L’Éden des sorcières (tomes 1 à 3) de Yumeji

L’Éden des sorcières de Yumeji.

魔女のエデン (Majo no Eden) est traduit du japonais par Géraldine Oudin.

Genres : manga, seinen, dark fantasy, post-apocalyptique.

Yumeji ゆめじ aime la lecture, le dessin et les jeux vidéo depuis l’enfance. Elle est fascinée par les contes, les légendes, les créatures et les monstres. Elle étudie donc le manga et devient assistante (d’auteurs de mangas d’horreur) avant de se lancer avec L’Éden des sorcières mais elle est aussi puéricultrice. Plus d’infos sur son twitter et son pixiv.

Tome 1 : Ki-oon, collection Seinen, juillet 2021, 184 pages, 7,90 €, ISBN 979-10-327-1003-6.

« Si les plantes avaient un cœur et une volonté propre, voudraient-elles vivre avec les humains ? Et si je devenais un être végétal ? Et si la flore disparaissait de notre monde ? Voilà le genre de questions qui m’a traversé l’esprit quand j’ai commencé à écrire mon histoire… J’espère qu’elle vous plaira ! » (Yumeji, page de rabat de la couverture).

Le début : « Autrefois, tous les êtres qui peuplaient la Terre communiquaient les uns avec les autres… Ils se respectaient mutuellement et vivaient en harmonie avec leur environnement… Jusqu’à ce qu’apparaisse une créature qui allait tout bouleverser… L’homme. Incapable de comprendre le langage des autres êtres vivants… il n’éprouvait aucun scrupule à leur faire du mal… Profondément attristées… les plantes enveloppèrent les animaux pour les protéger puis se retirèrent… abandonnant les bourreaux à leur sort. Et depuis ce temps… le monde n’est plus qu’une vaste étendue de sable et de pierre… À l’exception des oasis où se cachent les sorcières. » (premières pages en couleur).

Toura est très âgée et Pilly, sa disciple, a pris la relève pour s’occuper du jardin mais elle n’est qu’une apprentie sorcière et se tracasse, « Je ne serai jamais à la hauteur… C’est évident… », parce qu’elle n’entend pas la voix des amurds (les plantes) comme les autres sorcières. Toura l’encourage, « Un jour tu seras si puissante que tu pourras rejoindre l’Éden ! », un lieu sacré que « seules quelques Élues ont la possibilité de fouler ». Mais Toura va mourir et, en allant chercher de l’aide chez les humains, Pilly attire Zakum, un scientifique fou et ses soldats dans leur oasis… Ils tuent Toura et veulent s’emparer de tout… Jusqu’à ce qu’un énorme loup mi animal mi végétal apparaisse et les chasse mais Pilly sait qu’ils vont revenir plus nombreux et tout emporter…

Un très beau premier tome avec des dessins délicats et détaillés (en particulier pour Oak, le loup, en couverture avec Pilly). Quant à l’histoire et l’ambiance, elles me plaisent beaucoup et j’espère que Pilly prendra confiance en elle. J’embraie avec le tome 2 !

Tome 2 : Ki-oon, collection Seinen, novembre 2021, 196 pages, 7,90 €, ISBN 979-10-327-1027-2.

Pilly continue sa route avec Oak, elle espère échapper à Zakum et aux soldats qui poursuivent les sorcières pour les étudier ou les brûler, et trouver l’Éden. Elle rencontre Laminala, une sorcière itinérante qui a quitté son oasis sombre et humide pour découvrir le monde. « Tout était gris, il n’y avait que des pierres et du sable… En revanche, la lumière était éblouissante et la sensation d’espace, incroyable… À ce moment-là, j’ai ressenti une forte émotion et j’ai su que je voulais explorer ce vaste monde… ». Après que Laminala lui ait appris à se nourrir et à s’entraîner, chacune reprend sa route et Pilly découvre une communauté de sorcières mais, même l’ancienne, ne sait pas où est l’Éden… « Les sorcières sont le seul espoir de ce monde… » (le père de la petite Hina, un humain hérétique).

Cachée par des montagnes, les abris des sorcières sont des endroits luxuriants et magiques (en couverture avec Pilly) mais certaines sorcières très jeunes comme Hina (qui signifie fleur) sont instables et ne maîtrisent pas leurs pouvoirs. De plus, dans l’ombre, Zakum et les militaires cherchent toujours les sorcières. Une fois l’histoire et les personnages principaux mis en place dans le tome 1, ce tome 2 est plus abouti au niveau psychologie des personnages, en particulier pour Pilly qui mûrit, mais Oak, qui a un comportement étrange, m’intrigue et j’ai hâte de lire le tome 3.

Tome 3 : Ki-oon, collection Seinen, mai 2022, 196 pages, 7,90 €, ISBN 979-10-327-1111-8.

Les soldats les ont trouvées… Pilly, blessée, a été emmenée dans une forteresse et Zakum va venir la chercher mais Fruditilla (en couverture), une sorcière qui n’entend pas la voix des amurds, la soigne avec des herbes et « Je ne te laisserai pas tomber aux mains de ce scientifique cruel ! Ne t’inquiète pas… Je suis ton alliée ! Je serai toujours là pour te protéger ! ». Alors, amie ou ennemie ?

Pilly est devenue plus forte mais Oak la retrouvera-t-il ? Pourra-t-il la sauver ?

Un tome plus sombre, qui met en scène la folie, celle des humains, celle des sorcières ? Mais un monde toujours magique et poétique qui enchante le lecteur. Dommage que la médiathèque n’a pas encore le tome 4 paru en octobre 2022 mais je le lirai dès qu’il sera disponible (et j’ai vu que la série est en cours au Japon, à suivre donc).

