L’œuf de cristal de H.G. Wells

L’œuf de cristal de H.G. Wells.

Mercure de France, 1899, 35 pages (lecture numérique). The Crystal Egg (1897) est traduit de l’anglais par Henry-D. Davray.

Genres : littérature anglaise, nouvelle, fantastique, science-fiction.

Herbert George Wells, plus connu sous son nom de plume H. G. Wells, naît le 21 septembre 1866 à Bromley dans le Kent (Angleterre). Son père est jardinier puis commerçant (porcelaines, articles de sport) et joueur de cricket professionnel. Il découvre la lecture dès l’enfance et est placé en apprentissage (chez un marchand de tissus, ce qui ne lui plaît pas), heureusement il peut ensuite étudier les Sciences à Londres, en particulier la biologie, la physique, la géologie et la zoologie (il participe à la création de la Royal College of Science Association et en devient même le premier président en 1909). Il s’intéresse à une société meilleure, au socialisme, fréquente William Morris (dont j’ai lu La source au bout du monde) et Jerome K. Jerome, enseigne au Pays de Galles puis à Londres et rencontre Maxim Gorki en Russie. Après un livre scolaire de biologie et des articles humoristiques dans des revues, il commence à écrire de la fiction. Très connu pour ses romans et ses nouvelles de science-fiction (il est considéré comme le père de la SF contemporaine), il est aussi essayiste (œuvres politiques, sociales, historiques et de vulgarisation scientifique), dessinateur et concepteur de jeux. Il meurt le 13 août 1946 à Londres laissant une œuvre conséquente, La machine à explorer le temps (The Time Machine, 1895), L’île du docteur Moreau (The Island of Doctor Moreau, 1896), L’homme invisible (The Invisible Man, 1897), La guerre des mondes (The War of the Worlds, 1898), Quand le dormeur s’éveillera (When the Sleeper wakes, 1899), Les premiers hommes dans la Lune (The First Men in the Moon, 1901), La guerre dans les airs (The War in the Air, 1908) et tant d’autres.

Dans le quartier des Sept Cadrans, une petite boutique, C. Cave, naturaliste et marchand d’antiquités. En vitrine, des objets hétéroclites voire surprenants et « une masse de cristal façonnée en forme d’œuf et merveilleusement polie. Cet œuf, deux personnes arrêtées devant la vitrine l’examinaient : l’une, un clergyman grand et maigre ; l’autre, un jeune homme à la barbe très noire, au teint basané et de mise discrète. Le jeune homme basané parlait en gesticulant avec vivacité et semblait fort désireux de voir son compagnon acheter l’article. » (p. 2).

Monsieur Cave vend cet œuf cinq guinées mais il n’est plus en vente car un acheteur venu dans la matinée l’aurait déjà retenu. Mécontents, madame Cave, le beau-fils et la belle-fille de monsieur Cave veulent absolument vendre l’œuf et profiter de l’argent mais l’œuf a disparu et « la discussion se changea en une pénible scène » (p. 9).

Mais ne restons pas dans le mensonge, monsieur Cave a simplement confié l’œuf « à la garde de M. Jacoby Wace, aide-préparateur à St Catherine’s Hospital, Westbourne Street » (p. 10), un ami qui connaissant madame Cave a accepté de « donner asile à l’œuf » (p. 11).

Mais qu’a donc cet œuf de spécial ? Pourquoi exerce-t-il une telle fascination ?

L’œuf aurait dû être à l’abri mais Jacoby Wace reste un « jeune savant investigateur » (p. 19) et ne peut s’empêcher d’étudier l’objet et sa phosphorescence…

The Crystal Egg parut d’abord dans New Review en mai 1897 puis dans le recueil Tales of Space and Time avant d’être traduit en français en 1899, puis publié dans le pulp américain Amazing Stories en mai 1926. Dans cette nouvelle, H.G. Wells brosse un portrait dramatique de la famille Cave et traite des prémices de l’infiniment petit que l’humain ne connaît pas encore. Le lecteur est ici dans le merveilleux (britannique) de la fin du XIXe siècle, à la limite entre fantastique et science-fiction voire fantasy avec des descriptions surprenantes et imagées qui amènent à réfléchir. Un an après, l’auteur écrit La guerre des mondes et fait venir les Marsiens (nom d’époque) sur Terre.

