Challenge Voisins Voisines 2023

C’est toujours avec plaisir que je me réinscris à ce challenge créé par Kathel (1ère édition en 2011 mais je n’ai participé qu’à partir de 2012) repris par Anne puis par Claire (pour qui ce sera la dernière édition). Voici donc Voisins Voisines 2023 !

Infos, très beau logo et inscription sur À propos de livres.

L’objectif est de lire des romans européens contemporains (hors France), romans adulte, jeunesse, policiers, etc. publiés à partir de 1960 à nos jours (que l’auteur soit vivant ou mort).

Voici la liste des pays d’Europe (nos « Voisins Voisines ») : Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kazakhstan, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Irlande du Nord, Pays de Galles) , Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine et Vatican.

Mes lectures européennes contemporaines

1. Harper et le cirque des rêves de Cerrie Burnell (Albin Michel Jeunesse, 2017, Angleterre)

2. Les royaumes du nord de Philip Pullman (Folio Junior, 2017, Angleterre)

3. La tour des Anges de Philip Pullman (Folio Junior, 2017, Angleterre)

4. Algue et la sorcière de Pınar Selek (Éditions des lisières, 2021, Turquie)

5. Histoires bizarroïdes d’Olga Tokarczuk (Noir sur blanc, 2020, Pologne)

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Princesse Saphir d’Osamu Tezuka

Princesse Saphir d’Osamu Tezuka.

Soleil Manga, collection Shôjo, janvier 2005, 242 pages, 6,99 €, ISBN 978-2-84565-970-4. リボンの騎士 Ribon no kishi (1953) est traduit du japonais par Sylvain Chollet.

Genres : manga, shôjo, merveilleux, conte.

Osamu Tezuka (手塚 治虫) naît le 3 novembre 1928 à Toyonaka (préfecture d’Ôsaka, Japon). Il étudie la médecine à l’université d’Ôsaka mais il découvre les dessins animés en particulier ceux de Walt Disney et devient mangaka, scénariste et réalisateur. Il connaît le succès avec La nouvelle île au trésor (1947). Suivront Le roi Léo (1950), Astro Boy (1952), Princesse Saphir (1953), Phénix l’oiseau de feu (1956) et tant d’autres titres (dont la majorité sont adaptés en animation). Je ne peux pas tous les citer mais l’œuvre est colossale (de 1947 à 1988), touche à tous les genres et reçoit de nombreux prix y compris posthumes. Il meurt le 9 février 1989 à Tôkyô. C’est un mangaka que j’ai beaucoup lu au fur et à mesure des parutions de ses titres en France mais dont j’ai encore peu parlé sur le blog sauf avec La légende de Songoku (4 tomes) en mai 2021 (c’était une relecture ce qui est le cas aussi avec Princesse Saphir).

Il était une fois… Mukashi no koto desu ou Mukashi mukashi en japonais. Au Ciel, le Créateur qui distribue les cœurs, un bleu pour « des garçons forts et courageux » et un rouge pour « des filles belles et douces » (p. 9) donne par erreur (à cause de Tink) un cœur bleu puis un cœur rouge au même enfant à naître. Mécontent, le créateur envoie Tink, l’ange farceur, sur Terre avec la fournée de nouveaux-nés ; Tink a perdu ses ailes, « Ce n’est pas très pratique d’être humain. » (p. 13). Mais le personnage principal de cette histoire est l’héritier de la couronne que tout le monde attend au royaume de Silverland (l’histoire se déroule au Moyen-Âge dans un pays européen imaginaire).

Au moment de la naissance, tout le monde annonce un prince héritier ! Le roi et la reine ne peuvent pas démentir sinon c’est Plastic, le fils de l’affreux duc Duralmin, qui recevra le trône… Ainsi le couple royal élève leur fille « comme un garçon » (p. 20). Quinze ans après, Saphir a grandi et Tink n’a pas changé ! Mais il est de plus en plus difficile de jongler entre le côté féminin (vie personnelle cachée) et le côté masculin (vie mondaine) de Saphir, d’autant plus que Franz Charming, le prince d’un royaume voisin s’éprend d’une jeune blonde inconnue durant le bal du carnaval annuel… qui n’est autre que Saphir déguisée.

Des drames emmèneront Saphir au trône plus vite que ses parents l’avaient prévu et, après toutes ces années, Saphir est démasquée par la perfidie de Duralmin et de son machiavélique serviteur, Nylon. La reine et Saphir sont emprisonnées dans la tour ouest, la tour de l’oubli, dépossédées de leurs biens et réduites en esclavage par Gummer le geôlier…

Jusqu’au jour où apparaît un justicier masqué que l’ange Tink pense être Saphir (a-t-il raison ?).

Proche de nos contes de fée occidentaux, Princesse Saphir est un récit plein de romantisme mais aussi d’aventures et d’action. Considérée comme un shôjo (manga pour filles), cette histoire peut à mon avis intéresser aussi les garçons pour deux raisons. 1. Parce que la « princesse » est un garçon manqué et, au-delà du genre, Saphir est de naissance à la fois garçon et fille. 2. Parce que les codes du shôjo n’y sont pas vraiment respectés : les yeux, les émotions, les cases sont différents de ce que les lecteurs de shôjo attendent mais le graphisme est du pur Tezuka donc les fans apprécieront.