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny) et le challenge BD 2022, ainsi que Contes et légendes, Fantastique et horreur au Japon (sur FB avec Un mois au Japon et le challenge Halloween), Littérature de l’imaginaire #10, Un genre par mois (fantastique et horreur pour octobre).

Publicité

Solo 5 – Marcher sans soulever la poussière d’Oscar Martin

Solo 5Marcher sans soulever la poussière d’Oscar Martin.

Delcourt, collection Contrebande, janvier 2021, 88 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-41302-269-5. Solo. Historias Caníbales 5 (2020) est traduit de l’espagnol par Miceal O’Grafia.

Genres : bande dessinée espagnole, science-fiction.

Oscar Martin naît en 1962 à Barcelone (Espagne). Il est dessinateur, scénariste et coloriste depuis 1983 : Tom et Jerry (animation), La Guilde (bandes dessinées). Plus d’infos sur son site officiel.

Ça faisait plus d’un an que j’avais lu Solo 1 – Les survivants du chaos, et je n’avais pas pu lire les tomes suivants cette année pour le Mois espagnol (qui a pourtant duré deux mois, mai et juin)… J’ai alors enchaîné le tome 2, Le cœur et le sang, le tome 3, Le monde cannibale, le tome 4, Legatus et heureusement que j’avais ce tome 5 !

Le topo. Sur une Terre post-apocalyptique, ravagée par les produits chimiques et les armes nucléaires vivent de gros prédateurs aux allures préhistoriques, des humains parfois mutants ou hybrides et des animaux géants ou plus ou moins dégénérés, des rats, des félins, des singes, des chiens, des cochons, des lapins avec des fusils (comment ça, mais non, ce n’est pas ma faute si vous pensez à une certaine chanson !)…

Legatus est parti apporter son message de paix et d’union ailleurs mais il a laissé derrière lui des êtres convaincus par de belles valeurs et qui agrandissent toujours plus la communauté des pensants.

Cependant, un militaire déchu et devenu cinglé (ou sûrement l’était-il déjà depuis le début) est devenu gouverneur de la colonie centrale des humains et appelle ses généraux à la destruction des communautés libérées. « Allons-y avec toutes nos forces, une colonie rebelle après l’autre, et soumettons-les ! Reprenons la main sur le territoire. Reformons l’armée grâce à un recrutement forcé. Ou tu es avec nous ou tu meurs ! » (p. 25). Belle mentalité face au message pacifique porté par Legatus et ses ‘disciples’…

En tout cas, dans le monde vert qui a recueilli Legatus, des lapins, des chats et d’autres animaux herbivores vivent en harmonie mais ils sont entourés par des carnivores et ils ne savent pas encore que les humains ont décidé de les détruire, leur but étant de « [vivre] dans un seul et même monde mais qu’il faut savoir regarder, apprendre et gérer avec sagesse. » (p. 64).

Un beau tome plein de surprises ! Et j’espère qu’un tome 6 arrivera bientôt puisqu’il est stipulé à la fin « fin du volume 2 de la trilogie » donc Solo tomes 1, 2, 3 représentent une première trilogie et Solo tomes 4, 5, 6 représentent une deuxième trilogie. Les tomes 4 et 5 sont très bons mais plus courts que les précédents… Cependant j’apprends qu’il y a deux autres tomes, des spin off : Solo – Chemins tracés d’Oscar Martin (au scénario) et Alvaro Iglésias (au dessin) dont l’héroïne est Fortuna, une chatte (parution chez Delcourt en mars 2019) et Solo Alphas d’Oscar Martin (au scénario) et Juan Alvarez (au dessin) avec des chiens (parution chez Delcourt en janvier 2022), une bonne nouvelle et j’espère que la bibliothèque les a !

Le lecteur ne peut qu’adhérer au message délivré par les êtres pacifiques. En fin de volume, des fiches techniques sur ce qui s’est passé « après la Fin », au sud le monde cannibale désertique et violent (première trilogie donc), au nord le monde vert en fait appelé Corindon (deuxième trilogie donc) et comment les herbivores ont évolué sereinement et agrandi leurs territoires grâce aux travailleurs de force (gros herbivores comme les hippopotames), aux forgerons et charpentiers (des castors et des tortues), aux navigateurs qui allaient d’île en île pour planter des graines et déposer de petites colonies (lapins…), aux soldats pour se protéger des cannibales (des rhinocéros) et aux messagers (des chevaux), bref un développement bien plus équitable et profitable que celui des humains. Qui en avait douté ?

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges BD 2022 et Littérature de l’imaginaire #10.

Solo 4 – Legatus d’Oscar Martin

Solo 4 – Legatus d’Oscar Martin.

Delcourt, collection Contrebande, janvier 2019, 80 pages, 14,95 €, ISBN 978-2-41300-921-4. Solo. Historias Caníbales 4 (2018) est traduit de l’espagnol par Miceal O’Grafia, Yannick Lejeune et Anaïs Zeiliger.

Genres : bande dessinée espagnole, science-fiction.

Oscar Martin naît en 1962 à Barcelone (Espagne). Il est dessinateur, scénariste et coloriste depuis 1983 : Tom et Jerry (animation), La Guilde (bandes dessinées). Plus d’infos sur son site officiel.

Ça faisait plus d’un an que j’avais lu Solo 1 – Les survivants du chaos, et je n’avais pas pu lire les tomes suivants pour le Mois espagnol (qui avait pourtant duré deux mois, mai et juin)… J’ai alors enchaîné le tome 2, Le cœur et le sang, le tome 3, Le monde cannibale, ce tome 4 et heureusement j’ai le tome 5 Marcher sans soulever de poussière (2020).

