Des souris et des hommes de John Steinbeck et Rébecca Dautremer

Des souris et des hommes de John Steinbeck et Rébecca Dautremer.

Tishina, octobre 2020, 420 pages, 37 €, ISBN 979-10-91472-07-4. Of Mice and Men (1937) est traduit de l’américain par Maurice-Edgar Coindreau.

Genres : bande dessinée française, littérature états-unienne, adaptation d’un classique.

John Steinbeck naît le 27 février 1902 à Salinas en Californie (États-Unis). Son père est d’origine allemande et sa mère d’origine irlandaise. Comme l’été, il travaille dans les ranchs voisins, il découvre la vie des travailleurs agricoles itinérants et leurs difficultés (j’ai lu En un combat douteux en début d’année). Il étudie la littérature anglaise à l’Université Stanford à San Francisco. Il a une vie riche en expériences professionnelle et humaine. Il écrit plusieurs romans et nouvelles (prix Nobel de littérature en 1962) ainsi que des récits et reportages. Il meurt le 20 décembre 1968 à New York.

Rébecca Dautremer naît le 20 août 1971 à Gap dans les Hautes-Alpes. Elle se passionne pour la photographie et le dessin, et elle étudie à l’École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) de Paris d’où elle sort diplômée en 1996. Dès 1995, elle commence à travailler comme illustratrice pour des éditeurs jeunesse (Deux Coqs d’Or, Gautier-Languereau, etc.). Elle est la compagne de Taï-Marc Le Thanh. Plus d’infos sur son site officiel. J’ai déjà lu plusieurs de ses albums mais mes notes de lectures doivent encore être dans un cahier de brouillon (j’aime beaucoup ses dessins d’animaux).

Le livre commence avec une galerie de portraits sur deux pages puis une affiche Tomato Ketchup avec une mignonne souris en tablier de cuisine et une tomate et de nouveau une galerie de personnages y compris des animaux.

Des paysages de la Salinas, les monts Gabilan, la vallée, la rivière, les arbres, les animaux, la clairière et puis deux hommes.

Avril 1937. Lennie Small et George Milton. Ils sont en route pour aller travailler dans un ranch, ils ont leur carte de travail, mais Lennie est un peu spécial (il oublie tout, il a une souris morte dans la poche) et c’est George qui gère tout.

« Tu n’peux pas garder un métier, et tu me fais perdre toutes les places que je trouve. Tu passes ton temps à me faire balader d’un bout du pays à l’autre. Et c’est pas encore ça le pire. Tu t’attires des histoires. Tu fais des conneries, et puis il faut que je te tire d’affaire. » (George).

« Les types comme nous, qui travaillent dans les ranches, y a pas plus seul au monde. Ils ont pas de famille. Ils ont pas de chez soi. Ils vont dans un ranch, ils y font un peu d’argent, et puis ils vont en ville et ils le dépensent tout… et pas plus tôt fini, les v’là à s’échiner dans un autre ranch. » (George).

« Lennie n’l’a pas fait par méchanceté, dit-il. Il passe son temps à faire des bêtises, mais c’est jamais par méchanceté. » (George).

Jusqu’au drame… jusqu’aux drames…

Le texte et les illustrations correspondent plus à un roman graphique qu’à une bande dessinée classique. Les illustrations de Rébecca Dautremer alternent entre les grands dessins pleine page et les tout petits dessins qui se suivent sans qu’il n’y ait de cases. La lecture est cependant facile et suit, à mon avis, le roman de John Steinbeck. À noter qu’il y a beaucoup de phrases originales (en anglais), à côté des personnages, écrites en rouge.

Un très beau roman graphique (bravo à Rébecca Dautremer et aux éditions Tishina !) à lire absolument et, même mieux, si vous êtes fan de John Steinbeck, à avoir dans sur ses étagères et aussi à offrir !

Pour les challenges 2023 sera classique, BD 2023, Challenge lecture 2023 (catégorie 30, une BD qui est l’adaptation d’un roman, 4e billet), Mois américain 2023 et Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Souris).

Pourquoi je n’ai pas mis cette lecture demain dans La BD de la semaine ? Parce qu’il y a une thématique Jeunesse et cette bande dessinée n’est clairement pas pour la jeunesse.

La terre des Doukhobors de Natela Grigalashvili

La terre des Doukhobors de Natela Grigalashvili.