À noter que c’est une commande du Shôjo Club 少女クラブ (1923-1962) de l’éditeur Kôdansha qui souhaitait proposer aux jeunes lectrices une histoire similaire à celles publiées dans les magazines shônen (manga pour garçons). Je pense qu’à son époque Tezuka a simplement fait un shônen pour filles ! En tout cas, les thèmes de l’identité et de la liberté sont pour moi la part principale de cette histoire.

La parution en chapitres se déroule entre janvier 1953 et janvier 1956 avant de paraître en 3 tomes chez Kôdansha. Osamu Tezuka s’inspire bien sûr des contes européens et aussi, en bon cinéphile, d’actrices japonaises célèbres et des productions d’Hollywood ce qui inclut les films d’animation de Walt Disney. De l’humour voire du burlesque, des anachronismes, c’est du Tezuka tout craché même si les lecteurs adultes préféreront ses seinens comme Ayako, Barbara, Black Jack, ou L’histoire des 3 Adolf, entre autres. Princesse Saphir a eu beaucoup de succès alors Tezuka a fait une suite intitulée Les enfants de Saphir (un tome, 1958) et une série animée a bien sûr été réalisée : au Japon en 1967 et diffusion en France entre 1973 et 1976 (vidéo ci-dessous).

Pour l’instant, je n’ai (re)lu que le premier tome car je voulais garder du temps pour – rien à voir – lire Nous, les Allemands d’Alexander Starritt pour Les feuilles allemandes, un challenge qui se termine aujourd’hui. Mais je relirai assurément la suite pour vous la présenter.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Moka) qui est apparemment le dernier rendez-vous de l’année hors billet coups de cœur en fin d’année, BD 2022 et aussi 2022 en classiques, Les classiques c’est fantastique (avec en novembre un prénom dans le titre), Contes et légendes (des filtres magiques, une sorcière, une princesse et un prince, entre autres), Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie Prénom pour Saphir) et ABC illimité (toujours le dilemme de choisir entre la lettre pour le prénom, le nom ou le titre… je vais faire avec O pour prénom).

Voisins Voisines 2022

Parmi les challenges qui reviennent en début d’année, il y a un auquel je participe depuis des années, c’est Voisins Voisines.

Infos, logo et inscription sur À propos de livres + le récapitulatif où déposer les liens.

L’objectif est toujours de lire de la littérature européenne contemporaine (des romans, adultes, polars, jeunesse…, mais rien que des romans, publiés à partir de 1960), ceci du 1er janvier au 31 décembre 2022.

Les pays concernés sont les pays européens (au sens large, hors France) : Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kazakhstan, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord), Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine et Vatican.

Mes lectures pour ce challenge

1. Une enquête de Sparks & Bainbridge, 2 – Un mariage royal d’Allison Montclair (10-18, 2021, Angleterre)

2.  Les abeilles grises d’Andreï Kourkov (Liana Levi, 2022, Ukraine)

3. La Caverne de Marina et Sergueï Diatchenko (Albin Michel, 2009, Ukraine)

4. Yaban (L’étranger) de Yakup Kadri Karaosmanoglu (Cent Pages, 1989, Turquie, 1932)

5. Orient de José Carlos Llop (Chambon, 2022, Espagne)

6. Voyage en Iran – En attendant l’imam caché de Nedim Gürsel (Actes Sud, 2022, Turquie)

7. Son espionne royale et la fiancée de Transylvanie de Rhys Bowen (Robert Laffont, 2020, Angleterre)

8. Sherlock Holmes et le démon de Noël de James Lovegrove (Bragelonne, 2021, Angleterre)

9. Son espionne royale et le collier de la reine de Rhys Bowen (Robert Laffont, 2020, Angleterre)

10. Play de Mènis Koumandarèas (Ginkgo, 2016, Grèce)

11. L’Évangile des Assassins d’Adam Blake (Ma, 2011, Angleterre)

12. Bob le chat philosophe de James Bowen (City éditions, 2019, Angleterre)

13. Nous, les Allemands d’Alexander Starritt (Belfond, 2022, Écosse mais d’origine allemande)

14. Zov – L’homme qui a dit non à la guerre de Pavel Filatiev (Albin Michel, 2022, Russie)

15. Harper et le parapluie rouge de Cerrie Burnell (Albin Michel Jeunesse, 2016, Angleterre)

Message personnel (Opcop 1) d’Arne Dahl

Message personnel (Opcop 1) d’Arne Dahl.

Actes Sud, collection Actes noirs, octobre 2014, 464 pages, 23 €, ISBN 978-2-330-03694-2. Viskleken (2011) est traduit du suédois par Rémi Cassaigne. Parution en poche dans la collection Babel noir, n° 168, novembre 2016, 576 pages, 9,90 €, ISBN 978-2-330-07049-6.

Genres : littérature suédoise, roman policier.

Arne Dahl, de son vrai nom Jan Lennart Arnald, naît le 11 janvier 1963 à Sollentuna (comté de Stockholm, Suède). Il est d’abord critique littéraire et journaliste puis devient romancier (romans policiers) et scénariste. Il travaille également à l’Académie suédoise. Ses séries : A-gruppen (11 tomes entre 1999 et 2008, les 4 premiers sont traduits en français et parus chez Seuil), Opcop (4 tomes entre 2011 et 2014, tous traduits en français et parus chez Actes Sud). D’autres romans, nouvelles et poésie sont parus sous le nom de Jan Arnald entre 1990 et 2010 mais aucun titre n’est traduit en français. Plus d’infos sur son site officiel (euh… en suédois).

