Algue et la sorcière de Pınar Selek

Algue et la sorcière de Pınar Selek.

Éditions des lisières, collection Pinson des arbres, novembre 2021, 56 pages, 13 €, ISBN 979-10-96274-27-7. Siyah pererinli kiz (2009) est traduit du turc par Lucie Lavoisier ; illustré par Elvire Reboulet et linogravé par Maud Leroy.

Genres : littérature turque, roman-conte.

Pınar Selek naît le 8 octobre 1971 à Istanbul en Turquie. Elle étudie au lycée Notre-Dame de Sion à Istanbul puis à l’université de Strasbourg. Elle est sociologue, autrice (romans, contes, essais) et militante féministe et antimilitariste. Elle s’intéresse aux groupes opprimés (femmes, enfants des rues, Kurdes, Arméniens…). Le 1er livre de Pınar Selek chez les lisières est Verte et les oiseaux, plus d’autres livres chez d’autres éditeurs.

J’aime bien les livres sans texte sur la 4e de couverture, ils attisent ma curiosité ! Celui-ci est un roman-conte illustré pour les adultes.

Sur l’île aux Moules, la malédiction de la Sorcière à la Cape Noire date de loin. Tous en ont entendu parler. Mais c’est une chose d’en avoir entendu parler depuis l’enfance, d’y croire, d’avoir peur même, et c’en est une autre d’entrer dans l’histoire. La narratrice en a fait l’expérience.

La vie est agréable sur cette île verdoyante aux rivages rocheux et « tous les rochers sont couverts de moules grosses comme ma main, ou plutôt celle de mon père. » (p. 8). Moules et poissons sont le quotidien des habitants qui profitent de la mer, de la lune et ont tout pour être heureux « sauf que la Sorcière à la Cape Noire ne nous laissait pas mener une vie heureuse. On racontait qu’elle venait du septième sous-sol. Du pays des ténèbres. […] La sorcière était à l’origine de tous les malheurs. Elle était derrière tous les échecs, derrière les douleurs, les maladies, les sécheresses, les tempêtes, les bagarres » (p. 11) mais tout cela restait flou, éloigné… Jusqu’à ce que la sorcière vienne frapper avec son balai le frère de la narratrice le jour où il se marie… « Je décidai donc de retrouver la sorcière et de lui demander des comptes. » (p. 13).

« Au fait, je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Algue. Je suis grande à présent, j’ai douze ans. J’en avais neuf quand mon frère s’est fait rouer de coups. » (p. 14).

Mais comment trouver cette sorcière d’autant plus qu’elle ne se montre qu’aux hommes ?

Ma phrase préférée. « L’important n’est pas de savoir mais de faire. » (le chêne à Algue, p. 41).

Algue et la sorcière est un conte pour aller au-delà des préjugés et de la peur. Il conviendra aux ados et aux adultes.

Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 19, un livre qui se passe sur une île, 4e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 26, un livre dont le titre comporte le nom d’un aliment, ici Algue est un prénom mais c’est aussi un aliment), Contes et légendes (conte turc), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Végétal pour Algue), Tour du monde en 80 livres (Turquie), Un genre par mois (en mars, album donc illustré, young adult), Voisins Voisines (Turquie).

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Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi

Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi.

Delcourt / Akata (plus au catalogue), avril 2007, 192 pages, 7,95 €, ISBN 978-2-7560-0311-5. Ryôsanpaku to Shukeidai (Kadokawa Shôten, 1992) est traduit du japonais par Yuki Kakiichi et adapté par Laurence Gillet.

Genres : manga, seinen.

Natsuki Sumeragi 皇名月 (ou 皇なつき pour signer ses mangas) naît le 21 août 1967 à Ôsaka au Japon. Elle étudie la littérature japonaise à l’Université de Ritsumeikan à Kyôto. Elle est passionnée par la Chine et la Corée et ses dessins sont extraordinaires par rapport au contexte historique et culturel (kimonos, décors…). J’ai ses autres titres, La voix des fleurs (花情曲 ou はなのこえ, Hana no koe, 1991), Intrigues au pays du matin calme (李朝・暗行記 ou りちょうあんぎょうき, Richô Angyouki, 1993), Pékin années folles (燕京伶人抄, Peking reijin shô, 1995) et Un destin clément (恋泉 花情曲余話, Rensen Hana no koe yowa, 1998), ce qui est dommage c’est qu’ils n’existent plus chez l’éditeur… Plus d’infos sur son blog (plus mis à jour).

