La fête des ombres (2 tomes) d’Atelier Sentô

La fête des ombres 1 d’Atelier Sentô.

Issekinicho, mars 2021, 80 pages, 16,90 €, ISBN 979-1-095397-12-0.

Genres : bande dessinée française, jeunesse, fantastique.

L’Atelier Sentô, « Cécile Brun et Olivier Pichard, est né de voyages au Japon, de rencontres, de dessins et de photographies ramenés du pays du Soleil Levant. Ils aiment faire découvrir un Japon inhabituel, composé de villages perdus dans les montagnes, de fêtes populaires et d’esprits oubliés. Leur précédent récit – Onibi – a été récompensé par le trophée d’argent du Japan International Manga Award. » (source éditeur). Les suivre sur leur site officiel, Facebook, Instagram, Twitter et YouTube.

Cet été, dans le village de la Vallée des ombres, Naoko tenait la main de la fillette mais celle-ci a quand même disparu dans la brume… « Je savais que c’était fini, que jamais je ne la reverrais. Mais je m’obstinais à la chercher, malgré les larmes qui troublaient ma vue. » (p. 4). À sa place, un jeune homme perdu est apparu.

Chaque mois, les habitants du village se réunissent et parlent de l’ombre qu’ils ont recueilli. Naoko est la plus jeune de ce groupe ; les autres sont principalement des personnes âgées.

Mais l’ombre – le jeune homme – que Naoko a recueilli ne se rappelle absolument de rien et dans un an, elle disparaîtra comme elle est arrivée. « Ça me va. Un an ici, c’est déjà un petit bout d’éternité. » (p. 19).

De plus, autour du village, des ombres noires apparaissent.

À travers des chapitres courts, comme autant de petites histoires qui se suivent, les auteurs racontent l’histoire de Naoko et de l’ombre dont elle s’occupe. Ce premier tome couvre l’automne et l’hiver. J’ai bien aimé le poisson sauvé (p. 34) et la fin est surprenante ; j’enchaîne avec le tome 2.

La fête des ombres 2 d’Atelier Sentô.

Issekinicho, octobre 2021, 80 pages, 16,90 €, ISBN 979-1-095397-13-7.

Katsu, l’ami d’enfance de Naoko, a enfin trouvé qui est l’ombre qu’elle a recueillie. Le jeune homme est Yukito Kondo, un artiste peintre de Tokyo, qui n’est pas mort mais dans le coma depuis sa tentative de suicide il y a huit mois et il vient de se réveiller !

Naoko se rend à Tokyo. « Tokyo… La ville de tous les possibles. Combien de fois avais-je rêvé de tout quitter pour m’y installer ? Mais aujourd’hui mon excitation se teinte d’angoisse. Et si j’avais fait une grave erreur en venant ici ? » (p. 5). Elle entre en contact avec Yukito.

Ce deuxième et dernier tome, qui couvre le printemps et l’été, est encore pus dramatique que le premier mais peu à peu, des vérités se font jour. « Et dire que le festival commence demain. Si seulement on pouvait demander une année supplémentaire… Il reste tant de questions… Mais à peine quelques heures. Tout ce qu’on peut faire, c’est profiter de cette dernière journée. » (p. 56).

La fête des ombres est un très beau diptyque qui conte le Japon traditionnel et moderne, le Japon de la campagne et de la ville, et aussi l’irruption du fantastique, du surnaturel dans le quotidien des villageois. Parce que c’est tout ça le Japon, et bien plus encore ! Vous pouvez lire une interview enrichissante des deux auteurs sur Journal du Japon. J’ai beaucoup aimé suivre les saisons et l’évolution des personnages avec un texte et des dessins peints vraiment très beaux. C’est coloré, poétique, philosophique mais… Est-ce vraiment destiné à la jeunesse ?

Je mets ces deux tomes dans La BD de la semaine (plus de BD de la semaine chez Fanny) et les challenges BD 2023, Contes et légendes #5, Jeunesse & young adult #12, Littérature de l’imaginaire #11 et Un genre par mois (en mai, genre expressif, la narration doit être en « je » et c’est le cas pour Naoko).