Les pages 9 et 10 présentent le groupe Opcop d’Europol. Le noyau central est à La Haye au Pays-Bas (11 membres, parmi les meilleurs d’Europe) et une antenne locale à Stockholm en Suède (3 membres). Je ne note pas leurs noms mais je suppose que le lecteur va les retrouver à un moment ou un autre dans ce roman ou dans les tomes suivants.

Dès la première page, j’ai été surprise par la construction ! Je vous explique avec cet extrait : «  Rien n’est plus froid, pensa l’observateur […]. Rien n’est plus froid que Londres […]. Cette grisaille, pensa l’observateur […]. Cette grisaille humide […]. Et pourtant, il faisait plus froid. Pourtant […]. Un froid différent. Un vent. Un vent qui ne semblait pas venir du dehors, mais de l’intérieur. De l’intérieur de son être, des profondeurs de l’histoire, du cœur même de l’humanité. […]. » (p. 13). Vous voyez ce que je veux dire ? Je ne sais pas pour vous, mais, de mon côté, je sais que ce roman va me plaire !

L’observateur, c’est Arto Södersted, à la fois suédois et finlandais, officier supérieur de la police criminelle, membre du groupe Opcop qui signifie « Overt Police Cooperation, collaboration policière ouverte au sein d’Europol [mais] à la base, c’était l’abréviation d’Operating Cops » (p. 37).

Dans Message personnel, Europol fête ses 10 ans (le 1er juillet 2009 donc). L’agence européenne chargée de faciliter l’échange de renseignements entre les polices de l’Union européenne s’occupe de « toutes les formes de criminalité transfrontalières » (p. 32), c’est-à-dire la criminalité internationale, la pédophilie et la pédopornographie, le trafic de stupéfiants, le terrorisme, de façon semblable à « une police supranationale opérationnelle, […] la première pierre d’un FBI européen. » (p. 33) en quelque sorte.

C’est donc de ces crimes et d’autres que traite ce premier roman sur l’Opcop, capitalisme, crise financière, mafias, criminalité économique donc, mais aussi criminalité aux personnes (trafics humains, pornographie…), politique, écologie… Cependant « […] nous n’approchons pas du sommet. Où sont les gros durs ? – C’est la criminalité de notre époque, j’en ai peur, dit Paul Hjelm. Les décideurs ne sont jamais visibles. Nous nous battons contre des fantômes, des ombres. Contre quelque chose d’aussi diffus que l’air du temps. » (p. 283) et je crains qu’en dix ans, avec l’explosion d’Internet, les choses aient encore empiré…

« Soudain, la situation de la banque s’est à nouveau dégradée. Rien n’a été dit publiquement, mais je me doute que la rumeur qui court ne vient pas de nulle part. […] Pourquoi feindre d’être plus mal en point qu’en réalité ? Parce qu’on peut ainsi faire de l’argent, pardi ! […] les vingt pays les plus riches du monde se réuniront pour discuter de la crise financière et des mesures à prendre pour y remédier. Alors, quantité d’argent sera débloqué. […] Des sommes folles seront débloquées. Des milliards de dollars. Les montants les plus stupéfiants que le monde ait jamais vus changeront de propriétaire, passeront du Trésor public dans des poches privées, et personne ne protestera. Un énorme flot d’argent coulera des caisses publiques des États vers les banques d’affaires, les banques d’investissement et les banques de l’ombre du monde entier. […] à des banques négligentes et des banquiers irresponsables […]. » (p. 116). Je comprends mieux maintenant à quel « jeu » joue les banques et les financiers de tous poils et j’ai fait quelques recherches sur la banque Lehman Brothers citée dans le roman – mais pas dans cet extrait – et dont la faillite en 2008 a précipité la crise économique mondiale. Les États qui versent de l’argent public aux banques privées le font-ils pour éviter des crises économiques supplémentaires ou pour enrichir les financiers et assurer en contrepartie leurs arrières ? Nous, pauvres contribuables dépossédés de cet argent, ne le saurons sans doute jamais…

« L’époque est particulière […]. Le capitalisme aurait pu s’arrêter et songer à son image. On aurait pu se dire : ‘On a gagné, on a vraiment gagné partout sur la planète. Personne ne remet plus en doute le fait qu’une société fondée sur l’offre et la demande soit la meilleure qui soit. Si on évitait de pousser cette logique à l’extrême, on rallierait aussi à notre cause l’ensemble des populations de la planète. Il existe une face terrible du capitalisme, totalement inhumaine – on le sait et on veut éviter de la montrer. Comme ça nous entraînerons les gens avec nous.’ Au lieu de quoi, on a fait exactement l’inverse. Au lieu de quoi, le capitalisme a tout écrasé sur son passage, et il n’y survivra pas. Le monde va s’embraser, et je suis le premier à le déplorer. » (p. 274).

Ce polar/thriller entraîne le lecteur de La Haye à Londres, New York, l’Italie du Sud, Riga… pour une première enquête dangereuse et passionnante dans les arcanes bancaires et mafieuses. « C’est fou comme tout se tient… […]. Nous vivons maintenant dans un monde étrange. Personne n’échappe à l’économie mondialisée. Même quand on vit dans un petit village du Tibet. » (p. 390). Et j’ai très envie de lire les autres tomes de la série Opcop soit Prenons la place des morts (Actes Sud, 2017 et Babel noir, 2019), Jeu du loup (Actes Sud, 2019 et Babel noir, 2021), Le dernier couple qui sort (Actes Sud, 2021).