Vous pouvez lire L’œuf de cristal dans Les chefs-d’œuvre de H.G. Wells (Omnibus SF, 2007) ou librement en numérique, par exemple sur Bibliothèque numérique romande (BNR) ou Wikisource (français) ou l’écouter en audio sur LittératureAudio.com ou même le lire en anglais sur ce Wikisource.

Si j’ai choisi de lire une nouvelle de H.G. Wells, c’est pour honorer à la fois Les classiques c’est fantastique (en mai, tour d’Europe, avec donc ici l’Angleterre), La bonne nouvelle du lundi (ça fait longtemps !) et le nouveau challenge H.G. Wells mais cette lecture entre aussi dans 2022 en classiques, Littérature de l’imaginaire #10 et Les textes courts.

À noter que The Crystal Egg fut adapté en 1951 par Charles S. Dubin (1919-2011) pour la série télévisée américaine Tales of Tomorrow (saison 1, épisode 9, en NB, 24 minutes) donc je mets cette œuvre dans Les adaptations littéraires. Et vous pouvez visionner l’épisode ci-dessous.

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Ma liseuse Diva-HD de Bookeen

Une nouvelle liseuse ? Je suis tentée depuis quelques mois. J’en ai récemment parlé ici et ici. Et je vous remercie pour vos encouragements et vos avis éclairés.

Petit historique. Comme je le disais dans Ma liseuse Kobo aura H20 fin août 2017, je préfère le livre papier au numérique mais j’ai ‘toujours’ lu des pdf sur mon ordinateur puis sur la Samsung Galaxy Tab (achetée au printemps 2012). Donc, envie d’une liseuse ? Oui, j’y pensais mais je ne me lançais pas et puis j’ai vu les nouveaux modèles arriver pour les 10 ans de la liseuse et j’ai acheté une Kobo en août 2017 mais je m’en suis malheureusement peu servie avant que la batterie ne lâche…

Pour les mêmes raisons que j’avais choisi la Kobo à ce moment-là, j’ai choisi (après plusieurs études de comparatifs depuis quelques semaines) la Diva-HD de Bookeen et je vous dis pourquoi.

Très bonne qualité (française) et rapport qualité-prix : 139,99 €, excellent ! Même si j’ai payé presque 12 € de frais d’envoi (mais ce qui m’a évité de ‘courir’ plusieurs magasins dans lesquels je ne suis toujours pas cliente parce qu’ils sont éloignés et donc peu accessibles pour moi qui suis tributaire des bus). Liseuse commandée lundi soir et arrivée dans ma boîte aux lettres aujourd’hui mercredi (carton en très bon état et boîte bien protégée à l’intérieur), elle est pas belle la vie ?!

Quelques chiffres : largeur de 12,1 cm, hauteur de 15,5 cm, épaisseur de 1,1 cm, poids de 240 gr, écran HD 300 dpi avec encre e-ink HD (qualité Carta+) et 16 niveaux de gris.

La liseuse est jolie et légère, la prise en main est très agréable ; la coque en silicone est douce au toucher ; son seul défaut, c’est blanc et j’aurais préféré noir (mais je vais m’en remettre !).

Un peu de technique. Le microprocesseur est rapide et puissant, l’écran est haute définition (HD) avec une résolution de 1448 x 1072 px, l’éclairage est modulable (20 niveaux d’intensité, protection contre la lumière bleue, mode anti-reflets, mode nuit…), le stockage est important (16 go soit dans les 15000 livres, beaucoup de liseuses sont à 8 go) et tous les formats peuvent être lus (sauf les formats propriétaires comme celui des liseuses Kindle mais je n’en ai pas besoin). Il y a un câble usb pour la recharger mais j’ai lu que l’autonomie était importante.

La liseuse s’allume facilement et rapidement. J’ai pu la connecter au wifi sans problème (la mise à jour s’est bien effectuée), la paramétrer (langue française, date, heure…) et la synchroniser avec mon compte Adobe (que je n’ai pas utilisé depuis des années mais, d’après ce que j’ai compris, c’était indispensable) et avec mon compte ouvert sur la boutique Bookeen lors de la commande sur l’ordinateur (les livres téléchargés se sont bien installés dans ‘Ma bibliothèque’ ainsi que des titres offerts).

