens vivre ; c’est une organisation intéressante mais j’ai eu un peu de mal à entrer dans cette lecture…

Tout d’abord, la bande dessinée est énorme, 324 pages, et lourde ! Elle est chère, 35 €, heureusement que je l’ai empruntée à la bibliothèque ! Et puis le déroulement de l’histoire est un peu répétitif… J’ai mis longtemps à la lire… Peut-être que je n’ai pas vu tout ce qu’il fallait voir ?

Cependant, je découvre cette petite maison d’éditions avec cette bande dessinée et j’y reviendrai même s’il y a peu de titres pour l’instant : Gant blanc (2016) et Gant noir (2017) m’intriguent et puis, un deuxième tome de Benoît Vieillard, 13 Devil Street 1940, est paru en octobre 2017 alors j’y jetterai tout de même un coup d’œil, soit à la bibliothèque soit en librairie.

Est-ce quelqu’un connaît cet éditeur ? Et a lu cette bande dessinée ? Et la suivante qui se déroule en 1940 ?

Une lecture pour les challenges BD, La BD de la semaine (ça faisait longtemps !), British Mysteries, Mois anglais, Petit Bac 2018 (pour la catégorie Lieu) et Un max de BD en 2018.

Les autres BD de la semaine sont chez Moka.

Shi – 2 de Zidrou et Homs

Shi – 2 : le roi démon de Zidrou et Homs.

Dargaud, octobre 2017, 56 pages, 14 €, ISBN 978-2-50506-705-4.

Genres : bande dessinée, aventure.

Zidrou est le pseudonyme de Benoît Drousie, né le 12 avril 1962 à Anderlecht, scénariste de bande dessinée belge. Mais il vit en Andalousie et travaille avec des dessinateurs espagnols.

José Homs, né le 15 mai 1975, a étudié à Barcelone et a tenté sa chance dans le comics aux États-Unis avant de revenir en Espagne où il est dessinateur de bande dessinée et coloriste.

Sept mois ont passé depuis la fin du premier tome. « Si, à cette époque, une femme régnait sur le plus grand empire du monde… Le monde, lui régnait sur la femme ! » (p. 3). Jennifer (Jay) a dû épouser le révérend Green : elle n’est pas du tout heureuse avec cet homme pervers et violent et son oncle la place à l’asile. Kita, elle, doit se prostituer. Quant à Lionel Barrington, son fils Terry, gravement blessé, est hospitalisé. « J’ai récolté pas mal de renseignements concernant ces deux femmes dont vous m’avez parlé l’autre jour… Ces fameuses « Shi » qui, voici 150 ans, ont fait trembler l’empire britannique. » (p. 29).

Le premier tome de Shi démarrait super bien et j’attendais ce tome 2 avec impatience mais j’ai été un peu déçue. L’objet est superbe ; les dessins rougeoyants de Homs et l’histoire sombre de Zidrou sont toujours là et j’ai suivi le quotidien de Jay et Kita avec attention mais je n’ai pratiquement rien appris de plus dans ce tome, j’ai eu l’impression de stagner et, maintenant, il faut encore attendre la suite… Ou alors je suis trop exigeante ? Ou j’ai trop hâte d’en savoir plus ! Si j’ai bien compris, il y aura encore deux tomes pour le premier cycle. À suivre donc…

Une lecture pour La BD de la semaine et les challenges A year in England, BD et Un max de BD en 2018.

Shi – 1 de Zidrou et Homs

Shi – 1 : au commencement était la colère de Zidrou et Homs.

Dargaud, janvier 2017, 56 pages, 14 €, ISBN 978-2-50506-441-1.

Genres : bande dessinée, aventure.

Zidrou est le pseudonyme de Benoît Drousie, né le 12 avril 1962 à Anderlecht, scénariste de bande dessinée belge. Mais il vit en Andalousie et travaille avec des dessinateurs espagnols.

José Homs, né le 15 mai 1975, a étudié à Barcelone et a tenté sa chance dans le comics aux États-Unis avant de revenir en Espagne où il est dessinateur de bande dessinée et coloriste.

De nos jours. Lionel Barrington, PdG d’une entreprise qui fabrique des mines antipersonnel « intelligentes », est tenu non-responsable de la mort d’innocents. De retour chez lui, fier d’avoir gagné le procès, il voit avec horreur son fils et son épouse enceinte exploser sur une mine enterrée dans son jardin. Londres, mai 1851, première Exposition universelle, Crystal Palace. Miss Jennifer Winterfield, jeune noble passionnée de photographie, se lie avec Kita, une jeune Japonaise dont le bébé est mort. « Deux femmes qu’allait unir une haine implacable envers l’establishment britannique… » (p. 55).