Le topo. Sur une Terre post-apocalyptique, ravagée par les produits chimiques et les armes nucléaires vivent de gros prédateurs aux allures préhistoriques, des humains parfois mutants ou hybrides et des animaux géants ou plus ou moins dégénérés, des rats, des patauds, des félins, des singes, des chiens…

Si on voit le chien, Alpha, adopté par Solo, renommé Legatus, sur la couverture (ma préférée de la série), c’est qu’il y a une raison, vous vous en doutez. Legatus, donc, rencontre un ours, en fin de vie. Celui-ci lui raconte son histoire et lui offre deux cadeaux, peut-être que ce ne sont pas des cadeaux en fait mais des malédictions… Après avoir détruit le premier cadeau, Legatus reprend la route mais « N’y a-t-il aucune autre alternative que tuer pour vivre ? N’y a-t-il aucune autre façon de traverser cette existence absurde et misérable ? Des questions et encore des questions… » (p. 17).

Sur le chemin, Legatus va agir différemment, il va observer (comme le faisait l’ours), il va apprendre et comprendre parce que « Apprendre n’est pas suffisant, c’est comprendre qui compte. » (p. 21, ma phrase préférée). Il va se lier avec des créatures qui respectent des valeurs souvent oubliées dans ce monde post-apocalyptique et cannibale, l’empathie, la miséricorde, la générosité, le respect, l’honnêteté, la sensibilité… et tous ces êtres si différents les uns des autres vont former une équipe hétéroclite et soudée (magnifique dessin pleine page p. 28).

Mais Legatus ne veut pas être un leader qui fait des miracles, il veut que chacun soit leader et convainc les autres, ceux qui ont les mêmes sentiments et les mêmes valeurs mais ne s’en sont pas encore rendu compte ou ne savent pas comment les exploiter. « Créez une armée de pensants capable de montrer aux autres une façon différente de partager la vie et de comprendre la mort. N’ayez pas peur du combat, n’ayez pas peur de mourir tant qu’il y en aura d’autres pour répandre le même message. La raison est de notre côté. » (p. 67).

Un beau tome (plus court) qui prend une autre direction, énergique mais plus philosophique, avec des dessins sensationnels et une fin surprenante. Vite le tome 5 ! Pas de fiches techniques en fin de volume mais une phrase d’Albert Einstein.

Pour les challenges BD 2022 et Littérature de l’imaginaire #10.

Solo 2 – Le cœur et le sang d’Oscar Martin

Solo 2 – Le cœur et le sang d’Oscar Martin.

Delcourt, collection Contrebande, janvier 2016, 112 pages, 16,95 €, ISBN 978-2-75607-192-3. Solo. Historias Caníbales 2 (2015) est traduit de l’espagnol par Miceal O’Grafia, Yannick Lejeune et Anaïs Zeiliger.

Genres : bande dessinée espagnole, science-fiction.

Oscar Martin naît en 1962 à Barcelone (Espagne). Il est dessinateur, scénariste et coloriste depuis 1983 : Tom et Jerry (animation), La Guilde (bandes dessinées). Plus d’infos sur son site officiel.

Ça fait plus d’un an que j’ai lu le premier tome, Solo 1 – Les survivants du chaos, et je n’ai pas pu lire les tomes suivants pour le Mois espagnol (en mai et qui a pourtant continué en juin)…

Je remets le topo que j’avais écrit pour le premier tome. Sur une Terre post-apocalyptique, ravagée par les produits chimiques et les armes nucléaires vivent de gros prédateurs aux allures préhistoriques, des humains parfois mutants ou hybrides et des animaux géants ou plus ou moins dégénérés, des rats, des patauds, des félins, des singes…

Après s’être libéré des combats de l’arène, Solo s’est réfugié dans une communauté où il vit heureux avec Lyra, une jolie rate blanche. Mais un groupe de réfugiés arrive et, parmi eux, Grand, l’ami d’enfance de Lyra. Jaloux, Solo s’en va. « J’emporte avec moi un amour fatigué et étourdi, dévoré par l’anxiété… J’emporte avec moi un amour confus et triste, à naufrager sur l’horizon. […] » (p. 24), très poétique Solo. « Je reprends la route. » (p. 25). Le dessin pleine page est splendide : « Solitude noire, solitude féroce, solitude cruelle… brûlante solitude. » (p. 26).

Il y a une ville avec des humains (apparemment normaux) et ils ont besoin de nourriture… Leur projet est d’enlever une centaines de rates jeunes et saines et quelques mâles sous contrôle pour la reproduction et donc la nourriture. Est-ce là qu’Alba, enlevée par des singes, a été conduite ?

Mais revenons à Solo qui brave tous les dangers de jour comme de nuit. Il rencontre un autre rat, son frère Bravo, qu’il ne reconnaît que lorsque celui-ci l’emmène jusqu’au lieu où il habite avec leur père devenu vieux. Après l’attaque de leur village par des chats noirs, ils étaient les deux seuls survivants (ils étaient à la chasse) et depuis ils sont devenus nomades. Après quelques jours passés à partager les souvenirs et à chasser, le père convainc Solo de retourner auprès de Lyra alors que lui et Bravo continueront leur route. Mais, horreur, le village est détruit, les morts sont mangés par des charognards agressifs et les autres ont sûrement été enlevés. Solo est de nouveau seul… avec le regret d’avoir abandonné Lyra. Il reprend la route mais… « À chaque pas, la vie nous réserve des surprises. » (p. 63).