Quelques fautes. Page 30, « Un page de démarrage de moteur de recherche. ». Page 113, « chardons ardents », j’ai bien vérifié, on ne dit que « charbon(s) ardent(s) », par contre il existe un Festival les Chardons ardents en Bretagne mais qui n’a rien à voir avec le sens utilisé dans le roman ! Pages 261-262, « et c’est alors que déboule de chinois ». Page 393, « Le secret bancaire lui interdit de dire révéler lesquelles. ». C’est surprenant de la part d’Actes Sud…

J’ai lu ce premier tome pour Le Mois Nordique (décembre) et je lirai les tomes suivants. Je mets aussi cette lecture dans le Challenge nordique, Polar et thriller 2021-2022 et Voisins Voisines 2021 (Suède).

Futu.re de Dmitry Glukhovsky

Futu.re de Dmitry Glukhovsky.

L’Atalante, collection La dentelle du cygne, septembre 2015, 736 pages, 27,90 €, 978-2-84172-729-2. Je l’ai lu en poche : Le livre de poche, mars 2019, 960 pages, 10,40 €, ISBN 978-2-25382-010-9. Будущее (2013) est traduit du russe par Denis E. Savine.

Genres : littérature russe, science-fiction.

Dmitry Glukhovsky (Дмитрий Алексеевич Глуховский) naît le 12 juin 1979 à Moscou (Russie). Il étudie les relations internationales et travaille comme journaliste avant de se lancer dans l’écriture de romans de science-fiction. Il est aussi professeur à l’École du nouveau cinéma de Moscou fondée en décembre 2012. Ses autres romans : Métro 2033 (2005-2010), Métro 2034 (2009-2011), Métro 2035 (2015-2017), Sumerki (2007-2014), Texto (2017-2019) et un recueil de nouvelles : Nouvelles de la Mère Patrie (2010-2018), tous publiés chez L’Atalante. C’est un auteur que j’aime beaucoup [lire mon billet ici même si le replay de l’émission n’est plus disponible] et je l’admire car il est multilingue (il parle six langues).

Il y a un peu plus de 400 ans, les humains ont trouvé le vaccin contre la vieillesse et ont créé l’Immortalité. 2455. « L’Europe. Une grandiose gigapole qui couvre la moitié du continent, s’appuyant sur la terre et soutenant les cieux. » (p. 64).

Le lecteur suit particulièrement Matricule Sept-cent-dix-sept (qui se présente comme Nicolas, Jacob, Eugène ou Jan mais il me semble que Jan est son vrai prénom), un membre de la Phalange, un Immortel qui avec les membres de son maillon, fait respecter la loi du Choix.

Alors qu’il est au bain, un cadavre surgit ! Il essaie de ramener à la vie l’homme (ce qui lui vaudra d’être poursuivi) mais, autour de lui, les gens sont horrifiés. « Ils n’ont jamais été confrontés à la mort. […] La mort a été éradiquée voilà des siècles, on l’a vaincue […]. » (p. 48).

La loi du Choix. En Europe, l’Immortalité est pour tous alors un couple qui souhaite avoir un enfant doit le déclarer aux autorités et un des deux parents reçoit un accélérateur métabolique qui le fait vieillir et mourir en moins de dix ans. Pour les contrevenants, c’est accélérateur, de toute façon, et enlèvement de l’enfant (quel que soit son âge, deux mois, quatre ans) qui est placé dans un internat pour devenir à son tour un membre de la Phalange, un Immortel à condition qu’il réussisse toutes les épreuves. Le traitement est inhumain (vous découvrirez tout ça en lisant le roman et en découvrant ce qu’a vécu Jan et ses camarades).

Un jour, le sénateur Erich Schreyer contacte Jan pour une mission spéciale, éliminer un activiste, recherché depuis trente ans, Jesus Rocamora, numéro deux du Parti de la Vie qui est contre le Parti de l’Immortalité et la loi du Choix en vigueur en Europe.

Mais il existe d’autres gigapoles où la loi est différente. Il y a d’autres colonies humaines en Panamérique, en Indochine (j’imagine que c’est l’Asie du Sud Est), au Japon et ses colonies, dans les Territoires latinos, en Russie (voir l’extrait ci-dessous) et en Afrique soit un trillion de Terriens, « homo ultimus » (p. 67). Sans compter les Chinois qui ont stérilisé leur population depuis plus de deux cents ans et essaient de « nettoyer » les autres pays détruits par les guerres nucléaires pour s’approprier les territoires.

