Rooster Fighter – Coq de baston 3 de Shu Sakuratani

Rooster Fighter – Coq de baston 3 de Shu Sakuratani.

Mangetsu, collection Shônen, septembre 2022, 210 pages, 7,95 €, ISBN 978-2-38281-092-7. Rooster Fighter volume 3 (2022) オンドリの戦闘機 ou ニワトリ・ファイター (Niwatori Fighter) est traduit du japonais par Alexandre Fournier.

Genres : manga, shônen, science-fiction, fantastique, horreur.

Shu Sakuratani 桜谷シュウ naît… eh bien quelque part au Japon (aucune info) et il est mangaka. Son premier manga T-Dragon (ヒーローズコミックス 10 tomes entre 2015 et 2019) n’est pas traduit en français. Plus d’infos (et plein de dessins de coqs) sur son compte twitter et son instagram.

Prises de becs et célébrité pour Keiji, Piyoko et Elizabeth ! Mais c’est un peu galère car plusieurs personnes veulent les attraper… ou les filmer ce qui les rend encore plus célèbres.

Et un flashback pour comprendre qui est Sara et ce qui lui est arrivé.

Mais quand la haine s’empare d’un être, c’est la cata !

Piyoko est encore plus sous le charme et Keiji ferait-il des émules ? « Je veux suivre les traces de ce coq. » (p. 51).

En tout cas, une rencontre va bouleverser Keiji. « J’ignorais qu’il y avait des kijû comme toi. Te rencontrer m’a ouvert les yeux, Morio, merci. » (p. 88).

Chaque rencontre apporte quelque chose mais c’est sûr qu’il est préférable que la rencontre soit agréable.

Après la lecture du tome 1, et du tome 2, j’ai pu embrayer avec ce tome 3 puisque je l’avais sous la main.

Combats incroyables et humour sont les ingrédients principaux de cette série mais ce tome est différent, plus sérieux mais aussi plus philosophique, ce qui prouve que le mangaka ne va pas tourner en rond, il maîtrise son histoire et innove pour l’étoffer (et rendre ses lecteurs encore plus accros), j’ai donc hâte de lire le tome 4 que, heureusement, j’ai !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny), BD 2023, Contes et légendes #5, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11 et Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Rooster / Coq).

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Rooster Fighter – Coq de baston 2 de Shu Sakuratani

Rooster Fighter – Coq de baston 2 de Shu Sakuratani.

Mangetsu, collection Shônen, juillet 2022, 192 pages, 7,90 €, ISBN 978-2-38281-086-6. Rooster Fighter volume 2 (2021) オンドリの戦闘機 ニワトリ・ファイター (Niwatori Fighter) est traduit du japonais par Alexandre Fournier.

Genres : manga, shônen, science-fiction, fantastique, horreur.15

Shu Sakuratani 桜谷シュウ naît… eh bien quelque part au Japon (aucune info) et il est mangaka. Son premier manga T-Dragon (ヒーローズコミックス 10 tomes entre 2015 et 2019) n’est pas traduit en français. Plus d’infos (et plein de dessins de coqs) sur son compte twitter et son instagram.

Keiji, le coq aux supers pouvoirs, continue son combat contre les kijûs, « Cocori-K-O ! », talonné par la poussinette amoureuse de lui. Mais comment une énorme limace peut-elle être immortelle ? « Impossible… J’ai pourtant tué les autres en visant leur tête ou leur cœur… Il a forcément un point faible. »

Les scènes de combat sont spectaculaires et il y a beaucoup d’humour : qu’est-ce qui est le plus dangereux, un kijû ou… Elizabeth jalouse ?!!! Combat redoutable !

Malheureusement, les kijûs étaient auparavant rouges ou bleus et n’étaient pas très intelligents mais Elizabeth a remarqué que des kijûs mutants de toutes les couleurs arrivaient, « Ils possèdent des émotions et une intelligence proches de celles des humains… ainsi que leur propre caractère » (p. 78).

Keiji n’est plus seul, la poussinette (finalement nommée Piyoko) et Elizabeth seront sûrement utiles pour lutter contre ces kijûs mutants et contre l’immense kijû blanc. Mais en attendant, besoin de se rétablir et de se reposer alors un bon bain aux sources chaudes, ça vous dit ?

Après la lecture du tome 1, j’avais hâte de lire la suite mais j’ai dû attendre que les tomes arrivent (à la médiathèque). Un tome 2 très énergique, avec des dessins toujours très beaux et un ton humoristique – au milieu de toute cette horreur – qui me plaît bien. L’auteur continue de montrer la nature humaine et la possibilité que nous soyons des monstres au fond de nous sans même le savoir ou plutôt sans vouloir se l’avouer.

J’aime beaucoup Keiji mais Piyoko est peut-être mon personnage préféré (tellement mignonne). Je ne vais pas attendre trop longtemps pour retrouver le trio de choc puisque j’ai les tomes 3 et 4, ouf !

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny), BD 2023 et Challenge lecture 2023 (catégorie 7, un livre qui fait rire), Contes et légendes #5, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Rooster / Coq) et Un genre par mois (en mars, young adult).

Histoires bizarroïdes d’Olga Tokarczuk

Histoires bizarroïdes d’Olga Tokarczuk.

Noir sur blanc, octobre 2020, 192 pages, 19 €, ISBN 978-2-88250-657-3. Opowiadania bizarne (2018) est traduit du polonais par Maryla Laurent.

Genres : littérature polonaise, nouvelles, fantastique, science-fiction.

Olga Tokarczuk naît le 29 janvier 1962 à Sulechów (voïvodie de Lubusz) en Pologne. Elle étudie la psychologie à l’université de Varsovie et travaille bénévolement avec des personnes souffrant de troubles mentaux puis elle devient psychothérapeute à Wałbrzych (voïvodie de Basse-Silésie, près de la frontière tchèque). Mais en 1997, elle se consacre à l’écriture et contribue à la revue littéraire britannique Granta. Elle reçoit de nombreux prix littéraires et le prix Nobel de littérature 2018. Plusieurs de ses romans et nouvelles sont traduits en français et édités chez Robert Laffont ou chez Noir sur blanc. Plus d’infos sur son site officiel (en polonais).