Une bande dessinée différente de ce que fait Zidrou habituellement, ça m’a intriguée, et puis les dessins et les couleurs de Homs m’ont énormément plu et le thème m’a bien intéressée. Enfin, les deux thèmes, celui contemporain avec le danger des mines, même si « intelligentes », et celui des deux femmes que tout oppose et qui vont se dresser contre l’empire britannique. Un premier tome réussi, ample, riche, d’une grande beauté et qui m’a fait forte impression. Le plus difficile est d’attendre la parution du deuxième tome…

La bande dessinée est enrichie d’un beau cahier graphique avec des illustrations et des propositions de couvertures.

Ci-dessous la vidéo de l’interview de Homs par Jacques Viel de Un amour de BD.

Une lecture pour La BD de la semaine et les challenges A year in England, BD et Un max de BD en 2018.

Clues, intégrale de Mara

Clues, intégrale de Mara.

Akileos, octobre 2016, 220 pages, 32 €, ISB 978-2-35574-285-9.

Genres : bande dessinée, policier.

Mara, de son vrai nom Margaux Kindhauser, naît le 9 juillet 1983 à Bâle en Suisse. Elle est autodidacte et elle fait tout : dessinatrice, scénariste et coloriste. Clues est sa première bande dessinée : une réussite ! Plus d’infos sur My little bazaar.

Lorsqu’elle était enfant, Emily a vu des choses qu’elle n’aurait pas dû voir sur le gang des Red Arrows. Sa mère, Mylena Emerson, l’a envoyée à New York. Devenue adulte, Emily Arderen revient à Londres pour découvrir pourquoi et comment sa mère est morte. Elle intègre le département de l’inspecteur Nathanaël Hawkins, spécialisé dans l’entomologie forensique naissante, à Scotland Yard. « Arderen, vous êtes dans un monde cruel et sans pitié. Un monde dans lequel on est mort si l’on ne frappe pas le premier. Un monde où la femme n’a pas sa place. Vous avez voulu intégrer la police, soit. Mais vous ne tarderez pas à réaliser que vous n’avez rien à y faire. Plus tôt vous en prendrez conscience, plus vite je serai débarrassé de vous. » Évidemment Emily va se montrer désobéissante, mais contre toute attente, elle sera aussi curieuse et efficace. Pourtant, le danger est plus important que ce qu’elle imaginait et elle met en danger la vie de policiers.

Dans Londres de la fin du XIXe siècle, cette histoire policière de style victorien est plus complexe qu’il n’y paraît ; elle est par ailleurs superbement illustrée. Après l’intégration d’Emily, difficile comme vous pouvez le comprendre en lisant l’extrait ci-dessus (c’était la mentalité misogyne de l’époque), la jeune femme et le lecteur vont de surprises en révélations ! Avec du rythme, du mystère, de l’action et des rebondissements. Mon tome préféré est le troisième, un flashback rédigé par Henry Feldman, le médecin légiste de Scotland Yard, ami de Nathanaël Hawkins. Le plus de cette intégrale, c’est un carnet de croquis de 26 pages en fin de volume. Le prix de 32 € peut sembler excessif mais si vous comptez les 4 tomes, ça représente 56,50 € en tout donc il y a finalement une belle économie.

Voici les 4 tomes de Clues réunis dans l’intégrale :

1. Sur les traces du passé, Akileos, juin 2008, 56 pages, 14 €, ISBN 978-2-35574-009-1

2. Dans l’ombre de l’ennemi, Akileos, mars 2010, 56 pages, 14 €, ISBN 978-2-35574-050-3

3. Cicatrices, Akileos, octobre 2012, 56 pages, 14 €, ISBN 978-2-35574-097-8

4. À la croisée des chemins, Akileos, octobre 2015, 56 pages, 14,50 €, ISBN 978-2-35574-224-8

Je me rappelle très bien avoir lu le premier tome à sa parution, mais le problème c’est l’attente entre les différents tomes et je n’avais jamais lu la suite… J’ai donc été ravie de découvrir cette intégrale, de pouvoir reprendre depuis le début et surtout de pouvoir lire toute l’histoire d’un coup ! Et, à la lecture, je comprends effectivement le long travail durant des années de Mara, au niveau de l’histoire, des dessins et des couleurs, bravo ! Si vous aimez la bande dessinée, l’Angleterre victorienne et les romans policiers, foncez !

Une dernière lecture pour le Mois anglais 2017 que je mets dans les challenges BD, Polars et thrillers et Un genre par mois (en juin, bande dessinée).