La bibliothèque des rêves secrets de Michiko Aoyama

La bibliothèque des rêves secrets de Michiko Aoyama.

Nami, mai 2022, 352 pages, 19 €, ISBN 978-2-49381-602-3. お探し物は図書室まで Osagashimono wa toshoshitsu made (2020) est traduit du japonais par Alice Hureau.

Genres : littérature japonaise, roman.

Michiko Aoyama 青山美智子 naît le 9 juin 1970 dans la province d’Aichi au Japon. Elle fréquente le Lycée Seto Nishi de la préfecture d’Aichi puis étudie à l’Université privée de Chukyo toujours à Aichi. Elle est journaliste (elle a étudié un an en Australie puis a travaillé deux ans pour un journal de Sydney). De retour au Japon, elle s’installe à Tokyo où elle travaille comme journaliste puis elle vit à Yokohama (avec son mari et leurs enfant) et commence une carrière d’autrice (nouvelles et romans). La bibliothèque des rêves secrets est son premier roman paru en France mais pas son premier roman paru au Japon : Un jeudi saveur chocolat 木曜日にはココアを est paru en 2017. (Source Wikipédia Japon).

Mot de l’éditeur (un éditeur que je n’ai encore jamais lu mais j’avais repéré les romans avec leurs belles couvertures colorées !) : « Symbole du mouvement perpétuel de la vie, Nami signifie vague en japonais. C’est aussi la maison d’édition qui donne vie à une littérature de l’intime. Une littérature qui nous parle de nos joies, de nos peines, de nos défis et de nos choix. » (p. 1). Voici Nami en kanji (idéogramme) 波 et vous pouvez devinez les vagues (la clé sur la gauche), le kanji de l’eau 水 (au-dessous) et ce qui représenterait le littoral donc le sol (en haut).

Mais entrons dans le roman !

Tomoka Fujiki a 21 ans, elle a grandi à la campagne mais elle a étudié et elle vit à Tokyo où elle est vendeuse à Éden, un grand magasin de prêt-à-porter féminin. Pourtant elle trouve sa vie insignifiante et craint de vieillir sans avoir rien fait de sa vie… Je précise que, dans la tradition japonaise, les femmes doivent être mariées avant l’âge (fatidique) de 30 ans mais les mentalités évoluent. « […] c’était intéressant de relire une fois adulte un livre découvert dans son enfance. On repérait de nouveaux éléments. » (p. 38) et « C’était une autre manière de voir les choses. » (p. 41).

Ryô Urase a 35 ans, il habite dans la préfecture de Kanagawa (capitale Yokohama) et il travaille comme comptable chez un fabricant de meubles mais « que [son] supérieur soit incompétent et [sa] subordonnée démotivée [lui] était insupportable. » (p. 81) et il n’a qu’une envie, démissionner et ouvrir un magasin de brocantes. Il s’ouvre à sa petite amie, Nina et j’aime beaucoup sa réponse, « Voilà, c’est ça ! Et je suis sûre que les choix faits grâce à cet enthousiasme seront plus justes que ceux qui reposent sur la raison. » (p. 136).

Natsumi Sakitani a 40 ans et elle est « employée au service documentation d’une maison d’édition » (p. 144) mais, avant la naissance de sa fille, elle était membre du service éditorial pendant plus de dix ans… « Je me sentais au bord du précipice, j’avais l’impression que je ne valais plus rien. » (p. 148). En même temps, son mari accumule « plus d’heures supplémentaires et de voyages d’affaires pour son entreprise » (p. 149). Cette phrase m’a touchée, « La plus grande chose que tu aies accomplie, c’est ta naissance. Rien de ce que tu vis ensuite n’est aussi dur que cet événement extraordinaire. Mais tu y as résisté, alors tu peux tout surmonter. » (p. 166).

Hiroya a 30 ans, adorant les mangas il a étudié dans une école d’art mais il est sans emploi et vit chez sa mère. Son rêve était de devenir un grand dessinateur. Il n’est pas retourné dans son lycée depuis 12 ans mais, lors de l’ouverture de leur capsule temporelle, il revoit Seitarô qui rêvait de devenir écrivain. « Chacun avait sa propre histoire… » (p. 277).

Masao Gonno a 65 ans, il a occupé un poste de chef de service commercial dans une entreprise pendant 42 ans et il est maintenant retraité. Or il n’a plus tous les contacts qu’il avait en travaillant ; il n’a pas de centres d’intérêts et son épouse travaille encore. « Que ferais-je de ma vie, dès demain ? » (p. 280).

Quel est le lien entre ces cinq Japonais qui ne se connaissent pas ?

En ce qui concerne le bien-être et le feel good, les Japonais sont différents des Européens, je dirais même des Occidentaux ; ils abordent ces thèmes d’une façon et d’une écriture différentes mais qui sont agréables et donnent à réfléchir. Ici, c’est particulièrement le monde du travail qui est ‘décortiqué’ par l’autrice et j’ai beaucoup aimé ces histoires et cette histoire. Mais pas que, il y a aussi les relations humaines, les liens qui nous lient ainsi que la bienveillance (la bibliothécaire, Sayuri Komachi) et la poésie de la vie.

Lu pour Un mois au Japon, ce joli roman va aussi dans Challenge lecture (catégorie 1, un roman avec un ou des livre(s) sur la couverture) et Petit Bac 2024 (catégorie Lieu pour bibliothèque).