Images plurielles, octobre 2021, 144 pages, 30 €, ISBN 978-2-919436-44-6.

Genres : Géorgie, beau livre, photographies.

Natela Grigalashvili naît en 1965 à Khashuri en Géorgie. Elle a une passion pour le cinéma et le néoréalisme italien. Après des études de photographie à Tbilissi, elle devient la 1ère photojournaliste de Géorgie avec des photos emplies de nostalgie et compassion (mots employés par Damien Bouticourt). Elle fonde l’agence Kontakt et elle est professeure de photographie à Tbilissi. Plus d’infos sur son site officiel.

Le texte Préserver le temps est de Damien Bouticourt (en français et en anglais).

Qui sont les Doukhobors ? Leur nom leur est donné en 1785, de doukh = esprit et bor = abréviation de borietz = lutteur. C’est une communauté rurale qui vit comme aux deux siècles derniers mais on voit l’irruption de la modernité de vieilles voitures et une antenne parabolique.

Ils portent des vêtements traditionnels colorés, surtout les femmes. Il y a de la neige, des maisons anciennes en bois, des animaux (chiens, chevaux, moutons, vaches) et je vois beaucoup de joie, de bonheur.

Ce sont des Russes installés en Géorgie après les réformes de l’église orthodoxe au XVIIe siècle : leur conception – considérée comme hérétique – est que « la divinité est dans l’âme de chacun, en chacun doit aussi être l’église pour cette divinité » (cf. Tolstoï et les Doukhobors, faits historiques réunis et traduits du russe par J.W. Bienstock, Stock, 1902).

Ils ont d’abord été déportés vers la Crimée en 1802 avant d’être exilés en Transcaucasie (Arménie, Azerbaïjan, Géorgie). Les 90 photos de ce très beau livre ont été prises dans le village de Gorelovka « proche des frontières arménienne et turque ».

Leurs besoins essentiels ? Le pain, le sel et l’eau, symboles de paix et d’hospitalité. D’ailleurs, ils partagent les biens matériels avec un mode de vie fraternel et communautaire, une agriculture collective et raisonnée et aucune cruauté envers les animaux . Leur culture est orale ; ils sont non violents et pacifistes, végétariens et ne consomment ni alcool ni tabac.

Toutes les photos sont magnifiques, avec une ambiance incroyable. Ma préférée est celle avec les deux taureaux qui se font face dans la rue du village embrumé. Les Doukhobors, une communauté à découvrir ! Et si, cela vous intéresse, plus d’infos sur Doukhobors Museum.

Pour ABC illimité (lettre N pour prénom), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 20, de la neige sur la couverture, au loin sur les montagnes), Challenge lecture 2023 (catégorie 37, un livre dont le titre ne contient pas la lettre A), Lire sur les minorités ethniques, Mois Europe de l’Est (avec 2 jours de retard) et Tour du monde en 80 livres (Géorgie).

Des oiseaux de Paolo Pellegrin

Des oiseaux de Paolo Pellegrin.

Atelier EXB, collection Des oiseaux, octobre 2021, 104 pages, 35 €, ISBN 978-2-36511-312-0.

Genres : beau livre, photographies.

Paolo Pellegrin naît le 11 mars à Rome en Italie. Il étudie à l’Institut de photographie de Rome. Il est photojournaliste à l’internationale. Ses œuvres sont présentées dans plusieurs expositions et publications et il reçoit plusieurs prix. Plus d’infos sur Magnum Photos.

Ce très beau livre est le 11e tome de la collection Des oiseaux. Il contient 44 photographies en noir et blanc. Le texte (en fin de volume) est de Guilhem Lesaffre. Il existe en version française et en version anglaise, et aussi en version illimitée sous coffret [ici].

Je l’ai consulté trois fois pour bien m’imprégner des photographies. J’aime les rapaces et j’ai visité une partie de cette forêt mais je n’ai pas vu ces milans noirs (tobi en japonais)… Peut-être que je n’ai pas assez levé la tête ou que ce n’était pas la bonne saison pour les voir…

À Kyoto, le Shimogamo (temple Shimo) est situé au nord du delta de la rivière Kamo (Kamo-gawa en japonais, ce qui signifie rivière aux canards) et il se dresse au cœur de la Tadasu no Mori (ce qui signifie forêt de la vérité). Ce sanctuaire shintô a été construit au VIIe siècle dans une forêt primaire peuplée de milans noirs.

