À dos de crocodile de Greg Egan

À dos de crocodile de Greg Egan.

Le Bélial, collection Une heure lumière, mai 2021, 112 pages, 8,90 €, ISBN 978-2-84344-980-2. Riding the Crocodile (2005) est traduit de l’australien par Francis Lustman.

Genres : littérature australienne, roman, science-fiction.

Greg Egan naît le 20 août 1961 à Perth (sud-ouest de l’Australie). Il étudie les mathématiques à l’University of Western Australia et devient programmeur informatique puis écrit des nouvelles d’horreur et publie son premier roman, An unusual angle, en 1983. Il est nouvelliste et romancier de science-fiction et en particulier de hard science-fiction. J’ai l’impression d’avoir déjà lu Cérès et Vesta mais je n’ai (pour l’instant) pas trouvé trace d’une note de lecture (peut-être au brouillon dans un cahier…). Plus d’infos sur son site officiel et son compte twitter (à noter qu’il n’y a aucune photo de lui sur internet, si vous en voyez une c’est celle d’un homonyme).

« Leila et Jasim étaient mariés depuis dix mille trois cent neuf ans quand ils commencèrent à envisager de mourir. Ils avaient connu l’amour, élevé des enfants et vu prospérer leur descendance, génération après génération. Ils avaient visité une dizaine de mondes et vécu au sein de mille cultures. » (début du roman, p. 9).

Sur Najib, leur planète natale, dans la civilisation de l’Amalgame, ils ont été heureux et sont amplement satisfaits de tout ce qu’ils ont vécu et accompli mais, avant de mourir, ils veulent faire une dernière chose, un dernier voyage mais lequel choisir ? « Le regard de Leila se posa sur un endroit où les réclames se raréfiaient, ce qui la mena vers le bulbe d’étoiles entourant le centre de la galaxie. Si le disque de la Voie lactée appartenait à l’Amalgame, dont les diverses espèces primitives avaient fusionné pour former une civilisation unique, le bulbe central était peuplé d’êtres ayant refusé jusqu’à la moindre communication avec ceux qui les entouraient. Toutes les tentatives pour envoyer des sondes dans le bulbe […] avaient été doucement mais fermement repoussées, et les intrus expulsés sans délai. Les Indifférents restaient silencieux et isolés depuis bien avant l’existence de l’Amalgame. » (p. 12-13).

Ils sont intrigants ces Indifférents dans leur bulbe ! Des humains d’origine ? Ou alors plus personne à l’intérieur ? J’ai hâte de savoir ! En tout cas, c’est là que Leila et Jasim décident d’aller après une soirée d’adieu avec leur descendance et leurs amis, deux-cents dans leur maison et deux-cents dans ‘l’aile virtuelle’.

Après un voyage-sommeil de vingt mille années-lumière (avec leur maison), Leila et Jasim arrivent à Nazdik-be-Bhigane, un monde peu peuplé. Après l’acclimatation de leurs métabolismes et la découverte des environs (quelques habitations et des centaines d’observatoires abandonnés), ils peuvent observer le bulbe. « Au crépuscule, la moitié du territoire des Indifférents s’étendait, éblouissant, de l’horizon à l’est jusqu’au zénith, et la lente marche des étoiles vers l’ouest révélait à mesure une partie croissante de sa splendeur. » (p. 19) et prendre connaissance des données accumulées pendant leur sommeil. « Les Indifférents pourraient être morts et disparus, dit Jasim. Ils ont construit la clôture parfaite, qui leur a maintenant survécu et garde leurs ruines. » (p. 24), c’est l’hypothèse la plus plausible après « un million d’années de silence » (p. 24).

En tout cas, leur seul voisinage est un nid de serpents à fourrure, longs « de huit à dix mètres » (p. 28), venus vivre ici il y a quinze mille ans pour être tranquilles, pas dangereux mais pas sociaux non plus même s’ils ont accueilli le couple pour faire leur connaissance.

Au bout de dix-sept ans, Leila et Jasim observent et calculent toujours lorsqu’ils voient quatre fois la même lueur en quatre lieux différents, or par le passé seulement trois avaient été observées par leurs prédécesseurs. « Les archives révélèrent quelques dizaines d’occasions où le même type d’émissions avait été observé [mais]. Il n’y avait jamais eu plus de trois évènements liés entre eux auparavant […]. » (p. 37). Optimistes, Leila et Jasim se désincarnent et s’installent sur Trident, l’observatoire qu’ils ont construit pour être au plus près du bulbe.

Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir jusqu’où Leila et Jasim iront. Malgré des théories scientifiques et informatiques (très loin dans le futur) que je n’ai pas très bien comprises, mes connaissances étant limitées (en méta-univers, transferts de données, etc.), j’ai suivi avec grand plaisir les péripéties de Leila et Jasim et donc, j’ai beaucoup aimé ce roman (certains lecteurs disent que c’est une novella, bref un roman court ou une longue nouvelle). Je lirai d’autres titres de Greg Egan, c’est sûr et je comprends qu’il soit considéré comme l’auteur de science-fiction le plus fascinant de sa génération, le ‘pape de la hard SF’. D’ailleurs, j’espère que vous lirez ce roman et que, comme moi, vous serez fascinés par ce futur immense et par la quête de Leila et Jasim parce que ce roman est court mais riche, fluide, intrigant, passionnant et parce que l’humain veut toujours aller plus loin, en savoir plus même si c’est folie parfois (souvent ?).

Ils l’ont lu (et presque tous apprécié) : Aelinel, Apophis, Belette Cannibal Lecteur, CélineDanaë, Crémieu-Altan, FeydRautha, Gromovar, Lorkhan, Lune, Ombre Bones, Ted, Vert, Yogo Le Maki, vous aussi ?

Lu spécialement pour le S4F3 #8, ce roman entre aussi dans Challenge de l’été – Tour du monde (hors niveau, Océanie), Challenge lecture 2022 (catégorie 53, un livre dont le personnage principal est une personne âgée, alors les deux personnages principaux pour être âgés, ils sont âgés, ils ont plus de dix mille trois cents ans !), Littérature de l’imaginaire #10, Petit Bac 2022 (catégorie Animal pour Crocodile), Un genre par mois (en septembre, nouvelle, novella c’est-à-dire roman court) et Tour du monde en 80 livres (Australie).

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Gretch & Ferragus, dragons mégalos de Joshua Wright

Gretch & Ferragus, dragons mégalos, 1 – Carboniser pour mieux régner de Joshua Wright.

Robinson (Hachette BD), avril 2019, 48 pages, 10,95 €, ISBN 978-2-01-704466-6.

Genres : bande dessinée australienne, fantasy, humour.

Joshua Wright naît à Geelong (Victoria, Australie). Il étudie l’histoire et la littérature à l’université. Il devient auteur jeunesse en fantasy. Il travaille dans l’illustration et l’animation. Gretch & Ferragus est sa première bande dessinée (un deuxième tome est paru en Australie). Plus d’infos sur son site officiel, http://www.joshuawright.net/.

Vous aimez les dragons ? Vous allez aimer Ferragus et Gretch ! Ils sont frère et sœur.

Ferragus : « Il est d’un naturel paisible. Ses cornes et ses écailles sont marron. Il est sans pitié, fainéant et possède un ego surdimensionné. »

Gretch est « sa sœur jumelle, Hildegard dont le pseudonyme est Gretch. C’est une psychopathe. Elle a des cornes et des écailles dorées. Elle est mince, active et âpres au gain. »

Ils vivent dans un monde médiéval mais résolument moderne ! (smartphone, selfie, réseaux sociaux…).

« Pour rappel : seuls les dragons ont le droit de s’appeler entre eux, par leur prénom. » [Ferragus]

« Les humains et toutes les autres vermines doivent s’adresser à moi en m’appelant ‘Gretch la Magnifique’. » [Gretch]

C’est drôle, c’est coloré, c’est idéal pour passer un bon moment, et puis c’est Australien alors ça change de la BD européenne, américaine, asiatique !

C’est aussi irrévérencieux. « Ferragus, tu deviendras aussi riche que moi le jour où tu comprendras que les autres sont tous des imbéciles. […] – Comment tu fais pour être toujours aussi haineuse ? – Facebook. »

Pour La BD de la semaine et les challenges Animaux du monde #3, BD, Challenge lecture 2021 (pour la catégorie 1, un livre dont les héros sont des jumeaux), Jeunesse Young Adult #10, Littérature de l’imaginaire #9 et Les textes courts. Plus de BD de la semaine chez Moka.