L’histoire du temple Shuzen – d’après L’histoire du temple Shuzen de Kidô Okamoto (1872-1939), auteur de Fantômes et samouraïs – Hanshichi mène l’enquête à Edo, entre autres. Fin du XIIe siècle, des combats sanglants éclatent entre les samouraïs. Katsura et Kaede, deux sœurs, filles du sculpteur Yashaô d’Izu, se chamaillent. Kaede a épousé l’artisan qui seconde son père mais Katsura rêve d’un mariage avec un noble. C’est à ce moment-là qu’arrive le Shogun Yori-ié Minamoto, 23 ans : il a commandé un masque en bois à Yashaô mais celui-ci tarde à arriver… « J’ai sculpté sans relâche mais jusqu’à présent les résultats n’ont pas été satisfaisants… […] Un masque demande plus que de la technique ! Il s’agit d’y mettre de l’âme ! » (p. 13). Katsura, sous le charme du noble accepte d’être à son service mais… Celui-ci est tourmenté, il a peur de la mort. Katsura et Yori-ié pourront-ils s’aimer ? « Je ne pensais pas que les personnes de haut rang souffraient autant. » (p. 44). Ce conte japonais est une belle histoire d’amour tragique, inspirée de faits (plus ou moins) réels puisque le masque est devenu le trésor du temple Shuzen.

L’ogre de Sôzudono – « Grand frère, tout le monde sait qu’un ogre habite Sôzudono, ce n’est pas une plaisanterie ! » (p. 72). Le grand-frère réprimande Munechika, quelle idée pour un jeune homme de croire ce genre d’absurdités ! Mais il est embarqué un peu à l’insu de son plein gré par Munechika et ils vont tous deux à Sôzudono… pour y trouver leur destin. Une histoire d’amour, de jalousie et de haine entre deux frères, l’aîné ayant plus de droits (et de devoirs) que son jeune frère (et, à notre époque, rien n’a changé, rien de nouveau sous le soleil comme on dit).

Romance d’Outre-Tombe – d’après La romance de Liang Shanbo et Zhu Yingtai (梁山伯与祝英台, en pinyin liáng shānbó yŭ zhù yīngtái, parfois traduit par Les amants papillons, du fait de la traduction anglaise Butterfly Lovers). Cette légende chinoise est un genre de Roméo et Juliette antique, présentée au classement de l’UNESCO dans l’objectif d’entrer à son répertoire du patrimoine oral et immatériel en 2006 (source Wikipédia). Ying-tai, 16 ans, ne va pas bien mais le médecin dit qu’elle n’a aucun problème de santé. Un ‘devin réputé’ dit à son père qu’elle devrait aller à Hang-zhou. « Si vous la laissez partir, elle échappera à un destin tragique. » (p. 100). Le père accepte – un de ses vieux amis, He Tian-you, y tient une école – mais Ying-tai doit absolument revenir au bout d’un an et personne ne doit découvrir son identité. Elle se fait alors passer pour un homme et part avec sa servante, Yin-xin, qu’elle fait passer pour sa jeune sœur qui l’accompagne. Dans une auberge, elle rencontre un beau jeune homme – qui l’intimide – et ils font route ensemble. « Qui sont ces deux-là ? – Ah, eux deux ! Ce sont Liang Shan-bo et Zhu Ying-tai. Ils sont arrivés en même temps à l’école de Maître He l’année dernière. Il paraît qu’ils se sont rencontrés pendant leur voyage et ont sympathisé, depuis ils sont inséparables comme des frères. » (p. 109). Mais l’année est passée et Maître He oblige Ying-tai à rentrer, or son père veut la marier… Une très belle histoire d’amour, romantique et… tragique bien sûr.

En fin de volume, un Livre des merveilles du monde regroupe une postface illustrée de la mangaka et des clés de compréhension sur le Japon et la Chine antiques et médiévales. Les trois histoires sont évidemment dramatiques : il y a Outre-Tombe dans le titre, ce qui veut tout dire mais elles sont agréables à lire non seulement grâce aux superbes dessins de Natsuki Sumeragi mais aussi grâce aux textes épurés, centrés sur le nécessaire pour le format court et avec une pointe de fantastique. À découvrir assurément !

Pour La BD de la semaine spéciale Bulles d’amour (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges 2023 en classiques, ABC illimité (lettre R pour titre), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD ou un manga, 4e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 30, une BD qui est l’adaptation d’un roman), Contes et légendes #5, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Un genre par mois (en février, du rire aux larmes, amour et drame).

Challenge Contes et légendes 2023

 

Ça y est, le billet est paru chez Bidib pour la 5e édition du challenge Contes et légendes 2023 (et ma 5e participation). L’objectif est toujours de lire des contes et des légendes et leurs adaptations (BD, films, séries, théâtre…) du 1er janvier au 31 décembre 2023.