Un très beau tome avec des dessins extraordinaires, de l’action et des sentiments. Je l’ai trouvé philosophique avec à la fois de la violence (les personnages sont dans un monde post-apocalyptique où il faut se battre pour survivre, manger ou être mangé) et de la poésie. Finalement, les rats sont les seuls être qui vivent à peu près normalement, ils vivent en communauté, ils font des petits raisonnablement, ils chassent pour se nourrir et se protéger, ils se soutiennent et s’entraident, et Solo personnage principal y fait pour beaucoup.

Solo est une histoire de chair, de sang, de survie et d’amour. Je vais lire la suite puisque j’ai pour l’instant le tome 3 Le monde cannibale (2017), le tome 4 Legatus (2018) et le tome 5 Marcher sans soulever de poussière (2020).

Comme pour le premier tome, il y a en fin de volume, des fiches techniques avec des explications sur les différentes espèces (sauriens et amazones que je n’ai pas l’impression d’avoir vus, chats, humains, crétins et dégénérés avec des illustrations) puis 3 histoires courtes inédites dont une préquelle au tome 1.

Toujours une excellente bande dessinée (histoire, dessins, couleurs) que je mets dans les challenges BD 2022, Littérature de l’imaginaire #10, et aussi dans Challenge lecture 2022 (catégorie 5, un roman avec le mot sang dans le titre, c’est une bande dessinée mais qui contient plus de 100 pages chacune et la série se lit comme un roman).

Après le monde de Timothée Leman

Après le monde de Timothée Leman.

Sarbacane, août 2020, 158 pages, 24 €, ISBN 978-2-37731-404-1.

Genres : bande dessinée française, science-fiction.

Timothée Leman est encore peu connu alors j’ai trouvé peu d’informations… Il naît à Sucy en Brie (région parisienne). Son bac littéraire en poche, il part étudier à l’école Pivaut à Nantes, section bande dessinée, dont il sort diplômé en 2014. Il est repéré par l’association L’œil de Jack mais l’activité s’arrête au printemps 2017.

Les infos à la télévision : des tours apparaissent un peu partout dans le monde et les gens autour disparaissent. Mais Selen et Sophie n’entendent pas, elles chahutent avec leur papa. Le lendemain, Selen se réveille, elle est toute seule et, dans la panique, elle s’enfuit (c’est l’illustration de couverture).

Ailleurs, Héli est seul à la maison, depuis combien de temps, il ne sait plus alors il décide de partir et d’aller « vers la tour la plus grande de toutes » (p. 18). Il erre, il aperçoit un oiseau qui le survole, des chiens errants affamés qui le poursuivent, des plantes bizarres qui produisent des lucioles et une grosse araignée qui l’attaque, il aperçoit des cerfs qui s’enfuient, il croise quelques personnes qui sont comme des fantômes, et puis il poursuit un chat, qu’il surnomme Martino, et celui-ci le guide à l’abri dans un hôtel où le lendemain, il rencontre Selen.

Selen est allée jusqu’à la mer et a vu… une autre grande tour. Les fantômes, elle les appelle les bloqués. « C’est quand même fou, tu ne trouves pas ? – De quoi ? – Qu’il ne reste plus que nous deux. – C’est vrai… Tu crois que ça signifie quelque chose ? – Je n’en sais rien. Peut-être qu’on était fait pour se trouver. Après tout… Pourquoi on n’a pas disparu comme tout le monde ? – Je me suis souvent posé cette question… Et pendant un moment, j’aurais souhaité disparaître moi aussi. Disparaître pour ne plus être seul… Et ne plus penser. » (p. 102).

Mais plus ils approchent de l’immense tour blanche, plus ils se rendent compte qu’ils ne sont pas vraiment seuls, il y a de plus en plus de bloqués… et d’animaux bizarres…

Cette bande dessinée n’est pas que post-apocalyptique, elle est aussi philosophique, onirique et les somptueux dessins en noir et blanc (parfois un genre de gris légèrement bleuté) renforcent le côté dramatique de l’histoire (sur le site de l’éditeur, vous pouvez voir 12 planches magnifiques). Que vont bien pouvoir faire deux enfants (Selen est plutôt une ado) seuls ? Il y a une chose qui m’a plu, c’est que le monde n’est pas totalement en ruines, il est… différent. La ville est désertée, il y a des animaux errants, un peu plus de végétation, de la nourriture avariée chez les gens et dans les magasins, de violentes tempêtes mais les immeubles restent habitables. Il y a donc une très belle ambiance bien que dramatique, parce que ‘avant le monde’, c’était déjà une histoire de solitude pour Héli (pour Selen aussi, peut-être) alors il en faut du courage pour affronter seul(s) ce monde d’après, ce monde inconnu et dangereux.

Autre titre de Timothée Leman : Les aériens de Marie-Catherine Daniel (autrice) et Timothée Leman (illustrateur) publié chez Pépix Noir en 2017, c’est un roman pour les ados qu’il ne me déplairait pas de lire mais surtout j’attends la nouvelle bande dessinée de Timothée Leman !

Elles l’ont lue et appréciée : Alice, Nathalie, Yuyine, et vous ?

Pour La BD de la semaine (cependant en pause estivale) et les challenges BD 2022, Challenge lecture 2022 (catégorie 59, un roman – graphique ici – post apocalyptique), Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10 et Shiny Summer Challenge 2022 (menu 2 – Orage d’été, sous menu 3 – Ça va barder = on veut du caractère, théâtre, comédie et absurdité… Ici ça barde avec du post apocalyptique et des animaux colériques).