The Rook de Daniel O’Malley

The Rook de Daniel O’Malley.

Super 8, mars 2014, 656 pages, 22 €, ISBN 978-2-37056-004-9. Parution en poche sous le titre Au service surnaturel de Sa Majesté chez Pocket, mai 2015, 672 pages, 8,60 €, ISBN 978-2-26625-056-6. The Rook (2012) est traduit de l’australien par Charles Bonnot.

Genres : littérature australienne, science-fiction, fantastique.

Daniel O’Malley naît en 1950 à Canberra (Australie) mais il étudie l’histoire médiévale à l’Université d’État de l’Ohio (États-Unis). Il est romancier, principalement de science-fiction. Un deuxième tome de la série Au service surnaturel de Sa Majesté est paru en 2016 en Australie sous le titre Stiletto et en 2017 en France sous le titre Agent double chez Super 8. Plus d’infos sur le site officiel de l’auteur, RookFiles et sur sa page FB.

Une nuit d’hiver pluvieuse, Londres. Une jeune femme se réveille dans un parc avec des cadavres autour d’elle ; elle ne sait plus qui elle est mais elle a dans sa poche deux lettres qui donnent quelques explications et son nom : Myfanwy Thomas. « Si tu lis ces lignes, c’est que tu as survécu à plusieurs menaces immédiates. Pourtant, tu es en danger. Le simple fait d’être moi ne signifie pas que tu es en sécurité. En plus de ce corps, tu as hérité d’un certain nombre de problèmes et de responsabilités. Va te mettre en lieu sûr et ouvre la deuxième enveloppe. » (p. 9).

« Elle avait tant de souvenirs à construire et tant d’expériences dont elle savait qu’elles seraient plaisantes à vivre. » (p. 23).

En fait, Myfanwy Thomas ou Tour Thomas travaille à la Checquy, une organisation secrète qui existe depuis des siècles, dévouée à la Grande-Bretagne – quel que soit son souverain – et qui possède en son sein des membres surnaturels. Mais Myfanwy pense qu’il y a un traître à la Cour. Au lieu de fuir, elle reprend la vie de Tour Thomas et son travail au Beffroi dans la City en suivant les consignes laissées dans les lettres qu’elle a écrites avant de perdre la mémoire. « Mon Dieu, qui aurait cru que ce serait aussi affreusement compliqué de se faire passer pour soi ? songea-t-elle en ouvrant le dossier de Myfanwy. » (p. 62).

« Tous ces gens qui ignorent les secrets que je connais. » (p. 434).

« Je regardai ces gens et les enviai tous, même le bébé baveux. Surtout le bébé baveux. Les gens normaux étaient libres de vivre leur vie, avec leurs petits soucis et leurs petites souffrances, certains que le surnaturel ne viendrait pas les embêter. Mince, ils n’étaient même pas obligés de croire au surnaturel. C’était à nous de nous en inquiéter. » (p. 560-561).

The Rook est un pavé qui m’a fait très envie à sa parution et que j’ai dévoré ! Il y a une partie épistolaire avec les lettres (extraits en italique) que Myfanwy Thomas a écrites pour elle-même, plus tard, car elle savait qu’elle perdrait la mémoire. Et puis il y a toute la partie aventure, action, suspense, science-fiction, fantastique. Vers le milieu du roman, c’est un peu long mais l’intérêt pour l’histoire et les événements surnaturels reviennent vite et ça repart jusqu’à la dernière page.

Une belle surprise donc, qui depuis sa parution, a reçu le Prix Aurealis 2012 du meilleur roman de science-fiction (*) et a bénéficié d’une adaptation en série télévisée diffusée dès l’été 2019 aux États-Unis donc elle devrait arrivée ici cette année, non ?

(*) Aurealis est un prix littéraire, créé en 1995, décerné en Australie pour les romans (et les recueils de nouvelles) dans les genres de l’imaginaire (science-fiction, fantasy, horreur). Lien vers le site officiel.

Une lecture que je mets dans les challenges British Mysteries #5 (l’auteur est Australien mais le roman se déroule à Londres) et Littérature de l’imaginaire #8.