Le passager – Lors d’un voyage en avion, la narratrice écoute un passager de plus de 60 ans raconter ses terreurs nocturnes durant l’enfance. « La cause de ses effrois nocturnes étaient inexprimable, il ne savait pas trouver les mots pour les raconter. » (p. 8).

Les enfants verts – Printemps 1656. « William Davisson, médecin de Sa Majesté Jean II Casimir, Roi de Pologne » (p. 11) ignore tout de la Pologne lorsque cet Écossais accepte « les charges de premier médecin du Roi de Pologne et de surintendant du Jardin des Plantes de Leurs Majestés. » (p. 11). Malheureusement l’hiver est très long, très froid, et le pays est attaqué à la fois par les Suédois à l’Ouest et les Russes à l’Est… Il se prend de passion pour l’étude de la plique (kołtun en polonais). Pendant un voyage avec le roi, Davisson rencontre deux enfants avec les cheveux et le visage verts, des « enfants verts » (p. 18).

Les bocaux – Après la mort de sa mère, un homme, la cinquantaine, cherche « … il ne savait quoi d’ailleurs » (p. 37). Comme il ne trouve rien d’intéressant, il décide « de descendre à la cave. Il n’y était pas allé depuis des lustres alors qu’elle, sa mère, y séjournait fréquemment, ce qui, pourtant, ne l’avait jamais intrigué. » (p. 38). Bizarrement, « la cave était incroyablement bien tenue. » (p. 38) et il est surpris d’y trouver de si nombreux bocaux. Mais certains sont très anciens et leur contenu est… peu reluisant.

Les coutures – Veuf, monsieur B. dort mal depuis qu’il a sorti d’un tiroir un collier de sa défunte épouse et que, « le cordon usé s’était rompu laissant se disperser les perles éteintes au sol. » (p. 43). C’est à ce moment-là qu’il se rend compte aussi que ses chaussettes ont toutes une couture « sur toute leur longueur, des orteils jusqu’à l’élastique en passant par la plante des pieds. » (p. 43). Au magasin, les chaussettes ont aussi cette couture… Les chaussettes seraient-elles « devenues différentes de ce qu’elles avaient toujours été » (p. 45) ? Mais il n’y a pas que les chaussettes ! « Il n’était pas fou, tout de même » (p. 48).

La visite – « Débranche-moi ! Maintenant » (p. 53), supplie Léna. C’est l’histoire de quatre femmes issues de l’homogenèse qui vivent ensemble (Alma, Léna, Fania et la narratrice) et qui ont un fils de trois ans, Chalim. Chacune fait ce qu’elle a à faire ; la narratrice, elle, est autrice et dessinatrice ; elle fait vivre la famille. Mais, aujourd’hui, leur « nouveau voisin doit passer prendre un café avant midi. Un étranger dans la maison. » (p. 55).

Une histoire vraie – Dans une gare, en descendant de l’escalator, une femme tombe. Personne ne s’arrête sauf un professeur. Cela ne lui porte pas chance… Et en dit long sur la société dans laquelle il (on) vit.

Le cœur – Chaque hiver, monsieur et madame M. partent en Asie ou la vie est moins chère. Mais, au retour, monsieur M. a « l’air fatigué et même malade. » (p. 79). L’hiver suivant, le cœur de monsieur M. allant au plus mal, le couple part en Chine pour la greffe d’un nouveau cœur. Mais « Il ne se sentait pas bien, il avait des vertiges et ne cessait d’écouter battre son nouveau cœur. Il lui semblait que les battements étaient différents, poussifs, un peu comme si monsieur M. était en train de courir, de fuir. » (p. 81).

Le Transfugium – Une femme part rendre visite à sa sœur aînée, Renata, au Transfugium. Elle est accueillie par le Dr Choï. Renata a demandé une transfugation et elle doit « terminer les formalités » (p. 98) mais elle n’y comprend rien (et, à vrai dire, moi non plus).

La montagne de Tous-les-Saints – Zurich, sous la neige en mai. La narratrice, psychologue, âgée et malade, est là pour une mission : « soumettre un groupe d’adolescents à un test » (p. 114). Elle va travailler avec Victor et Dany ; le programme prévoit « l’analyse de l’influence du capital social sur l’évolution de l’individu (dit-il), et/ou l’interférence de l’éventail des variables du milieu social sur les futurs succès professionnels (dit-elle) » (p. 120) sur des enfants adoptés. Pendant son temps libre, elle passe son temps avec les bonnes sœurs âgées. Cette histoire est plus mystérieuse et mystique.

Le calendrier des fêtes humaines – Ilon le Masseur est un excellent masseur, un raikone, le masseur attitré de Monokikos. Mais il ne pourra pas transmettre son art et son don à un fils car, veuf, il n’a qu’une fille de seize ans, Oresta. « Il s’inquiétait pour son avenir et, s’il savait parfaitement qu’elle ne pourrait pas prendre sa suite, il lui enseignait tout de même son art. » (p. 148). Dans la première partie, le lecteur a l’impression que cette histoire se déroule dans l’Antiquité mais la deuxième partie vient contredire cette idée.