Je n’ai pas encore tout testé et je n’ai pour l’instant pas acheté de couverture magnétique (je ne pense pas en avoir l’utilité) mais j’ai cliqué pour suivre la page FB de Bookeen et je vais suivre aussi le blog Bookeen. Je suis très contente et je vous tiendrai au courant de l’évolution de mon utilisation, mes découvertes, autonomie, etc.

Alors, que pensez-vous de cette Diva-HD ?

La civilisation du poisson rouge de Bruno Patino

La civilisation du poisson rouge : petit traité sur le marché de l’attention de Bruno Patino.

Grasset, avril 2019, 184 pages, 17 €, ISBN 978-2-24681-929-5.

Genres : littérature française, essai.

Bruno Patino naît le 8 mars 1965 à Courbevoie (région parisienne). Il est journaliste, directeur éditorial et écrivain, spécialisé dans les médias et le numérique. Du même auteur : Pinochet s’en va (IHEAL, 2000), Une presse sans Gutenberg (Grasset, 2005), La condition numérique (Grasset, 2013), Télévisions (Grasset, 2016).

Avant de lire Éloquence de la sardine : incroyables histoires du monde sous-marin de Bill François, j’avais lu cette autre histoire de poisson sur un thème totalement différent : l’informatique et le numérique.

Le poisson rouge est un « animal stupide, qui tourne sans fin dans son bocal » (p. 13) – je pense que Bill François aurait des choses à dire à ce sujet – et son attention est de 8 secondes. Pauvre poisson rouge enfermé par des humains dans un bocal trop petit pour lui… L’attention des humains, en particulier celle de la génération Millenials, « ceux qui sont nés avec la connexion permanente » (p. 14) est de 9 secondes… « Ces 9 secondes sont le sujet de ce livre » dans lequel l’auteur parle de « servitude numérique volontaire » (p. 16), de « nomophobie » (pour NO MObile phone PHObia), de « phnubbing » (pour phone snubbing) (p. 23-24) et de FOMO (pour Fear Of Missing Out) c’est-à-dire « la crainte d’être exclu par l’ignorance » (p. 63). Pauvres de nous…

J’ai apprécié ce passage sur la lecture. « La lecture, celle qui prend du temps, qui égare le lecteur dans ses pages manquantes, déploie ses univers intimes et prodigieux, n’est pas épargnée par la quête de l’attention. Le livre, comme activité économique, résiste. Mais le temps consacré à la lecture par les plus jeunes s’effondre. Malgré le raccourcissement des chapitres, et l’introduction dans la littérature adolescente, des cliffhangers venus de la série télévisée. Notre vie culturelle et intellectuelle est devenue stroboscopique. » (p. 88).

Tout est traité dans cet essai littéraire complet et documenté. Algorithmes, infox (fake, fausse info), réseaux sociaux, médias, IA (intelligence artificielle), transhumanisme, etc., ceci avec de nombreuses références historiques, littéraires et même issues de la pop culture (musique, films, séries). Tout est clair, compréhensible, expliqué et argumenté, et donc même des « nuls » peuvent aisément tout comprendre (loin de moi l’idée de dire que nous sommes ou que vous êtes des nuls, c’est simplement un clin d’œil à la collection « … pour les nuls » qui offre aux… nuls l’occasion de savoir et comprendre, tout comme ce livre).

Ce qu’il y a de mieux encore dans ce livre, c’est que l’auteur apporte des solutions à ces problèmes d’intenses connexions et d’hégémonie des grosses boîtes : d’abord pour guérir (projet de société) et ensuite pour combattre (projet politique). Pour cela, il « propose quatre combats et quatre ordonnances » (p. 153) qui, à mon avis, valent le coup (mais je ne suis pas une spécialiste).

J’ai noté l’addendum. « Selon l’Association française du poisson rouge (elle existe), le poisson rouge est fait pour vivre « en bande », entre 20 et 30 ans, et peut atteindre 20 centimètres. Le bocal a atrophié l’espèce, en a accéléré la mortalité et détruit la sociabilité. » (p. 167). C’est bien ce que je disais, pauvre poisson rouge…

Pour conclure, je dirais que, comme l’auteur, je souhaite « un univers numérique de qualité, de partage, d’information, de savoir et de culture, y compris sur les grandes plates-formes sociales. » (p. 180).