Infos, nouveaux logos et inscription chez Bidib.

Un défi : lire un conte ou une légende par mois.

Un bingo avec des thèmes à relever (image ci-contre, cliquez !).

Les rendez-vous inter-challenges (avec chacun un logo spécifique) : Un mois au Japon, Les étapes indiennes, Des livres (et des écrans) en cuisine, 2023 en classiques, Halloween…

Mes lectures pour ce challenge

1. Mermaid Saga Intégrale 1 de Rumiko Takahashi (Glénat, 2021, Japon), légendes des sirènes et de l’immortalité, bingo thème des sirènes et êtres féeriques

2. Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi (Delcourt/Akata, 2007, Japon), légendes japonaises et chinoise, bingo thème de la mort

3. Les royaumes du nord de Philip Pullman (Folio Junior, 2017, Angleterre), contes du Nord, bingo thème anges et démons

4. La baleine tatouée de Witi Ihimaera (Au vent des îles, 2022, Nouvelle-Zélande), légendes maories

5. La tour des Anges de Philip Pullman (Folio Junior, 2017, Angleterre), légendes de sorcières, de mondes parallèles, bingo thèmes anges et démons

6. Algue et la sorcière de Pınar Selek (Éditions des lisières, 2021, Turquie), conte turc, sorcière, bingo en relation avec les plantes puisque le chêne est très important

7. Rooster Fighter – Coq de baston 2 de Shu Sakuratani (Mangetsu, 2022, Japon), légendes japonaises

8. La fête des ombres (2 tomes) d’Atelier Sentô (Issekinicho, 2021, France), légendes japonaises

9. Rooster Fighter – Coq de baston 3 de Shu Sakuratani (Mangetsu, 2022, Japon), légendes japonaises

Princesse Saphir d’Osamu Tezuka

Princesse Saphir d’Osamu Tezuka.

Soleil Manga, collection Shôjo, janvier 2005, 242 pages, 6,99 €, ISBN 978-2-84565-970-4. リボンの騎士 Ribon no kishi (1953) est traduit du japonais par Sylvain Chollet.

Genres : manga, shôjo, merveilleux, conte.

Osamu Tezuka (手塚 治虫) naît le 3 novembre 1928 à Toyonaka (préfecture d’Ôsaka, Japon). Il étudie la médecine à l’université d’Ôsaka mais il découvre les dessins animés en particulier ceux de Walt Disney et devient mangaka, scénariste et réalisateur. Il connaît le succès avec La nouvelle île au trésor (1947). Suivront Le roi Léo (1950), Astro Boy (1952), Princesse Saphir (1953), Phénix l’oiseau de feu (1956) et tant d’autres titres (dont la majorité sont adaptés en animation). Je ne peux pas tous les citer mais l’œuvre est colossale (de 1947 à 1988), touche à tous les genres et reçoit de nombreux prix y compris posthumes. Il meurt le 9 février 1989 à Tôkyô. C’est un mangaka que j’ai beaucoup lu au fur et à mesure des parutions de ses titres en France mais dont j’ai encore peu parlé sur le blog sauf avec La légende de Songoku (4 tomes) en mai 2021 (c’était une relecture ce qui est le cas aussi avec Princesse Saphir).

Il était une fois… Mukashi no koto desu ou Mukashi mukashi en japonais. Au Ciel, le Créateur qui distribue les cœurs, un bleu pour « des garçons forts et courageux » et un rouge pour « des filles belles et douces » (p. 9) donne par erreur (à cause de Tink) un cœur bleu puis un cœur rouge au même enfant à naître. Mécontent, le créateur envoie Tink, l’ange farceur, sur Terre avec la fournée de nouveaux-nés ; Tink a perdu ses ailes, « Ce n’est pas très pratique d’être humain. » (p. 13). Mais le personnage principal de cette histoire est l’héritier de la couronne que tout le monde attend au royaume de Silverland (l’histoire se déroule au Moyen-Âge dans un pays européen imaginaire).

Au moment de la naissance, tout le monde annonce un prince héritier ! Le roi et la reine ne peuvent pas démentir sinon c’est Plastic, le fils de l’affreux duc Duralmin, qui recevra le trône… Ainsi le couple royal élève leur fille « comme un garçon » (p. 20). Quinze ans après, Saphir a grandi et Tink n’a pas changé ! Mais il est de plus en plus difficile de jongler entre le côté féminin (vie personnelle cachée) et le côté masculin (vie mondaine) de Saphir, d’autant plus que Franz Charming, le prince d’un royaume voisin s’éprend d’une jeune blonde inconnue durant le bal du carnaval annuel… qui n’est autre que Saphir déguisée.