Pour cette lecture commune consacrée à Olga Tokarczuk, dans le cadre du Mois Europe de l’Est, j’ai privilégié ce recueil de nouvelles, pensant qu’il serait plus abordable (facile et rapide à lire) qu’un gros roman mais je suis un peu dans l’expectative… Je n’ai vu aucune histoire qui sortait du lot, que ce soit dans le passé, le présent, le futur, et ce, même si l’autrice traite de nombreux thèmes. Et, justement, c’est peut-être trop hétéroclite pour attirer l’attention, la mienne en tout cas, ou alors ce n’était pas le bon moment pour lire ces dix nouvelles…

Mais, bien que mon avis général soit mitigé, le style est quand même agréable et les histoires toutes différentes ont tout de même un intérêt littéraire et philosophique. L’autrice parle aussi bien de l’Histoire humaine que des relations avec le monde qui nous entoure, de la relation (ou la non-relation) avec l’environnement et les animaux, de la solitude, de l’âpreté de la vie, de choses qui nous dépassent, etc. Le tout de manière assez froide et sombre mais toujours avec intelligence et avec une imagination immense. Ainsi, je vais voir quels titres proposent les autres participants à la LC pour noter celui (ou ceux) qui m’attirera (m’attireront) le plus afin de le(s) lire mais plus tard car j’ai déjà énormément de livres en ce moment.

Pour ABC illimité (lettre T pour nom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 22, un recueil de nouvelles, 2e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 17, un livre avec des voyages dans le temps, ici pas de voyages avec une machine à voyager dans le temps mais avec une machine littéraire qui emmène le lecteur, au fil des histoires, dans le passé, le présent et le futur), Littérature de l’imaginaire #11, Tour du monde en 80 livres et Voisins Voisines (Pologne).

La tour des Anges de Philip Pullman

La tour des Anges de Philip Pullman.

Folio Junior, n° 1052, octobre 2017 (nouvelle édition), 450 pages, 9,30 €, ISBN 978-2-07-509124-4. The Subtle Knife (1997) est traduit de l’anglais par Jean Esch.

Deuxième tome de la trilogie À la croisée des mondes qui m’a été envoyé par Lecteurs.com, merci !

Genres : littérature anglaise, littérature jeunesse, fantastique, science-fiction.

Philip Pullman [je remets ce que j’ai écrit pour Les royaumes du nord] naît le 19 octobre 1946 à Norwich dans le Norfolk en Angleterre. Son père étant pilote de la Royal Air Force, la famille le suit en Afrique (Rhodésie, Zimbabwe…) mais lorsque le père meurt dans un crash d’avion au Kenya en 1954, la mère et les deux garçons rentrent en Angleterre, et Philip et Francis grandissent chez leurs grands-parents à Norwich. Philip Pullman étudie à l’école bilingue Ysgol Ardudwy (Pays de Galles) puis à l’Université d’Oxford (Angleterre). Il devient professeur universitaire et se lance en littérature aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes (romancier, dramaturge). Plus d’infos sur son site officiel.

La lecture de ce deuxième tome, c’est tout nouveau pour moi puisque j’avais lu le premier tome il y a des années (peu de temps après sa parution) et j’avais vu le premier film mais je n’ai aucune idée de la suite. D’ailleurs, ça démarre avec un certain William (Will) Parry que je ne connais pas.

Will, 12 ans, laisse sa mère, prise de confusion mentale depuis que deux inconnus sont venus la harceler, chez madame Cooper, la professeure de piano. Deux hommes sont dans leur maison et l’un deux meurt en trébuchant sur le chat Moxie… Will s’enfuit avec le seul bien de sa mère, une écritoire en cuir vert qui contient des lettres, et part à la recherche de son père, disparu depuis dix ans. La seule chose que sa mère lui a dite est que « John Parry était un bel homme, un officier des Royal Marines, courageux et intelligent, qui avait quitté l’armée pour devenir explorateur et conduire des expéditions dans les endroits les plus reculés du globe. » (p. 20) mais Will n’a jamais trouvé aucune trace de lui. Par contre, il trouve une brèche et, en s’y cachant, il arrive dans un autre monde où il rencontre « Lyra Belacqua, surnommée Lyra Parle-d’Or par le roi Iorek Byrnison. » (p. 72). Cette ville, en bord de mer, abandonnée, c’est Cittàgazze et il y a des Spectres qui ont vidé les adultes de leur substance. « Peut-être une guerre dans les cieux parviendra-t-elle à chasser tous les Spectres de ce monde et à les renvoyer dans les enfers d’où ils sont sortis. Quel bienfait ce serait ! Nour pourrions enfin vivre heureux, libérés de cet effroyable fléau ! » (p. 185).

Pendant ce temps, madame Coulter complote avec des membres de l’Église et la sorcière Serafina Pekkala réunit un concile avec des sœurs, dont Ruta Skadi, qui elles aussi ont vu des horreurs faites aux enfants et à leur dæmon, et pour la première fois un homme y assiste, c’est Lee Scoresby.

Grâce à la brèche empruntée par Will, Lyra et Will vont dans le monde de Will pour effectuer chacun des recherches, Lyra sur la Poussière, ici appelées les Ombres avec le Dr Mary Malone, et Will pour découvrir des choses sur son père. Mais l’Oxford de Will est vraiment différent de l’Oxford de Lyra et les deux jeunes ne doivent pas se faire repérer, chacun pour des raisons différentes.

Il y a bien des dangers, les Spectres, le Couteau, madame Coulter, Lord Boreal… Dans ce deuxième tome, le lecteur suit particulièrement Lyra, Will et Lee Scoresby, les sorcières menées par leur reine Serafina Pekkala, le Dr Mary Malone, Marisa Coulter, et ce sur au moins trois mondes. « Lee sentit son moral remonter en même temps que son ballon. Un jour, il avait dit à Serafina Pekkala que voler ne l’intéressait pas, ce n’était qu’un métier pour lui, mais il n’était pas sincère en disant cela. S’élever dans les airs, avec un vent propice dans le dos, et devant soi, un nouveau monde : que pouvait-il y avoir de meilleur dans la vie ? » (p. 290). L’aléthiomètre est toujours là mais l’objet principal ici est le poignard subtil et il est question de l’Æsahahættr (un être humain, un objet, un Ange ?).