L’ours d’Andrew Krivak

L’ours d’Andrew Krivak.

Globe, septembre 2021, 160 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-38361-001-4. The Bear (2020) est traduit de l’américain par Heloïse Esquié.

Genres : littérature états-unienne, roman, nature writing, post-apocalyptique.

Andrew Krivak naît en 1963 à Wilkes-Barre (Pennsylvanie) dans une famille slovaque exilée aux États-Unis. Il étudie au St. John’s College d’Annapolis (Maryland), à l’université de Columbia (New York City) et à l’université Rutgers (New Jersey). Après un séjour chez les Jésuites, il rédige un mémoire, In Search of a Religious Life (2008) puis deux romans (encore non traduits en français) : The Sojourn (2011) et The Signal Flame (2017) avant The Bear (2020) qui a reçu le Banff Mountain Book Prize. Plus d’infos sur son site officiel.

Un homme et une femme jeunes se sont installés dans cette montagne. Ils ont construit une maison en bois et en pierre. Ils ont eu un enfant, une fille, mais la femme est morte très peu de temps après. L’homme élève donc seul sa fille. En ce jour le plus long de l’année, elle a maintenant cinq ans et il répond à ses questions parce que c’est difficile pour elle de ne pas avoir connu sa mère. Il y a des animaux mais ils sont les seuls humains au monde. « Tu es une fille intelligente. Mais il y a encore tant de choses que tu ne peux pas comprendre. Tant de choses que tu ne devrais pas être obligée de comprendre. Pas encore. » (p. 13).

Le lendemain, père et fille grimpent au sommet de la montagne, là où la mère est enterrée. Il lui raconte tout et, à partir de ce moment, lui enseigne tout ce qu’il sait. Le terrain, le lac, « où plonger pour ramasser les moules […] confectionner un collet à lapin […] toutes les étapes de la fabrication d’un harpon de pêche […] repérer les essaims d’abeilles sauvages […] et récolter le miel […] comment estimer l’heure […]. » (p. 21). Et même, lorsqu’elle fut plus grande, « il lui apprit à lire et à écrire » (p. 22).

C’est à l’automne de ses 7 ans que « la fille et son père virent surgir un ours surgir des bois et se diriger vers le lac, puis patauger dans l’eau jusqu’à ce qu’il ait un poisson dans la gueule, avant de repartir dans la forêt, en direction des hauteurs. » (p. 24). Et la vie continue, au fil des saisons, des histoires que lit la fille ou que raconte le père et des cadeaux qu’elle reçoit chaque année à son anniversaire (peigne, boussole, couteau, silex…).

Mais, alors qu’ils se rendent pour la première fois au nord et à l’est, vers l’océan, l’homme se fait mordre dans l’eau par un animal qu’il n’a pas le temps de voir, « la main de l’homme était enflée et bleue » (p. 52).

« Elle était seule dans le canoë, pagayant vers la rive […]. L’ours retourna la fille du bout de son museau et lécha la croûte de sommeil et de sel dans ses yeux […]. La fille se secoua, tenta de se lever d’un coup, et s’effondra. L’ours recula et ils se regardèrent à travers la distance qui les séparaient. Tu peux faire un autre feu ? demanda l’ours. La fille ne répondit pas. Elle envisagea de s’enfuir […]. » (p. 71, je note qu’ici il y a une faute, la distance les séparait au singulier pas au pluriel).

Cela peut paraître surprenant mais c’est avec l’ours que la fille fait le trajet de retour, et l’ours sait tout, les endroits qu’il faut éviter, les arbres à miel, les baies et les fruits… « Ils ne parlaient guère tandis qu’ils marchaient vers les hautes montagnes jour après jour. Leur langage était la régularité de leur pas et la cueillette de nourriture. » (p. 79). De même cela peut paraître surprenant que l’ours parle et que la fille le comprenne mais l’ours « expliqua qu’autrefois tous les animaux savaient produire les sons que la fille et son père utilisaient entre eux. Mais les autres comme elle avaient cessé d’écouter, et cette aptitude s’était perdue. […] mais tous les êtres vivants parlaient, et peut-être que la vraie question était comment il se faisait qu’elle puisse le comprendre. » (p. 84).

Malheureusement, durant le retour, l’ours et la fille sont obligés de rester de l’autre côté de la rivière parce que l’hiver arrive plus tôt et, le lecteur s’en doute, l’ours doit hiberner. « Si tu ne te réveilles pas, cette grotte sera ta tombe, et l’ours portera avec lui dans ses errances le souvenir d’un automne où il aura voyagé un temps avec un être porteur de chagrin. Mais si tu te réveilles et fais le voyage jusqu’à chez toi, l’ours et une lignée d’ours après lui porteront l’histoire du retour de la dernière à la montagne isolée. Ils la porteront pour que la forêt s’en souvienne aussi longtemps qu’il y aura de la forêt sous le soleil. » (le puma, p. 111-112).

La fille va-t-elle survivre à cet hiver ?

Comme je n’avais pas aimé Dans la forêt de Jean Hegland (le comportement des deux sœurs m’avait énervée…), j’espérais beaucoup de ce roman ‘similaire’, c’est-à-dire un roman de nature writing avec quelques survivants (ici, seulement deux) dans un monde post-apocalyptique (c’est la couverture qui m’a d’abord attirée). Eh bien, je n’ai pas été déçue, au contraire. Ce roman a tout ce que l’autre n’avait pas ! Je l’ai trouvé passionnant, plein de poésie et d’amour pour la Nature, pour les animaux (même si les passages de chasse restent difficile pour moi à lire). J’ai lu que l’auteur s’est inspiré du mont Monadnock (New Hampshire) près duquel il vit avec son épouse et leurs enfants, une montagne qui me semble très belle quoique peu accueillante en hiver (mais, comme toutes les montagnes, non ?).