Des drames emmèneront Saphir au trône plus vite que ses parents l’avaient prévu et, après toutes ces années, Saphir est démasquée par la perfidie de Duralmin et de son machiavélique serviteur, Nylon. La reine et Saphir sont emprisonnées dans la tour ouest, la tour de l’oubli, dépossédées de leurs biens et réduites en esclavage par Gummer le geôlier…

Jusqu’au jour où apparaît un justicier masqué que l’ange Tink pense être Saphir (a-t-il raison ?).

Proche de nos contes de fée occidentaux, Princesse Saphir est un récit plein de romantisme mais aussi d’aventures et d’action. Considérée comme un shôjo (manga pour filles), cette histoire peut à mon avis intéresser aussi les garçons pour deux raisons. 1. Parce que la « princesse » est un garçon manqué et, au-delà du genre, Saphir est de naissance à la fois garçon et fille. 2. Parce que les codes du shôjo n’y sont pas vraiment respectés : les yeux, les émotions, les cases sont différents de ce que les lecteurs de shôjo attendent mais le graphisme est du pur Tezuka donc les fans apprécieront.

À noter que c’est une commande du Shôjo Club 少女クラブ (1923-1962) de l’éditeur Kôdansha qui souhaitait proposer aux jeunes lectrices une histoire similaire à celles publiées dans les magazines shônen (manga pour garçons). Je pense qu’à son époque Tezuka a simplement fait un shônen pour filles ! En tout cas, les thèmes de l’identité et de la liberté sont pour moi la part principale de cette histoire.

La parution en chapitres se déroule entre janvier 1953 et janvier 1956 avant de paraître en 3 tomes chez Kôdansha. Osamu Tezuka s’inspire bien sûr des contes européens et aussi, en bon cinéphile, d’actrices japonaises célèbres et des productions d’Hollywood ce qui inclut les films d’animation de Walt Disney. De l’humour voire du burlesque, des anachronismes, c’est du Tezuka tout craché même si les lecteurs adultes préféreront ses seinens comme Ayako, Barbara, Black Jack, ou L’histoire des 3 Adolf, entre autres. Princesse Saphir a eu beaucoup de succès alors Tezuka a fait une suite intitulée Les enfants de Saphir (un tome, 1958) et une série animée a bien sûr été réalisée : au Japon en 1967 et diffusion en France entre 1973 et 1976 (vidéo ci-dessous).

Pour l’instant, je n’ai (re)lu que le premier tome car je voulais garder du temps pour – rien à voir – lire Nous, les Allemands d’Alexander Starritt pour Les feuilles allemandes, un challenge qui se termine aujourd’hui. Mais je relirai assurément la suite pour vous la présenter.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) qui est apparemment le dernier rendez-vous de l’année hors billet coups de cœur en fin d’année, BD 2022 et aussi 2022 en classiques, Les classiques c’est fantastique (avec en novembre un prénom dans le titre), Contes et légendes (des filtres magiques, une sorcière, une princesse et un prince, entre autres), Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie Prénom pour Saphir) et ABC illimité (toujours le dilemme de choisir entre la lettre pour le prénom, le nom ou le titre… je vais faire avec O pour prénom).

Le Boiseleur, 1 – Les mains d’Illian de Hubert et Hersent

Le Boiseleur, 1 – Les mains d’Illian de Hubert et Hersent.

Soleil, collection Métamorphose, octobre 2019, 96 pages, 19,99 €, ISBN 978-2-30207-778-2.

Genres : bande dessinée française, conte.

Hubert, de son vrai nom Hubert Boulard, naît le 21 janvier 1971 à Saint Renan en Bretagne. Il étudie à l’École régionale des Beaux-Arts d’Angers puis se dirige vers la bande dessinée en tant que coloriste mais aussi en tant que scénariste. Parmi ses titres : Beauté, La chair de l’araignée, Le legs de l’alchimiste, Miss Pas Touche, Les Ogres-Dieux, Peau d’homme, Les yeux verts… Malheureusement, dépressif depuis l’enfance à cause de son homosexualité non acceptée par sa famille, il met fin à ses jours le 12 février 2020.

Gaëlle Hersent naît le 25 juillet 1984 en France. Elle étudie la littérature et les arts plastiques. Ensuite elle entre à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême puis à l’École des métiers du cinéma d’animation. Elle est illustratrice, dessinatrice et coloriste de bandes dessinées. Plus d’infos sur son site officiel et sur son Instagram.