Que d’aventures dans cette Tour des Anges ! Un tome dense, avec de nouveaux personnages, plein de dangers et d’imaginaire à la fois fantastique et science-fiction ! Les lecteurs apprennent de plus en plus de choses de plusieurs personnes différentes et se sentent un peu privilégiés car ils en savent plus que Lyra et Will réunis. D’ailleurs, au contact de Will, Lyra a mûri, elle s’est radoucie, en un mot elle est moins arrogante. Cependant, l’histoire s’éparpille peut-être un peu mais bon… Prêts pour le tome 3, pour le combat impitoyable entre les différentes forces ?

Pour Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 11, un livre avec une couverture bleue, 3e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 12, un livre avec une plante sur la couverture, il y a 4 palmiers et plusieurs arbres), Contes et légendes 2023 (dæmons, sorcières, Anges, autres mondes…), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Bâtiment pour Tour, 2e billet), Un genre par mois (en février, c’est toujours drame) et Voisins Voisines 2023 (Angleterre).

Les royaumes du nord de Philip Pullman

Les royaumes du nord de Philip Pullman.

Folio Junior, n° 1051, octobre 2017 (nouvelle édition), 528 pages, 10,30 €, ISBN 978-2-07-509123-7. Northern Lights (1995) est traduit de l’anglais par Jean Esch.

Premier tome de la trilogie À la croisée des mondes qui m’a été envoyé par Lecteurs.com, merci !

Genres : littérature anglaise, littérature jeunesse, fantastique, science-fiction.

Philip Pullman naît le 19 octobre 1946 à Norwich dans le Norfolk en Angleterre. Son père étant pilote de la Royal Air Force, la famille le suit en Afrique (Rhodésie, Zimbabwe…) mais lorsque le père meurt dans un crash d’avion au Kenya en 1954, la mère et les deux garçons rentrent en Angleterre, et Philip et Francis grandissent chez leurs grands-parents à Norwich. Philip Pullman étudie à l’école bilingue Ysgol Ardudwy (Pays de Galles) puis à l’Université d’Oxford (Angleterre). Il devient professeur universitaire et se lance en littérature aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes (romancier, dramaturge). Plus d’infos sur son site officiel.

Jordan College, Oxford. Lyra, 11 ans, et son dæmon Pantalaimon (Pan) sont entrés dans le Salon où ne se réunissent que des hommes, les Érudits. Pris au piège, ils se cachent et voient le Maître verser de la poudre dans la carafe de Tokay 1898 destinée à Lord Asriel. « En fait, elle était surtout inquiète, mais pas pour elle-même. À force de se trouver dans des situations délicates, elle avait fini par s’y habituer. Non, cette fois, elle s’inquiétait au sujet de Lord Asriel, et se demandait ce que tout cela signifiait. Ce n’était pas souvent qu’il venait ici au Collège, et le fait que sa visite ait lieu en période de fortes tensions politiques indiquait qu’il ne venait pas seulement pour manger, boire et fumer avec quelques vieux amis. Elle savait que Lord Asriel et le Maître étaient l’un et l’autre membres du Conseil du Cabinet, l’organe consultatif particulier du Premier Ministre ; mais les réunions du Conseil se déroulaient au Palais, et non pas dans le Salon de Jordan College. » (p. 19-20). Lyra ne peut pas laisser son oncle se faire empoisonner !

En prévenant son oncle in extremis, Lyra lui sauve la vie mais elle voit les photos qu’il montre aux Érudits et elle veut aller avec lui dans le Grand Nord ! « Je veux voir les Lumières du Nord, les ours et les icebergs, et tout le reste. Je veux savoir ce qu’est cette Poussière. Et cette ville flottante. Est-ce un autre monde ? » (p. 43). Vous pensez bien que Lord Asriel refuse.

Ce roman se déroule dans notre monde mais pas vraiment notre monde, un monde imaginaire avec des petits côtés steampunk, fantastique, science-fiction et évidemment beaucoup d’aventures. Par exemple, il y a, dans le royaume de Britannia, entre autres une Cour de Discipline Consistoriale, un Conseil d’Oblation, un Magisterium, un pape Jean Calvin qui a « transféré le siège de la Papauté à Genève » (p. 45), une théorie Barnard-Stokes, « deux théologiens renégats qui posèrent comme hypothèse l’existence de nombreux autres mondes semblables à celui-ci, ni ciel ni enfer, mais des mondes matériels souillés par le péché. Tout proches de nous, mais invisibles et inaccessibles. La Sainte Église a tout naturellement réfuté cette hérésie abominable, et Barnard et Stokes furent réduits au silence. » (p. 46), des mondes parallèles donc. Et Lyra, sans le savoir, est déjà mêlée à tout ça mais contrairement aux apparences, le Maître et le Bibliothécaire de Jordan College font tout pour la protéger le plus longtemps possible.

Roger, le meilleur ami de Lyra, est un marmiton avec qui Lyra s’amuse beaucoup (escalades des toits du Collège, crachats de noyaux de prunes, imitations, courses folles, vols à l’étalage et petites bagarres entre bandes rivales). Mais une femme avec un singe doré enlève les enfants prépubères dans plusieurs villes ; les habitants les appellent les Enfourneurs et personne ne revoit jamais les enfants. Pour Lyra, ce n’était qu’une rumeur jusqu’à ce que des enfants – dont Roger – disparaissent à Oxford…

Quand Lyra fait la connaissance de madame Coulter, elle ne sait pas que c’est cette femme et son singe doré qui enlèvent les enfants… Elle doit partir avec elle et elle en est ravie, quelle aventure ! Mais avant le départ, le Maître lui remet un genre de boussole, en fait un aléthiomètre, « Il n’en existe que six dans le monde, celui-ci est l’un deux. Je te le répète, Lyra : ne le montre à personne. Il serait même préférable que Mme Coulter ne le voie pas. Ton oncle… […] Ça sert à dire la vérité. Mais pour savoir comment le lire, tu devras apprendre par toi-même. Va-t-en maintenant… le jour se lève. […] Lord Asriel a présenté cet instrument à Jordan College il y a quelques années. Peut-être pourra-t-il… […] Fais vite, petite, dit-il à voix basse. Les forces de ce monde sont très puissantes. Les hommes et les femmes obéissent à des courants beaucoup plus féroces que tu ne peux l’imaginer, qui nous balayent et nous entraînent malgré nous. Va, Lyra, que Dieu te protège. Et surtout, garde tes pensées pour toi. » (p. 100-101).