Avez-vous envie de lire cet essai ? Je le mets dans Animaux du monde (pour le poisson rouge bien sûr). Et j’en profite pour partager deux images utiles.

L’homme nu de Marc Dugain et Christophe Labbé

L’homme nu : la dictature invisible du numérique de Marc Dugain et Christophe Labbé.

Coédition Robert Laffont & Plon, avril 2016, 200 pages, 17,90 €, ISBN 978-2-259-22779-7.

Genre : essai.

Marc Dugain, né le 3 mai 1957 au Sénégal, est un célèbre romancier et metteur en scène (théâtre) français. Il a reçu quelques Prix littéraires et plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma, le plus connu étant La chambre des officiers.

Christophe Labbé est journaliste d’investigation au magazine hebdomadaire Le Point.

« La collecte et le traitement de données de tout type vont conditionner le siècle qui vient. Jamais dans l’histoire de l’humanité nous n’aurons eu accès à une telle production d’informations. […] Cette révolution numérique ne se contente pas de modeler notre mode de vie vers plus d’information, plus de vitesse de connexion, elle nous dirige vers un état de docilité, de servitude volontaire, de transparence, dont le résultat final est la disparition de la vie privée et un renoncement irréversible à notre liberté. […] » (p. 7, introduction).

Pourquoi, comment ? C’est ce qu’expliquent les deux auteurs dans seize chapitres explicites, argumentés, tous plus intéressants les uns que les autres. Toile numérique, téléphonie mobile, données collectées, big data, influences sur la santé et sur la vie privée, super-mondialisation… Vous saurez et comprendrez tout facilement dans cet Homme nu(mérique) vraiment abordable (mais un peu effrayant) !

Les objectifs de ces big data – les quatre plus importants sont Google, Apple, Facebook et Amazon surnommés GAFA ou « sociétés du 7e continent » – (p. 23) ? Gagner de l’argent, beaucoup d’argent ! « tout savoir sur tout » (p. 8) même si ça ne leur est pas utile tout de suite mais enregistrer, analyser, prévoir… Qu’il n’y ait plus du tout de conflits qu’ils soient personnels, professionnels, politiques, religieux… (cf. p. 181). Et pourquoi pas allonger la durée de la vie et trouver l’éternité ? (pas pour tous, pour une poignée de gens immensément riches évidemment et qui vivront dans des îlots protégés) : « vaincre le fléau originel » (p. 10) et « euthanasier la mort » comme l’a déclaré Larry Page, cofondateur de Google en juillet 2014 (p. 136).

Quels sont les risques ? L’humain sera nu devant tous ces collecteurs d’infos (big data, services de renseignements, commerces, industries…), il perdra son identité, sa vie privée, son intimité, ses données personnelles, professionnelles, médicales…

Bien sûr, il y a (et il y aura) des effets positifs ! Les connaissances, la communication, la santé, la sécurité… C’est d’ailleurs bien sûr ce qui est mis en avant par-dessus tout !

Il y a déjà des symptômes : perte des « sécrétions purement humaines » (p. 37) c’est-à-dire les émotions (véritables), l’imprévisibilité et surtout l’authenticité (« une valeur essentielle chez les Grecs anciens », p. 37), perte de la solidarité, individualisme, isolement, « psychopathologies » (p. 43), perte de la liberté individuelle (de façon pernicieuse), « forme de gouvernement mondial non élu » (p. 58), etc. Mais en tenons-nous compte ?

Certains big data sont carrément dans l’illégalité et réalisent des marchés de dupes comme par exemple des contrats entre la presse américaine et européenne directement avec les gouvernements (un patron de presse richissime est-il similaire à un président élu et peut-il signer d’égal à égal avec le représentant d’un pays ? Bien sûr que non, il lui est… supérieur !), pratiquent la censure et veulent en fait virer les États – et la démocratie – car ils les considèrent comme obsolètes et empêchant le progrès…

Quelques extraits que je voulais conserver

« Jamais, dans l’histoire de l’humanité, un aussi petit nombre d’individus aura concentré autant de pouvoirs et de richesses. » (p. 24).

« Nos données numériques ne nous appartiennent pas, nous en sommes dépouillés, les maîtres de l’industrie de la Tech se les arrogent gratuitement. C’est une partie de nous-mêmes qui nous est volée, notre empreinte numérique. Les big data ont construit leur puissance au détriment des individus. » (p. 26-27).