J’ai vu ce premier tome de Le Boiseleur – Les mains d’Illian sur un blog pour La BD de la semaine et je l’ai réservé à la bibliothèque mais je regrette de ne pas avoir réservé aussi le tome 2, Le Boiseleur – L’esprit d’atelier, qui est paru posthume en août 2022.

« Solidor était bâtie à l’extrémité d’une vaste presqu’île, séparée du reste du monde par de hautes montagnes pratiquement impraticables, si bien qu’on n’y venait qu’en bateau. C’est sans doute de cet isolement que la fa une et la flore qu’on trouvait dans la campagne environnante tenaient leurs particularités. Nombre de plantes y poussaient qu’on ne voyait nulle part ailleurs, comme le chêne tubéreux ou l’orchidée arborifère, et les oiseaux qu’on y trouvait appartenaient tous à la famille des griselottes, espèce endémique au plumage terne, et de plus pratiquement aphone. » (p. 8). C’est pourquoi les habitants achètent des oiseaux exotiques au marché de Solidor.

Illian, « enfant, […] débarqué de sa campagne natale » (p. 13) sculpte le bois et fabrique des cages dans l’atelier de maître Koppel. Passionné par les oiseaux, il aimerait bien en avoir un à lui mais il n’a pas les moyens… parce que Maître Koppel, très pingre, ne lui donne que le gîte et le couvert durant son apprentissage. Illian se contente alors d’entendre les oiseaux des autres, « Les écouter avait toujours été le bonheur et le réconfort d’Illian. » (p. 16).

Il a alors une idée, il va fabriquer un rossignol dans une chute de bois, le peindre et le garder dans sa chambre près de lui mais Maître Koppel crie au vol (bois et peintures) et offre l’oiseau à sa fille, Flora, qui le montre à toutes ses amies qui en veulent un aussi. La vie d’Illian et de la ville de Solidor va alors changer du tout au tout.

Oh, comme je regrette de ne pas avoir le tome 2… Cette bande dessinée est magnifique, elle est aussi précieuse que les oiseaux et leurs chants mélodieux, avec des couleurs chatoyantes. Et, en dehors des cases, il y a des dessins pleine page ou double page de toute beauté. Elle ressemble à un conte philosophique et poétique où l’imaginaire et l’artisanat seraient rois. Bien sûr, on s’attache particulièrement à Illian et aussi au vieil homme qui perd son oiseau, « Hélas, il est mort de sa belle mort. Un oiseau en cage, ça ne vit pas très vieux. » (p. 76). Mais l’auteur et la dessinatrice ne font pas qu’une belle œuvre, ils en profitent pour dénoncer la maltraitance des petites gens comme Illian et celle des oiseaux enfermés puis relâchés dans un environnement qui n’est pas le leur. Ils dénoncent aussi les effets de mode et la façon dont les riches achètent de façon compulsive pour posséder et avoir plus ou mieux que leurs amis et voisins.

Ils l’ont lu : Bulles de Dupondt, Bulles et chapitres, Cédric de La bande du 9, Chez BooKinette, Géraldine, Ghislaine, L’île aux trésors, Lady That, Lili Galipette, Lire en bulles, Lise de Bubble BD, Little Pretty Books, Mo’ du Bar à BD, Stemilou, d’autres ?

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Stéphie) et le challenge BD 2022 ainsi que Petit Bac 2022 (catégorie Art pour Boiseleur = qui sculpte le bois) et Les textes courts.

Tête de mule d’Øyvind Torseter

Tête de mule d’Øyvind Torseter.

La joie de lire, collection Albums, septembre 2016, 120 pages, 24,90 €, ISBN 978-2-88908-334-3. Mulegutten (2015) est traduit du norvégien par Aude Pasquier.

Genres : bande dessinée norvégienne, conte.

Øyvind Torseter naît le 2 octobre 1972 à Oslo (Norvège). Il étudie l’illustration au Merkantilt Institutt (1991–1992) et au Skolen for Grafisk Design (1992–1994) à Oslo puis au Kent Institute of Art & Design en Angleterre (1995–1998). Il est auteur et illustrateur (pour les adultes et pour la jeunesse). Plusieurs de ses titres sont parus en français chez La joie de lire, Cambourakis, Didier Jeunesse ou au Rouergue et il a reçu de nombreux prix littéraires en Europe.

J’ai lu Factomule – Grand thriller politique international et je me suis rendu compte que c’était le 3e tome de la série alors il me faut lire les deux précédents tomes. Voici donc Tête de mule qui est en fait le premier à être paru et qui est une adaptation du conte Les sept corbeaux des frères Grimm.