Et voici Lyra lancée dans le monde, à Londres où madame Coulter connaît « beaucoup de gens différents, qu’elle rencontrait dans toutes sortes d’endroits » (p. 110), des explorateurs, des militaires, des Skraelings, des scientifiques, des politiciens… Lyra découvre les grands magasins, les salons de thé, le théâtre… et madame Coulter lui enseigne tout ce qu’une jeune fille doit savoir, bref une vie trépidante, « élégante et raffinée » (p. 115) mais manquant cruellement de liberté. Lyra et Pan s’enfuient mais la ville de Londres est dangereuse et elle obtient le secours de gitans qui sur leur péniche se rendent à Byanplats dans les Fens mais je ne vous en dis pas plus car Lyra et Pan ont encore beaucoup de choses à vivre et à découvrir.

Je rajoute simplement que l’ours Panserbjorn sur la couverture, c’est Iorek Byrnison. Les gitans et Lyra sont aussi accompagnés de Lee Scoresby, un voyageur qui a un ballon dirigeable. Tous se dirigent vers Bolvangar dans le Grand Nord.

Deux ans avant la parution du premier tome de Harry Potter, voici le premier tome de la trilogie de Philip Pullman. Un tome plein, non pas vraiment de magie, mais de questionnements sur la vie, la parentalité, le passage à l’âge adulte, le pouvoir, la religion (le péché originel), la philosophie, l’avenir, et un mélange de science-fiction (technologie, steampunk, Poussière ou particules élémentaires inconnues, univers parallèles…) et de fantastique (dæmons, animaux qui parlent, ours en armures, sorcières…). Et bien sûr de l’aventure, de l’amitié, du courage et des dangers ! Je situerais le roman début du XXe siècle avec les grandes expéditions dans le nord mais l’auteur n’en dit rien, ce n’est donc qu’une supposition. En tout cas, Lyra – et les lecteurs captivés – vont de rebondissements en révélations dans ce premier tome foisonnant et passionnant ! Attention froid glacial dans le Grand Nord alors un feu de cheminée ou un plaid sont les bienvenus ! Les descriptions sont géniales et mes deux personnages préférés sont le dæmon Pantalaimon et l’ours Iorek Byrnison mais tous les personnages ont leurs particularités et l’auteur les a très bien élaborés.

Je suis très contente d’avoir relu Les royaumes du nord et je vais enfin pouvoir lire la suite !

Pour ABC illimité (lettre P pour prénom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 11, une couverture bleue), Challenge lecture 2023 (catégorie 40, un livre dont la couverture est un dessin), Contes et légendes 2023 (légendes du Nord, dæmons, sorcières…), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Lieu pour Nord), Un genre par mois (en février, drame) et Voisins Voisines 2023 (Angleterre).

Une rencontre inattendue d’A.D. Martel

Une rencontre inattendue d’A.D. Martel.

Scrineo, décembre 2022, 11 pages, nouvelle illustrée, lecture numérique.

Genres : littérature française, nouvelle, jeunesse, steampunk.

A.D. Martel fait des études scientifiques mais est doctorante en histoire. Elle aime lire depuis l’enfance, en particulier les littératures de l’imaginaire, et elle se lance tôt dans l’écriture de romans plutôt aventures, fantasy et science-fiction mais aussi quelques romances. Plus d’infos sur son site officiel sur lequel je suis surprise de voir autant de romans déjà écrits.

Rowena, orpheline de 12 ans, est la « meilleure mécanicienne d’Arkantras » (p. 1) mais elle a réparé l’automate pour l’apprenti Arnold et il refuse de la payer… Pire, le contremaître d’Arnold la fiche dehors en déchirant ses vêtements ! « Pourquoi le monde était-il si cruel ? Pourquoi avait-elle été stupide au point de croire que cet apprenti tiendrait parole ? » (p. 4).

Pendant que les riches s’affairent pour Noël, Rowena est maintenant déguenillée, trempée et seule au monde… Alors elle décide de se venger et, en pleine nuit, va récupérer dans l’automate la pièce qu’elle a réparée. Malheureusement elle met trop longtemps et au petit jour, elle est poursuivie par les dockers… Elle doit se cacher et entend « un son étouffé […]. Cela ressemblait… à une plainte. » (p. 7). C’est alors que Rowena découvre un chaton d’environ un mois, « vivant, mais plus pour longtemps » (p. 8). Ce chaton, c’est Monsieur Gratouille.

Scrineo fait mouche avec cette nouvelle inédite offerte pour Noël afin de donner envie de lire De rouages et de sang d’A.D. Martel. Steampunk, chat, cette série a tout pour me plaire et le côté jeunesse ne me dérange pas – au contraire puisque je participe comme chaque année au challenge Jeunesse young adult #12.

Je note donc les deux premiers tomes. Les disparus d’Arkantras paru en mars 2022 et Le trésor du Pink Lady paru en août 2022, les deux tomes étant illustrés par Myrtille Vardelle.

Myrtille Vardelle étudie les métiers du livre (édition-librairie) et la communication puis travaille dans un studio graphique. Elle est illustratrice, photographe et vit à Toulouse. Elle illustre de nombreuses couvertures et romans des éditions Scrineo. Plus d’infos sur son site officiel, Paper & Berries (plus mis à jour), sa page FB et son instagram.

Littérature de l’imaginaire #11

Il est des challenges que j’ai plaisir à retrouver chaque année, en particulier Littérature de l’imaginaire #11 qui dure du 1er janvier au 31 décembre 2023.

Infos, logos et inscription chez Ma lecturothèque. Il faudra déposer les liens dans la Chrobox (bon, ça ne fonctionne jamais pour moi…) et il y a le groupe Discord pour échanger (mais je n’y suis pas inscrite).