« Planant haut dans le ciel, tombant soudainement à pic, virevoltant avec puissance toutes ailes déployées avant de surgir parmi les frondaisons, les milans exécutent avec maestria un joyeux ballet choral. L’objectif tourné vers la pureté abstraite de l’azur, Paolo Pellegrin a saisi leur fulgurante vitesse dans des cadrages serrés : les oiseaux semblent jaillir du cadre ou en sortir à toute allure. Rémiges effilées, serres en position aérodynamique pour mieux filer dans l’espace, silhouettes souples et fuselées : les chorégraphies se succèdent, en soliste, en duo ou en groupe. Les milans noirs glissent dans les airs, opèrent des loopings, dessinent des figures acrobatiques. Ils se détachent sur des ciels aux noirs et blancs saturés, nous fixent, nous défient, nous surprennent. Leur majesté force l’admiration. Leurs rémiges se font doigts, leurs ailes deviennent capes. Défiant les lois de la pesanteur, immergés dans les profondeurs des sous-bois, les oiseaux de Pellegrin nous invitent à pénétrer dans un monde mystérieux et fantomatique, où seule règne la présence animale. »

Pour ABC illimité (lettre D pour titre), Bingo littéraire d’Hylyirio (case n° 14, le nom d’un animal dans le titre, 2e billet), Challenge lecture 2023 (catégorie 57, un livre documentaire) et Petit Bac 2023 (catégorie Animal pour Oiseaux).

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Le jeudi, c’est musée/expo #35 – Coink, en avant la musique !

Je voulais absolument vous montrer cette expo Coink, en avant la musique ! de Lionel Le Néouanic (visible en février-mars 2022), mes photos ci-dessous.

Coink, en avant la musique ! paru au Rouergue en octobre 2017, 144 pages, 19 €, ISBN 978-2-8126-1481-1.

Genres : littérature jeunesse, album illustré, beau livre, Art.

Lionel Le Néouanic naît en 1964 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Il est auteur et illustrateur de livres jeunesse et aussi artiste (plasticien, graphiste, musicien). Il vit dans la Drôme.

J’aime sa façon d’utiliser toutes sortes de matériaux (pâte à modeler, ficelles, bois, pierre, papiers, métaux même rouillés, etc.) pour en faire de l’art, de beaux objets. Et vous ?

Plus d’infos sur son site officiel sur lequel vous pouvez découvrir ses livres publiés, sur sa page FB et vous pouvez voir plusieurs vidéos sur internet.

Coink, en avant la musique !, c’est donc un livre mais aussi des objets d’art, une expo, le thème de la musique donc je mets tout ça dans les challenges Adaptations littéraires, Jeunesse young adult #11 et Petit Bac 2022 (catégorie Art pour Musique).

Ma folle vie de dessinateur de Benjamin Chaud

Ma folle vie de dessinateur ou comment faire son autoportrait en toutes circonstances de Benjamin Chaud.

Hélium, collection Humour, novembre 2021, 128 pages, 13,90 €, ISBN 978-2-330-15564-3.

Genres : beau livre, dessin, humour.

Benjamin Chaud naît le 29 janvier 1975 à Briançon dans les Hautes-Alpes. Il étudie les arts appliqués à Paris et les arts décoratifs à Strasbourg. Il est auteur et illustrateur, principalement pour la jeunesse, Les petits Marsus, l’éléphant Pomelo (avec Ramona Bádescu), la Fée Coquillette, entre autres. Plus d’infos sur son Instagram.

Benjamin Chaud, dessinateur consciencieux, se dessine pour « s’imaginer », « rêver », « s’accepter tel que l’on est », « sans se mettre en valeur » mais « se faire plaisir », « s’amuser follement », « gribouiller » même, « trouver sa couleur » mais « pas trop de couleur », « tenir bon », « entrer dans son dessin », « s’y fondre » même et pourquoi pas y « prendre racine » mais « dessiner toujours », « toujours dessiner », voici quelques-uns des 128 dessins / 128 autoportraits parce que Benjamin Chaud aime « n’en faire qu’à sa tête », « travailler trop tard » et boire beaucoup de café.

