Carnet du Pérou – Sur la route de Cuzco de Fabcaro

Carnet du Pérou – Sur la route de Cuzco de Fabcaro.

6 pieds sous terre, collection Monotrème (Mini), octobre 2013, 96 pages, 13 €, ISBN 978-2-35212-103-9.

Genres : bande dessinée française, carnet de voyage, humour.

Fabcaro est le nom d’artiste de Fabrice Caro, né le 10 août 1973 à Montpellier, connu dans le monde de la BD depuis le début des années 2000 et principalement publié aux éditions La Cafetière et 6 pieds sous terre. J’ai déjà présenté Like a steak machine et Zaï zaï zaï zaï.

Juillet 2012. Après 18 heures d’avion, Fabcaro est à Lima au Pérou et va dessiner tout ce qu’il voit pour un Carnet du Pérou. Mais son épouse et sa fille s’en mêlent ! « T’es complètement autocentré… Pour une fois que tu lançais un projet un peu ouvert sur le monde… ».

Fabcaro y met Joy Division, les Pixies, j’ai même vu un petit gars qui ressemble à Tintin… mais si vous décidez de continuer le voyage, vous visiterez de charmants villages, Cuzco et le Machu Picchu, avec l’humour absurde de l’auteur. Cette BD m’a fait penser à C’était le Pérou de Patrick Cauvin (lu dans les années 80).

Mais, attention, c’est du Fabacaro ! Alors, prêts pour le voyage ?

Peut-être pas sa meilleure bande dessinée mais j’ai bien aimé.

J’ai lu quelques bandes dessinées que je vais mettre « hors challenge » dans le Mois Amérique latine 2022 parce qu’elles se déroulent en Amérique du Sud mais leurs auteurs sont européens. Pour le Petit Bac 2022 (catégorie Lieu pour le Pérou) et Les textes courts.

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La fleur perdue du chaman de K de Davide Morosinotto

La fleur perdue du chaman de K de Davide Morosinotto.

L’école des loisirs, collection Médium, janvier 2021, 544 pages, 18 €, ISBN 978-2-21131-130-4. Il fiore perduto dello Sciamano di K (2019) est traduit de l’italien par Marc Lesage. Illustrations de Paolo Domeniconi.

Genres : littérature italienne, roman jeunesse, aventure, fantastique.

Davide Morosinotto naît en 1980 à Camposampiero (Padoue, Italie). Il étudie les Sciences de la communication et rédige une thèse sur Philip K. Dick à l’Université Alma Mater Studiorum de Bologne (fondée au XIe siècle, cette université est considérée comme la plus ancienne université au monde encore en activité). Il est journaliste, traducteur et écrivain. Du même auteur, dans la même collection : Le célèbre catalogue Walker & Dawn (2018) et L’éblouissante lumière des deux étoiles rouges (2019) que j’avais repérés et que j’ai encore plus envie de lire maintenant, et de nombreux autres titres (science-fiction, aventure, jeunesse) encore non traduits en français.

Mai 1986. Laila Raskinen a 12 ans, elle est Finlandaise mais vit à Lima au Pérou. Son père Aarni est diplomate à l’ambassade et sa mère Outi est femme au foyer. Il y a aussi monsieur Tanaka, un Japonais qui est le secrétaire de son père mais aussi le chauffeur (et un peu le garde du corps de Laila). Mais Laila ne va pas bien, elle a des problèmes aux yeux (son champ de vision est limité) alors elle est conduite à l’hôpital Santo Toribio de Lima où « ils ont le meilleur service de neurologie du Pérou » (p. 17). Mais sa maladie est grave et incurable… Le docteur De La Torre diagnostique une céroïde-lipofuscinose neuronale juvénile (CLNJ) ou maladie de Batten (je n’avais jamais entendu parler de cette maladie). « Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Ma mère n’avait pas la réponse. » (p. 101).

Les chapitres alternent entre Laila et El Rato qui vit à l’hôpital depuis sa naissance. De son vrai nom, Juan Pablo Brown Mamani, il serait le fils d’un médecin. Il connaît l’hôpital comme sa poche et emmène Laila à la bibliothèque, réservée aux médecins et aux étudiants. Et c’est par hasard que les deux adolescents découvrent le journal du docteur Robert R. Clark de Bloomington (Minnesota, États-Unis) dans lequel il est « question de la Fleur perdue du chaman de K. […] d’une rareté extraordinaire […] sur un arbuste, sans doute de la famille des bixaceae, et semblait être de couleur rouge, avec de gros pétales recouverts d’un duvet piquant […]. Les chamans de le tribu de K. utilisaient une décoction de cette plante pour guérir la folie. » (p. 116-117).

Juin 1986. Laila et El Rato s’enfuient en pleine nuit de l’hôpital pour se rendre en Amazonie sur les traces du docteur Clark. « Je me suis exclamé : – C’est parti ! Laila a souri. – Eh oui. L’avion s’est avancé sur la piste en prenant de la vitesse. Les moteurs ont rugi. Et là… le nez de l’appareil a pointé vers le haut et nous avons décollé du sol, tout droit vers le ciel, une aventure, une légende, un défi immense et une fleur qui existe peut-être, je l’espère, quelque part, là dehors, pour nous sauver la vie. » (p. 151-153). Des Andes péruviennes, direction, la Selva, l’Amazonie, « l’Enfer Vert » !