Les lecteurs ne sauront rien de ce qui est arrivé aux humains. Les parents de la femme et de l’homme (pas de prénoms) ont cherché des survivants mais le jeune couple ne les a jamais revus. Les seuls ‘visiteurs’ sont les animaux qui vivent plus ou moins près de leur maison dans la montagne. Ils ont appris à survivre avec ce que la Nature leur donnait et quelques bricoles qu’ils ont gardé du monde humain (comme un peigne pour elle et une boussole pour lui). Rien de science-fiction dans ce roman pourtant post-apocalyptique, mais il est d’une beauté époustouflante, toute en contemplation et enseignements (je n’ai pas lu les auteurs que cite la 4e de couv, Emerson et Thoreau). L’homme veut que sa fille vive tout en aimant et respectant la faune et la flore qui l’entourent parce que, sans cette harmonie, elle ne pourra pas vivre. Mais dans ce livre, ce ne sont pas les humains qui sont importants, ce sont les animaux, le vent, les odeurs, l’eau, en un mot la Nature.

Une belle leçon de vie et d’humilité que je mets dans Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 1, la couverture rappelle le printemps), Challenge lecture 2022 (catégorie 40, un livre choisi pour sa couverture), Littérature de l’imaginaire #10 et Petit Bac 2022 (catégorie Animal pour Ours).

Kanopé 2 – Héritage de Louise Joor

Kanopé 2 – Héritage de Louise Joor.

Delcourt, collection Mirages, mai 2019, 136 pages, 17,95 €, ISBN 978-2-75609-497-7.

Genres : bande dessinée belge, écologie, science-fiction.

Louise Joor naît le 18 août 1988 à Bruxelles (Belgique). Son père est libraire bandes dessinées et éditeur, sa mère est dessinatrice, elle est tombée dans le dessin et la BD toute petite ! Elle étudie l’art à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles et s’intéresse beaucoup à l’écologie. Le tome 1 de Kanopé est sa première bande dessinée (Prix Saint-Michel et Prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction aux Utopiales 2014). Suivront ce tome 2 de Kanopé, Neska du clan du Lierre (2 tomes) et Résilience (2 tomes). Plus d’infos sur son blog.

2143. « Après des années de recherches, un remède a enfin été mis au point contre les effets des radiations sur l’être humain : les graines de M-Zemm. Leur créateur, le scientifique Pablo Alvarez, est devenu célèbre sur le réseau, mais il refuse de répondre à la question que tout le monde se pose… Où se trouve son mystérieux associé, grâce à qui tout cela a été possible ? » (p. 14).

Kanopé a mis au monde un garçon, Caï, qui a 6 ans. Jean est de retour en Amazonie et il est à sa recherche mais la forêt est différente, tout est inondé et la cabane, en ruines, a été abandonnée par Kanopé depuis longtemps. Elle vit avec Caï et des loutres et ils doivent se protéger de la société Astadel venue faire des prélèvements. D’ailleurs Caï et Jean sont enlevés… La famille sera-t-elle réunie ?

Un récit plus sombre mais une belle conclusion à l’histoire d’amour entre Kanopé et Jean dans un monde encore plus apocalyptique que dans le précédent tome. Je suis ravie d’avoir découvert cette série !

Pour La BD de la semaine, Des histoires et des bulles (catégorie 22, une BD autour de l’écologie, environnement, développement durable, 3e billet). Plus de BD de la semaine chez Noukette.

Pour les autres challenges : Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 31, un enfant sur la couverture, Caï est en haut à droite et c’est exprès qu’on ne le voit pas entièrement), Challenge lecture 2022 (catégorie 3, un livre dont le personnage principal est porteur d’un handicap, c’est le cas d’un des trois personnages principaux), Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie prénom pour Kanopé) et Un genre par mois (en février, c’est la science-fiction).

Kanopé 1 – Rencontre de Louise Joor

Kanopé 1 – Rencontre de Louise Joor.

Delcourt, collection Mirages, avril 2014, 128 pages, 17,95 €, ISBN 978-2-75603-676-2.

Genres : bande dessinée belge, écologie, science-fiction.

Louise Joor naît le 18 août 1988 à Bruxelles (Belgique). Son père est libraire bandes dessinées et éditeur, sa mère est dessinatrice, elle est tombée dans le dessin et la BD toute petite ! Elle étudie l’art à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles et s’intéresse beaucoup à l’écologie. Le tome 1 de Kanopé est sa première bande dessinée (Prix Saint-Michel et Prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction aux Utopiales 2014). Suivront Neska du clan du Lierre (2 tomes), Résilience (2 tomes) et le tome 2 de Kanopé dont je parlerai demain. Plus d’infos sur son blog.

« 2137. La Terre est peuplée par 10 milliards d’êtres humains, les ressources naturelles se sont taries et les voyages dans l’espace n’ont donné aucune échappatoire. Si de nouvelles ressources ne sont pas découvertes, l’humanité toute entière est vouée à disparaître. Lentement, la végétation s’est éteinte, les animaux ont disparu et les zones encore vierges ont été avalées par les mégalopoles. Pourtant, il existe un endroit qui résiste encore à l’invasion des hommes… l’Amazonie. » (p. 7).