Après Les Romantiques, 60 classiques de la littérature en version érotique de Benjamin Chaud et Cécile Coulon et les deux expos Les Romantiques et Trait pour trait, je vous présente Ma folle vie de dessinateur qui ressemble à une petite bande dessinée pour découvrir la vie « statique » (en position assise) d’un dessinateur. C’est drôle, c’est tendre, c’est coloré, c’est inspiré, un livre artistique dont on ne se lasse pas ! Merci à Annick de me l’avoir fait lire (je l’ai déjà lu trois fois tellement j’aime les dessins).

Pour La BD de la semaine, Challenge lecture 2022 (catégorie 56, un livre que vous lisez pour la deuxième fois) et Petit Bac 2022 (catégorie Art pour Dessinateur). Plus de BD de la semaine chez Moka.

Les Romantiques de Benjamin Chaud et Cécile Coulon

Les Romantiques, 60 classiques de la littérature en version érotique de Benjamin Chaud et Cécile Coulon.

Robert Laffont, octobre 2021, 128 pages, 21 €, ISBN 978-2-22125-349-6.

Genres : beau livre, classiques, dessin, érotisme, humour.

Benjamin Chaud naît le 29 janvier 1975 à Briançon (Hautes-Alpes). Il étudie à l’École des arts Appliqués de Paris et à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Il est illustrateur et auteur de littérature jeunesse (la Fée Coquillette, les Petits Marsus, Pomelo, Taupe et Mulot… pour lesquels il reçoit plusieurs pirx) mais Les Romantiques est un livre pour les adultes. Plus d’infos sur sa page FB.

Cécile Coulon naît le 13 juin 1990 à Saint Saturnin dans le Puy de Dôme (en Auvergne). Elle publie son premier roman à l’âge de 16 ans (Le voleur de vie, éditions revoir). Elle étudie le cinéma, hypokhâgne et khâgne (Lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand) et les lettres modernes. Elle reçoit des prix littéraires pour ses romans et sa poésie. Elle est romancière, nouvelliste, dramaturge et poétesse. Plus d’infos sur sa page FB.

« Quand il s’agit d’amour, de sexe et de littérature, il n’existe pas de petites espérances. » (2e de couverture et p. 64). La Bible, L’Odyssée, Les mille et une nuits, La divine comédie, Gargantua, Roméo et Juliette « Y a du monde au balcon. » (p. 16) !, Le songe d’une nuit d’été, Hamlet, Don Quichotte, Dom Juan, Gulliver, Robinson Crusoé, Candide, Justine ou les malheurs de la vertu, Les liaisons dangereuses, Le rouge et le noir, Les illusions perdues, Les trois mousquetaires, et même Moby Dick, le Capital et plusieurs autres, autant de classiques revisités par Cécile Coulon (texte) et Benjamin Chaud (dessin), le tout de façon subtile, amusante et érotique. Bien sûr, c’est coquin et tellement drôle ! Mon dessin préféré est page 115 sur Autant en emporte le vent.

Une lecture spéciale pour Les classiques c’est fantastique #2 (le thème de février est ‘les bijoux indiscrets’ que je mets aussi dans 2022 en classiques, Les adaptations littéraires et Challenge lecture 2022 (catégorie 32, un livre dont les initiales de l’auteur se suivent dans l’alphabet).

Et je vous parle de l’expo jeudi !

Little Nemo 1905-2005 – Un siècle de rêves

Little Nemo 1905-2005 – Un siècle de rêves.

Les impressions nouvelles, Hors collection, septembre 2005, 104 pages, 28 €, ISBN 978-2-87449-000-8.

Genres : bande dessinée, dessins de presse, classique.

Ouvrage collectif avec David B, Igort, Jean-Philippe Bramanti, Dylan Horrocks, Craig Thompson, Katsuhiro Otomo, Peter Maresca, Gilles Ciment, Marc-Antoine Mathieu, Miguelanxo Prado, Lorenzo Mattotti, Mœbius, Art Spiegelman, Serge Tisseron, Jacques Samson, François Schuiten, Thierry Smolderen, Pierre Sterckx, Frédéric Boilet, Thierry Groensteen, Benoît Peeters, Pierre Fresnault-Deruelle, Jean-Marie Apostolidès.