Arrivés à Cuzco, Laila et El Rato embauchent une guide, Chaska, mais leur train explose et ils sont enlevés (sûrement par des rebelles du Sentier lumineux). L’histoire du Pérou rejoint l’aventure de Laila et El Rato qui se dévoile peu à peu (il a un Grand Rêve). « Le village de K. est niché au bord du fleuve Amazone, dans les région d’Iquitos. Et le marché de Belén est le moyen d’entrer en contact avec son chaman. » (p. 268).

Amitié, action et rebondissements, rencontres, dangers, découverte de l’Amazonie (faune, flore, populations), un peu de fantastique, Laila et El Rato iront au bout de l’aventure pour le plus grand plaisir des lecteurs ! « On avait fait un sacré chemin, ensemble. Et il nous restait encore un peu de route. » (p. 381).

Il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce gros roman, texte classique, texte en italique, texte un peu flou (Laila voit mal sur les côtés), texte sur page noire pour la légende, et des éléments graphiques avec du texte en illustration (qui monte, qui descend, qui forme une spirale ou un dessin) comme pages 64, 69 et d’autres. Alors que Laila voit de plus en plus mal, l’auteur veut que le lecteur voit, et même ce qui ne se voit pas (l’invisible, la légende, les esprits, le chamanisme). Ce livre est donc un bel objet artistique mais aussi une belle quête et une belle amitié.

En fait, j’apprends que Le célèbre catalogue Walker & Dawn et L’éblouissante lumières des deux étoiles rouges forment avec La fleur perdue du chaman de K un triptyque même s’ils sont indépendants l’un de l’autre et se déroulent dans trois pays différents. Je veux lire les deux précédents titres !

Une chouette lecture que je mets dans Challenge Cottagecore (catégorie 4, Rêveries au bord de l’eau – Des histoires qui se déroulent au bord de la mer, d’un étang, d’un marais tout en conservant une ambiance champêtre et romantique, bon on est au bord de l’Amazonie, c’est plutôt dangereux mais El Rato étant amoureux de Laila, il y a un certain romantisme), Challenge de l’été #2 (l’auteur est Italien mais emmène ses lecteurs au Pérou et en Amazonie) et dans…

Challenge lecture 2021 (catégorie 4, un livre dont le narrateur est un adolescent, eh bien il y a ici une adolescente et un adolescent, 2e billet), Contes et légendes #3 (légendes d’Amazonie, chamanisme), Jeunesse young adult #10, Littérature de l’imaginaire #9 et Voisins Voisines 2021 (Italie).

Novela Negra, le polar latino (film documentaire)

Mercredi soir, j’ai regardé en deuxième partie de soirée sur Arte Novela Negro, le polar latino, un documentaire de 56 minutes réalisé par Andreas Apostolides (Grèce) en 2020.

Comme vous le devinez, ce documentaire parle du roman noir, du roman policier dans les pays d’Amérique du Sud des années 70 à nos jours. Et je me suis dit que j’allais le regarder et prendre quelques notes pour en parler dans le cadre du Mois espagnol et sud américain.

« Dans les années 70, un nouveau genre de roman policier a été créé en Amérique latine. » Des images d’archives en noir et blanc puis en couleurs, des extraits de romans lus par des auteurs, des extraits de films noirs… Plusieurs auteurs racontent leur vision du roman noir et leur écriture de romans policiers différents des romans européens et états-uniens même si le roman noir et les films noirs français (qui arrivent en Amérique latine dans les années 70) sont pris en exemple.

Paco Ignacio Taibo II (Mexique) parle de la « réinvention du genre » dans les années 70 avec les dictatures militaires puis Luis Sepúlveda (Chili) continue en expliquant que dans le genre noir classique, les auteurs ont rajouté de l’Histoire, beaucoup d’histoire (« l’une des dernières interviews avant sa disparition en avril 2020 »). Interviennent ensuite Claudia Piñeiro (Argentine), Leonardo Padura (Cuba), Juan Sasturain (Argentine), Santiago Roncagliolo (Pérou) ainsi que deux spécialistes (un journaliste et un professeur universitaire dont je n’ai pas noté les noms).

Des romans noirs urbains qui dénoncent la violence, les crimes, les crimes d’État et le pouvoir corrompu. C’est que, dans toutes les grandes villes d’Amérique latine, la promiscuité entre les riches et les pauvres (qui arrivent de la campagne et qui se sentent comme sur une autre planète) engendre des inégalités croissantes et un basculement vers des dictatures en particulier en Argentine et au Chili (avec tortures, exécutions, crimes non élucidés, enfants disparus…).

Ce documentaire – et les romans noirs (romans politiques et sociaux) écrits par les auteurs cités ci-dessus – révèlent la face cachée des grandes villes : Mexico, Buenos Aires, La Havane, Santiago du Chili, Lima.

Une seule autrice dans ce documentaire, Claudia Piñeiro, une « écrivaine à part », différente dans le monde du roman policier, peut-être parce que ses romans sont plus récents (années 2000-2010).

Vous pouvez (re)voir cet instructif film documentaire sur Arte jusqu’au 10 juillet 2021, profitez-en !