Ah ah, ça fait un peu « Un village peuplé d’Irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. ». Je plaisante mais c’est ce qui m’est venu à l’esprit en lisant le début de Kanopé. Je précise que les 10 milliards d’humains sont prévus pour 2050 et que la destruction de la forêt amazonienne atteint déjà presque les 20 % ce qui équivaut à une catastrophe inéluctable (réchauffement, manque d’oxygène, etc.). Mais je respecte le sujet choisi par Louise Joor et sa façon de le traiter en 2014 (même s’il s’en est passé des choses en 7 ans).

Donc ce qui a sauvé l’Amazonie de la folie humaine, c’est l’accident de la centrale nucléaire Manaus au Brésil il y a 119 ans (en 2018). Je vérifie, il y a une seule centrale nucléaire au Brésil, elle se nomme Angra (ou Amiral Alvaro Alberto) et elle est située à Angra dos Reis dans l’État de Rio de Janeiro. Mais revenons à l’Amazonie de fiction de Kanopé. C’est, selon le rapport de S.O.A. (Status Of Amazonia), « un espace malade et instable où les rares espèces végétales et animales ayant survécu à la catastrophe présenteraient aujourd’hui de lourdes mutations. C’est un monde impénétrable et mystérieux qui évolue suivant ses propres règles. » (p. 8-9). Et les dessins sont superbes !

Kanopé est une jeune femme rousse qui vit dans cette jungle verte et colorée dans le respect des êtres qui y vivent. Mais Jean, un hacker informatique échappant à ses poursuivants (des robots), a atterri dans sa maison dans les arbres et se l’est appropriée. Est-ce que ça va être la guerre entre eux ou vont-ils trouver un terrain d’entente ? Leurs deux mondes sont si différents même s’ils vivent sur la même planète.

Une belle bande dessinée post-apocalyptique comme je les aime avec deux chouettes personnages (que tout oppose sauf l’envie de vivre), colorée et divertissante. Bon, pas un chef-d’œuvre mais j’ai très envie de lire le tome 2, Kanopé – Héritage (qu’heureusement j’ai emprunté en même temps). Parce que le cadre est totalement dépaysant et que j’ai bien envie de savoir si Kanopé et Jean vont se revoir. Et parce que, pour une première bande dessinée, c’est tout de même une réussite et que j’ai envie de suivre Louise Joor que je ne connaissais pas jusqu’à maintenant.

Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (n° 25, le titre comporte un prénom), Challenge lecture 2022 (catégorie 4, le premier volume d’une série), Des histoires et des bulles (catégorie 22, une BD autour de l’écologie, environnement, développement durable, 2e billet), Jeunesse young adult #11, Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie prénom pour Kanopé), Tour du monde en 80 livres (Belgique) et Un genre par mois (en février, c’est la science-fiction).

Terrarium 1 de Yûna Hirasawa

Terrarium 1 de Yûna Hirasawa.

Glénat, collection Seinen, juin 2021, 176 pages, 7,60 €, ISBN 978-2-344-04471-1. Kagitsuki Terrarium 1 鍵つきテラリウム (Flex Comix, 2019) est traduit du japonais par Yohan Leclerc.

Genres : manga, seinen, science-fiction.

Yûna Hirasawa 平沢ゆうな naît le 6 septembre 1985 et débute sa carrière en 2015. La mangaka dit qu’elle pense depuis 20 ans à cette histoire et que ça fait un an et demi que le premier chapitre a été publié sur Comic Meteor. Plus d’infos sur son tumblr, son pixiv fanbox, son compte twitter et sa chaîne youtube.

Après la Grande guerre et l’avènement de l’Arcologie, Chico (fille avec un exosquelette), technologue d’investigation, et Pino (robot) sont en mission.

Ils découvrent la Colony58, « par contre, il n’y a pas de Colonie 58 dans la base de données centrale… Sommes-nous les bienvenus ici ? » (p. 18). Ils ne rencontrent que « Naver, robot soignant modèle n-511 » (p. 35) qui continue de s’occuper des malades… déjà réduits en état de cadavres.

En fait, Chico et Pino recherchent leur mère, la technologue Pethie, disparue lors d’une expédition, mais ils veulent surtout sauver l’Arcologie et l’humanité.

Plus loin, ils rencontrent un robot facteur, JPK-35, un petit robot teigneux prêt à en découdre avec ceux qui voudraient voler le courrier ! « Faites gaffe, je le défendrai jusqu’au bout, parole d’honneur !!! » (p. 116) mais il n’y a plus aucun habitant pour recevoir du courrier.

Les dessins post-apocalyptiques sont vraiment beaux, l’histoire est amusante surtout avec Chico qui a toujours faim et le lecteur s’interroge sur cette Grande guerre, sur ce qu’est l’Arcologie, etc. Vivement la suite ! Les tomes 2 et 3 sont parus (respectivement en septembre et novembre 2021) et le tome 4 (le dernier tome de la série) est annoncé pour février 2022.

Bien sûr, ce manga m’a fait penser à Tsugumi Project 1 d’Ippatu, un manga post-apocalyptique intrigant également, mais l’histoire, les dessins, les personnages sont totalement différents, Terrarium étant plus drôle et plus poétique (les deux séries sont à suivre donc !).

Une série courte (4 tomes) à lire absolument si vous aimez la science-fiction, le post-apocalyptique, les robots et l’humour. À noter que la mangaka est née garçon qui a subi une opération chirurgicale de réattribution sexuelle, épreuve racontée dans 僕が私になるために (2016) qui peut être traduit par Pour que je sois moi.

Pour La BD de la semaine et Des histoires et des bulles (catégorie 42, une BD que l’on m’a conseillée, merci Élodie !) et Jeunesse young adult #11. Plus de BD de la semaine chez Moka (lien à venir).