Winsor McCay naît le 26 septembre soit en 1867 (au Canada, selon les archives de recensement), soit en 1869 (ce qui est inscrit sur sa tombe) soit en 1871 à Spring Lake dans le Michigan (aux États-Unis, ce qu’il déclarait). Il étudie en tout cas l’Art à Chicago (Illinois) et à l’Université d’Eastern Michigan. Il est doué pour le dessin et particulièrement pour les perspectives architecturales. Il meurt le 26 juillet 1934 à Brooklyn (New York, États-Unis). Ses œuvres les plus connues sont Le petit Sammy éternue (1904-1906), Cauchemars de l’amateur de fondue au Chester (1904-1913), Little Nemo in Slumberland (1905-1914) et des films d’animation comme Little Nemo (1911) et Gertie le dinosaure (1909).

Little Nemo naît en couleurs le 15 octobre 1905 « dans le supplément du dimanche d’un des plus fameux quotidiens américains, le New York Herald. » (p. 5, préface de Benoît Peeters). Winsor McCay est un précurseur non seulement de la bande dessinée mais aussi de l’animation.

Nemo et son petit cheval de la nuit, Semnus, explorent le monde des rêves, « le paysage intérieur des rêves » dit Art Spiegelman (p. 6) qui considère que McCay a créé un chef-d’œuvre méconnu. Le dernier Little Nemo paraît en 1927 puis il est oublié jusque dans les années 70…

Cette bande dessinée d’hommage pour le centenaire (1905-2005) mélange des dessins de presse de McCay (en VO) en noir et blanc ou en couleurs, des planches hommages de dessinateurs illustres (voir leurs noms ci-dessus), il y a une biographie et des infos très intéressantes par Thierry Smolderen (p. 9-17) et des photos d’archives.

« Je rêvais encore ! J’aimerais dormir. Sans presque jamais me réveiller. » (planche de Jean-Philippe Bramanti, p. 8).

Parmi mes hommages préférés, celui de David B. « Je dois noter tous ces rêves avant de les oublier. » (p. 19), le strip géant de François Schuiten, le dessin pleine page de Moebius et celui de Miguelanxo Prado.

Il y a même des poèmes (de Jan Baetens, p. 43). Et Igort a réalisé une grande fresque dépliante, un strip géant de 4 pages.

Chacun, dans son style, dans son univers, a rendu hommage à McCay et à Little Nemo que je ne connaissais que de noms.

En fin de volume, « Autres Nemos, autres rêves » par Peter Maresca avec Billy Make Believe de H.E. Homan, Danny Dreamer de Clare Briggs, Drowsy Dick’s Dime Novel Dream de Charles Reese, Bad Dream Bill ou Happy Hooligan que je ne connais pas mais qui sont soit des pionniers soit des imitations (dont McCay ne s’offusque d’ailleurs pas).

« Il aurait fallu deux vies à Winsor McCay : celle qu’il vécut pour accomplir son immense œuvre de dessinateur de presse, une autre pour se consacrer pleinement à l’art dont il a bâti presque seul les fondations : le cinéma d’animation. » (Gilles Ciment, p. 82).

Little Nemo 1905-2005 – Un siècle de rêves est une très belle bande dessinée à la fois hommage, historique, biographique et une anthologie est parue pour le centenaire : Little Nemo in Slumberland – So many splendid Sundays chez Sunday Press.

Pour le challenge Des histoires et des bulles, la catégorie 27 demande un recueil de dessins de presse et j’avais pensé à Mana Neyestani mais j’ai déjà rédigé un billet à l’été 2015 alors j’ai choisi Little Nemo.

Je mets également cette lecture enrichissante dans 2021 cette année sera classique, BD, La BD de la semaine (cependant en pause estivale).

Haïkus des quatre saisons avec des estampes de Hokusai

Haïkus des quatre saisons avec des estampes de Hokusai.

Seuil, octobre 2010, 128 pages, 19,90 €, ISBN 978-2-02102-293-3. Haïkus traduits du japonais par Roger Munier.

Genres : littérature japonaise, poésie, classique.

Différents auteurs très connus comme Bashô, Buson, Issa, Shiki (plusieurs haïkus de chacun) et moins connus comme Chiyo-ni, Chora, Gonsui, Hashin, Kikaku, Kitô, Koyû-ni, Kubonta, Moritake, Onitsura, Saikaku, Senkaku, Shara, Taigi, Yayû, Yûsui (un ou deux haïkus de chacun).