Extrait d’un documentaire sur la Russie. « Tu te rappelles sans doute que les citoyens russes n’ont jamais été vaccinés contre la mort. C’est d’ailleurs plutôt étrange, compte tenu du fait que ce vaccin a été créé ici. Plus grand monde ne se rappelle de ça de nos jours. Les Russes ont vendu leur vaccin à l’Europe et à la Panamérique, mais ils ne l’ont jamais inoculé à leur population. Ils ont déclaré que les gens n’étaient pas prêts, qu’il était soi-disant impossible de prévoir les effets tant secondaires qu’à long terme et qu’il fallait tout d’abord les vérifier sur un échantillon de volontaires. Ces derniers aussi devaient passer certaines sélections, et les identités de ceux qui avaient été retenus ont toujours été gardées secrètes. Les tests sur des cobayes humains, ce n’est jamais simple. Question d’éthique… Au début, le public s’intéressait à l’affaire, puis il s’est tourné vers autre chose. On a entendu dire que l’expérience n’avait pas pris la direction prévue et qu’il était trop tôt pour inoculer le vaccin à l’ensemble de la population… […] À cette époque la Russie était déjà un pays fermé. […] Le pays a massivement exporté le vaccin, mais les Russes vieillissaient et mouraient toujours. Presque tous. Une vingtaine d’années plus tard, certaines commencèrent à remarquer que les membres de l’élite politique et financière de la Russie, un cercle fermé de quelques milliers de personnes, non seulement ne mouraient pas, mais ne montraient aucun des signes classiques du vieillissement… […]. » (p. 203-205).

Extrait du discours de Mendez, président panaméricain. « Oui, l’immortalité a un prix chez nous. Oui, tout le monde ne peut pas se le permettre. C’est vrai. La Panamérique souffre, elle aussi, de la surpopulation. Mais notre pays n’est pas le pays de l’égalité absolue, il est le pays de l’égalité des chances. Chacun peut gagner suffisamment pour entrer dans les quotas. » (p. 614).

L’Immortalité, c’est terrifiant ! Quelle que soit la gigapole dans laquelle vous habitez car il n’y a plus ni végétation ni animaux, tout est artificiel et… superficiel. L’Europe (avec ses cent vingt milliards d’habitants, quelle horreur !) est peut-être un peu plus transparente et égalitaire que les autres gigapoles du monde mais il y a des zones que personne n’a envie de visiter dans les étages les plus bas (les tours font parfois mille étages) ou dans certaines villes comme Barcelone (devenue zone de non-droit, abandonnée à son triste sort).

Bref, Futu.re (avec un point comme un point de ruptu.re) est un roman surprenant et addictif qu’il n’est pas facile de résumer et je ne voulais pas trop vous en dire. Lisez-le tout simplement ! Il est violent, il est cash mais il indispensable tant au niveau philosophique que social et humain. Dmitry Glukhovsky est un auteur génial et je vous parlerai un de ces jours de Métro 2033 et Métro 2034 (hum, après relectures et ce sont aussi des pavés).

Une excellente lecture pour le Mois Europe de l’Est que je mets aussi dans Challenge lecture 2021 (catégorie 44, le plus gros livre de votre PàL, je ne pense pas lire plus gros cette année), Littérature de l’imaginaire #9 et Voisins Voisines 2021 (Russie).

Voisins Voisines 2021

L’info est tombée le 13 décembre, pour Voisins Voisines 2021. C’est super parce que j’aime beaucoup ce challenge. J’ai participé (avec ce blog) aux éditions de 2016 (7 pays en 8 lectures), de 2017 (6 pays en 9 lectures), de 2018 (13 pays en 21 lectures, record !), de 2019 (7 pays en 8 lectures, je suis dans ma moyenne) et de 2020 (12 pays en 34 lectures, record de 2018 explosé !).

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L’objectif est toujours de lire de la littérature européenne contemporaine (des romans, adultes, polars, jeunesse…, mais rien que des romans, publiés à partir de 1960), ceci du 1er janvier au 31 décembre 2021.

Les pays concernés sont les pays européens (au sens large, hors France) : Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kazakhstan, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord), Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine et Vatican.

Mes lectures pour ce challenge

1. Tous les péchés sont capitaux de Daria Desombre (Le Masque, 2019, Russie)

2. Le bureau du mariage idéal d’Allison Montclair + réflexion sur le cozy mystery (10/18, 2020, Angleterre)

3. L’attaque du Calcutta-Darjeeling d’Abir Mukherjee (Liana Levi, 2019, Angleterre, l’auteur est un Anglo-Indien né à Londres)

4. Futu.re de Dmitry Glukhovsky (Le livre de poche, 2019, Russie)

5. Metro 2033 de Dmitry Glukhovsky (L’Atalante, 2010, Russie)

6. Metro 2034 de Dmitry Glukhovsky (L’Atalante, 2011, Russie)

7. Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l’ouest par des chemins, à l’est par un cours d’eau de László Krasznahorkai (Cambourakis, 2010, Hongrie)