L’objectif est toujours de lire les littératures de l’imaginaire, science-fiction, fantasy, fantastique (et tous leurs sous-genres) avec des romans, nouvelles, essais, bandes dessinées incluant mangas et comics, ainsi que magazines spécialisés (comme Bifrost qui propose un contenu textuel), en format papier, numérique ou audio.

Les échelons En gras, mon choix mais je lis souvent plus.
1 : Atterrissage dans l’irréel – au moins 12 livres
2 : Immersion dans le vide – au moins 36 livres
3 : Absorption dans l’étrange – au moins 60 livres
4 : Fusion dans l’utopique – au moins 84 livres
5 : Synchronisation avec la page – au moins 108 livres

Les catégories En gras, mon choix, A, mais il est possible que j’entre dans D.

A : Ange gardien de la Simplicité – Le challenge reste comme il était jusque-là, à savoir tous les supports sont acceptés et vous lisez tous les genres des lectures de l’imaginaire.

B : Balrog des mots – On bannit les BD et les mangas, la place est réservée aux romans uniquement. Tous genres confondus.

C : Cerbère de la Multidisciplinarité – Vous devrez choisir un genre en début de challenge entre la fantasy et la SF. Ils ont tous deux des sous-genres ; dans cette catégorie vous devrez lire un livre par sous-genre. À vous de voir ce que vous lisez pour le reste de la catégorie.

Fantasy : Dark Fantasy / Heroic Fantasy / Fantasy épique (dans laquelle je regroupe volontairement la High Fantasy et le Sword & Sorcery) / Light Fantasy / Romantic Fantasy / Science Fantasy

Science-fiction : Anticipation / Cyberpunk / Hard-Science ou voyage dans le temps (au choix) / Space Opéra / Steampunk / Uchronie

D : Dragons de l’incontournable – Vous lirez ce que vous voudrez durant ce challenge dans le genre que vous voulez MAIS il vous sera obligatoire de lire 3 livres écrits par des auteurs que l’on qualifie de « classiques » de l’imaginaire. Les incontournables quoi.

Les thèmes bimestriels (facultatifs)
Janvier/février : premier contact
Mars/avril : villes personnages
Mai/juin : adaptation
Juillet/août : enquête
Septembre/octobre : lieu hanté
Novembre/décembre : épistolaire

Mes lectures de l’imaginaire

1. Darwin’s incident 1 de Shun Umezawa (Kana, 2022, Japon)

2. Harper et le cirque des rêves de Cerrie Burnell (Albin Michel Jeunesse, 2017, Angleterre)

3. 19 jours sans Noa d’Anne-Gaëlle Balpe (L’école des loisirs, 2022, France)

4. Charamba, hôtel pour chat – Bobine s’en mêle de Marie Pavlenko et Marie Voyelle (Flammarion Jeunesse, 2022, France)

5. Mermaid Saga Intégrale 1 de Rumiko Takahashi (Glénat, 2021, Japon)

6. Rita trace sa route de Flor Lurienne (Velvet, 2022, France)

7. Boubou et ses amis de Yoon-sun Park (Biscoto, 2022, Corée du Sud)

8. Où est Anne Frank ! d’Ari Folman et Lena Guberman (Calmann Lévy, 2021, Israël)

9. Romance d’Outre-Tombe de Natsuki Sumeragi (Delcourt/Akata, 2007, Japon/Chine)

10. Les royaumes du nord de Philip Pullman (Folio Junior, 2017, Angleterre)

11. La tour des Anges de Philip Pullman (Folio Junior, 2017, Angleterre)

12. Algue et la sorcière de Pınar Selek (Éditions des lisières, 2021, Turquie)

Atterrissage dans l’irréel – au moins 12 livres honoré 🙂

13. Histoires bizarroïdes d’Olga Tokarczuk (Noir sur blanc, 2020, Pologne)

14. Rooster Fighter – Coq de baston 2 de Shu Sakuratani (Mangetsu, 2022, Japon)

15. La fête des ombres (2 tomes) d’Atelier Sentô (Issekinicho, 2021, France – Japon)

16. Charamba, hôtel pour chats – Félins pour l’autre de Marie Pavlenko et Marie Voyelle (Flammarion Jeunesse, 2022, France)

17. Rooster Fighter – Coq de baston 3 de Shu Sakuratani (Mangetsu, 2022, Japon)

Darwin’s incident 1 de Shun Umezawa

Darwin’s incident 1 de Shun Umezawa.

Kana, collection Bik Kana, juillet 2022, 192 pages, 7,55 €, ISBN 978-2-50511-379-9. ダーウィン事変 (Darwin Jihen, 2020) est traduit du japonais par Frédéric Malet.

Genres : manga, seinen, science-fiction.

Shun Umezawa うめざわしゅん naît le 13 décembre 1978 à Kashiwa dans la préfecture de Chiba (Japon). Il est dessinateur, scénariste et il commence sa carrière de mangaka en 1998 avec un one-shot, Jerashi, publié dans le Weekly Young Sunday (Shôgakukan). D’autres titres sont parus avant Darwin’s incident, titre sur lequel il travaille depuis 2020 et prévu en 4 tomes. Shun Umezawa est plus connu en Espagne où ses précédents titres (Utopias, Ippiki to Kyûjûkyûhiki to, Pinkie Always rings Twice, Erehwon) sont traduits. Plus d’infos sur son site officiel.

Voici comment commence ce manga : « Le courant de la conscience s’étend des humains opprimés à tous les animaux, conduisant à de formidables réponses sur l’évolution. Charles Darwin (note griffonnée en février 1838) » (p. 2).

Institut de recherche biologique STRARD à Escondido en Californie. Des membres de l’Alliance de Libération des Animaux « attaquent » et libèrent des singes, des lapins, des chats, des chiens, des souris… et récupèrent une femelle chimpanzé en train de faire une fausse couche.