Extincta de Victor Dixen

Extincta de Victor Dixen.

Robert Laffont, collection R, novembre 2019, 608 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-22124-037-3.

Genres : littérature française, science-fiction, post-apocalyptique, jeunesse.

Victor Dixen naît en 1979 d’une mère française et d’un père danois. La famille vit dans plusieurs pays d’Europe et, devenu adulte, il vit aux États-Unis, en Irlande, à Singapour… Il écrit depuis 2009 et ses genres de prédilection sont ceux de l’imaginaire. Plus d’infos sur son site officiel.

Après le Grand Effondrement, dans les Dernières Terres, « les Derniers Humains expiaient la démesure de leurs ancêtres. » (p. 23).

À Viridienne, au sud ouest des Dernières Terres, Astréa, une jeune femme de 18 ans, faisant partie des suants, espère être choisie « pour rejoindre le pleuroir, temple de Terra, en tant que novice. » (p. 22). Mais le destin va en décider autrement car il ne reste que « 255 heures avant l’extinction » (p. 21).

De son côté, Océrian, 18 ans également, est le fils aîné du roi Orcus, « héritier de la dynastie cétacéenne qui depuis deux siècles régnait sur la cité-royaume » (p. 29) mais suite à un accident dans lequel il a perdu une jambe, il est mis au rebut au profit de ses deux frères, les princes Boréalion et Delphinion.

Ils n’auraient jamais dû se rencontrer car Astréa est tout en bas de l’échelle sociale, et Océrian qui aurait dû être au plus haut est enfermé dans le château de son père. Jusqu’à ce qu’il décide de s’enfuir !

« Gong ! Il n’y avait plus de serpents multicolores. Il n’y avait plus de nuit liquide. Il ne restait qu’une sensation de bien-être, d’apesanteur ; oui, quelque chose comme ce qu’il ressentait jadis, quand il fermait les yeux aux jardins et se laissait emporter par le vent de son imagination. Partir… Si loin… Et ne jamais revenir… » (p. 177-178).

Astréa s’enfuit dans la Désolation intérieure avec ses amis Margane et Sépien. Ils veulent délivrer Palémon (le frère aîné d’Astréa) et Livien (le frère jumeau de Sépien) en échange d’Océrian. « Il était un apex, elle était une suante. Il était un otage, elle était sa ravisseuse. C’était tout ce qu’il y avait à savoir, et rien de plus. » (p. 246).

Au comptoir Solitaire, où ils font halte, j’ai bien aimé le soignant Hippocampos et son cabinet des curiosités avec de vrais livres anciens. « Parfois, une pensée, une impression, une formule en révèlent davantage sur le mystère de la vie et de la mort que des traités entiers. Jadis, on appelait cela littérature. Et sa substantifique moelle, son essence précieuse, se nommait poésie. » (p. 270-271). Il y a pas mal de vers de Baudelaire.

Plus de 400 ans auparavant, le Grand Effondrement, un Effondrement écologique en fait, a détruit la Terre et pratiquement toute la faune, la flore et l’humanité, « Mêtana », « Kârbon », feux nucléaires… Les humains survivants se sont réfugiés tout au Nord mais le nom de Svalbard est oublié depuis longtemps. C’est maintenant les Dernières Terres avec les royaumes de Viridienne, de Souvenance, de Tourbeuse, de Lointaine, entre autres, tous fonctionnant sur le même système, avec les suants (les ouvriers suant toute la journée), les crachants (ceux qui crachent les ordres aux suants), les pleureurs (les prêtres), les saignants (les soldats) et les apex (les nobles, immunisés), chaque caste avec une couleur différente de linceuls et des animaux différents pour les reconnaître (leur prénom et le tatouage sur leur corps). Mais le royaume de Flamboyante est un royaume hérétique. Pratiquement plus d’animaux (il est interdit de les utiliser, de les tuer et de les consommer), pratiquement rien à manger à part des algues, une chaleur accablante… La survie n’est pas de tout repos.

Quant au voyage de notre petite troupe, il est dangereux et passionnant. Les relations entre les personnages, tous différents, et leur histoire personnelle sont bien construites. Et puis, il y a cette bougie qui de chapitre en chapitre (les chapitres alternent entre Astréa et Océrian) se réduit inexorablement et bien sûr le message écologique adressé aux lecteurs. Il est encore temps, on connaît les problèmes, on doit les résoudre avant qu’il ne soit trop tard pour la planète et ses habitants. C’est bien raconté, bien documenté et sombre à souhait. Aventure, amitié, amour même, trahison, tous les ingrédients y sont pour faire un excellent roman post-apocalyptique. De plus, le livre est soigné, illustré, avec des cartes, des bougies, et j’avais l’impression de voir certains animaux en lisant (d’ailleurs à chaque bas de page, il y a le nom latin d’espèces éteintes). Assurément je lirai d’autres titres de Victor Dixen (en avez-vous un particulièrement à me conseiller ?).

J’ai commencé ce roman durant la Semaine à lire – mai 2021, le dimanche 16 mai et je n’ai pas pu le finir avant le week-end suivant mais je peux encore le mettre dans le Printemps de l’imaginaire francophone qui se termine aujourd’hui ! Je le mets aussi dans Challenge lecture 2021 (catégorie 18, un livre sur l’écologie, 2e billet), Challenge nordique (puisqu’il se déroule au Svalbard, archipel norvégien dans l’océan Arctique), Jeunesse Young Adult #10 et Littérature de l’imaginaire #9.