« L’information est infinie, et c’est ainsi que la conçoivent les big data. » (p. 63).

« La dernière chose que souhaitent les entrepreneurs du Net est d’encourager la lecture lente, oisive, ou concentrée. […] Le lecteur numérique est le prolongement de l’individu hyperconnecté qui, comme une abeille devenue folle, se livre à un butinage compulsif, sautant constamment d’un sujet à un autre. La pensée s’émiette, la réflexion se fait par spasmes. » (p. 102-103). Ce passage où les auteurs expliquent que le cerveau fonctionne différemment – et moins bien – lorsqu’on lit numérique plutôt que papier m’a découragée d’acheter une liseuse…

J’ai bien aimé l’allégorie de la caverne : réf. Platon, in La République il y a… 2500 ans ! (3e chapitre intitulé La prophétie de Platon, p. 33-44) et le parallèle avec l’hybris, le crime suprême chez les Grecs anciens (11e chapitre, intitulé Les maîtres du temps, p. 133-146).

Alors, des solutions pour lutter contre ces big data qui espionnent tout et tous ? Les auteurs en donnent dans l’avant-dernier chapitre intitulé Le retour d’Ulysse (p. 183-192) en particulier avec les hackers – attention, les hackers citoyens, les lanceurs d’alerte (pas les crackers, « sortes de hooligans du numérique » ou les phreakers ou carders, « animés par le goût du lucre », p. 185), les Anonymous, les logiciels libres, les outils d’anonymat (peu finalement…).

Intellectuellement, je comprends très bien tout ce qu’expliquent les auteurs mais… que faire ? Ne plus passer de coups de fil, ne plus envoyer de sms et de mails, ne plus consulter Internet, fuir les réseaux sociaux et les blogs ? Bien sûr, toutes ces explications font peur… mais tout cela est tellement fascinant aussi ! Transhumanisme, robotique, biogénétique, nanotechnologie, neurosciences… Alors, oui, avec ce blog, et FB, entre autres, j’externalise ma mémoire (une partie de ma mémoire seulement !) mais c’est autant pour la garder (avant, c’était sur des feuilles de papier rangées dans des classeurs !) que pour la partager et, même si cette mémoire partagée (donc utilisée par d’autres) n’est plus vraiment la mienne puisqu’elle est partagée (cf p. 178), je peux vous dire que, pour l’instant (!), mon cerveau fonctionne encore très bien, je fais des efforts de concentration, de mémoire, je ne me sens pas concernée par les symptômes de perte cités plus haut, et que tant pis si mes données sont conservées par de puissants ordinateurs super-calculateurs (cf. p. 180).

Je vais m’attacher à l’Histoire, la géographie, la cartographie, les sciences pour toujours mieux connaître ce qui m’entoure ! Je vais programmer de relire les livres fondateurs de la civilisation occidentale (avec des valeurs universelles) comme ceux d’Hérodote et d’Homère ! Je vais retenir que, malgré sa force limitée (calcul, mémoire…), le cerveau humain a développé ce que les ordinateurs n’ont pas : l’intuition, l’émotion « qui lui confère à la fois son génie et son imprévisibilité » (p. 116) car « oublier est une nécessité vitale qui nourrit l’intelligence humaine » (p. 116) et « ce n’est pas de données dont nous manquons, mais bien de ces choses que les ordinateurs ne savent pas produire : des idées, des concepts, des imaginations. » (p. 117).

Et conclure avec ces deux phrases qui me touchent particulièrement : « Ce qui constitue notre humanité, c’est indubitablement la conscience, les idées, la créativité, les rêves. L’information certes, mais en extraire la connaissance et, mieux, la sagesse, ce qu’aucun algorithme ne peut extraire. » (p. 118).

Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous lu ce livre ? Ou des articles traitant de cette dictature du numérique ? Vous privez-vous de matériel (ordinateur, téléphone, tablette, liseuse, objets connectés) pour vous défaire de cette dictature ? Ou vous vous en fichez ? Vous pensez être impuissant ? Ou vous êtes à fond là-dedans ?

J’ai trouvé cette vidéo ; même si, comme moi, c’est une émission que vous ne regardez pas, entendre les auteurs peut être tout de même intéressant :