8. Le dernier loup de László Krasznahorkai (Cambourakis, 2019, Hongrie)

9. Patte de velours, œil de lynx de Maria Ernestam (Gaïa, 2015, Suède)

10. Une famille comme il faut de Rosa Ventrella (Pocket, 2020, Italie)

11. Sa Majesté mène l’enquête 1 – Bal tragique à Windsor de S.J. Bennett (Presses de la Cité, 2021, Angleterre)

12. Toto Ninja Chat et l’évasion du cobra royal de Dermot O’Leary (Gallimard, 2019, Angleterre)

13. Le Ladies Football Club de Stefano Massini (Globe, 2021, Italie)

14. La fleur perdue du chaman de K de Davide Morosinotto (L’école des loisirs, 2021, Italie)

15. Journal d’un jeune naturaliste de Dara McAnulty (Gaïa, 2021, Irlande du Nord)

16. Le Murder Club du jeudi de Richard Osman (JC Lattès, 2021, Angleterre)

17.  Mars violet d’Oana Lohan (Les éditions du Chemin de fer, 2021, Roumanie)

18. Bunker d’Andrea Maria Schenkel (Actes Sud, 2010, Allemagne)

19. Finsterau d’Andrea Maria Schenkel (Actes Sud, 2015, Allemagne)

20. Roman de l’au-delà de Matthias Politycki (Jacqueline Chambon, 2011, Allemagne)

21. Napoli mon amour d’Alessio Forgione (Denoël, 2021, Italie)

22. Message personnel (Opcop 1) d’Arne Dahl (Actes Sud, 2014, Suède)

Challenge Voisins Voisines 2020

Le challenge Voisins Voisines, c’est lire de la littérature européenne contemporaine (des romans, adultes, polars, jeunesse…, mais rien que des romans, publiés à partir de 1960).

J’ai participé (avec ce blog) aux éditions de 2016 (7 pays en 8 lectures), de 2017 (6 pays en 9 lectures), de 2018 (13 pays en 21 lectures, grand record !) et de 2019 (6 pays, voire 7, en 8 lectures, je suis dans ma moyenne).

Je suis ravie de participer à l’édition Voisins Voisines 2020 qui court du 1er janvier au 31 décembre 2020.

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Mes lectures européennes pour ce challenge

1. Acadie de Dave Hutchinson (Le Bélial, 2019, Angleterre, novella = court roman).

2. La voix des vagues de Jackie Copleton (Les Escales, 2016, Angleterre)

3. Dernier printemps à Paris de Jelena Bačić Alimpić (Serge Safran, 2019, Serbie)

4. Son espionne royale et le mystère bavarois de Rhys Bowen (tome 2) (Robert Laffont, 2019, Angleterre)

5. Sherlock Holmes et les ombres de Shadwell : les Dossiers Cthulhu 1 de James Lovegrove (Bragelonne, 2018, Angleterre)

6. Rendez-vous avec le crime de Julia Chapman (Robert Laffont, 2018, Angleterre)

7. Watership Down de Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture, 2016, Angleterre)

8. Sherlock, Lupin & moi, 1 – Le mystère de la dame en noir d’Irene Adler (Albin Michel, 2017, Italie)

9. Sherlock, Lupin & moi, 2 – Dernier acte à l’opéra d’Irene Adler (Albin Michel, 2017, Italie)

10. Sherlock, Lupin & moi, 3 – L’énigme de la rose écarlate d’Irene Adler (Albin Michel, 2017, Italie)

11. Son espionne royale et la partie de chasse de Rhys Bowen (Robert Laffont, 2020, Angleterre)

12. Le violoniste de Mechtild Borrmann (Le livre de poche, 2016, Allemagne)

13. Perdus en forêt de Helle Helle (Phébus, 2020, Danemark)

14. Sherlock Holmes et les monstruosités du Miskatonic : les Dossiers Cthulhu 2 de James Lovegrove (Bragelonne, 2019, Angleterre)

15. Ni poète ni animal d’Irina Teodorescu (Flammarion, 2019, Roumanie)

16. La princesse du Burundi de Kjell Eriksson (Gaïa, 2009, Suède)

17. L’ambre du Diable (Une aventure de Lucifer Box, 2) de Mark Gatiss (Bragelonne, 2016, Angleterre)

18. La goûteuse d’Hitler de Rosella Postorino (Le livre de poche, 2020, Italie)

19. Clara et la Pénombre de José Carlos Somoza (Babel noir, 2019, Espagne)

20. Devouchki de Victor Remizov (Belfond, 2019, Russie)

21. L’énigme de Saint-Olav (Melchior l’Apothicaire, 1) d’Indrek Hargla (Babel, 2014, Estonie)

22. Le froid d’Andreï Guelassimov (Actes Sud, 2019, Russie)

23. Wily Fox mène l’enquête, 1 – Une ombre au tableau d’Adam Frost (Thomas Jeunesse, 2017, Angleterre)

24. Wily Fox mène l’enquête, 2 – Un parfum de mystère d’Adam Frost (Thomas Jeunesse, 2017, Angleterre)

25. Un gars et son chien à la fin du monde de C.A. Fletcher (J’ai lu, 2020, Écosse)

26. Le bruit de la lumière de Katharina Hagena (Le Livre de poche, 2020, Allemagne)

27. Cuisine tatare et descendance d’Alina Bronsky (Actes Sud Babel, 2019, Allemagne)

28. Volia Volnaïa de Victor Remizov (Belfond, 2017, Russie)

29. Une histoire des abeilles de Maja Lunde (Pocket, 2018, Norvège)

30. Une république lumineuse d’Andrés Barba (Christian Bourgois, 2020, Espagne)

31. Smoke de Dan Vyleta (Le livre de poche, 2019, Allemagne)

32. Le bonhomme de neige de Jo Nesbø (Gallimard, 2008, Norvège)

33. Octobre de Søren Sveistrup (Le livre de poche, 2020, Danemark)

34. La cuillère de Dany Héricourt (Liana Levi, 2020, Angleterre)

Civilizations de Laurent Binet

Civilizations de Laurent Binet.

Grasset, août 2019, 384 pages, 22 €, ISBN 978-2-24681-309-5.

Genres : littérature française, science-fiction, uchronie.