Institut de recherche sur les primates Kornberg à Saint-Louis dans le Missouri, deux mois plus tard. « Il s’agit du rapport officiel de l’Académie national des sciences. Le décryptage du séquençage de l’ADN et les dernières technologies d’analyse du génome le confirment. Ce nouveau-né… est un hybride mi-humain mi-chimpanzé. C’est un humanzee. » (p. 10-11).

Quinze ans plus tard, à Shrewsville dans le Missouri. Charlie a été adopté et élevé par Hanna et Gilbert (surnommé Bert), un couple composé d’une avocate et d’un scientifique. C’est son premier jour au lycée et… Charlie est considéré comme une bête curieuse (il est connu car il est régulièrement dans les journaux et a même rencontré le président). Mignon pour les uns (plutôt pour les filles), macaque pour d’autres voire danger (plutôt pour les garçons), Charlie n’est pas accueilli à bras ouverts par tous… « Moi, j’ai pas trop envie de m’approcher de lui… On ne sait pas ce que cet hybride pourrait nous faire. » (p. 24), sans commentaire.

Dans la cour, un chat est coincé dans un arbre et Lucy grimpe pour le récupérer mais la branche casse… Charlie est en cours, il saute par la fenêtre et rattrape à la fois le chat et Lucy. Évidemment tout le monde filme la scène. Après ça, à la cafétéria, Lucy et Charlie deviennent amis sous le regards éberlués des lycéens.

Malheureusement des membres plus violents – ou plus cinglés – de l’Alliance de Libération des Animaux organisent des attentats à New York et veulent rallier Charlie à leur cause… Charlie – bien que vivant à plus de 1500 km – est soupçonné de faire partie de ce groupe… « Dis-moi… tu penses vraiment que Charlie pourra devenir l’un des nôtres ? – Nous allons faire en sorte qu’il n’ait pas le choix. » (p. 75).

Au-delà de l’éthique (non, il n’est pas normal que les humains créent des hybrides, des chimères), ce genre d’histoires de science-fiction me plaît bien. Une fois que l’être vivant – ici Charlie – est existant, on ne va pas le tuer quand même mais il ne faut pas oublier qu’il est justement un être vivant sensible, doué de raison, de sentiments, d’émotions et pas qu’un sujet d’études ou d’expériences. Ce manga traite aussi des végans et en particulier de ceux qui commettent des attentats terroristes et tant pis pour les victimes collatérales, ça c’est affreux, on ne défend pas une cause par la violence (et je ne vis pas dans le monde des Bisounours). Quoiqu’il en soit, ce premier tome est une tuerie, je veux dire est vachement bien, enfin vous m’avez comprise, et j’ai hâte de lire la suite ! Le 2e tome est paru en octobre 2022 et le 3e est annoncé pour janvier 2023.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges ABC illimité (lettre U pour nom), BD 2023, Bingo littéraire d’Hylyirio 2023 (case n° 2, une BD ou un manga), Challenge lecture 2023 (catégorie 21, un livre d’un auteur que je n’avais jamais lu), Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11, Petit Bac 2023 (catégorie Prénom pour Darwin, j’ai vérifié Darwin est un prénom provenant du vieil anglais Deorwine qui signifie « cher ami »), Un genre par mois (en janvier, c’est BD, manga…). Certains liens de challenges arrivent !

Serii de Takehito Moriizumi

Serii de Takehito Moriizumi.

Atelier Akatombo, juin 2020, 190 pages, 13 €, ISBN 978-2-37927-061-1. セリー est traduit du japonais par Dominique et Franck Sylvain.

Genres : manga, seinen, science-fiction.

Takehito Moriizumi 森泉 岳土 naît en 1975 à Tôkyô au Japon. Il travaille dans une entreprise mais se rend compte que sa passion (depuis l’enfance) est le dessin. Son premier manga, Mori no Mari (Marie de la forêt) paraît dans Monthly Comic Beam alors qu’il a 35 ans. Sa technique de dessin est similaire au lavis (encre de Chine). Les mystérieux hasards de l’hiver et autres histoires paraît en 2019 (Lézard noir) et 1984 de George Orwell/La Luciole de Haruki Murakami en juin 2021 (Atelier Akatombo). Plus d’infos sur ses comptes facebook, twitter et instagram.

Un jeune homme, Kakeru, vit avec une androïde, Serii. Depuis une catastrophe, ils sont confinés dans une maison remplie de livres. Heureusement, il y a des réserves de nourriture pour Kakeru, un générateur pour l’électricité et le chauffage. « Kakeru… La situation est telle que nous ne pouvons plus sortir d’ici… Il s’est passé beaucoup de temps depuis que nous sommes sans nouvelles de l’extérieur. Ce monde… Y a-t-il d’autres personnes en vie à part toi, Kakeru ? » (p. 18-19).

Serii fait la lecture à Kakeru, de la fiction (Ursula Le Guin, Jack London…) ou des livres scientifiques (Paul Davis…) mais subitement ses yeux ne fonctionnent plus alors c’est Kakeru qui fait la lecture. Cependant Serii demande « Kakeru, et si tu me redémarrais à zéro ? Ça permettrait de me réparer, je pense. » (p. 69) mais Kakeru refuse car Serii est une véritable mémoire depuis qu’il est enfant et la redémarrer signifierait qu’elle perde tout ce qu’elle a enregistré ! Douze ans après, Kakeru meurt et Serii se retrouve seule…

Dans cette histoire post-apocalyptique en huis-clos, il y a une certaine douceur, pas de peur, pas d’horreur, c’est plutôt intimiste et philosophique. Les dessins sont très minimalistes, parfois simplement esquissés, et il y a de moins en moins de dialogues, peut-être parce que Kakeru et Serii sont usés par cette vie d’isolement ou alors parce qu’ils n’ont pas besoin d’autre chose que la lecture. Serii est, en tout cas, un très bel objet en tant que livre (à un prix très raisonnable) et c’est justifié vu l’importance des livres et de la transmission dans ce récit. C’est que Takehito Moriizumi aime la lecture depuis l’enfance et que Serii est un vibrant hommage à la littérature qu’elle soit de fiction ou scientifique.