Un roi a sept fils dont il ne veut pas se séparer mais les jeunes hommes ont bien sûr soif d’aventure. Le roi accepte que six partent à l’aventure et trouvent chacun une princesse à épouser mais il garde près de lui le petit dernier, Tête de mule, et charge les aînés de lui trouver une princesse lorsqu’ils reviendront. Malheureusement, non seulement les frères mariés à six belles princesses oublient de ramener une jeune femme pour leur frère mais ils sont tous changés en pierre par un troll.

Quelques années passent et le roi, désespéré, accepte que Tête de mule retrouve ses frères. Il lui donne le dernier cheval, un vieux canasson pas ravi de partir mais qui a un bon contact avec son cavalier et se montre brave dans cette aventure dangereuse.

Sur le chemin, Tête de mule trouve un saxophone dans un ruisseau, « ça pourrait être utile » (p. 9), croise un éléphant dont la trompe est coincée dans une souche d’arbre, « Merci pour ton aide. Si tu rencontres des obstacles en chemin, pense à moi. Je pourrai t’aider. » (p. 14), rencontre un loup affamé qui veut manger son cheval, « C’est du poulet, ça, ou quoi ? Vous allez où au fait ? » (p. 21) et arrive dans la montagne du troll où il voit ses frères et leurs épouses changés en pierre.

Il pénètre dans l’antre du troll et après un périple (digne d’un jeu vidéo, ah ah ah), il découvre une jeune femme, « Ne vous inquiétez pas, pétulante princesse. Je vais vous libérer du troll. – Oui, oui, vous n’êtes pas le premier à essayer. Aucun n’en est sorti vivant. Jamais personne ne réussira à se débarrasser du troll qui habite ici. » (p. 36).

On m’a appris qu’il ne faut jamais dire ‘jamais’ mais comment Tête de mule va-t-il pouvoir se débarrasser du troll ? Vous le saurez en lisant cette belle bande dessinée et n’oubliez pas le saxophone, l’éléphant, le loup et même une énorme pieuvre !

J’aime beaucoup les dessins de Torseter (il y a quelques cases mais la majorité sont en pleine page, ça fait mi album illustré mi bande dessinée), sa fantaisie, son humour et le petit côté insolite qui donne du peps au récit. C’est inventif, c’est drôle, il faut lire Tête de mule ! Même si vous ne connaissez pas le conte Les sept corbeaux des frères Grimm. Et puis cette bande dessinée est carrément un beau livre !

Lu par Noukette, Mo, Dal-eg, Boulevard de la BD, Bodoï, d’autres ?

Pour les challenges 2022 en classiques, Les adaptations littéraires, BD 2022, Contes et légendes 2022 pour l’adaptation du conte Les sept corbeaux des frères Grimm, Jeunesse young adult #11 et bien sûr Challenge nordique (Norvège).

Kamisama 3 – Au bout du chemin de Keisuke Kotobuki

Kamisama 3 – Au bout du chemin de Keisuke Kotobuki.

Ki-oon, mars 2010, 136 pages, 11,10 €, ISBN 978-2-35592-138-4. カミサマ est traduit du japonais par Ahmed Agne et Cécile Pournin.

Genres : manga, kodomo, shôjo, conte.

KOTOBUKI Keisuke 寿 圭祐 est mangaka (scénariste et dessinateur) depuis 1998. Ses dessins en couleurs sont proches de la peinture. Les autres séries de l’auteur sont Roji! et Coco, l’île magique.

La déesse de la neige – Aya et la déesse de la neige prennent un chocolat chaud mais elles sont dérangées par la déesse de la colline qui annonce une fleur des neige de l’autre côté de sa colline. Mais en s’approchant la fillette tombe dans une crevasse…

La déesse du malheur – Une fillette n’a vraiment pas de chance et la déesse du malheur lui vient en aide mais elle omet de lui dire que le pacte a des conséquences et un coût… « Si tu pensais pouvoir profiter de toute cette chance sans aucune contrepartie, c’est que tu es sacrément stupide, vraiment ! ».

Shimashima et Miyako – Shimashima est le jeune chat qui apparaît dans les 3e histoires du 1er et du 2e tomes. Pendant que Shimashima est dans le monde des déesses, Miyako attend son retour dans le monde des humains. Les déesses réussiront-elles à les réunir et à récupérer la pierre sacrée ?

Après avoir relu récemment les deux premiers tomes de cette trilogie, Kamisama 1 – La mélodie du vent et Kamisama 2 – Les contes de la colline, je ne pouvais que relire le 3e tome pour Un mois au Japon et Hanami Book Challenge #2.