Laurent Binet naît le 19 juillet 1972 à Paris. Agrégé de Lettres modernes, il fut professeur pendant dix ans avant de se lancer dans l’écriture au début des années 2000. Il a aussi été le chanteur du groupe rock Stalingrad. C’est la première fois que je lis cet auteur et j’ai très envie de lire son premier roman, HHhH paru en 2010 chez Grasset.

Freydis Eriksdottir, la fille d’Érik le Rouge, quitte la Norvège pour l’Islande puis continue à l’Ouest avec quelques hommes et du bétail à bord d’un knörr qui arrive au Groenland puis qui fait cap toujours plus au sud. « Freydis était enceinte et avait un mauvais caractère. » (p. 13). Les Vikings accostent au Pays de l’Aurore puis à Cuba : ils ne savent pas qu’ils vont changer le monde ! À chaque fois, ils rencontrent les peuples qu’ils appellent les Skraelings, il échangent (le maïs pour les uns, le fer pour les autres, entre autres) mais les populations locales tombent malades et le knörr repart encore plus au sud. Jusqu’à Chichen Itza où Freydis perd son mari, Thorvard. Puis jusqu’au Panama. « Puis il arriva qu’un Skraeling frappé de fièvre survécut et se rétablit. Il fut suivi d’un autre et peu à peu le mal apporté par les étrangers perdit de sa force. Alors les Groenlandais surent qu’ils étaient arrivés au terme de leur voyage. » (p. 31).

Suivent des fragments du journal de Christophe Colomb qui, à cause du passé modifié des Skraelings, ne vit pas ce qu’il aurait dû vivre ! « De retour à la nef, je fus reçu par un Indien que les autres appelaient cacique et que je tiens pour le gouverneur de cette province […]. Le cacique m’invita à prendre place sous le château de poupe pour dîner. […] On me servit des mets de leur confection, comme si j’étais leur invité sur mon propre vaisseau. » (p. 49-50).

Une guerre éclate entre les deux fils de Huayna Capac : Huascar (roi de Cuzco) et son demi-frère Atahualpa (roi de Quito). « D’autres, se remémorant les vieilles histoires concernant la Reine rouge, fille du Tonnerre, envoyée du Soleil, levèrent les bras respectueusement. » (p. 85). Atahualpa décide de fuir… à l’est ! Que trouvera-t-il ? Il ne le sait pas mais c’est le début d’un périple dangereux à Cuba, Haïti, la Jamaïque jusqu’à Lisbonne ! Higuénamota qui a connu Christophe Colomb lorsqu’elle était enfant embarque sur un des trois bateaux et devient la maîtresse d’Atahualpa. Ils arrivent dans ce qui est pour eux le Nouveau Monde ! « Ils débarquèrent » (p. 98). Mais Lisbonne vient d’être détruite par un tremblement de terre puis un raz-de-marée et la peste fait rage…

Je réduis ma note de lecture sinon il y aura une page supplémentaire ! Je note simplement quelques infos : la religion du « dieu cloué », le « breuvage noir teinté de rouge » (p. 119). « Ce fut […] l’un des premiers échanges culturels entre Quiténiens et habitants du Nouveau Monde. Au reste, le breuvage noir de Tolède n’était pas moins savoureux que celui de Lisbonne. » (p. 119).

Civilazations est une remarquable fresque dans laquelle le destin de l’Amérique du Sud et de l’Europe est totalement changé, voire inversé. En effet, l’éditeur nous dit que « Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux Conquistadors. Donnez-leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l’histoire du monde est à refaire » ! Freydis Eriksdottir et ses hommes aux cheveux rouges ont apporté ces trois choses et toute l’histoire du monde est modifiée ! Du Portugal à l’Empire germanique en passant par l’Espagne, l’Italie, la France, l’Europe sera tout autre pour le plus grand plaisir des lecteurs ! « Atahualpa découvrait, fasciné, l’histoire enchevêtrée des rois locaux. » (p. 136). L’Europe va-t-elle abandonner le culte du « dieu cloué » pour l’adoration du Soleil et devenir le Cinquième Quartier ? (il y a quatre Quartiers dans le monde d’Atahualpa et Huascar). C’est que les hommes (et femmes) qui accompagnent Atahualpa ne sont que 200 mais ils vont trouver de l’aide parmi les rejetés et les persécutés, les Juifs, les Morisques (mahométans), les Luthériens… « Votre monde ne sera plus jamais le même. » (p. 176).

Civilizations est un roman abouti, vraiment complet : il y a de l’aventure avec un grand A, un journal (celui de Christophe Colomb), de l’épistolaire (entre Thomas More à Chelsea et Érasme de Rotterdam à Fribourg) ; plus surprenant, il y a même des listes ! Comme celle avec les 95 thèses du Soleil (p. 263-272) dont la 89 : « L’Inca incarne la Loi nouvelle et l’Esprit nouveau. » (p. 272). De plus, le vin y a une grande importance, peut-être parce qu’il symbolise le sang et donc la vie, ou tout simplement parce que Atahualpa a aimé ce breuvage qui le changeait du cacao !