Serii est suivie par 2 histoires courtes, Le sang de l’après-midi (les pages sont jaunes) et Ce jour-là, avec toi : Kuching (2015), Venise (2016), Okayama (2017), trois voyages que l’auteur a faits avec son épouse, puis une postface, Celle que je ne peux oublier (2018). La littérature « C’est un endroit où l’on peut se rendre chaque jour, mais où l’on est accompagné par le sentiment que rien ne se clôturera. » (p. 184). Ces histoires sont plus dramatiques, elles parlent de la famille, des souvenirs, et auraient pu se dérouler avant Serii.

Ils l’ont lu : Anne-Laure de Chut… Maman lit, Le Chroniqueur, Fondu au noir, L’œil de Luciole, d’autres ?

Pour La BD de la semaine, BD 2022, Littérature de l’imaginaire #10, Un genre par mois (de l’amour dans l’air, ici une histoire d’amour différente) et ABC illimité (lettre T pour prénom).

 

Rooster Fighter – Coq de baston 1 de Shû Sakuratani

Rooster Fighter – Coq de baston 1 de Shû Sakuratani.

Mangetsu, collection Shônen, mai 2022, 192 pages, 7,90 €, ISBN 978-2-38281-137-5. Rooster Fighter volume 1 (2021) オンドリの戦闘機 ou ニワトリ・ファイター (Niwatori Fighter) est traduit du japonais par Alexandre Fournier.

Genres : manga, shônen, science-fiction, fantastique, horreur.

Shû Sakuratani 桜谷シュウ naît… eh bien quelque part au Japon (aucune info) et il est mangaka. Son premier manga T-Dragon (ヒーローズコミックス 10 tomes entre 2015 et 2019) n’est pas traduit en français. Plus d’infos (et plein de dessins de coqs) sur son compte twitter et son instagram.

Pour l’instant 4 tomes sont parus au Japon : en prépublication dès décembre 2020 dans Hero’s Inc.’s Comiplex (extrait) et en parution dès mai 2021, et un tome est attendu pour 2023.

« Voici l’histoire d’un simple coq … déterminé à protéger l’humanité. » (p. 8). Il y a un an, le Japon a été envahi par des kijûs, des monstres gigantesques qui détruisent tout sur leur passage et bouffent les humains… Le coq sur la couverture, c’est Rooster Fighter ou Coq de baston, « Je vais tous vous éclater ! » (p. 6) mais son vrai nom est Keiji.

Ce coq, attrapé par deux chenapans (un veut le manger, l’autre le donner à son chat), est sauvé par un petit vieux, veuf et triste, qui lui donne à manger, « Désolé, je n’ai pas mieux à t’offrir… – Du riz complet, du maïs, de la pérille… C’est un festin digne d’un roi ! » (p. 22-23) lorsque un kijû fait son apparition, détruit la maison voisine et s’apprête à avaler les chenapans et le pépé alors le valeureux coq intervient et il réussit, « Cocori-K.-O. ! » (p. 46).

Keiji sait que d’autres kijûs apparaîtront alors il essaie d’être au bon endroit au bon moment. Mais il a un défaut, il ne sait pas nager et, après l’épisode du zoo, il est coincé sur une île : j’ai beaucoup aimé sa rencontre avec la tortue millénaire, « T’es bien le premier qui ose tenir tête à Gin le borgne. » (p. 111) et il va falloir qu’il aille en mer…

Les kijûs ne sont-ils pas les monstres que la société japonaise génère ? Des jeunes délaissés par leurs proches ou martyrisés et qui ont la peur au ventre puis la haine, des gens abrutis par leur travail et qui n’ont pas de vie ou des femmes abandonnées alors ils et elles pètent un câble… Au-delà du côté shônen (manga pour garçons et adolescents) et du côté science-fiction, fantastique, horreur, le lecteur se pose des questions sur la vie et la société (avec par exemple les oiseaux exotiques au zoo et le sacrifice de papy Zena, ou le papounet yakuza qui avait un bon fond et qui a été abusé). Nous, les humains, ne sommes-nous pas des monstres en puissance ? Dans le sens ne pouvons-nous pas tous nous transformer en monstre, comme manger des êtres vivants morts (ou parfois encore vivants dans certaines gastronomie) ou prendre plaisir à voir des animaux enfermés ou faire souffrir les autres ou pire…

À noter que les kaijû 怪獣 sont des créatures étranges, mystérieuses, monstrueuses mais naturelles qu’on voit dans le kaijû eiga 怪獣映画, le cinéma japonais de monstres comme Godzilla pour ne citer que le plus connu mais ici, le mot kijû est inventé, peut-être parce que les créatures sont des humains qui se transforment et pas des créatures naturelles comme les kaijû.

Source : éditeur.

Hey, le business « dans le nettoyage. Le yakuza moderne se doit de gagner sa vie honnêtement. » (p. 153), un clin d’œil à La voie du tablier de Kôsuke Oono ? En fin de volume, il y a une histoire bonus, ah ah ah, une histoire de coq et de poulette… Bon c’est quand même un manga sérieux mais qui m’a fait rire et qui est super bien dessiné avec des détails très réalistes et fournis (ci-contre, mon image préférée). Quelle idée saugrenue et excellente de créer un coq sauveur de l’humanité ! C’est loufoque, sans aucun temps mort, et si vous n’aimez pas particulièrement la baston, ne passez pas votre chemin car dessins et messages valent vraiment le coup ! J’ai hâte de lire les tomes suivants pour en savoir plus sur Keiji, ses pouvoirs et sur ce qui l’a mené dans ce combat.

Pour La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny), BD 2022 et les challenges ABC illimité (lettre S pour nom), Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie Animal pour Rooster / Coq) et Un genre par mois (contemporain en novembre, avec justement un manga très contemporain au niveau dessin, histoire, traitement des thèmes…).