The Sound of my Soul 1 de Rin Saitô.
Akata, septembre 2022, 176 pages, 6,99 €, ISBN 978-2-38212-407-5. Suisho no hibiki vol.1 (2019) est traduit du japonais par Alexandre Goy.
Genres : manga, shôjo.
Rin Saitô 斉藤 倫 naît un 2 mai dans la préfecture d’Aichi au Japon et elle vit à Tokyo où elle est mangaka depuis 1981 (ses œuvres sont prépubliées dans le magazine Margaret et publiées chez Shûeisha). Plus d’infos sur sa page FB et sur son compte twitter.
Ce manga est « un récit fictionnel basé sur la vie de Mizuki Shikimachi, un véritable violoniste en chair et en os » qui joue depuis l’âge de 4 ans et que la mangaka a rencontré sur scène lorsqu’il avait 16 ans.
« Mon cerveau est spécial. Il a quelque chose bien à lui. Il m’a été transmis par ma mère… un don, obtenu d’une force supérieure bienveillante. Je peux changer tout ce qui existe en ce monde… grâce à la musique. Les vibrations émises par les cordes du violon résonnent dans mon âme. Je les chéris comme un trésor… avant des les laisser se répandre dans le cœur de mon audience. ».
En participant à une audition, Mizuki a reçu des membres du jury 422 points, « le plus haut score jamais atteint » par un enfant, mais rebutés par son handicap, une paralysie cérébrale, ils attribuent le prix à la candidate arrivée deuxième, une fillette de huit ans, qui a plus de chance d’avoir « une bonne condition physique » pour réussir comme grand talent de demain…
La mère de Mizuki, Keiko Shikimachi, est mécontente mais son meilleur ami, Natsuki, le soutient car, bien que malentendant, sa musique le touche au cœur. Mizuki et Natsuki se sont rencontrés un an auparavant dans une classe spécialisée, Le ciel azuré, alors que Natsuki dansait.
Mizuki a attisé la curiosité du célèbre violoniste et professeur Toshihiro Nakayoshi qui normalement ne prend plus d’élève mais qui décide de se déplacer chez lui. « M. Nakayoshi m’écoute parler… sans même chercher à m’interrompre. – Si tu tiens à toucher un maximum de personnes, le classique fera très bien l’affaire. Pourquoi m’avoir sollicité ? – Parce que… pour la première fois, je me suis dit ‘Je veux ressembler à ce violoniste !’ – Tu veux devenir comme moi ? – Oui. Je veux apprendre à faire vibrer l’air environnant avec mon corps tout entier. » Contrairement à ce que Mizuki pensait, le professeur Nakayoshi lui apprend le rythme et le tempo.
Quant à son arrivée au collège, ça ne se passe pas très bien, les élèves le surnommant « le handicapé »… mais Mizuki – qui a maintenant 11 ans – préfère ne rien dire à sa mère. Il se montre même motivé et enjoué mais tiendra-t-il le coup ?
En fin de volume, il y a une histoire genre préquelle (écrite et dessinée en 2018) sur les débuts de Mizuki, un récit documentaire intitulé The Sound of Crystal. Un beau récit qui raconte l’accouchement prématuré, le choix du prénom Mizuki « avec les caractères du cristal de roche, une pierre solide et brillante », la défection du père, Nao, en apprenant que son fils aurait un handicap, les grands-parents maternels qui s’occupent du nourrisson pendant que sa mère travaille et qui sont témoins de son don : l’oreille musicale, les premiers problèmes et l’arrivée du handicap à l’âge de 3 ans, sa mère qui s’est toujours battue pour lui : « Ça va aller… Il est encore tout à fait capable de se déplacer. Il mange bien… parle tout le temps… et rit beaucoup… Tout se passera bien. » et enfin la découverte du violon. « Mais… par la suite, de nouvelles maladies sont apparues, avec leur lot de difficultés. » C’est très beau et inspirant parce que peu de personnes – valides ou handicapées – ont l’envie et la force de se battre comme ça !
Ce manga est pour tous les lecteurs, il montre les difficultés du handicap et l’incompréhension voire la méchanceté des ‘valides’ qui réagissent par du ‘validisme’. Il permet aux lecteurs de relativiser et de mieux comprendre, et ce message n’est pas de trop parce que, trop souvent, l’empathie et la sympathie sont remplacées par la moquerie. J’ai hâte de lire la suite mais, en attendant, j’ai fait quelques recherches.
Définition Wikipédia : « Le capacitisme ou validisme est une oppression pouvant prendre la forme de discrimination, de préjugé ou de traitement défavorable contre les personnes vivant un handicap (paraplégie, tétraplégie, amputation, malformation mais aussi dyspraxie, schizophrénie, troubles psychiques, autisme, trisomie, etc.). Le système de valeurs capacitiste, fortement influencé par le domaine de la médecine, place la personne valide, sans handicap, comme la norme sociale. Les personnes non conformes à cette norme doivent, ou tenter de s’y conformer, ou se trouver en une situation inférieure, moralement et matériellement, aux personnes valides. Dans ce système de valeurs et de pouvoir, le handicap est ainsi perçu comme une erreur, un manque ou un échec et non comme une conséquence des événements de la vie ou de la diversité au sein de l’humanité. La Convention relative aux droits des personnes handicapées définit l’absence d’accommodement raisonnable en faveur de personnes non valides comme une discrimination fondée sur le handicap. »
Mizuki Shikimachi 式町水晶 naît en octobre 1996 à Asahikawa sur l’île de Hokkaido mais il grandit à Kawaguchi dans la préfecture de Saitama (chez ses grands-parents maternels). Malgré son handicap, il devient un célèbre violoniste : il joue le 5 septembre 2021 à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Tôkyô 2020, reportés en 2021. Il passe plusieurs fois à la télévision et enregistre 3 albums. Plus d’infos sur son site officiel (peu de choses), son instagram, son twitter et quelques titres à écouter sur Soundcloud. Et ci-dessous deux vidéos sur King Records.
Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Noukette) et les challenges BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 2, une BD ou un manga), Challenge lecture 2023 (catégorie 37, le titre ne comporte pas la lettre A mais il aurait pu aller dans la catégorie 54), Jeunesse & young adult #12, Un genre par mois (en janvier, ‘bulles’, BD, manga…).