Que dire sur ce recueil de poésie en dehors du fait que, bien sûr, il est magnifique tant au niveau des haïkus qu’au niveau des estampes. Je vais donc parler un peu du haïku et des haijin, des estampes et de Hokusai puis donner mes quatre haïkus préférés (un par saison). Hier, j’ai publié une photo qui montre un extrait de ce recueil.

Le haïku. Le haïku 俳句 est un poème japonais court se composant obligatoirement de : 1. 17 mores (syllabes pour les Occidentaux) disposées d’une certaine façon (5/7/5), 2. un kigo (un mot de saison) et 3. un kireji (une césure). Le haïku est très codifié et s’il ne comporte pas de saison ou pas de césure, ce n’est pas un haïku, c’est un muki. Ou un senryu qui parle des faiblesses humaines de façon cynique (*). Le mot haïku est créé en 1891 par Masaoka Shiki (qui fait partie des auteurs de ce recueil). Car au XVIe siècle, les Japonais utilisaient haïkaï-renga ou renga (au moins deux strophes). Et le mot hokku désigne la première strophe d’un renga. Shiki a donc contracté haïkaï et hokku pour créer haïku. Pour conclure, le haïku parle de ce qu’a vu ou ressenti son auteur durant une saison (par exemple des cerisiers en fleurs symbolisent le printemps). (*) J’ai rencontré des gens qui disent écrire des haïkus mais qui n’y parlent que de leurs problèmes personnels et existentiels, ils ont bien du mal à comprendre que ce ne sont pas des haïkus… Ces gens regardant uniquement en eux et n’observant pas du tout la Nature et les saisons !

Les haijin. Les auteurs de haïkus sont des haijin 俳人 (ou haïkistes pour les Occidentaux). Les premiers haijin vivaient au XVIe siècle : Sôkan Yamazaki (1465-1553) dit Sôkan n’est pas présent dans ce recueil mais Arakida Moritake (1473-1549) dit Moritake y est. Les haijin les plus connus sont Bashô Matsuo (1644-1694) dit Bashô, Buson Yosa (1716-1783) dit Buson dont j’ai déjà publié 66 haiku, Issa Kobayashi (1763-1828) dit Issa et Masaoka Shiki (1867-1902) dit Shiki qui représentent les XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles apportant chacun des évolutions. Quatre siècles sont donc représentés dans ce recueil. À noter que le célèbre romancier et nouvelliste Natsume Sôseki (1867-1916) dit Sôseki a écrit des haïkus après sa rencontre avec Masaoka Shiki en 1887.

Les estampes japonaises. L’ukiyo-e (浮世絵) signifiant « image du monde flottant » est une technique artistique japonaise de peinture (e) gravée sur bois créée à l’époque d’Edo (1603-1868). Sont représentés des paysages naturels (incluant les animaux) et des lieux célèbres mais aussi des personnes réelles comme des acteurs du théâtre kabuki, des lutteurs de sumô… et des femmes, des femmes belles (bijin), des courtisanes (oiran), parfois dans des scènes érotiques (« maisons vertes », Yoshiwara le quartier des plaisirs…), et aussi des créatures fantastiques comme les yôkai (fantôme, esprit, démon). Les ukiyo-e peuvent aussi être des illustrations de calendrier (egoyomi) et de cartes de vœux privées luxueuses (surimono).

Hokusai. Parmi les artistes d’estampes japonaises les plus célèbres, il y a Kitagawa Utamaro (c. 1753-1806) dit Utamaro, spécialiste des portraits (okubi-e qui signifie « image de grosse tête »), Utagawa Hiroshige (1797-1858) dit Hiroshige, spécialiste des estampes de la ville d’Edo et du Mont Fuji et Katsushika Hokusai (1760-1849) dit Hokusai et surnommé le « Vieux fou de dessin » spécialement connu pour ses vues du Mont Fuji et pour sa Grande vague de Kanagawa. Mais les estampes de ce recueil ne se limitent pas au Fuji et à la vague, elles montrent des paysages (des arbres, des fleurs, des points d’eau, des montagnes…), des animaux, des personnages (à l’intérieur ou à l’extérieur) et même des objets. Né à Edo (l’ancien nom de Tôkyô), Hokusai a vécu pratiquement toute sa vie à Asakusa (quartier que j’aime beaucoup) mais il a voyagé en particulier à Kyôto et a eu une carrière de 70 ans (durant laquelle il a régulièrement changé de nom d’artiste). Ses œuvres sont visibles dans deux musées : le Hokusai-kan à Obuse dans la préfecture de Nagano (depuis 1976) et le Sumida Hokusai Bijutsukan (Musée Sumida Hokusai) à Tôkyô (depuis 2016). À noter que sa fille cadette, Katsushika Ôi (c. 1800–c. 1866), est devenue peintre et est connue grâce à une série de manga Sarusuberi de Hinako Sugiura (3 tomes, 1983-1987) et un très beau film d’animation Sarusuberi Miss Hokusai réalisé par Keiichi Hara (2015).