Que dire de plus que pour les premiers tomes ? C’est toujours très beau, doux et poétique. Si vous aimez les contes, les chats, le merveilleux et la tendresse, lisez cette belle trilogie aux couleurs pastels.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et, en plus des challenges japonais (cités ci-dessus), pour Adaptations littéraires (contes et folklore japonais adaptés en manga), BD 2022, Contes et légendes #4, Jeunesse young adult #11 et Littérature de l’imaginaire #10.

Kamisama 2 – Les contes de la colline de Keisuke Kotobuki

Kamisama 2 – Les contes de la colline de Keisuke Kotobuki.

Ki-oon, mars 2007, 136 pages, 11,10 €, ISBN 978-2-915513-52-3. カミサマ est traduit du japonais par Ahmed Agne et Cécile Pournin.

Genres : manga, kodomo, shôjo, conte.

KOTOBUKI Keisuke 寿 圭祐 est mangaka (scénariste et dessinateur) depuis 1998. Ses dessins en couleurs sont proches de la peinture. Les autres séries de l’auteur sont Roji! et Coco, l’île magique.

La déesse de la colline – Une jeune femme revient sur le lieu de son enfance, une colline où elle avait rencontré une déesse minuscule qui n’avait apparemment aucun pouvoir. « Je ne comprends toujours pas… – Moi non plus. » Mais elle n’a pas pu voir le printemps arriver avec la petite déesse car elle a déménagé avec sa mère… La déesse était-elle un rêve ?

Le cerisier électrique – « On dit qu’il existe plus de huit millions de divinités au Japon. » Mitsuki se rend au cerisier pour voir Sakura la déesse mais celle-ci est avec la déesse de la colline (de l’histoire précédente) et une autre déesse, celle des lignes électriques, fait irruption. Et celle-ci a vraiment un comportement… électrique !

Shimashima au pays des déesses – Shimashima est le jeune chat qui apparaît dans la 3e histoire du 1er tome. Les trois déesses (rencontrées dans les deux histoires précédentes) sont mécontentes car il a une pierre sacrée autour du cou (elle lui a été offerte par Miyako). Pourront-elles renvoyer Shimashima dans son monde (c’est-à-dire celui des humains) ?

Après avoir relu récemment le premier tome de cette trilogie, Kamisama 1 – La mélodie du vent, j’ai eu très envie de relire ce deuxième tome, en plus en avril il y a deux challenges japonais, Un mois au Japon et Hanami Book Challenge #2. Je lirai le tome 3 durant le mois d’avril.

Comme pour le premier tome, c’est très beau, doux (couleurs pastels), vraiment poétique, un peu énigmatique, parfois amusant, toujours tendre. Sans hésitation, pour tous les lecteurs, petits et grands. Les lecteurs retrouvent les fillettes, les chats et la pierre bleue à travers ces trois contes plein de magie et de merveilleux.

J’ai oublié de donner mon lien pour La BD de la semaine… Mais, en plus des challenges japonais (cités ci-dessus), pour Adaptations littéraires (contes et folklore japonais adaptés en manga), BD 2022, Contes et légendes #4, Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10 et Un genre par mois (en avril, ce sont les BD qui sont à l’honneur).

Kamisama 1 – La mélodie du vent de Keisuke Kotobuki

Kamisama 1 – La mélodie du vent de Keisuke Kotobuki.

Ki-oon, septembre 2006, 112 pages, 11,10 €, ISBN 2-915513-27-9. カミサマ – ルーシーは猫の中 Kamisama –Rûshî wa neko no naka (2006) est traduit du japonais par Ahmed Agne et Cécile Pournin.

Genres : manga, kodomo, shôjo, conte.

KOTOBUKI Keisuke 寿 圭祐 est mangaka (scénariste et dessinateur) depuis 1998. Ses dessins en couleurs sont proches de la peinture.

Lucy, dans le ventre du chat – Lucy va se promener mais doit rentrer avant l’heure du dîner. Sur le chemin, elle voit un chien qui se tient sur ses pattes arrières et qui l’appelle « Mademoiselle ! ». Il l’emmène dans un champ de fleurs comestibles où vit un chat géant qui avale la fillette.

Le chat-pluie – Une fillette déambule sous la pluie et rencontre un chat qui lui parle. Elle se trouve dans un hazama, « un endroit qui se situe entre le monde des vivants et celui des morts. C’est ici que finissent ceux dont personne ne se souvient. »

Shimashima – Shimashima, un jeune chat, rencontre Miyako. Elle a l’habitude d’apporter à manger aux chats du quartier et Shimashima vient d’arriver. « Miyako était très affectueuse avec moi. Et moi aussi, je l’aimais beaucoup. » Mais Miyako est malade.

Voici ce que dit l’éditeur : « Entre manga et conte, cet Alice qu pays des merveilles nippon regroupe plusieurs récits féeriques, drôles et émouvants à la fois. » (4e de couverture).