Bien que publié en littérature générale (ou « littérature blanche »), Civilizations est pourtant bien un roman de science-fiction, une incroyable uchronie, intelligente et inventive, qui a reçu le Grand Prix de l’Académie française et c’est mérité ! Je vous le conseille vivement, même si vous n’aimez pas la science-fiction, lisez-le comme un roman historique différent car les détails sont réels et les personnages aussi (Pizzaro, Michelangelo, Machiavel, le roi Charles d’Espagne, Charles Quint, etc.). Laurent Binet apporte une analyse différente de l’Histoire européenne, de la religion, du pouvoir de l’Église et des rois. Et c’est réjouissant. À noter que le titre du roman est inspiré du jeu vidéo de stratégie Civilization créé au début des années 90.

Une excellente lecture que je mets dans les challenges 1 % Rentrée littéraire 2019 et Littérature de l’imaginaire #7.

Challenge Voisins Voisines 2019

[Je crains d’avoir oublié de publier ce billet en janvier ou février… Vu l’état dans lequel j’étais…]

Lire de la littérature étrangère, ici en l’occurrence européenne, est toujours enrichissant. J’ai participé à ce challenge, avec ce blog, en 2016 (7 pays en 8 lectures), en 2017 (6 pays en 9 lectures) et en 2018 (13 pays en 21 lectures, j’ai éclaté mon score !) alors je suis ravie qu’il revienne pour une nouvelle édition ! Le challenge Voisins Voisines 2019 dure du 1er janvier au 31 décembre 2019 et l’objectif est toujours de lire des romans (littérature générale, jeunesse, policiers…) contemporains (publiés à partir de 1960). Infos, logo et inscription sur À propos de livres plus le billet récapitulatif.

Mes lectures européennes pour ce challenge

1. L’affaire Mayerling de Bernard Quiriny (Belgique, Rivages, janvier 2018) 🙂

2. Hamish Macbeth, 1 – Qui prend la mouche de M.C. Beaton (Écosse / Angleterre, Albin Michel, avril 2019)

3. Hamish Macbeth 2 – Qui va à la chasse de M.C. Beaton (Écosse / Angleterre, Albin Michel, avril 2019)

4. West de Carys Davies (Galloise qui a grandi en Angleterre, Seuil, janvier 2019) ❤

5. Le testament d’Erich Zann, suivi de La fille de Valdemar de Brian Stableford (Angleterre, Les Moutons électriques, mars 2019) 🙂

6. Son espionne royale mène l’enquête de Rhys Bowen (Angleterre, Robert Laffont, juin 2019) 🙂

7. La dame au petit chien arabe de Dana Grigorcea (Roumanie/Suisse, Albin Michel, août 2019) 🙂

8. Les liens de Domenico Starnone (Italie, Fayard, août 2019) 🙂

Challenge Voisins Voisines 2018

Ce challenge, je l’aime bien, j’ai participé en 2016 (7 pays en 8 lectures) et en 2017 (6 pays en 9 lectures) alors je rempile pour Voisins Voisines 2018. Infos, nouveau logo et inscription sur À propos de livres plus le billet récapitulatif.

Je remets la liste des pays d’Europe (nos « Voisins Voisines ») : Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kazakhstan, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Irlande du Nord, Pays de Galles), Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine et Vatican.

L’objectif est toujours de lire de la littérature européenne contemporaine (hors France). Les livres qui entrent dans ce challenge sont les romans (adulte, jeunesse, policiers…) parus de 1960 à nos jours, que leurs auteurs soient encore vivants ou non (et pas de langue originale, que des romans traduits en français).

Mes lectures européennes

1. L’Archipel des Solovki de Zakhar Prilepine (Russie)

2. Les enfants de cendres de Kristina Ohlsson (Suède)

3. Sanglant hiver de Hildur Knútsdóttir (Islande)

4. L’analphabète d’Agota Kristof (Hongrie)

5. Nos mères d’Antoine Wauters (Belgique)

6. Là-bas, août est un mois d’automne de Bruno Pellegrino (Suisse)

7. Ce qui n’est pas écrit de Rafael Reig (Espagne)

8. Le diable de la Tamise d’Annelie Wendeberg (Allemagne mais l’action se déroule en Angleterre)

9. La dernière expérience d’Annelie Wendeberg (Allemagne mais l’action se déroule en Angleterre)

10. Le Club Vesuvius (Une aventure de Lucifer Box, 1) de Mark Gatiss (Angleterre et une partie de l’action se déroule en Italie)

11. La malédiction de la Maison Foskett (Les enquêtes de Middleton & Grice, 2) de M.R.C. Kasasian (Angleterre)

12. Une rose et un balai de Michel Simonet (Suisse)

13. Nous d’Evgueni Zamiatine (Russie)

14. À la poursuite de l’Atlantide (une aventure de Wilde et Chase, 1) d’Andy McDermott (Angleterre)

15. Cox ou la course du temps de Christoph Ransmayr (Autriche)

16. Le printemps des barbares de Jonas Lüscher (Suisse / Allemagne)

17. Le tombeau d’Hercule (une aventure de Wilde et Chase, 2) d’Andy McDermott (Angleterre)

18. Viens, mon beau chat de Gaia Guasti (Italie)

19. La vraie vie d’Adeline Dieudonné (Belgique)

20. Manuel de survie à l’usage des jeunes filles de Mick Kitson (Écosse)

21. Pêche d’Emma Glass (Pays de Galles)

Bilan : je suis ravie, j’ai « éclaté » le score des deux années précédentes. Je rempile pour 2019 en espérant faire aussi bien 🙂