Voilà, j’espère que ce billet vous a plu, vous a donné envie de lire ces haïkus et, avant de vous donner mes quatre haïkus préférés (un par saison donc, mais ils peuvent changer au gré de mes relectures et de mon humeur), je voulais vous dire que les Japonais sont fiers d’avoir quatre saisons et ont du mal à croire qu’en Europe aussi il y a quatre saisons (peut-être qu’au Japon, les saisons sont plus « marquées » qu’ici).

Printemps : Rien d’autre aujourd’hui / que d’aller dans le printemps / rien de plus (Buson).

Été : Montagnes au loin / où la chaleur du jour / s’en est allée (Onitsura).

Automne : De temps à autre / les nuages accordent une pause / à ceux qui contemplent la lune (Bashô).

Hiver : Les chiens poliment / laissent passage / dans le sentier de neige (Issa).

Pour le Mois au Japon et 2021, cette année sera classique, Challenge lecture 2021 (catégorie 55, un recueil de poèmes), Hanami Book Challenge pour le menu 1, Au temps des traditions, pour le sous-menu 4, fête traditionnelle, nature, écologie (chaque changement de saison est une fête au Japon et aussi bien les haïkus que les estampes font ici honneur à la Nature), Petit Bac 2021 (catégorie Météo, les saisons étant acceptées).

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Projet 52-2021 #14

Quatorzième semaine pour le Projet 52-2021 de Ma avec le thème poésie. Cette photo montre un extrait de Haïkus des quatre saisons illustrés avec des estampes de Hokusai, un beau livre que j’aime lire et relire. Je vous souhaite un bon week-end printanier et, si vous voulez participer, allez voir Ma !

 

Poissons, écrevisses et crabes […] illustré par Samuel Fallours

Histoire naturelle des plus rares curiositez de la mer des Indes, tome 1 – Poissons, écrevisses et crabes de diverses couleurs et figures extraordinaires que l’on trouve autour des isles Moluques et sur les côtes des terres australes illustré par Samuel Fallours.

Louis Renard, éditeur scientifique, 1719, 62 pages.

Genres : ouvrage scientifique anglais illustré, classique.

Cet ouvrage scientifique paru en 1719 a demandé 30 ans de travail aux commanditaires du contenu, Adrien Van der Stell (1655?-1720?) et Baltazar Coyett (1650?-1725?), au dessinateur, Samuel Fallours et à l’éditeur, Louis Renard, « agent de Sa Majesté britannique » (1648?-1746) puisqu’il était commandité par le « Sérénissime et Très-Puissant Prince George, Roi de la Grande-Bretagne, de France et d’Irlande, Duc de Bronswick-Lunebourg, Électeur du St.Empire ».

Les estampes sont des « gravures à l’eau-forte coloriées » et cet ouvrage, tombé dans le domaine public, est en ligne sur Gallica-BnF, véritable mine au trésor ! Franchement, depuis que j’ai lu Éloquence de la sardine de Bill François, je suis attirée par la vie et les représentations des créatures marines et les estampes de ce livre sont vraiment somptueuses.

Après les pages de politesse, épître au Roi, avertissement de l’éditeur, témoignages, lettres et certificats, table alphabétique des noms, le lecteur ébahi peut voir les poissons d’une très grande variété de couleurs et qui sont magnifiques.

Il y a de très beaux poissons particulièrement colorés comme le Koutoueuw, espère de Romora (n° 3), l’Anniko-Moor (n° 6), le Bezaan (n° 13), le Kamboton (n° 20), le Tandock (n° 23) dont on a l’impression qu’il est à l’envers, le Jourdin (n° 49), le Douwing Princesse (n° 59), le Besaantie (n° 76), le Douwing Admiral (n° 92), le May Coulat (n° 185), le Sofor (n° 206), entre autres.