Kamisama est un manga différent, il est dans un format plus grand (15×21 cm), il est relié et il est tout en couleurs. Le fil directeur en plus des fillettes et des chats est la pierre bleue, semblable à une goutte de pluie, qui a des pouvoirs magiques. Manga à la fois kodomo (jeunesse) et shôjo (fille), il se situe du côté du merveilleux, du fantastique, bref il a tout du conte (mais pas du conte occidental, plutôt du folklore japonais).

Il existe deux autres tomes, Les contes de la colline (2003 au Japon, 2007 en France) et Au bout du chemin (2008 au Japon, 2010 en France) que je vous présenterai une prochaine fois.

À noter que l’auteur a retouché toutes les planches des trois tomes pour les proposer à la lecture dans le sens occidental. Une nouvelle édition de ces trois tomes est parue en novembre 2014.

Kamisama est un très beau livre pour les plus jeunes et les plus grands, pour tous ceux qui aiment la magie des dessins et des histoires.

Pour les challenges Adaptations littéraires (contes et folklore japonais adaptés en manga), BD 2022, Challenge lecture 2022 (catégorie 48, un manga), Contes et légendes #4, Des histoires et des bulles (catégorie 4, un shôjo, avec cette 40e lecture avant le 1er avril, j’honore le niveau 4), Jeunesse young adult #11 et Littérature de l’imaginaire #10.

Challenge Contes et légendes 2022

J’ai failli oublier de publier mon billet pour le challenge Contes et légendes 2022, c’est la 4e édition (et ma 4e participation) et il évolue : les thèmes sont toujours là (voir ci-dessous) mais ils ne sont plus mensuels, ils peuvent être explorés toute l’année (ce qui est mieux à mon avis).

Infos, logos et inscription chez Bidib + le formulaire où déposer les liens + le récapitulatif que Bidib appelle le grimoire 2022 + la page FB + le groupe FB.

Les thèmes
1- Japon et Extrême-Orient (Asie de l’Est et du Sud-Est), billets n° 1, 2, 3, 4, 12, 13
2- Inde et Asie du Sud, Tibet
3- Antiquité
4- Amériques et ses peuples autochtones, billets n° 10, 11
5- Afrique
6- Océanie, billet n° 9
7- la mort, billets n° 1, 2, 3, 5
8- les mers et océans
9- les anges et démons, billets n° 3, 6 (plutôt vampires ici), 8
10- les plantes dans les contes et légendes

Les rendez-vous inter-challenges (avec des logos spécifiques)
Avril = contes et légendes du Japon avec Un mois au Japon, billets n° 2, 3, 4
Mai = contes classiques avec 2022 en classiques
Juillet = contes d’Inde avec Les étapes indiennes
Octobre/novembre = contes d’Halloween avec le Challenge Halloween, billet n° 12
Décembre = contes de Noël avec Il était 10 fois Noël

Mes billets pour ce challenge

1. Kamisama 1 – La mélodie du vent de Keisuke Kotobuki (Ki-oon, 2006, Japon)

2. Kamisama 2 – Les contes de la colline de Keisuke Kotobuki (Ki-oon, 2007, Japon)

3. D.Gray-Man 1 de Katsura HOSHINO (Glénat, 2013, Japon)

4. Kamisama 3 – Au bout du chemin de Keisuke Kotobuki (Ki-oon, 2010, Japon)

5. La Caverne de Marina et Sergueï Diatchenko (Albin Michel, 2009, Ukraine)

6. Son espionne royale et la fiancée de Transylvanie de Rhys Bowen (Robert Laffont, 2020, Angleterre)

7. Tête de mule d’Øyvind Torseter (La joie de lire, 2016, Norvège)

8. Sherlock Holmes et le démon de Noël de James Lovegrove (Bragelonne, 2021, Angleterre)

9. Le Cercle du Dragon-Thé de Katie O’Neill (Bliss, 2020, Nouvelle-Zélande)

10.  L’affaire étrange du djinn du Caire de P. Djèlí Clark (L’Atalante, 2021, États-Unis)

11. Le mystère du tramway hanté de P. Djèlí Clark (L’Atalante, 2021, États-Unis)

12. L’Éden des sorcières (tomes 1 à 3) de Yumeji (Ki-oon, 2021-2022, Japon)

13. Charlock 4 – Attaque chez les Chats-Mouraïs de Sébastien Perez et Benjamin Lacombe (Flammarion, 2021, France)

14. Princesse Saphir 1 d’Osamu Tezuka (Soleil Manga, 2005, Japon, 1953)