Le Troutoen ( n° 32) avec ses pics et ses dents fait peur !

Certains sont surprenants comme les poissons tout en longueur, le Joulong-Joulong (n° 18), le Boujaya Couning (poisson n° 30), le Parring of Chnees (n° 55), le Geep Serooy (n° 56), le Cambat (n° 57), le Bouaya (n° 73), entre autres ; ou très gros, le Macolor, espèce de Kakatoe ou Poisson Perroket (n° 60), le Canjounou (n° 70), le Omma (n° 79), le Courkipas (n° 107) qui a de grosses nageoires, l’Aagie van Enchuysen (n° 119), le Jean Peti (n° 152), le Toutetou Toua (n° 188), le Jean Swangi Touwa (n° 199), entre autres.

Mais les plus surprenants sont à mon avis le Lasacker (n° 65) qui ressemble à un sous-marin rose, le Vliegnede Zee-Uyl ou Hibou-Marin (n° 205) et le Lokje-Lokje (n° 208) qui ressemble à un genre de termite ! Et le plus petit est le Zee Luys ou Pou de mer (n° 125).

Ensuite il y a quelques crabes. Et la suite dans le tome 2.

Histoire naturelle des plus rares curiositez de la mer des Indes, tome 2 – Poissons, écrevisses et crabes de diverses couleurs et figures extraordinaires que l’on trouve autour des isles Moluques et sur les côtes des terres australes illustré par Samuel Fallours.

Louis Renard, éditeur scientifique à Amsterdam, 1719, 66 pages.

Ce deuxième tome est construit de la même façon que le premier (témoignages, lettres, certificats…) puis les planches de dessins.

Il y a encore de très beaux poissons, les couleurs sont superbes (principalement rouge, orange, vert, parfois bleu, jaune…).

Il y a des mastodontes comme le Parequiet (n° 9), le Jean Tomtombo (n° 24), le Macolor (n° 30), le Jean Satan (n° 35), le Maan-Viseh (n° 138), le Babara (n° 142), « un des meilleurs Poissons de toutes les Indes », le Groote-Balser (n° 142) qui a un ventre énorme, le Keyser van Japan (n° 238) qui est le « Poisson le plus délicieux et le plus beau qui soit au monde ».

D’autres sont plus petits. Et il y a bien sûr encore des poissons surprenants comme le Zee-Kat (n° 38) qui ressemble à un escargot, le Draekje (n° 52) qui ressemble à une libellule, le Bolam de la Baye (n° 90) qui est « huileux et dégoûtant » (le pauvre !) ou le Tamaota (n° 115) qui a une grande moustache et le Caffertie (n° 200) qui a un bec de perroquet !

Le Jean Suangi (n° 72) avec ses épines dorsales et ses dents fait plutôt peur, ainsi que l’Alforeese (n° 85).

Il y a même des poissons sans nom : un « monstre qui fut pêché au passage de Baguewal près d’Amboine en 1709 […] long de trois pieds et demi » (n° 185), un « monstre semblable à une Sirenne » (n° 240) et une « Écrevisse extraordinaire » (n° 241).

Tous ces poissons dont certains étaient « fort gras et de bon goût », raies, crabes, écrevisses « délicieuses » et même sauterelles marines étaient pêchés, consommés alors je crains que la majorité d’entre eux ait malheureusement disparu… et qu’il ne reste que ces dessins et descriptions parfois approximatives. Mais ces deux livres sont un véritable trésor de la fin du 17e et début du 18 siècle (30 ans de travail donc entre 1689 et 1719).

Deux très beaux livres d’Art à découvrir que je mets dans les challenges A year in England 2021 (because travail commandité par le roi George Ier et éditeur Sujet anglais de Sa Majesté), Animaux du monde #3, 2021, cette année sera classique, Challenge lecture 2021 (catégorie 13, un livre dont le titre comprend le nom d’un animal), Les étapes indiennes #2 car ces deux livres contiennent « un très-grand nombre de Poissons les plus beaux & les plus rares de la Mer des Indes », Petit Bac 2021 (catégorie Lieu pour Isles Moluques et terres australes) et Les textes courts (62 pages pour le tome 1 et 66 pages pour le tome 2).